1. AHOY, THE BUFFALOS ! Pour les moussaillons qui n\'auraient pas encore entendu parler de vous, pouvez-vous nous conter quelques anecdotes sur vos pérégrinations passées ? Comment avez-vous constitué cet équipage ?


Contraint à l'exil, Le Duc, quitte les Etats-Unis pour revenir sur les
terres du vieux continent. Afin de surmonter l'aliénation d'un mode de vie
sédentaire, il fait appel à son ami El Bavo, bourlingueur devant l'éternel
pour monter un projet musical où ils raconteraient l'intensité de leurs
aventures et surtout en vivrait de nouvelles. Ils rencontrent alors Le
Breton, fraichement revenu en France après avoir vécu plusieurs années en
Afrique et en Thaïlande. L'équipage trouve son dernier matelot en la
personne de Lorenzo, également animé par la flamme du large qui revient
des Indes.

Nous nous sommes donc tous les quatre retrouvés à une période de nos vies,
où de retour sur nos terres natales, tout semblait différent et où
pourtant rien n'avait changé: c'était nous qui n'étions plus les mêmes.
Nous avons choisi de placer au coeur de notre musique cette distorsion
qui existait dès lors entre notre quotidien et cet appel du large.

Il y a beaucoup trop d'anecdotes pour en dresser une liste exhaustive ici.
Nous pouvons juste vous dire dans le désordre que Le Duc et El Bavo se
sont déjà retrouvés fauchés dans un stripclub de Las Vegas au point de ne
plus pouvoir rentrer chez eux, que Le Breton est champion de billard du
Congo et que Lorenzo a bien failli crever en Inde après un "spécial
lassi", un peu trop chargé.


2. Quelles valeurs défendez-vous derrière votre drapeau ? Et quels grands
pirates
vous ont amené à prendre le large ?

The Buffalos est un groupe engagé et défend des causes justes comme la
réouverture des maisons closes et la piraterie équitable. La piraterie a
de nombreuses définitions, la notre répond à la quête de la liberté
absolue et à l'insubordination, mais surtout, il faut bien l'avouer, au
rhum, à l'opium et aux filles de petite vertu.

Les pirates qui nous amené à prendre le large sont des hommes libres comme
Sir Edward John Trelawney, Samuel Taylor Coleridge et Phil Anselmo.

3. « In Hell We Dwell » fut votre première grande expédition. Comment
s\'est elle
passée ? Qu\'avez-vous conservé de cette période ?


"In Hell We Dwell" a permis de défleurer nos âmes pucelles . Comme toute
les premières fois c'était bien, mais c'était mieux la deuxième fois. De
cette période nous avons conservé la rage, la fraîcheur, et la naïveté de
croire que rien n'est impossible.


4. Vous nous offrez aujourd\'hui une part du magot avec « Mahogany Secrecy ».
Comment avez-vous réussi à trouver la carte ?

Il y a eu quelques voyages et aventures marquantes dans nos vies
personnelles qui nous ont permis, nous le pensons, de creuser plus
profondément vers notre identité musicale et d'accoucher de morceaux qui
commencent à ne ressembler qu'à nous. Cependant comme tu l'as bien ciblé
dans cette chronique, The Mahogany Secrecy n'est pas l'EP de
l'émancipation de nos influences (SYSTEM OF A DOWN, QUEENS OF THE STONE
AGE, MASTODON). "Composer" de la musique porte bien son nom, un peintre ne
réinvente pas les couleurs primaires, mais sa façon de les mélanger, de
"composer" peut faire de sa toile un objet unique. C'est ce à quoi nous
aspirons.

5. Et que renferme-t-il ? Pouvez-vous revenir sur chacune des escales qui
vous ont
conduit à ce trésor ?

Ah ça c'est un secret ! Nous pouvons cependant te dire que l'une de ces
escales a été la prise de conscience qu'il fallait vivre les choses avant
de les raconter en musique. Certains groupes semblent parler dans leur
chanson de ce qu'est la vie de rockstar, les filles, le jack, la drogue
avant même de s'être donner la peine de vivre quelquechose dans leur vie.
Ils vivent ce rêve par procuration et s'empêche peut être ainsi de pouvoir
le vivre un jour. Cela sonne creux à nos oreilles. Il faut d'abord vivre
sa vie et ensuite s'en inspirer pour en faire quelquechose de musicalement
intéressant. Pas l'inverse. Ce n'est pas donné à tout le monde d'être
Nikki Sixx ou Phil Anselmo: les deux sont cliniquement morts
respectivement deux et trois fois ! ça se mérite de faire du Rock'n Roll
nom d'une pipe de pute ! Il faut se mettre en danger et perdre des plumes
pour avoir le droit de brandir ce drapeau. Malheureusement aucun de nous
quatre n'est encore mort, et sauf preuve du contraire nous n'avons pas
encore contracté la syphillis. Cependant nous avons tous les quatre pris
le temps de vivre, de nous mettre dans des situations délicates et de
prendre le risque de nous rendre dans des terres lointaines et inconnues,
où il nous ait arrivé des aventures extraordinaires qui nous permettent de
savoir de quoi on parle dans nos chansons. C'est ainsi que s'est créée
cette carte menant à The Mahogany Secrecy, et bien que nous ayons tous les
quatre eut la chance de beaucoup voyager cette carte n'est pas que
géographique. Répondre à l'appel du large ne consiste pas à acheter un
billet d'avion, c'est un état d'esprit qui pousse à quitter sa zone de
confort pour oser se rendre vulnérable et repousser les frontières de ce
qu'on connaît.

6. Quels ont été vos coéquipiers à bord ?

De nombreuses personnes ont permis d'écrire ce premier chapitre.
L'équipage d'un navire ami Le BriseGlace (http://www.le-brise-glace.com/),
a beaucoup contribué à l'aboutissement de The Mahogany Secrecy et nous
aide actuellement encore beaucoup. Lorsque nous ne sommes pas censurés
nous avons l'habitude de dire que notre musique est pour le marin, la
pute, et le tatoué. C'est donc tout naturellement que nous avons choisi
quelqu'un de ce milieu pour illustrer notre EP: Sophie Haza, talentueuse
tatoueuse lyonnaise, dont la sensibilité écorchée propre aux hommes et aux
femmes libres a naturellement capté l'essence de notre tourment pour le
retranscrire dans cette illustration. (les oeuvres de Sophie:
http://inmybrain.fr/). En outre, Fabien Maierhofer, fait également parti
de ceux qui nous aident beaucoup au quotidien. Il a notamment réalisé pour
nous un clip vidéo extrait de The Mahogany Secrecy qui sort très bientôt…


7. Avez-vous reçu des représailles ou embrigadé quelques jeunes matelots
dans votre
quête, depuis cette dernière attaque?

Nous collaborons depuis peu avec Venus Booking pour nos tournées à venir
et avons pour projets d'accueillir des danseuses sur certaines de nos
dates, et d'inclure d'autres instruments. Mais rien n'est confirmé à ce
jour.

8. Après avoir autant bourlingué, qu\'est-ce qui vous donne encore envie
de naviguer
aujourd\'hui?

Ce n'est pas une envie, c'est une nécessité ! Nous subissons constamment
les travers de l'énergie cinétique: si on s'arrête de bouger, on tombe.
Alors on est toujours en mouvement du coup.

9. Des tournées de pillage prévues pour bientôt ?

Le 7 décembre à Lyon à l'Ayers Boat, une tournée en Bretagne fin février,
quelques dates fin mars, une tournée européenne du 4 au 15 avril entre
autre à Munich, Prague, Berlin et Amsterdam, et un projet de tournée
outre-atlantique pour l'été prochain juste avant la fin du monde.

10. Merci pour votre temps et pour ce précieux « Mahogany Secrecy » ! Bon
vent à
vous... Si vous avez une dernière parole à nous offrir, elle est pour vous,
Pirates...

Nous plagierons alors Henry David Thoreau qui nous résume en quelques mots :

“We went out at sea because we wanted to live deliberately, and not when
we had come to die discover that we had not lived.”

THE BUFFALOS