Interviews concerts

HOUSEBOUND
LIVE REPORT
[ Lire la CHRONIQUE ]
Contact groupe
Audio / Video
Mise en ligne le : 25 mai 2010  | Intervieweur : Aris3agaiN | Traducteur :

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
Cette interview de Zed, chanteur de HOUSEBOUND a été réalisée peu avant leur concert au Star Café - paris, le 12 mai dernier.

P666 => Pouvez-vous nous présenter le groupe, son line-up et son parcours ?

Zed : Oui ! Notre groupe s’est fondé en 2001, sauf qu’au début, nous n’avions qu’un guitariste, Ludo, le deuxième gratteux, nous a rejoints l’hiver suivant. On a changé aussi de bassiste dans la foulée, notre précédent bassiste nous a quittés pour des raisons professionnelles, mais c’est quelqu’un avec qui on garde encore contact et qui reste un très bon pote. Maintenant, ça fait un an et demi que l’on joue avec notre nouveau bassiste, qui s’appelle Julien. Ca nous a paru évident de lui proposer de jouer avec nous, puisque c’est un bon pote et que ça fait longtemps qu’on le connaît. Et puis c’est un très bon bassiste, et vu les goûts communs que l’on a et la direction musicale que l’on voulait prendre pour le prochain album, ça a semblé évident de faire appel à ses services. Donc voilà, Housebound existe depuis 2001 ! En 2005, on a enregistré un premier album, qui s’appelle « On a Daily Basis… ». Et là, depuis mars, on a six nouveaux titres, qui sont désormais sur le point de sortir, la semaine prochaine d’ailleurs. Ils seront disponibles sur les plateformes d’achat en ligne le 18 mai. Le CD sous forme matérielle sortira le 22. C’est plus ou moins la seule bio que je peux vous donner en fait (rires), voilà un aperçu de l’histoire du groupe !

P666 => Votre nouvel album, justement, sortira en deux parties différentes. Pourquoi ce choix ?

Grosso modo, on était arrivés à un point où on se sentait un peu léthargiques, on se complaisait un peu trop dans l’idée de répéter, on arrivait plus vraiment à trouver un fil conducteur pour nous pousser à se bouger les fesses et à écrire. On n’était vraiment pas loin de la fin du groupe, et on s’est dit que le meilleur moyen pour nous de continuer de faire de la musique, parce qu’on kiffe ça, c’est d’aller enregistrer les titres qu’on avait déjà en stock, donc six titres. On s’est dit « on y va, on les enregistre », et qu’on s’occuperait des six titres supplémentaires par la suite. Pour nous, c’était une manière de se bouger les fesses, de s’imposer une deadline, une date butoir, celle du début de l’enregistrement. Tout ça dans l’idée d’en sortir six de plus d’ici la fin de l’année. On espère pouvoir faire ça en effet avant le 31 décembre 2010. Après, il y a d’autres choses à prendre en compte, c’est qu’on a tous des boulots, et ces boulots nous éloignent parfois de la maison pendant plusieurs semaines, voire des mois. Donc quand tu as par exemple trois musiciens qui ne sont pas à la maison pendant trois ou quatre mois, c’est concrètement impossible de répéter. Si on avait attendu d’avoir terminé douze chansons, pour un album concret, on n’aurait pas fait de disque avant fin 2011. Pour nous, ce n’était pas admissible, il fallait qu’on fasse quelque chose. D’où l’idée du deux fois six titres, ça nous astreint à une certaine discipline forcée, pour aller de l’avant, répéter, donner du cœur. Il y a aussi la question de l’argent, parce que c’est un album qui est autoproduit, c’est nous qui payons l’enregistrement avec nos deniers. Et donc pour des histoires de budget pour certains d’entre nous, c’était moyennement envisageable d’enregistrer un album complet d’un coup. D’où l’idée, encore une fois, du deux fois six titres.

P666 => Et vous avez développé un concept autour de cette double sortie ?

On s’est dit qu’on allait essayer de trouver une espèce de concept marrant. Mais je n’aime pas utiliser le terme de concept, parce que ce n’est pas un concept album, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent. Les titres n’ont pas forcément de lien entre eux, il n’y a pas de thématique développée, le seul concept est visuel. Les photos faites ont été orientée selon un trip que l’on s’est tapé sur la mode, le principe des saisons.

P666 => D’où le nom des disques… (« Winter Blow » et « Summer Swing »
)
Effectivement, mais c’est pareil. Un titre n’est qu’un titre, les chansons ont une signification précise, mais il n’y a pas de thématique réelle. L’album ne parle pas de la mode, ce délire, c’est juste par rapport au côté visuel. Les chansons sont un peu plus profondes que de parler juste de la mode.

P666 => Et justement, de quoi parlent les paroles ?

Ca peut aller de choses très légères, par exemple « Channel n°5 », qui est assez rock’n’roll dans l’esprit, en gros c’est une histoire de fesses. Ca peut parler de choses légères, comme de relations humaines, d’histoires de fesses, et d’autres seront plus sérieuses, comme « Hawks & Doves » ou « The Great Society », qui sont plus des réflexions. C’est un peu compliqué à expliquer là comme ça. C’est un peu une analyse de la société, une approche… Comment dire… Une analyse politique de la manière dont un pays peut être régentée par un gouvernement qui s’abroge certains droits. Je suis désolé, mais j’ai du mal à expliquer le fondement des textes. Pour résumer, on a des textes très légers et simples, et d’autres qui se prétendent plus sérieux. Par contre, je voudrais tout de suite prévenir, les textes ne seront pas imprimés dans la pochette de l’album, mais je vais certainement les mettre en ligne prochainement. Ca paraît normal que les gens qui écoutent un album aient envie de connaître la signification des textes, mais ça viendra en temps voulu, soit sur notre myspace, soit sur notre site, qu’on espère pouvoir étoffer. Le petit détail, c’est que notre webmaster et notre infographiste, c’est aussi notre bassiste.

P666 => Pourquoi écrire les paroles en anglais plutôt qu’en français ?

J’ai souvent essayé de répondre de la manière la plus sincère à cette question, car beaucoup de gens nous ont demandé ça. Déjà, il faut savoir que 99% de nos influences sont anglo-saxonnes ou chantent en anglais. Pour moi, l’anglais est la langue qui colle le plus au rock, dans le sens très vaste du terme. C’est une langue qui a une musicalité assez simple, plus que le français. Elle est aussi plus simple et plus directe, ça colle mieux avec des musiques extrêmes comme du hardcore ou du métal. En français, on va commencer à écrire des tournures de phrases peut-être trop littéraires. Après, je ne critique pas les groupes qui chantent en français, y compris les groupes de hardcore, c’est un choix. C’est juste que la plupart du temps, ça ne me convient pas, donc je n’ai pas envie de le faire. Je les fais en anglais, parce que je suis habitué à écouter de la musique en anglais. C’est aussi normal de reproduire le schéma de ses influences, je n’ai aucun problème, comme pour les autres membres du groupe, à assumer mes influences. Je ne cherche pas forcément à être le plus original, c’est impossible de l’être totalement, on ne fait que retranscrire, même inconsciemment, la musique écoutée pendant des années. Il faut arriver à l’assumer, d’y apporter sa touche, de les digérer.

P666 => En parlant de vos influences justement, quelles sont-elles ?

Notre adolescence s’est passée dans les années 1990, donc nos influences sont tous les grands groupes de l’époque, donc je vais te citer du Pantera, du Refused, du Helmet… Bien sûr, ça ne nous empêche pas de découvrir de nouveaux groupes, de nouvelles musiques. Récemment, toute la scène post-hardcore américaine par exemple, avec des trucs comme Converge, Dillinger Escape Plan. Et puis toutes les Pattoneries, tout ce qui est produit par le label de Mike Patton. Là, je te cite les premiers trucs qui me viennent à l’esprit, on essaie vraiment d’écouter un maximum de choses. Notre bassiste est très branché underground, il passe pas mal de temps à chercher de nouvelles choses à écouter, il nous fait régulièrement découvrir de nouvelles choses. On garde une ouverture d’esprit, autant on est influencés par les vieux trucs qu’on écoutait étant ados, autant on sait que c’est important d’écouter ce qui se fait encore aujourd’hui. On veut éviter le cliché du « c’était mieux avant, aujourd’hui, il n’y a plus rien qui se fait », c’est trop facile de penser comme ça et c’est faux. Au contraire, en 2010, il n’y a jamais eu autant de groupes sur la planète, et le fait que le téléchargement soit devenu une activité commune fait que plein d’oreilles sont tendues et que l’on peut diffuser sa musique. Bref, donc nos influences sont multiples, bienvenues et nécessaires. On essaie avant tout de faire de la musique qui nous plaît.

P666 => C’est clair que c’est déjà ça ! Et vous en êtes satisfaits ?

On est contents, très contents même, des six premiers titres. On les a enregistré en Hongrie, avec notre cher Zoltan Varga, notre ingé son, qui est très doué et avec qui on a établi une vraie relation de confiance. On avait déjà fait le premier album avec lui et il a fait du super bon boulot au niveau du mix et du master. On est impatients d’y retourner en novembre prochain, si tout va bien.

P666 => Vous parlez de la Hongrie, dont Superbutt est issu. Pourquoi cette relation particulière à ce pays ?

On a connu Superbutt par un pote qui nous a fait découvrir leur album, il y a déjà quelques années de ça, puisque ça remonte à 2001. Ca nous a vraiment beaucoup plu, et on a aimé que ça vienne d’une contrée où on n’avait jamais mis les pieds. On les a contactés pour leur proposer un partenariat : on leur organise des dates ici et eux pour nous là-bas dés que possible. Au fur et à mesure, on a crée une relation de confiance et même d’amitié. On a fait pas mal de concerts ensemble entre 2001 et 2005 et quand on a cherché un studio pour enregistrer, ils nous ont dit qu’en Hongrie, ils avaient le même matos et la même qualité, mais pour quatre fois moins cher. On s’est dit pourquoi pas, on s’est rendu compte que ça pourrait être une bonne expérience, donc on est partis là-bas. Maintenant, on y va tous les six mois en moyenne, on y va faire quelques dates. C’est un pays qu’on aime beaucoup, il y a une scène métal très active là-bas, beaucoup plus qu’en France. Sur leur MTV local, le chanteur de Blind Myself, un groupe avec qui on a pas mal tourné, présente la version hongroise de Headbangers’ball. Les mecs sont ultra actifs, il y a énormément de groupes de très bonne qualité, donc on est très contents d’avoir crée une relation affective avec ce pays. Parce que du coup, on a pu faire le tour de tous les pays du coin, on a eu comme ça l’occasion de jouer en Roumanie, Bulgarie, Pologne, Lettonie, Lituanie, quasiment tous les pays de l’est. Tu sais, dans ces pays là, il y a un vrai public métal, les gens se bougent voir les concerts, donc en général, tu peux être sûr de voir un minimum de monde, contrairement à la France où ce n’est pas gagné d’avance. C’est évident que tout ce qui est métal – dans le sens très large du terme, ce n’est pas facile ici. Et puis, il faut chanter en français, avec les quotas à la radio, petit à petit, ça a convaincu les gens que c’est mal de chanter en anglais. On me l’a souvent fait comprendre, « c’est hallucinant que vous ne chantiez pas en français », j’ai du respect pour ma langue et ma culture, mais c’est juste que la langue ne colle pas à la musique qu’on fait. C’est aussi simple que ça.

P666 => Et les Superbutt qui ont fait des titres en Hongrois, vous en pensez quoi ?

Ils l’ont fait oui. Après, une des raisons pour lesquelles on chante en anglais, et c’est la même chose pour eux, c’est que c’est plus facile de vendre ta musique à l’étranger. Même si ce n’est pas nécessairement vrai, certains groupes français chantant en français ont déjà tourné dans l’Est et du monde est quand même venu. Les choses changent un peu, j’ai l’impression que même à l’étranger, on s’en cogne de la langue au final. On se disait que ça nous ouvrirait plus de portes, c’est toujours valable, même si ce n’est pas nécessaire. Tu peux chanter en mandarin et venir à l’étranger, ça ne dépend que de la mentalité locale, à la capacité des gens à se bouger les fesses et à venir voir des groupes qu’ils ne connaissent pas, des soirées genre « 5€, 3 groupes ». A Paris, c’est un peu différent, la ville croule sous les possibilités culturelles, mais on voit ça beaucoup en province. C’est le seul concert du soir, et tu joues devant 20, 30, 40 pélos alors qu’il pourrait y en avoir plus. J’ai un peu l’impression que les gens ont perdu la motivation, une niaque, une envie d’aller découvrir de nouvelles choses.

[Julien, bassiste du groupe, arrive dans le van.]

P666 => Tu es nouveau dans le groupe, comment s’est passée ton intégration au sein de celui-ci ?

Julien : J’aimais déjà bien avant, c’était un des groupes qui se démarquait bien sur la scène métal de Strasbourg. On se connaissait déjà, l’ancien bassiste est parti et j’avais déjà fait sentir que s’il lui fallait un remplaçant, j’aurais aimé le faire, puisque j’aimais bien leur musique. J’avais déjà fait de la musique avec Paul, le batteur, on avait déjà un autre groupe ensemble, ça aide à l’intégration en tant que bassiste.

P666 => Et ton avis sur la scène française ?

La scène française est très bien, il y a plein de bons groupes ! C’est juste que les gens ne viennent pas les voir jouer. Au milieu des années 90, quand la Laiterie a ré ouverte, les groupes tournaient et il y avait du monde aux concerts. Il y avait davantage de salles et de café concerts à Strasbourg, mais aussi à Paris ! Beaucoup ont fermé à cause du manque d’affluence. Mais la scène française est super en soi, il faudrait juste que les gens viennent aux concerts. C’est dommage, parce les concerts mainstream sont pleins ! J’ai bossé sur Mika, c’était plein, j’ai fait trois fois Johnny, les stades étaient remplis aussi.
Zed : Pour info, on est tous intermittents du spectacle, mais pas en tant qu’artistes, en tant que techniciens.
Julien : Dans ces concerts là, le prix de ticket est de minimum 50 euros. C’est dommage que les gens ne viennent pas à une soirée où tu paies quelques euros pour trois groupes dont un étranger.
Zed : Il ne faut pas oublier que les médias en France sont extrêmement généralistes, ce sont des médias de masse. En province, l’inexistence totale de radios permettant d’aiguiser ta curiosité musicale est impressionnante. Même pas forcément métal, mais au moins des trucs nouveaux. Les radios passent tout le temps la même musique, avec le principe de la rotation lourde, le même artiste qui va passer une fois par heure. Le problème de cette politique, plus l’obligation des radios de diffuser il me semble 60% de musique française, ça fait que ça conditionne les gens, ça leur matraque le cerveau, ça annihile leur volonté et leur curiosité musicale. Ils se font nourrir, comme en intraveineuse, vas-y, bouffe du burger, comme de la musique de merde. Après, je ne blâmerais pas les gens, mais plutôt les radios. Il n’y a pas de radios nationales où on diffuserait du rock sous toutes ses formes. La seule radio à Strasbourg où tu peux découvrir de nouvelles choses, c’est FIP. C’est un peu un débat sans fin.

P666=> Pour en revenir au concert de ce soir, comment le voyez-vous que pensez-vous de la salle ?

La salle est sympa, j’aime bien les endroits un peu roots comme celui-ci. C’est un des trucs de Housebound, on préfère jouer dans des petites salles avec une ambiance plutôt que sur des grandes scènes. Là, elle est sous un immeuble, personne n’en avait entendu parler avant chez nous. Du coup, on est allés sur le site internet du café, on a vu quelques photos, mais bon. Personnellement, je suis toujours content de jouer à Paris, c’est une autre ambiance ici. Autrement, pour le concert de ce soir, j’aimerais préciser que c’est un tour de chauffe, on fait quatre dates d’affilée pour roder les morceaux sur scène, pour voir les réactions des gens. C’est un peu une préchauffe, j’en veux pour preuve qu’on n’a pas les disques de l’album sur nous. On va jouer les six nouveaux titres, plus deux anciens ce soir. Quoi qu’il en soit, j’espère que les nouveaux morceaux vont plaire aux gens.

P666 => Quels sont vos prochains projets après ces quatre concerts ?

Déjà, se concentrer sur la seconde partie de l’album. Ensuite, faire le plus de concerts possible, puisque notre musique, on la pense, on l’écrit, on l’enregistre pour pouvoir faire un maximum de concerts. On va essayer de faire le plus de dates possible, surtout quand on aura les deux CDs de six titres. Donc les concerts, le CD, et ensuite on verra où en est la motivation pour repartir sur l’aventure d’un troisième album.

P666 => Merci de vos réponses, on vous laisse le mot de la fin pour terminer cette interview !

Déjà que je suis très content d’avoir donné cette première interview officielle pour la sortie du disque à Pavillon666. Merci à vous et on espère que le concert vous plaira !

 

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock

PARTAGER :
 




Aller en haut