1) Salut messeigneurs de Narval. Pour commencer pouvez-vous vous présenter brièvement, votre line-up actuel et votre histoire musicale ?

Romain (chant): salut! Le groupe à été créé en 2007 par Vincent à la guitare, rejoint par Jimmy et Yann (respectivement guitare et basse), puis par Cédric à la batterie. Le groupe sera complet en 2008 avec mon arrivée en tant que chanteur, et c'est la même année que nous avons décidé de créer l'univers steampunk, qui aujourd’hui est, en quelque sorte, notre marque de fabrique.

2) Votre premier album "The Seeds of Uprising" vient de sortir. Pouvez-vous nous décrire le processus de composition et d\'enregistrement de cet opus ?

Disons que comme toute naissance, ce fut long et rempli de doutes, mais aussi une expérience riche et passionnante. La composition en elle même s'est faite de manière fluide. Les chansons ont été assez vite écrites, ou au moins la base, que nous avons par la suite modifiée, retravaillée. L'enregistrement et la production ont été un travail plus fastidieux. La naissance de trois heureux événements durant le processus n'a clairement pas accéléré les choses, d'autant que nous voulions vraiment éviter les écueils classiques de l'autoproduction: sans rivaliser, bien sur, avec les grosses productions actuelles, donner à l'auditeur un son propre, qui permet d'entendre chaque instrument distinctement. Plus basiquement, lui permettre de profiter de la musique, tout simplement. Nous espérons sincèrement y être parvenu du mieux possible, et nous remercions par la même occasion Vincent, responsable en chef de la production qui a sacrifié un très grand nombre de soirées avec cet album (bien que ça lui ait certainement permis d'éviter quelques changements de couches!!)

3) Votre musique semble être très lié au mouvement steampunk et aux univers rétro-futuriste. Est-ce votre seul influence pour ce qui est des concepts et des paroles ? Il me semble voir également des touches d\'heroic fantasy (dans le nom de certains personnages notamment).


Les textes et l'histoire sont mon domaine, aidé par Yann, notre grand gourou du steampunk. On a essayé de créer un univers cohérent, conforme aux standards du genre, tout en nous laissant aller à une petit part de folie. Étant tous plus ou moins fans de science-fiction, de fantasy, ou de fantastique, (moi le premier), un certain nombre de références à nos films et livres cultes, ont été insérées dans l'histoire ou dans les paroles. Tu l'as d'ailleurs remarqué, peu de noms sont anodins dans l'histoire, certaines références sont assez évidentes, d'autres moins, c'est un peu le jeu !! Au niveau des textes, le titre de la chanson "To serve the master", par exemple, est un hommage personnel à la nouvelle du même nom de Philip K. Dick, un de mes auteurs favoris.
D'autre part, outre le coté "amusant", le steampunk est une immense métaphore de notre monde actuel, ce qui me permet de parler de thèmes plus ou moins classiques qui me (nous) touchent: la vie, la mort, la guerre, l'environnement etc... d'une manière plus originale et moins moralisatrice.


4) Étonnamment, toutes les paroles sont en anglais, ne pensez-vous pas que le développement lexical de l'univers complexe que vous développez serait plus aisé dans votre langue maternelle ?

Nous avons beaucoup réfléchi à la question aux débuts du groupe. Nous avons choisi d'écrire des textes en anglais pour deux raisons principales: D'abord, rythmiquement parlant, nous trouvons que l'anglais sonne mieux que le français avec notre style de musique, ensuite parce que le steampunk est un mouvement d'origine anglo saxonne,(bien que Jules Vernes soit considéré comme un auteur « proto-steampunk ») il nous semblait donc plus respectueux d'aller dans le même sens. Cependant nous ne renions pas notre identité pour autant, certain d'entre nous ont volontairement choisit des pseudonymes exagérément franchouillards, et le nom du groupe est en français, ce qui est encore plus rare que les groupes qui chantent en français.
En conclusion, si nous avions choisi la simplicité, nous ne ferions certainement pas du métal!!

5) Cet album raconte apparemment une histoire qui devrait avoir une suite si j'en juge au "Ukronian Chronicles part 1". Pouvez-vous brièvement nous en poser les bases ? Vos prochaines moutures seront-elles la continuité de l\'histoire, ou pas forcément ? Avez-vous une idée du nombre de "tomes" qu'elle comporterait ?

Effectivement, cet album ne conclut pas le récit. Personnellement, je pense que la trame commencée par « The seeds of uprising » s'achèvera avec le prochain album. Rien n'a été encore décidé, mais j'ai toujours vu cette histoire comme un diptyque. Cet album, "les graines de la révolte" pose les bases, décrit des choix et des actions, le suivant parlera des conséquences de ces actes. Quand à la suite, il est encore vraiment trop tôt pour en parler. Nouvelle histoire avec de nouveaux protagonistes? Suite de cette histoire? Prélude? à suivre!!


6) Toujours dans les concepts, écrivez-vous l'histoire et les paroles avant les morceaux ou les paroles une fois que l'album est composé ?

Dans le cas de Seeds, les deux se sont fait plutôt en même temps. La moitié de l'album était déjà composé quand nous avons décidé de partir dans un univers steampunk. Nous les avons donc modifiée en conséquence. Le reste de l'album était encore à écrire, l'histoire s'est donc mise en place en même temps que les autres morceaux. Pour le prochain album c'est un peu différent, ayant déjà une bonne idée de la trame finale, la composition est plus orientée en fonction de celle-ci, nous verrons si cela s'entendra dans le rendu final!


7) D'un point de vue musical, quels sont les groupes qui vous inspirent musicalement ? (Si je cite Dark Tranquility, suis-je dans le vrai ?)

Je pense que personne dans le groupe à l'exception peut-être de Cédric, notre batteur, ne pourra renier son goût pour Dark Tranquillity, et plus généralement la scène death mélo suédoise "old school", At The gates, Edge of Sanity, Hypocrisy, etc. Il est donc évident qu'on va retrouver dans notre musique ces influences. Mais elles ne s'arrêtent pas là: chacun à ses préférences, du death brutal, au heavy, en passant par le thrash, ou par les pères fondateurs. Nous ne nous limitons d'ailleurs pas au métal : la musique classique, le jazz, et tout ce qui groove peut nous inspirer et se retrouver dans nos chansons. Nous sommes donc un melting pot d'influences, et nous faisons sans cesse le grand écart pour que chacun dans le groupe y trouve son compte: entre brutalité et mélodie, le maître mot est "équilibre".

8) Les concepts fouillés de l'album amène une dimension orchestral importante, et pourtant vous ne possédez pas de clavier ? Comment-vous y prenez vous pour les concevoir et les jouer en concert ?

Effectivement, ne pas avoir de claviériste a été notre choix pour plusieurs raisons. D'abord parce que nous ne voulions pas tomber dans la surenchère et mettre des orchestrations de partout dans chaque chanson, or, avec un claviériste, on ne peux pas lui demander de ne pas jouer pendant un morceau entier. Ensuite, parce que six sur une scène, c'est beaucoup!
Les orchestrations sont donc programmées informatiquement, et sur scène, nous jouons chaque morceau au clic. Les samples se déclenchent donc automatiquement au bon moment (si nous restons carrés, mais en général c'est le cas ;) ) C'est un petit peu dur à mettre en place, mais maintenant, nous ne pourrions plus faire sans!


9) Quelle est votre vision de la scène métal actuelle (en France et dans le monde) ?

Je pense qu'on à de quoi être fier du niveau des groupes français, ou en tout cas, pas de quoi avoir honte par rapport au reste du monde. Nous avons une scène hétéroclite de grande qualité. Ce qui manque le plus, outre des vrais structures qui ne fonctionnent pas qu'au piston, c'est un public. Attention, à chaque concerts auquel j'assiste, le public français est toujours génial, et réputé pour ça, mais ces derniers temps, y compris sur des grosses affiches "internationales", les gens ne se déplacent plus en masse comme avant! c'est très dommage. Sans public, le métal n'est rien, et aujourd'hui, à moins de s’appeler Metallica, c'est dur de faire sold out. De plus en plus de gens s'ouvrent au métal, mais de moins en moins se déplacent. Après, c'est la qualité qui compte, pas la quantité, c'est déjà ça, mais l'idéal serai d'avoir les deux.


10) Quels sont vos projets à venir (vidéos, tournées,...)


Dans un premier temps, nous allons évidemment continuer à défendre notre album sur scène, essayer de nous faire découvrir à un maximum de gens. Nous pensons à sortir une vidéo, en effet, mais c'est compliqué quand on est auto-produit, nous voudrions éviter de sortir une répètition filmée en noir et blanc avec des bouts d'images live au milieu. Nous cherchons donc des gens qui seraient intéressés par notre visuel et capable de nous aider dans ce projet. Qui sait, peut-être nous liront-ils... En parallèle, nous commençons déjà à travailler sur le prochain album, afin de ne pas attendre trois ans pour donner un petit frère à notre premier né! Bref, nous ne chômons pas!

11) Merci d\'avoir répondu à cet interview. Je vous laisse y poser les derniers mots, Gentilshommes.

Merci d'abord à toi et Pavillon 666 pour le travail que vous faites pour la promotion des groupes, ainsi qu'à tout ceux qui liront cette interview! J'espère qu'elle donnera envie aux gens de se plonger dans notre univers. En espérant vous voir nombreux aux prochains concerts de Narval!