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NICOLAS CASTELAUX |
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Mise en ligne le : 11 février 2010 | Intervieweur :
MazaK
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Pavillon666: Bonjour Nicolas! Peux-tu te présenter à nos lecteurs? "En bref, j’écris pour les éditions camion noir. Ceci est mon quatrième livre. J’écris surtout des biographies de tueurs en série, et j’ai écrit un livre de recettes cannibales. Je bosse aussi en tant qu’illustrateur avec serialkillercalendar.com, et j’ai illustré quelques bouquins de criminologie. J’ai aussi fait un tarot pour Michael Ford de Black Funeral". Pavillon666: "Mayhem et Burzum, à feu et à sang" relate les événements au sein de la scène Black-metal au début des années 90! J'imagine que tu as dû fournir un travail complexe afin de récupérer le maximum d'informations. Peux-tu nous expliquer comment tu as procédé et quels sont les protagonistes qui t'ont aidé dans ton investigation? "J’ai bossé dessus pendant six mois. J’avais pas mal de contacts en Scandinavie, et des infos de première main venant de protagonistes de cette période, mais aucun n’a voulu témoigner ouvertement. Pas mal de gens dans la scène BM scandinave et française ont voulu participer sous forme d’interviews au livre, mais aucun n’a respecté ma deadline de six mois alors j’ai opté pour une autre approche. Mais ce livre n’existerait pas sans l’aide précieuse de Warren Schofield. C’est le plus gros connaisseur que je connaisse pour tout ce qui concerne Mayhem. Il bossait sur la biographie de Necrobutcher avec son accord, puis il a lâché l’affaire alors il m’a refilé toutes les infos qu’il a glané pendant des années pour mon livre. On envisage de bosser ensemble sur une version anglaise. Pour le reste, je maitrise bien le suédois donc j’ai traqué des interviews données par Euronymous et Dead à l’époque en norvégien, qui ressemble un peu au suédois à l’écrit. Je me suis aussi tapé des heures d’interviews filmées, des pages de fanzines obscurs et autres bribes d’info pour rassembler les pièces manquantes du puzzle. J’ai aussi eu accès à pas mal de lettres de la correspondance d’Euronymous. Ce fut un vrai boulot d’archéologue ! Mais le livre ne parle pas que du début des années 90. Je me suis efforcé de relater le reste de la carrière de Mayhem dans le moindre détail, et les aventures carcérales du sieur Vikernes, qui a régulièrement fait la une des quotidiens scandinaves jusqu’en 2009". Pavillon666: Il semble évident que sans cette trainée de soufre et ces nombreux "faits divers", les deux groupes n'auraient probablement pas engendré une telle dévotion auprès d'un public en quête de sensation forte! Même, si bien entendu on ne peut cautionner certains actes commis, comment expliquerais-tu cette fascination pour le morbide qui semble habiter le commun des mortels? "La dernière vraie transgression, c’est la mort. Le sexe et la drogue ne font plus peur à personne depuis longtemps. Les serial killers ont remplacé les porn stars dans la fascination pour des modes de vie extrême. Tout ça pour dire que l’aura très malsaine qu’a dégagé le BM du début des années 90 continue de fasciner un paquet de monde, même si depuis le BM s’est galvaudé dans le commercial, et que les groupes de l’époque se sont vendus au plus offrant. L’esthétique BM se retrouve sur les affiches de Guitar Hero, et les photographies de groupes en corpsepaint font le bonheur de magazines de mode branchés. Mais à la base, il y avait une vraie pathologie morbide. Dead sniffait des corbeaux morts. Euronymous concoctait des poisons dans la cave d’Helvete. Ces mecs vivaient totalement dans le macabre. Je les compare à tous les assassins que j’ai étudié, qui certes sont de beaucoup plus gros calibre, mais il y a un lien très net, un refus de la vie, un nihilisme assumé, un amour de la mort et de la décomposition. C’est ce qui m’a vraiment poussé à écrire sur Mayhem et Burzum". Pavillon666: Hormis l'introduction de ton livre ou justement tu fais part de cette fascination que tu as également ressenti à l'époque, l'écrit reste très cru comme si tu étais spectateur. Si je te dis que ton bouquin s'approche presque d'un roman, tu es d'accord? "Totalement. J’ai la même approche envers mes biographies de tueurs en série. Je veux mettre mes lecteurs dans leur peau. Je veux les immerger au cœur de l’action, avec le plus de détails possibles. Rien ne me fait plus chier que lire un livre entièrement composé d’interviews de groupes, et de considérations pseudo sociologiques sur un mouvement musical. Le BM est organique. Il faut le décrire avec ses tripes. J’ai écrit le premier vrai roman sur la culture BM. Mais tous les faits relatés sont réels. Ce livre vous amène dans les banlieues moroses d’Oslo, au cœur des fjords de Bergen, dans les geôles de Norvège. Vous vous réchauffez le visage aux flammes des églises brûlées, vous vous retrouvez en répète pendant la composition de De Mysteriis Dom Sathanas, vous ressentez chaque coup de couteau infligé à Aarseth. Ce n’est pas Lords of Chaos 2. C’est beaucoup plus fouillé, et surtout, ce livre parle de musique et de musiciens avant tout". Pavillon666: Quoiqu'en disent certains, il semblerait que Varg Vikernes et Euronymous étaient deux jeunes hommes plutôt egocentriques en quête de reconnaissance. Crois-tu que la situation politique et sociale du pays ait joué un rôle important dans le déroulement des faits? "Ce livre est le récit d’une bataille d’égo. Certes je la resitue dans un certain contexte de « panique satanique » en Norvège au début des années 90, qui est le miroir de ce qui s’était passé avec l’assassin Richard Ramirez au début des années 80 à Los Angeles, sujet abordé dans une de mes autres biographies. Mais cette histoire est surtout celle d’individus : Dead, Necrobutcher, Hellhammer, Varg, Euronymous, Maniac et Attila. Chacun est le centre d’un chapitre qui lui est dédié. Burzum est vampirisé par la personnalité de Varg. Mayhem est le maelstrom de plusieurs individualités fortes. Ce sont ces personnalités qui sont au cœur du livre, beaucoup plus que l’aspect politique ou social qui ont déjà été traités ailleurs". Pavillon666: Musicalement parlant, tu es plutôt Mayhem ou Burzum? "J’écoute plus facilement du Burzum que du Mayhem. J’apprécie De Mysteriis Dom Sathanas, mais je lui préfère la froideur nihiliste d’un Det som Engang var. Ce qui ne veut pas dire que je suis « pro Burzum » ou que je prenne position dans cette affaire. Les convictions politiques et culturelles de Varg ne m’intéressent pas. Son discours poujadiste est rétrograde et obsolète. Il vit dans un univers rural qui ne vaut pas mieux que le modèle de vie proposé par les talibans. S’il y a un seul personnage avec lequel je m’identifie dans cette histoire, c’est Dead. Il est pour moi l’âme du mouvement BM. Il lui a donné toute sa noirceur, que ce soit dans ses textes ou son mode de vie jusqu’au-boutiste". Pavillon666: J'ai crû comprendre que tu étais peintre également, tu peux nous en toucher deux mots? "Je peins des portraits de monstres humains ; Cela va de Gilles de Rais aux gueules cassées de la première guerre mondiale. Je peins aussi des victimes de meurtres sexuels. J’ai une certaine fascination visuelle pour tout ce qui touche à l’anatomie morbide". Pavillon666: Quels sont tes projets? "Je suis en train d’écrire pour Camion Noir la biographie de Ted Bundy, le décapiteur d’étudiantes qui a donné naissance au terme « serial killer ». Elle sera volontairement pornographique et très explicite dans les détails sordides. J’invite aussi les lecteurs à jeter un œil au site http://serialkillercalendar.com pour voir certaines de mes créations artistiques". Pavillon666: Je te remercie de nous avoir accordé un peu de ton temps. Je te laisse conclure! "AMSG" |
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