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SO WAS THE SUN |
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Mise en ligne le : 16 septembre 2012 | Intervieweur :
Bakounine
| Traducteur : |
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1) Salutations So Was The Sun, la dernière fois que vous aviez eu la parole sur notre webzine, c'était en toute fin d'année dernière. Alors comment allez-vous ? Quoi de neuf depuis ? Salut ! On reprend notre souffle avant les dates de l’automne. Il s’est passé beaucoup de choses en à peine un an. On a été sélectionnés par quatre tremplins dans la région natale du projet, la Picardie. On a été trois fois vainqueurs, ça nous a ouvert des portes sympas, jusqu’à pouvoir jouer au Mix Up Festival avant Hubert-Félix Thiéfaine. Sinon on a fait beaucoup de dates, et évidemment on a bossé pendant des mois sur le disque qui sort aujourd’hui. Notre nom circule bien, on est contents parce que les gens accrochent à notre musique et se pointent de plus en plus aux concerts. Mais l’EP vient à peine de paraître alors on va encore avoir des surprises, enfin j’espère. 2) Votre second Ep Dead Submarines vient de sortir. Pouvez-vous décrire le processus de composition de celui-ci ? Les titres ont-il été composé sur toute la durée le séparant de votre premier Ep éponyme ou plutôt tout d'un coup avant de rentrer en studio ? Presque toutes les chansons ont été composées entre nous trois, contrairement au premier EP. Avant les chansons étaient presque finies quand je les présentais au groupe. Maintenant j’amène un riff ou une idée mélodique en répétition, on fait le tri de ce qui nous botte tous et on se met à travailler dessus. A une exception près, tous les morceaux ont été écrits dans la même foulée, dès que Loïc nous a rejoints. On a quand même terminé quelques trucs à l’arrache trois jours avant de rentrer en studio. Mais ça c’est parce qu’on n’est pas raisonnables et mal élevés. Et surtout on peut enfin montrer au public comment on cogne avec notre batteur, vu qu’il n’était pas sur l’autre disque. Ça change vraiment beaucoup de choses dans l’écriture des rythmes et dans la puissance de feu qu’on peut envoyer. 3) Comment voyez-vous cet Ep par rapport à son prédécesseur ? Vous disiez dans notre interview vouloir, je cite, des "morceaux qui ont plus de cohérence ensemble"; "dans un trip moins "compilation"". Pensez-vous avoir atteint ce but ? Justement, c’est évident qu’on a pu enregistrer un EP plus ramassé dans le temps, plus représentatif de notre musique, avec une dynamique pareille. Mais ça ne veut pas dire qu’on a écrit des morceaux qui se ressemblent tous pour autant. On s’est surpris à pouvoir mettre dans le disque des morceaux de pop écorchée vive comme Naked Mouth ou du riff de keupon comme dans Monography, sans que ça nous paraisse incohérent. Parce que notre son et notre univers sont là, que ça se tient en écoutant les huit titres à la suite et parce que c’est dans notre style d’être des schizos musicaux. On ne se limite pas, et ça reste bien compact quand même. 4) Vous avez enregistré au studio Le Sous-Marin. Comment cela s'est-il passé ? Est-ce de là qu'est venu le nom de l'EP ? Maxence Collart nous a ouvert les portes de son studio via le Tremplin Rock de Mouy, qu’on avait gagné l’année dernière. On a rallongé sans cesse notre collaboration avec lui au fur et à mesure : de trois jours d’enregistrement on est passés à quatre, ensuite on lui a confié le mix, puis le master, etc. C’est dire si on a bien senti le truc avec lui. On a juste été trop gourmands dans le nombre de titres à enregistrer, ce qui nous a causé un bon petit stress pendant les prises. Malgré le speed et ma voix qui déraillait sans cesse, on est arrivés à ce résultat et ce son bien lourd qu’il a tout de suite capté. Bon on a bien déconné aussi, vu les teasers qui sont sortis pour annoncer l’album. Pour ce qui est du « Sous-Marin Mort », j’avais l’idée d’appeler le disque Dead Submarines avant même d’entendre parler du studio de Maxence. Quand j’écris des textes, certaines images fortes ressortent comme ça. J’ai eu cette vision sur la plage de Saint-Malo il y a deux ans, en voyant les piscines creusées au bord de la mer, couvertes d’algues, parce qu’elles se remplissent avec la marée. Je me disais que c’était un bon coin pour venir crever quand on est un sous-marin. Le truc drôle c’est que cette image s’est imposée de plus en plus. Pas seulement pour le nom du studio (ça c’était l’ironie du sort suprême), mais aussi parce que c’était dans notre délire de machine organique démesurée. En plus, quand on mixait le disque avec Maxence et Loïc, c’était le premier tour des présidentielles, et on vivait ce bout d’Histoire via Twitter, enfermés dans notre studio avec les cinq millions de réglages à faire pour que ça sonne. L’isolement total et bizarre. 5) Sur cet Ep, vous poursuivez sur votre ligne rock énervée qui me fait pas mal penser à un groupe comme les Pixies (sur "Naked Mouth" notamment). Est-ce une influence pour vous ? Sinon, vous êtes plutôt branchés scène rock de Seattle ou scène californienne ? J’aime les Pixies mais j’écoute plutôt en boucle Teenager Of The Year de Frank Black en ce ce moment. Il a une façon de composer qui est simple et saine : ses chansons dépassent rarement les 2 minutes 30. Il y met juste ce qu’il faut pour que ça soit un paquet de tueries qui se valent toutes. Niveau scène américaine, je lorgne vers les Sonic Youth, Swans et autres bons groupes de New York, façon no-wave et noise à blinde. Même si je suis un grand fan de In Utero de Nirvana. Tarah, notre bassiste, est plus du côté de Seattle et de Los Angeles, avec les Foo Fighters, Distillers, etc. On se retrouve tous les trois sur les Queens Of The Stone Age et Them Crooked Vultures, pour rester dans la même famille. 6) Le choix de l'anglais, quelles en sont les raisons ? Désir de s'exporter plus facilement ? Une langue plus rock'n'roll que le français ? Ou alors pour rester dans la tradition de vos groupes-références ? On me pose souvent la question, mais c’est naturel chez moi. C’est pas tant pour faire comme les aînés ni par calcul, j’ai surtout ça dans ma culture personnelle. Ma mère a été prof d’anglais pendant des années, j’ai baigné dans un flot ininterrompu de références britanniques quand j’étais petit. J’arrive à mieux exprimer des sentiments, à suggérer des images sans imposer. Et j’ai pris des sacrées baffes rien qu’avec une phrase pour une foule de chansons en anglais. Comme le « who’s the corpse and who is the carcass ? » de 31Knots, le « ambition in the back of a black car » de The Cure, et plein d’autres chez Thurston Moore, We Insist!, Future Of The Left, Tool… Mais le français n’est pas perdu, on peut en faire quelque chose. 7) Apparemment un troisième Ep est prévu par la suite. Quels sont les raisons de ce choix de rester sur le format Ep ? Une forme d'appréhension du passage au format album ? C’est un format que j’aime bien, qui s’est imposé depuis un moment parce que les petits groupes n’ont pas les épaules pour réaliser un album, et qu’il vaut mieux balancer une poignée de chansons qu’une compile mal torchée de morceaux mal finis. Les EP ont un charme dingue pour moi, j’en ai reçu pas mal à une période où je chroniquais des disques, et je continue d’en acheter quand j’ai le coup de cœur. Chaque chanson a son importance, le packaging est souvent surprenant, j’ai l’impression d’avoir un objet rare dans la main. Et enchaîner trois EPs comme on se l’est fixé, c’est une façon d’être libres, de pas dépendre d’un impératif de quantité de morceaux et de pouvoir faire évoluer notre musique tranquillement. Après j’ai pas envie d’y passer ma vie : ça ne dure qu’un temps et ça nous mettra sur les rails pour un vrai album ensuite. Là on explore, on montre aux gens où on en est, ce qui change à chaque disque… on établit un lien avec le public par nos disques, et pas seulement un truc genre « hé y’a du neuf mais y’a que cinq chansons, viens quand même écouter ». 8) Deux d\'entre vous font également parti du groupe Tarah Who ? avec un changement de chanteur principal entre Palem et Tarah. Ca ne vous est jamais venu à l'idée de fusionner les deux groupes en alternant les passages vocaux ? Ou alors vous tenez à séparer les deux projets ? Les considérez-vous comme deux entités purement différentes avec des modes de fonctionnement différents ? On ne pense pas du tout à fusionner les projets, tout simplement parce qu’ils sont très différents musicalement et qu’on ne vit pas chaque groupe de la même façon. Tarah Who? a la même place pour Tarah que So Was The Sun pour moi : le groupe où on met toutes nos tripes, où on exprime ce qu’on a envie d’exprimer, de faire ressortir, avec nos envies musicales. Que l’un soit dans le projet vital de l’autre, et inversement, c’est une drôle de situation, ça pourrait même être dangereux, mais ça s’équilibre toujours. En tout cas je suis très heureux d’apporter ma pierre à Tarah Who?, parce que c’est un exercice très chaud et jouissif. J’écris les guitares lead pour elle et je ne m’étais jamais mis dans un tel merdier, c’est techniquement et artistiquement exigeant. Mais c’est excitant. Et Tarah apporte sa grosse basse, ce côté « la terre gronde » dans les morceaux de So Was The Sun, et ça les fait sonner comme rien d’autre. Donc les deux projets sont clairement différents, oui. En plus, TarahWho? est un quatuor, avec un autre rapport à la composition. Pour le chant on fera peut-être un jour un morceau avec nos deux voix, on a l’embarras du choix des armes ! Et on est encore plus vicieux que tu peux le penser : on vient de monter un groupe de punk crados avec le batteur de TarahWho?, Pilal. Ca s’appelle Fraulein et cette fois Tarah fait la batterie, lui la basse, et moi je reste à la guitare et aux cris. Il y aura du son bientôt… 9) Vous avez eu apparemment l'occasion de tourner pas mal en France et également un petit peu à l'étranger. Comment avez-vous été perçus hors de nos frontières ? Avez-vous ressenti des vraies différences par rapport à la manière dont le rock est vu chez nous ? Quel est votre avis global sur la scène rock en France ? On a tourné en Irlande du Nord, et un peu à Londres il y a longtemps. Que dire ? Ça n’a rien à voir. Les anglo-saxons ont la culture de la musique dans leurs gênes. Chez eux c’est naturel d’aller deux ou trois fois par semaine dans un pub pour voir le concert d’un groupe dont ils n’ont jamais entendu parler avant. En France, on trime comme des dingues pour avoir nos cinquante personnes dans un rade sans bonnes conditions. Ça sonne jardin d’Eden du rock comme ça, mais c’est sûr que les gens sont curieux là-bas, qu’ils viennent écouter, tripper, pogoter, sans a priori pour nos gueules en plus. On a été super bien reçus, on a terminé des soirées dans un bel état à Belfast. Faut qu’on se réveille dans l’Hexagone, surtout que la scène française est de plus en plus intéressante. J’ai croisé des groupes qui osent des styles pas habituels pour nous : de la noise, du kraut-rock, de l’indie tarée, du grind… Il y a de la richesse. Mais c’est toujours la hype qui l’emporte. Heureusement qu’il y a des résistants qui taillent leur route depuis des années sans abandonner. Je suis content qu’on échange avec des gens comme ça, capables d’écrire des chansons qui valent un album de Sonic Youth ou des mélodies tellement bonnes que ça en devient scandaleux, et qui restent accessibles, humbles mais clairs dans leurs envies. 10) Aprés un premier Ep dont l'artwork représentait un train, le second représente un sous-marin. D'où vous vient ce goût prononcé pour les moyens de transport ? Y-a-t-il un concept commun que vous exploitez, un délire personnel ou est-ce simplement le hasard ? C’est dans l’esprit de notre trilogie d’EPs, qui s’appelle la Trilogie Mécanique. C’est plutôt un délire visuel qui encadre notre musique, qui lui donne une toile de fond, et pas tellement une histoire de transports même si on veut exprimer une certaine puissance avec ces images. Le mécanique et l’organique, ce sont mes plus grandes fascinations en général. Le premier EP était plutôt diffus, avec sa locomotive décomposée. Là on fait un pas de plus vers un hybride bizarre qui ressemble à notre musique. Et après, je ne sais pas à quoi ressemblera la pochette dernier épisode. Ce qui est sûr c’est qu’on travaillera encore avec Blandine Barthélémy de chez Graphical Ink. Elle est à l’origine de nos deux visuels, ça serait parfait de finir cette trilogie avec elle. 11) La suite pour So Was The Sun, c'est quoi (tournées, autres réalisations, label, etc) ? Beaucoup de dates en automne ! De septembre à décembre, on va écumer la Picardie et un peu Paris aussi. On a été sélectionnés pour un autre tremplin, le Rock Aisne Force, le 9 novembre. On a tout un réseau très sympa et actif dans la région. On commence aussi à se trouver des concerts pour 2013, lentement mais sûrement. On prépare une série de clips autour du disque, l’un d’eux sera sans doute réalisé par Henri-Jean Debon, le réalisateur de Noir Désir. Mais ça dépend des contributions à ce projet sur kisskissbankbank. On vient de lancer un appel pour réussir cette aventure avec lui et j’espère que ça se fera. Il y aura d’autres images ensuite, surtout grâce à une photographe qu’on a rencontré cette année, Claudia Lopez Lucia. Elle veut réaliser un documentaire sur notre groupuscule de musiciens échangistes, en suivant le quotidien de nos projets, de la compo aux concerts. Pour finir, on va composer à notre rythme le troisième album. Je ne sais pas du tout quelle tournure on va prendre et c’est ça qui est bien. Du moment qu’on se surprend encore et que les petites tueries sont là… 12) Merci d'avoir répondu à cette interview. Les derniers mots sont pour vous. Jouez toujours plus fort, pétez toujours plus de trucs, venez prendre du son en live, et aidez-nous sur kisskissbankbank ! Merci l’équipe ! Réponses par Palem Candillier (guitare/chant) Lien kisskissbankbank, voir lien contact : |
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