Interviews ALBUMS |
Voir les Interviews |
ZAPRUDER |
|||
CHRONIQUE | |||
Contact groupe | |||
Audio / Video | |||
Mise en ligne le : 11 octobre 2012 | Intervieweur :
Mary.Scary
| Traducteur : |
|||
P666 : Bonjour ZAPRUDER et bienvenue au sein du Pavillon 666 ! Et si on commençait par une petite présentation ? François : Salut à toi et merci pour l'intérêt que tu portes à notre projet. Le groupe Zapruder est né à la fin de l'année 2010, lorsque mon frère Etienne (guitare) et moi-même (basse) avons voulu fonder un groupe plutôt orienté post-hardcore. Nous avons trouvé par le biais de petites annonces internet des musiciens pour débuter cette entreprise avec nous, en la personne de Quentin (guitare, chant), Régis (chant) et Romain (batterie). Rapidement, la complicité musicale et humaine qui est née a permis de faire de ce projet une entité commune, et la composition d'un premier set, bien plus varié que le post-harcore auquel nous pensions initialement, nous a mené sur nos premières scènes au printemps 2011. Nous avons ensuite voulu faire sortir de ces premiers balbutiements ce qui nous semblait représenter au maximum l'univers Zapruder, et pour cela nous avons enregistré l'EP "Straight From the Horse's Mouth" au début de l'année 2012 avec Amaury Sauvé (As We Draw, Birds in Row, Comity...) et notre ami Timothée Grives. P666 : Concernant le choix du nom du groupe, est-ce un lien avec Abraham Zapruder, comme on peut le voir dans le trailer de votre EP ? Pourquoi avoir choisi ce nom ? Francois : Effectivement, le nom du groupe provient du brave américain qui tenait la caméra qui a shooté l'une des vidéos les plus célèbres de l'histoire. D'une part, nous aimions la façon dont il sonnait et d'autre part, il peut donner lieu à beaucoup d'interprétations. Néanmoins, nous ne souhaitons pas nous enfermer dans un concept précis et nous n'accordons finalement pas une importance capitale à ce qui pourrait se cacher derrière ce choix. P666 : Pouvez-vous cette fois nous présenter votre premier né « Straight From the Horse’s Mouth » ? Sa naissance, son enregistrement, la façon dont il a été reçu par le public jusqu’à présent… François : Nous avons majoritairement composé cet EP au cours de l'année 2011, et à la fin de cette dernière nous nous sommes posé la question de savoir si vous voulions l'enregistrer de manière professionnelle. D'un point de vue personnel, j'étais très fier et très satisfait de ce que nous avions fait jusqu'alors et je souhaitais réellement pouvoir donner à ce set un son studio digne de ce nom. Nous avons donc décidé d'en faire un EP, qui tenterait de représenter au mieux les débuts de Zapruder, sans pour autant nous mettre de barrières pour la suite. Le choix d'Amaury Sauvé pour nous accompagner a été dicté par notre amour unanime de ses productions récentes ; et la rencontre avec lui nous a énormément apporté. Nous avons tout fait chez lui, sauf les guitares que nous avons enregistré avec notre ami Timothée Grives et qui ont été réampés avec Amaury. Au final, l'investissement était considérable mais nous ne le regrettons tant nous sommes fiers du travail accompli, et conscient des progrès que nous avons fait en tant que musiciens. Les premières critiques sont réellement encourageantes, et dépassent bien ce que je pouvais m'imaginer avoir créé avec Zapruder, notamment lorsque l'on nous parle de la maturité de nos compositions. P666 : Quels thèmes aborde-t-il ? Qu’est-ce ou qui est-ce qui l’a inspiré ? Régis: Straight From The Horse's Mouth aborde le thème de la perdition, de la violence, de la notion de sacrifice et de la nécessité de s'engager. Les textes sont une partie importante de notre univers, nous attachons beaucoup de prix à leur sens, leur littérarité, et nous ne souhaitons pas faire de la musique pour de la musique. L'inspiration s'est faite naturellement, au fil des crispations et des espoirs qu'offre la vie. P666 : « Mount Fuji in Red » est vraiment un titre surprenant et le réel OVNI de cet EP. Pouvez-vous nous en dire plus à son sujet ? Ce sur quoi il porte, les choix quant aux différents registres de chant… Régis: Ce morceau est en effet à part dans l'EP, il fait figure de souffle, de moment de liberté dans tout ce chaos. De fait, il est si irréaliste au milieu des autres qu'il n'est qu'illusion. C'est un rêve onirique, un déracinement total, utopique. Le choix du chant est venu naturellement, nous connaissions le travail solo de Quentin et nous avons tenté de faire un lead avec sa voix. Le résultat est au-delà de nos espérances. Romain: Pourtant, à l'origine ce morceau ne devait faire figure que d'interlude. Au final l'exploitation du riff principal sonnait bien à nos oreilles pour en faire le plus long morceau de l'EP. (Dont je suis particulièrement satisfait de évolution) Quentin : Jusqu'ici, c'est la seule que mes parent supportent eheh, ça en fait un OSNI oui...! Le final est rêveur mais pas si positif que cela, j'avais été un peu touché va t-on dire par la catastrophe japonaise de 2011(oh, originalité). Finalement, si on veut conceptualiser, c'est probablement une phase de réveil, on perçoit ce qui est à l'extérieur, on se rend compte qu'on aurait du anticiper peut-être mais... le réveil arrive et on est perdu à Las Vegas. WTF. Ahah. Je ne sais pas, il n y a pas UN moyen de l'appréhender mais ça peut en être un. P666 : L’artwork, signé AMphoto, est aussi intriguant que l’est votre musique ; la collaboration s’est-elle faite chacun de votre côté ou AMphoto a-t-il dû pénétrer votre univers ? La pochette est-elle le résultat de ce que vous vouliez vraiment ? Régis: Merci de poser cette question qui met en valeur le travail d'un ami. Antoine a véritablement pénétré l'univers de Zapruder car il nous a suivi sur quelques concerts pour faire du shooting. La pochette a été réalisé en commun, nous avions une idée précise en tête, cet homme nu avec une tête de cheval, seul dans la nature, incongru mais symbolique. Nous avons fait plusieurs shoots à différents endroits - et il faisait froid - puis nous avons gardé cette photographie, qui ajoute du symbole sans que nous n'y ayons pensé. Nous en sommes très fiers et nous remercions encore Antoine qui fait un superbe travail. P666 : ZAPRUDER n’a sorti qu’un EP mais on a déjà affaire à une musique indéniablement mature… Le groupe a-t-il définitivement trouvé son identité musicale ? Régis: Définitivement ce serait précipité. Disons que je vois plutôt l'EP comme une première étape, à partir de laquelle nous allons continuer à pousser notre univers. Notre identité est encore balbutiante m'est avis, mais nous savons reconnaître ce qui nous parle de ce qui nous parle moins, avec le recul, et de fait, nous espérons bien évoluer et aller plus loin encore. Mais merci du compliment! François : Paradoxalement, nous avons voulu poser ces chansons sur un EP dans l'optique de marquer le début du groupe, nos errances musicales et conceptuelles ; et pour nous permettre d'avoir un recul au moment d'enregistrer un album, de pouvoir se dire que telles choses doivent être gardées et d'autres non. C'est pour cela que je disais que les commentaires sur la maturité m'étonnent beaucoup, car de mon point de vue c'est seulement le début de notre travail de recherche sonore et musicale, de conceptualisation en général. Mais cela fait très plaisir effectivement ! Romain: À coté de ça, j'ai envie de dire qu'entre deux bonhommes extirpés du VisualKey, un du Death Metal et l'autre qui a un genre inclassifiable entre MathCore schizophrène , Blonde Redhead, sans oublier Radiohead, et moi qui change selon les saisons... On est mal barré pour se définir définitivement. Quentin : Je n'espère pas, ce serait un peu ennuyeux non?... Je ne sais pas, je ne suis pas fan de l'idée qu'on puisse être "finis" un jour je crois: "ça c'est fait!". On peut trouver ce qu'on a envie de faire, et trois mois après ne plus être la même personne, pas de raison que ce soit différent pour un groupe... enfin il me semble! P666 : Comment se passe la composition des morceaux en général, dans quelles conditions ? Etienne : Les morceaux partent généralement d'une idée, d'un riff, parfois simplement d'un concept que l'on souhaiterait aborder dans les textes. Puis chacun y ajoute sa patte progressivement, et le morceau se construit par ajouts successifs. Nous essayons beaucoup de choses en répétition, avant de fixer complètement les structures et les mélodies. Un morceau comme Mt. Fuji, puisque tu y faisais allusion spécifiquement tout à l'heure, est même directement le fruit d'une jam en répétition, laquelle a été retravaillée et enrichie par la suite, jusqu'à obtenir sa forme finale. Jusqu'aux prises dans le studio, certains éléments ont été modifiés sur l'EP, et pas uniquement des arrangements : c'est le signe que le processus est parfois long et laborieux - et cela tient sans doute au fait que nous comptons quelques perfectionnistes acharnés au sein de Zapruder. Et qu'il est parfois difficile de satisfaire cinq personnes et personnalités, étant donné que la compo est avant tout une démarche démocratique, et qu'un morceau n'est considéré comme terminé que lorsque chacun éprouve du plaisir à le jouer. Romain : Je laisse place aux personnes qui possèdent des instrument arqués de notes. Et comme un batteur, je me colle aux situations. P666 : Quels sont vos projets à venir ? Concerts, clips… ? Régis: Nous venons d'annoncer notre première tournée qui s'échelonnera du 27 octobre au 3 novembre (dates à voir sur notre page Facebook) pour défendre notre EP. Une semaine de route va être une expérience, nous avons particulièrement hâte. A côté de cela nous composons toujours, avec pour objectif un premier album ou autre chose qui sait? P666 : Venons-en à présent à des sujets plus généraux… Quel est votre avis sur la scène métal française ? Régis: Rien de chauvin dans ce que je vais dire, c'est une constatation que je fais depuis des années: la scène Metal française est une des plus riches du monde. Et elle commence à peine à être reconnue. A côté de Gojira, qui est un des plus intéressants de sa génération, on peut citer les Birds In Row, signés chez Deathwish: une vraie consécration ! La scène toulousaine émerge pas mal et elle le mérite avec son vivier. Entre les I Pilot Daemon, Plebeian Grandstand et Drawers il y a de quoi faire. Et je ne parle pas de la scène poitevine, avec Hacride, Trepalium et Klone, ou Black Metal, Blut Aus Nord et Deathspell Omega en tête. Non franchement, il y a de la qualité et surtout de la création originale en France. François : Au risque de passer pour l'enfonceur de portes ouvertes, le drame en France reste la sous-médiatisation du rock et de ses dérivés si l'on rapporte cela par rapport au nombre de personnes qui sont intéressées par ces styles, ou pourraient potentiellement l'être. Comme le dit Régis, nous possédons d'excellents groupes, une scène très variée, mais le fait est qu'à l'heure actuelle, la réussite d'un groupe de métal en France consiste.. à s'expatrier, et pas forcément qu'aux USA. Etienne : Sans vouloir partir dans des débats de Café du Commerce, la France a la chance de posséder le statut d'intermittent du spectacle, qui peut être un véritable coup de pouce aux créateurs et permet - en théorie - de maintenir une culture vivace. D'un autre côté, le pays manque d'un réseau de salles de concert/clubs de petite taille véritablement mis en valeur. Si on ajoute, comme le mentionnait François, une représentation complètement déformée du paysage musical par les médias généralistes... Cela dit, le succès du HellFest témoigne combien il existe, en France, un public metal et dérivés. P666 : Et en ce qui concerne le téléchargement ? Pensez-vous qu’il peut être bénéfique à un jeune groupe désireux de se faire connaître ou qu’il peut au contraire lui nuire ? Régis: Je fais partie de ceux qui pensent que le téléchargement doit être démocratisé, qu'on doit s'en servir à la fois pour satisfaire les groupes et les auditeurs. On ne peut pas dire que la musique est gratuite, c'est faux, un artiste met du temps, de l'argent dans son projet, il mérite une reconnaissance à la fois critique bien sûr mais aussi financière, pour pouvoir continuer à exercer ce que ses fans adorent. Le streaming intégral est sans aucun doute l'avenir lui aussi. Un jeune groupe gagne à le faire. Dans notre cas l'EP est en streaming intégral mais nous le vendons en download digital à 1 euro. On ne peut cependant se résoudre à demander plus, car cela n'est pas un objet. François : Prends l'exemple de mégaupload, qui prospérait sur de la distribution gratuite : c'est pour moi l'exemple même d'un nouveau système, qui pourrait toujours rémunérer ses artistes, mais en se basant sur d'autres modes de profits. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment tu peux trouver des CD vieux de 5 ou 10 ans qui coûtent encore 20 balles à la FNAC.. Etienne : De toute façon la vente de disque ne rapporte plus d'argent aux artistes débutants/moyens. Cela dit l'utopie du tout gratuit est une grave erreur, et ce n'est pas parce que quelques posers façon Radiohead se débarassent de leur mauvais fonds de tiroirs gratuitement (et s'en foutent au passage plein les poches) que cela constitue une alternative viable. Le geste qui me gêne le plus dans le téléchargement - même si je le pratique, notamment à des fins de découverte avant achat - c'est que la dématérialisation de la musique sépare objet et contenu ; et que si l'objet demeure payant, le contenu ne vaut rien. De fait, voler un disque en plastique dans sa boîte en plastique, c'est mal, et dans l'inconscient collectif c'est toujours du vol ; télécharger quelques bits, c'est bien, c'est un geste rebelle contre les gros méchants de l'industrie du disque, et c'est socialement accepté sinon encouragé. Ce n'est à mon sens pas à l'auditeur de déterminer la valeur de mon travail. L'euro que l'on demande est symbolique, quelque part : il ne constitue pas un calcul de rentabilité, ne correspond pas aux frais engagés ou à une somme à atteindre pour rentrer dans nos frais. Il est juste le signe que ce travail possède une valeur intrinsèque, minimale, qu'il n'appartient pas à l'auditeur/consommateur de fixer. Et SURTOUT que cette valeur est indépendante du contenant. A cet égard, je suis plus sensible à des solutions de streaming, qui permet de contourner cette justification un peu limite que j'utilisai plus haut : "je télécharge parce que 20€ la découverte, si c'est raté, ça fait mal." P666 : Je vous donne maintenant l’occasion de nous faire part d’un coup de cœur et/ou d’un coup de gueule concernant le monde de la musique… Exprimez-vous ! François : Ca va un peu au delà du monde de la musique, mais j'ai toujours du mal à comprendre qu'on ne puisse pas imaginer qu'un groupe de math ou noise comme le nôtre soit formé de vrais musiciens qui livrent une oeuvre d'art musicale, simplement parce qu'on n'a pas la sensibilité pour apprécier la façon dont nous construisons nos chansons et dont nous pensons nos instruments. J'ai moi-même souvent du mal à saisir les tenants et les aboutissants d'une oeuvre d'art picturale contemporaine, je ne vais pourtant pas dire que ca n'en est pas ou manquer de respect envers l'artiste si tant est que ce dernier soit humble et passionné. L'irrespect ne se justifie que face à de l'opportunisme, et certainement pas par réaction à quelque chose qu'on ne comprend pas. Etienne : Ouais, ouais. Et aussi on m'avait promis des kilos de coke et des putes de luxe si je faisais de la guitare électrique, et pour l'instant rien. Je me sens roulé. Quentin: Moi aussi. Régis: Je chie sur Pascal Nègre. Quentin : Moi aussi, en plus il a trop mal choisi son nom de scène. Romain : J'ai toujours pas trouvé de remède contre le fléau Skyrock/NRJ/Virgin qui nous viole dans nos putain d'oreilles à grand coup de Magik Systeme, Booba, Sexion d'Assholes ... m'voyez. (... Et je "plussoie" Régis.) Quentin : je n'écoute pas, pour l'instant ça fonctionne. Bon, j'ai pas d'idée alors je vais dire un truc super nase, mais j'en ai marre de devoir bouger à Paris ou à Lille pour voir des concerts cools. Voilà. P666 : Nous arrivons à la fin de l’interview… Merci d’avoir pris le temps d’y répondre ! Nous vous souhaitons bonne continuation pour la suite ! Un dernier mot ? Régis: On peut s'asseoir sur la chaise, lorsque la chaise n'en a pas. François : Limonade ! Etienne : Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie. Romain : Je vous emmerde et je rentre à ma maison. (Respect à ma mère qui aime pas le métal, je t'aime, ton fils.) Quentin : Merci, euh. Voilà. |
|||
| |||