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NICOLAS BENARD |
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Mise en ligne le : 29 juin 2011 | Intervieweur :
Black.Roger
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01) Salut Nicolas, après avoir fait connaissance lors d'une interview accordée à Pavillon666 en janvier 2009, te voici donc de retour avec un nouvel ouvrage sur le métal. Quelle est ton humeur après cette nouvelle sortie, satisfait ? Salut Black Roger ! J’ai terminé Métalorama il y a plus d’un an, donc j’étais impatient de le voir en librairie. Mais je crois que cela valait le coup d’attendre. A l’instar de ce que j’avais proposé avec La culture Hard Rock, j’ai tenu à associer l’image au texte. Je suis allé un peu plus loin dans la démarche en demandant à un autre auteur, en l’occurrence Michel Janvier, d’illustrer quelques uns de mes textes et de réaliser « l’enrobage » du bouquin (couvertures). Je suis très satisfait de cette collaboration et j’espère que les lecteurs le seront aussi. 02) Métalorama qui parait donc ce printemps 2011 est-il en quelque sorte une suite au livre précédent de 2008 intitulé La Culture Hard Rock ? La culture Hard Rock se présentait comme une version « light » de ma thèse de doctorat d’histoire, alors que Métalorama est une création originale. En outre, j’ai voulu changer les règles en vigueur dans les travaux « scientifiques » en proposant une série de textes courts, sortes de chroniques ethnographiques survolant les 25 dernières années sous l’angle de la musique métal. Cela m’a permis de (re)plonger dans une histoire méconnue, oubliée, mais qui, à mon sens, devait être exhumée. Certains de mes textes reposent sur des faits divers, d’autres sur des événements plus importants, mais ils éclairent, par le prisme d’une culture en construction, l’évolution des sociétés contemporaines. 03) Pourquoi avoir choisi Jean-Philippe Petesch et Robert Culat pour préfacer l'ouvrage ? Jean-Philippe Petesch et Robert Culat sont tous d’abord deux bons amis. Ensuite, tous deux ont publié des travaux sur la musique métal qui s’inscrivent dans une volonté de présenter cet univers sous un jour différent. Sans faire preuve de sectarisme, je trouve intéressant d’établir des relations de proximité avec tous ceux qui, de près ou de loin, étudient le métal. Je travaille d’ailleurs à la rédaction d’un livre sur Opeth avec Robert. Enfin, tous deux m’avaient déjà sollicité pour un exercice similaire, il était normal qu’ils me rendent la pareille ! 04) Qu’est-ce qui a guidé ton choix des anecdotes proposées dans ce livre ? En tant qu’historien, j’ai naturellement été sensible aux évènements qui pouvaient être étudiés sous cet angle. Ensuite, j’ai voulu désacraliser certains faits, démythifier certaines légendes, pour offrir une vision plus juste de l’histoire du métal et de ses acteurs. Après, j’ai souhaité aller un peu plus loin que ce que j’avais fait dans ma thèse pour ce qui concerne l’analyse de l’imaginaire, ou plutôt des imaginaires qui sont propres au genre. L’objectif final était de transformer chaque anecdote en réflexion plus générale pour montrer qu’elles sont loin d’être inutiles et peuvent nous éclairer sur l’ensemble d’un phénomène. 05) A-t-il été difficile de se procurer les archives des revues spécialisées pour en extraire le courrier des lecteurs ? Non, pas vraiment, car je possède moi-même près de 80 % des magazines dédiés au hard rock et au métal publiés en France depuis 1983. Quant aux autres, j’ai pu les consulter sur un excellent site : France metal museum. 06) Au travers de tes propos, on sent une certaine "défense" de la culture métal. Te sens-tu vraiment impliqué personnellement ? Bien sûr ! J’ai 35 ans, j’écoute du métal depuis 20 ans, j’ai connu l’émergence de tous les principaux sous-genres (death, black, métal gothique, symphonique, progressif, folkorique, etc.), animé une émission de radio sur le métal, effectué un nombre incalculable de concerts et de festivals, rencontré et interviewé une centaine d’artistes, réalisé des sujets pour la télévision, effectué un doctorat et publié deux livres ! On peut donc dire, en effet, que je suis très impliqué. La musique métal fait partie de moi, et j’aurais bien du mal à m’en passer. Heureusement, mon épouse est comme moi, sinon… Je me considère comme un « défenseur de la cause » même si mon action s’exprime sur le terrain scientifique. Par expérience, c’est une méthode qui porte ses fruits car les fans que j’ai rencontrés apprécient cette démarche et les (possibles) détracteurs (politiques, religieux, universitaires) hésitent à m’attaquer !! 07) Question inévitable : pourquoi avoir écrit ce livre, dans quel but ? L’objectif était de proposer une « étude du détail », de saisir l’essence du phénomène métal, d’extraire sa mœlle. Mais je ne voulais pas non plus faire quelque chose qui reste au stade de l’anecdote car je crois que les fans de métal attendent autre chose. C’est pour cela que j’ai puisé dans ma « bibliothèque personnelle » (méninges et bouquins) pour appréhender tous ces événements qui parcourent l’histoire du métal sous un angle différent : « intellectuel », humoristique ou ironique selon les cas. Plus globalement, j’essaye de m’approcher du « vrai », de balayer tous les clichés qui ternissent le métal et ses pratiquants depuis 30 ans. 08) Selon toi, à qui s'adresse-t-il en particulier ? Ce livre s’adresse d’abord aux fans, jeunes et moins jeunes, qui veulent (re)vivre une histoire qui semble s’être évaporée. Ensuite, j’espère que quelques amateurs de musique ou de culture au sens large auront envie de s’immerger dans un pan de cette histoire méconnue. 09) Comment vois-tu l'avenir de cette culture contemporaine ? Je suis très optimiste quant à son développement. La mondialisation, ou globalisation, joue un rôle positif. De nombreux pays « exotiques » commencent à développer leurs propres scènes, souvent avec pour ambition de se démarquer, sans pour autant renier le travail des Pères fondateurs. En ce sens, quand la Chine, l’Inde et d’autres pays « mineurs » se joindront aux nations historiques du métal, nous assisterons sans doute à l’émergence de nouveaux sous-genres qui permettront au métal de continuer à évoluer et à fédérer. 10) Je te laisse le, ou les mots de la fin, merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Merci à toi de m’offrir cet espace de parole. Je suis très souvent sollicité par des médias généralistes, en France et à l’étranger, pour apporter un éclairage sur le métal. C’est un exercice que j’apprécie, car il me permet de lutter contre les préjugés. Néanmoins, j’apprécie tout autant d’échanger avec les métalleux et j’espère avoir leur avis, positif ou négatif, sur ce livre que j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à écrire. |
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