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INNERTY
CHRONIQUE INNERTY - review
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Mise en ligne le : 31 mars 2012  | Intervieweur : Doc.Douggy | Traducteur :

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
1. Si on commençait par des présentations :

OYC : Salut Doc ! Innerty est composé d’Axel aux guitares et voix, Olivier aux guitares, Matt à la batterie et percussions et moi-même à la basse.

2. Je pourrais avoir une brève bio?
Axel : Innerty existe depuis 2003, réunion de quatre amis d’enfance. On a fait nos armes essentiellement sur scène, enregistré 2 EP tous les quatre. Après le départ de Jérôme à la basse en 2007, on a poursuivi à trois, sans basse, pendant environ 2 ans. On a fait quelques mini-tournées sous la forme d’un trio, et surtout, c’est pendant cette période qu’on a commencé la composition de l’album. Younés a ensuite intégré le groupe : rencontré lors d’un concert d’Isis à Lyon, je lui ai proposé de venir à une de nos répètes. Finalement, ça l’a fait !

3. Votre musique se veut d'un côté progressive, et d'un autre assez brutale et déstructurée. Comment la définiriez-vous?
OYC : On va appeler ça un métal progressif expérimental. Dans cet ordre. Le terme expérimental regroupe les structures un peu aléatoires et les instrumentations barrées tout en étant un peu plus cerné par le terme progressif qui agit plus comme un indicateur de genre, tout en définissant un peu les deux lames du couteau death/technique. Des termes comme post métal ou math rock ont été utilisés. Pourquoi pas, même si le terme post est de plus en plus malmené.
Axel : Personnellement, je préfère parler de métal expérimental, je trouve ça plus ouvert. Matt est à fond jazz depuis quelques années, Olivier et moi-même sommes assez branchés électro, j’écoute énormément de noise, on aime tous le rock dans son ensemble… En fait, mis à part peut-être la dance ou le R’n’B, il n’y a pas vraiment de style qui nous rebute. Plus ça va et plus des éléments qui n’ont à priori rien à voir avec le métal ont été incorporés, tout en gardant un socle et une cohérence incontestablement métal. C’est pour ça que l’étiquette « expérimental » colle à mon avis assez bien, dans le sens où elle traduit cette démarche de recherche, cette curiosité, l’envie d’essayer des choses. Et puis ça évite les étiquettes à rallonge du style « post-math-grind-avant-métal-jazzy-djent-rock-technico-core-virgule5 » !

4. Comment se déroule le processus de composition?
Axel : De façon assez classique et très instinctive en fait : Matt, Oliv’ et moi avons vraiment opéré comme une seule tête à trois cerveaux. Presque tout a été composé dans notre local. On s’est plus ou moins enfermés pendant de longs mois, on a pris le temps de tout composer ensemble. Chaque nouvelle répète apportait son lot de nouvelles idées, de nouveaux riffs. Seul le travail d’arrangement ou d’agencement a parfois eu lieu en dehors de ce local, notamment au moment d’écrire les partitions des morceaux pour que Younes puisse rajouter ses lignes de basse.
OYC : A l’origine la musique n’était pas supposée accueillir de basse, il a fallu donc penser cette dernière dans une idée un peu plus harmonisée, presque en contrepoint, pour laisser respirer les idées originelles, tout en repensant quelques rares choses à droite à gauche lors des réagencements avec les partitions. Pour ce genre de musique à tiroirs, c’est vraiment mieux de se pencher sur le papier, de manière à pouvoir être complémentaire de la meilleure manière possible.

5. Voilà près de 10 ans que le groupe existe, et après 2 E.P vous sortez enfin votre album "Tabula Rasa". Comment s'est déroulée l'expérience studio?
Axel : Ca a été assez chaotique… On a eu plusieurs embuches sur notre chemin, notamment bêtement matérielles ou financières, qui font que ça a pris (beaucoup) plus de temps que prévu. Il faut dire aussi qu’on a été beaucoup plus exigeant qu’on a pu l’être dans le passé ; au final ça n’avait rien à voir avec les enregistrements précédents, on a vraiment rien laissé au hasard. En regardant en arrière, c’est une expérience à la fois très douloureuse mais extrêmement formatrice.
OYC : A cause d’emplois du temps surchargés, les préparatifs n’étaient pas toujours simples, ce qui a résulté en une expérience très dure, très longue et plutôt fastidieuse. Certains éléments ont été modifiés/rajoutés/improvisés lors de l’enregistrement, ce qui a caressé certains nerfs dans le (très) mauvais sens du poil à certains moments. Ce n’est pas pour autant qu’on ne se réjouit pas du résultat. Mais surtout parce qu’il est ENFIN là, ce résultat…

6. Après m'être renseigné sur un blog, j'ai un peu mieux compris le concept de "Tabula Rasa", mais je ne pense pas que tout le monde ferait ce genre de recherche... Comment vous l'expliqueriez?
Axel : On a choisi ce titre justement parce que chacun peut s’en faire sa propre interprétation. Tabula Rasa, c’est à la fois « faire table rase », tout détruire pour reconstruire quelque chose de nouveau. Ca nous évoquait beaucoup de choses dans l’évolution du groupe, ou même plus généralement dans les périodes qu’on traversait dans nos vies à ce moment-là. C’est aussi une référence au concept philosophique de Tabula Rasa, l’idée selon laquelle tout provient de notre expérience propre, que notre esprit naît vierge et que l’identité de chacun n’est au fond que le reflet des évènements qu’il a pu vivre. C’est en quelque sorte une manière de rejeter tout ce qui s’apparente à de l’innéisme.

7. Quels sont les idées émises par INNERTY dans ses textes?
OYC : Nous nous basons beaucoup sur des références et des intertextualités. A partir de l’idée de départ de la Tabula Rasa ont découlé des notions « cousines » comme la qualophobie, l’anamnèse, la noèsis, le monisme et d’autres idées jetées de la sorte. Nous avons ensuite écrit par analogies, le but étant de toujours rester dans l’idée générale de la Tabula Rasa, en basant les idées qui en découlent sur le fait que nous sommes forgés à base d’expérience et de réflexion, et rarement voire jamais à base d’innéisme.

8. Votre musique doit prendre toute son ampleur en live. Vous avez par ailleurs déjà pas mal joué il me semble? Un bon/mauvais souvenir à nous faire partager?
Axel : Le premier qui me vient à l’esprit est cette date à Bologne, en Italie, dans un festival qui s’appelait « Experimental Noise Assault ». On a partagé l’affiche avec des groupes vraiment excellents, tous plus barrés les uns que les autres. En fin de soirée, il y avait une fille avec des clochettes dans les cheveux en guise de percus, qui jouait de la gratte complètement désaccordée avec un bout de verre… Il devait rester 20 personnes dans le public mais c’était assez hallucinant !
OYC : je me suis méchamment sonné en me lattant le nez avec la basse lors d’un concert devant 10 gars en Italie. J’ai vu Jésus et Mahomet. Ils sont potes, même si Jésus se la jouait un peu « moi j’ai ressuscité et pas toi, nananère. ». Ils n’ont plus de barbe et ils jouaient aux échecs. Mahomet était un peu dans la merde, ses deux tours étaient foutues.

9. Quelles sont vos influences?
Axel : C’est un peu dur de parler au nom du groupe car on a vraiment des influences très diverses d’un membre à l’autre. En métal/hardcore, nos « références », ou du moins les influences les plus évidentes, sont déjà un peu anciennes: The Dillinger Escape Plan, Meshuggah, Tool, Isis, les premiers Gojira… En dehors, les premiers noms qui me viennent sont Aphex Twin, Mats & Morgan, King Crimson…
OYC : C’est une des spécificités de ce groupe, je pense, cette abondance d’influences, parce qu’au sein du groupe, on aime beaucoup de choses similaires, mais à côté dans le train-train quotidien, je ne pense pas trop me tromper en avançant que le métal passe souvent au second plan pour laisser place à plus d’électro, de jazz, de musiques latines ou orientales, de baroque, et de choses plus expérimentales de tous styles. Au final du retrouves tout ça assez spontanément au détour d’un riff ou d’une transition. C’est drôle quand tu remarques le moment où ça débarque de nulle part.

10. Je suppose que vous avez des projets pour cette année, qu'en sont-ils?
OYC : Essayer de proposer un beau double CD de Tabula Rasa. Boucler ou avancer sur nos projets parallèles.
Axel : Reprendre le rythme des concerts pour défendre cet album et surtout poursuivre la composition du second !

11. Allez, on arrive sur la fin:
-Que pensez-vous de la scène française actuelle?
OYC : Je ne la suis plus aussi savoureusement qu’avant, mais il y a des choses très qualitatives, surtout dans la scène un peu « underground ». Je pense à des choses comme Fat32, Jean Jean, Pneu, Pord, Stanley Kubi, Xnoybis, ou les tristement défunts Lewis Karloff. Le problème avec la scène moderne française est que les labels aujourd’hui, ainsi qu’une partie du public, ne sont intéressés que par le commercialement viable, et qui dit commercialement viable dit souvent facilité d’exécution et d’écoute. On altère alors un bon nombre d’idées et ça tombe dans le déjà-vu amorphe. D’où une qualité quasi-constante dans les univers indépendants et une qualité un peu moindre dans les « hautes » sphères monétaires.
Axel : J’ai un peu la même sensation : je pense que la France grouille de groupes géniaux mais qu’ils sont malheureusement (et plus qu’ailleurs j’ai l’impression), réduit au quasi-anonymat. C’est dommage car la qualité est incontestablement là.
-Vos dernières "claques" musicales?
OYC : le dernier Hiromi, « Voice », et Soen avec leur album « Cognitive » qui n’est pas mauvais du tout. Mais j’attends avec impatience les nouveaux Ephel Duath et Diablo Swing Orchestra.
Axel : J’avoue que ça fait un petit moment que je ne me suis pas pris de claques… La plus grosse en date reste le « Carboniferous » de Zu mais il a déjà presque trois ans ! Je ne m’en remets toujours pas. Depuis, j’ai beaucoup aimé le dernier album de Battles, le dernier Knut, ou les derniers Timber Timbre et Flying Lotus pour changer complètement de registre.

12. Merci d'avoir répondu à ces questions, je vous souhaite que du bon pour la suite ! Un dernier mot pour nos internautes de Pavillon 666?
Un grand merci à Pavillon 666 pour votre rigueur d’exécution et l’aide que vous apportez aux groupes. Et merci à ceux qui prennent le temps d’écouter l’album, de nous envoyer des retours, qu’ils soient bons ou mauvais, ça fait extrêmement plaisir.
Et enfin merci d’être encore là pour lire cette phrase.

   

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock



 




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