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Mise en ligne le : 17 juin 2014 | Intervieweur :
Maulny77
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Entretien avec Nicolas Heraud et Igor Achard, les deux musiciens se livrent en toute honnêteté 01/ "Beauté Païenne" propose un voyage riche en couleur et aux paysages variés, passant par des ambiances death, tribal, prog ou ballade...de votre coté, comment décririez vous l'album? Nicolas Heraud :Nous avons fait le choix de laisser s'exprimer notre musique et notre identité. Cet album est effectivement une invitation à un voyage singulier, bercé par des rythmes tribaux, martelé par l'impact de la base rythmique et cisaillé par les riffs de guitare. Il y a là les inspirations de chacun des membres du groupe, nos fantasmes, nos envies musicales, notre écriture. « Beauté Païenne » est avant tout un album qui emporte, à l'écoute comme sur scène, le public vers une approche atypique du métal. « Beauté Païenne » est une sorte de voyage initiatique. 02/ La majorité des titres semblent être composés par Igor et Nicolas, le processus de composition est-il démocratique ou à l'inverse imposé aux autres membres du groupe? N. Heraud : Il se fait de façon spontanée et naturel. Igor (Chanteur/guitare et fondateur du groupe), compose chez lui les accords, riffs, mélodies...En répétition, il travaille cette base avec Nicolas Vieilhomme notre batteur, puis André à la Basse propose quelques arrangements. Chaque morceau est ensuite travaillé en fonction des percussions. Parfois, les morceaux sont enregistrés et envoyés chez moi à Bordeaux où je vis pour mes activités artistiques par mail et je place les percus. Mais je viens en général une fois par mois pour une bonne résidence de création aussi. Suite à ça, ABINAYA travaille ensemble, construit, déconstruit, arrange les morceaux... Les textes sortent de la main de Igor, j’ai signé celui de « Nord Sud » et crée les appels pour certains morceaux lors des concerts. Il y a ainsi une réelle liberté d'expression pour chaque membre du groupe, chacun apporte ses richesses, ses envies, ses inspirations. Débats et aboutissements se font instruments en mains, ensembles. 03/ Igor, bien que les textes soient sombres et profonds, ils dégagent un certain message positif. Quelles sont tes inspirations, d'où provient ce style d'écriture? Igor Achard :Je ne suis pas un adepte du désespoir pour le désespoir ... Si souffrance il y a, et il y en a bien entendu dans cet album dans L’Epitaphe, Haine, Le Noir Soleil, c’est pour qu’elle accouche de quelque chose... C’est à ça que sert la musique et le metal en particulier... Comme la Catharsis des anciens Grecs dans le théatre : vivre, revivre la souffrance pour la comprendre et peut-être s’en défaire. En ce sens oui, il y a un message positif au fond des textes d’ABINAYA ! Je discutais justement de ceci avec Tony Dolan de M-Pire of Evil avec qui on a vraiment sympathisé au Chaulnes Metalfest en mars dernier : après avoir vu son show qui transpirait le sourire très particulier que donne le vrai Rock’n Roll, je lui demandais ce qu’ils pensait des groupes ultra sombres et parfois coincés sur scène, et il m’a répondu cette belle phrase : « la plupart n’ont pas idée ce qu’est la vraie souffrance, s’ils le savaient, ils iraient vers autre chose... » N. Heraud : Ce message positif, je suis et nous sommes au sein de ce groupe, des personnalités qui tendent vers l'optimisme. Tu sais chaque membre de ce groupe a une histoire particulière. Parfois très dure à certains passages de la vie. Personne n'a lâché. Alors il y a un schéma baudelairien qui caractérise l’écriture (et ce groupe d'ailleurs), c'est un peu les fleurs du mal et cette image que le fumier reste un engrais surprenant...Et puis cette notion de combativité et d'optimisme, il vaut mieux l'avoir en toi quand tu fais ce métier, je sais quoi je parle, et sur scène nous avons aussi cette attitude de « guerriers », on ne lâche rien. 04/ Charles Baudelaire et maintenant Jules Vallès, doit-on y voir un concept? Un hommage particulier... N. Heraud :Un concept, non. Un hommage oui. Nous parlions précédemment de cette notion de combat, de ne rien lâcher. Jules Vallès était un révolté qui luttait pour la liberté du peuple, il a failli être fusillé lors de la commune de Paris sur ce célèbre pan de mur du cimetière du Père Lachaise. Alors oui c'est l'hommage à un homme d'idées et de libertés pour l'intérêt du peuple. D 'ailleurs sur sa tombe on peut lire cet épitaphe: « Ce qu’ils appellent mon talent n’est fait que de ma conviction ». Cette phrase nous semble exemplaire, simplement. On doit prêter une attention particulière à l'attitude et au passé de ces Hommes dans nos sociétés dites « modernes ». 05/ La production est propre, claire et performante au regard de la densité de vos titres. Comment fait on pour laisser audible tous les instruments, à qui a été confié le travail? N. Heraud : Depuis « CORPS », nous travaillons avec Kévin PANDELE, un parisien qui a ouvert son studio d'enregistrement à Philadelphie (USA), le DAMAGE ROOM STUDIO . Kévin nous connaît, il connaît aussi notre identité musicale. A partir de là, il est d'une rigueur implacable avec nous et nous avons le même objectif: rendre à l'écoute toute la singularité de ABINAYA, cette rencontre entre riffs plombés et percussions ethniques. Kévin est un maître dans l'art de mixer la fureur à la précision. On n'en serait pas là sans lui, c'est certain. 06/ J'ai eu l'impression d'entendre par instant des guitares en harmonies ou doublées, est-ce un effet sonore judicieux ou le concours d'un second guitariste? I. Achard : bien entendu qu’en studio, tu prends des libertés que tu ne peux pas avoir sur scène. Je me suis permis quelques harmonisations de guitares en tierce ou quelques plans tappings doublés que je ne peux pas me permettre en live étant le seul guitariste ; mais on a fait en sorte que cela ne dénature pas les titres, et je te garantis qu’à l’écoute live, chacun reconnait parfaitement chaque séquence... et j’arrive à reproduire l’essentiel. 07/ Votre pochette semble être une interprétation d'un minotaure associé à Shiva (pour le nombre de bras), quelle en est sa signification, qui en est l'auteur? N. Heraud : Il y a ce rappel effectivement de certaines divinités que l'on retrouve dans le paganisme. Ces religions polythéistes qui proposent plusieurs croyances, plusieurs divinités. Bien au delà du monothéisme qui dictent et imposent ses dogmes et ses vérités conduisant aux extrémismes qui s'expriment pleinement en ce moment. Il y a une forme de respect de l'autre dans le paganisme, chaque divinité a un rôle précis, une fonction même (Cf les dieux de l'antiquité). Ici, le paganisme est un thème de cet album (le titre parle de lui même) en opposition aux monothéisme et ses dérives extrémistes. D'où ce personnage à la fois mystique, mais toujours en rapport avec l'humain. On y retrouve la thématique de la Grèce antique, le rappel aux divinités indiennes (de l'inde) avec la symbolique des bras de Shiva et cet entente entre corps, esprit et l'environnement dans lequel nous vivons, avec la tête de Cerf qui rappelle que nous sommes avant tout des Etres vivants. Alors au niveau des bras c'est aussi la symbolique de notre groupe, dans une idée de mouvement, de danse et d'appel à la rencontre. Les bras sont les membres qui accueillent, reçoivent, donnent, protègent l'autre ou soi même... Leurs mouvements sont très présents dans Abinaya ; je danse à chaque concert avec une gestuelle constante sur les percussions. Bref nous les avons souvent en mouvement tel des chamanes en transes dont les bras s'ouvrent aux divinités, aux hommes et aux pierres, aux arbres... Enfin, ces bras tiennent le feu, élément de vie, de destruction, de passion aussi, symbolique de ce qui peut couler dans les veines d'un homme ou de ces bûchers (pas ceux qui brûlent les vies) qui réunissent les hommes autour d'une transe ou accompagne les hommes dans une cérémonie de passage un autre monde. L'auteur de cette pochette c'est Vincent de ABOVE CHAOS, il a travaillé sur la thématique des textes, sur les envies que nous avions émises et simplement sur ce qui caractérise ABINAYA. Il a parfaitement compris, il a cerné l'état d'esprit et de l'album et du groupe. 08/ Peux tu nous en dire plus au sujet du Above Chaos? N. Heraud et I. Achard : C'est un studio de design qui a travaillé notamment sur la conception des T-shirt du « Hellfest » (pour l'édition 2013) mais aussi les artworks de Silent Opera, Loudblast, Deep In Hate ...spécialisé dans l’extrème donc. Vincent Fouquet qui nous a nous a rencontré sur un Festival Breton (Le Menhir Chevelu) avait accroché à notre son,et l'entente s'est faite tout de suite, ce fut une belle rencontre qui se poursuit. 09/ Avec le recul, le français est-il dans votre cas une contrainte pour l'étranger? Que vous ont apporté sur le plan international les retours positifs de "Corps"? N. Heraud : Le français n'est surtout pas une contrainte pour l'étranger ! Bien au contraire. Bon, il est vrai que c'est plus dur, et les anglo saxons par exemple ont du mal avec le métal chanté en français. En ce qui nous concerne, c'est vraiment une belle surprise, nous partons en octobre pour 7 dates en Angleterre et Pays de Galles, 2 magazines anglais (Terrorizer Mag et Zero Tolerance Londres) nous ont chroniqué, ont introduit le titre « Beauté Païenne » dans leurs CD samplers et nous sommes vraiment les seuls frenchy sur les 20 pistes de chaque album ! Pas mal de radios canadiennes, américaines et Allemandes ou de Mags étrangers diffusent nos titres et nous chroniquent ( Rock Hard Italie, Rock Hard Grèce, Shockwave Mag USA). Donc, oui ça fonctionne, mais aussi parce que le projet est singulier. Pour cela, les textes sont travaillés en fonction de la musique et assumés pleinement. Mais je crois aussi que c'est un tout, textes, percussions, thématiques, riffs, chant en français. Nous assumons notre proposition musicale, nous avons mis 10 ans pour trouver notre identité et aujourd'hui la reconnaissance de ce projet se fait presque plus à l'étranger qu'en France. Comme quoi...tu connais le proverbe... Mais nous sommes heureux de ce fait. Regarde un groupe comme RAMMSTEIN, il chante dans leur langue et ça n 'a pas été facile dans leurs débuts pour encore d'autres raisons. Enfin, « Corps » a été l'album de la découverte de ABINAYA, une surprise pour la critique française et étrangère, cet album a marqué, fondé l'identité de notre groupe et de notre proposition musicale. L'album « Corps » c'est la naissance de ce projet singulier ayant permis de nous faire connaître, « Beauté Païenne » en est une première maturité et la reconnaissance, car nous constatons aujourd'hui que l'on nous attendait. 10/ Vous avez été à l'affiche du Chaulnes metal Fest pour le moins robuste, mais rien ne figure sur votre page Facebook, quelle est donc votre actualité dans les prochaines semaines? N. Heraud et I Achard : Toutes nos dates viennent progressivement sur notre page Fb ou Twitter mais nous annonçons tout et nous prenons aussi le temps de faire la promotion de ce dernier album. Ce qui arrive en Live est bien excitant : Le 25 juin prochain nous jouerons en première partie de The BLACK DALHIA MURDER au Grillen à Colmar (68), puis nous jouerons au festival les Forges de Feu avec LOFOFORA , CRUCIFIED BARBARA et les TAMBOURS du BRONX ( percussions et textes en français seront donc à l'honneur !!!) le 13 septembre à Port Brillet (53) ; le 20 septembre à l'Ampérage de Grenoble on partagera la scène avec TIM RIPPER OWENS - ex-JUDAS PRIEST ; puis probablement le 19 octobre au Metaloween Fest à Peymenade (06) avec la fleur du Heavy Français - mais c'est en cours de programmation ; puis entre le 21 et le 30 octobre, une tournée de 7 concerts en Angleterre de Londres au Pays de Galles est confirmée. 11/ Merci pour ce moment consacré à Pavillon666, je vous laisse le soin de conclure cet échange. Merci à Pavillon666 pour votre suivi, votre intérêt et votre soutien car c'est un véritable carburant pour nous et nous en avons besoin, ainsi que celui du public, pour franchir les étapes et les challenges qui s'ouvrent à nous. Et soyez en certain, nous ne lâchons rien sur scène et nous donnerons toujours plus. Merci et à bientôt. |
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