01- Salut UNSAFE, alors nouvel album, nouveau line-up, expliquez-nous un peu tout cela.

Lionel : « Il y a effectivement eu du changement au sein du groupe depuis l’album précédent mais pour nous, c’est malheureusement devenu une habitude. Trois membres du groupe, dont certains étaient avec nous depuis déjà 10 ans, sont finalement partis (de grès ou de force selon les cas), ne laissant que le noyau dur d’UNSAFE, c'est-à-dire Stéphanie et moi. Depuis la création du groupe, nous avons toujours eu des problèmes récurrents de chanteurs et Stéphanie a décidé de régler définitivement ce souci en délaissant la basse pour prendre le micro. Elle était déjà à l’origine des lignes de chant pour l’album précédent et c’était donc un choix logique même si elle était un peu attristée de devoir abandonner son instrument de prédilection. C’était un mal nécessaire et en tout cas, nous sommes fiers du résultat, au point de se demander si nous n’aurions pas dû envisager cette solution plus tôt.
La gestation de l’album a été assez chaotique, en partie à cause du départ du batteur en plein enregistrement, mais malgré tous ces déboires le résultat est meilleur que pour nos réalisations précédentes. Il faut dire aussi que nous y avons mis plus de moyens. Cette fois-ci nous avons cassé notre tirelire mais ça en valait la peine. »

02- "Masterpiece Of The Absurd" est semble-t-il le meilleur de UNSAFE à ce jour, à quoi cela est-il dû en fait ?
Stéphanie : « Je pense que c’est parce qu’on a tout fait à 2, du coup cette fois-ci on a obtenu le résultat qu’on attendait. J’ai composé 11 morceaux, programmé toute la batterie, fait et interprété les lignes de chant, bref ça ressemble plus à ce que j’avais en tête. On a trop galéré avec des gens qui n’étaient pas au niveau tant technique qu’en matière d’investissement dans le groupe, je me suis dis qu’il fallait que je trouve un moyen de pouvoir faire et réaliser tous les instruments toute seule avec l’aide de Lionel pour la guitare, ça fait un moment que je programme la batterie, joue de la basse et de la guitare, il ne me manquait plus que le chant… »


03- Où et comment s'est passé l'enregistrement de cet album, avez-vous des anecdotes à ce sujet ?

Stéphanie : « Nous avons enregistré cet album dans un petit studio en Haute-vienne « Charley’s studio » tenu par des anglais (la famille McLenahan dont le fils Tristan est guitariste de The Eighties Matchbox) qui vivent en France depuis quelques années. Nous l’avons choisis pour 2 raisons :
- N’ayant aucune aide financière (nous avons financé la réalisation de cet album avec notre argent personnel, Lionel et moi), c’était le moins cher pour nous.
- Nous avions déjà testé l’enregistrement d’un morceau chez eux et avions trouvé qu’ils ont une vraie passion pour la musique, du feeling et de l’expérience en matière d’enregistrement.
Pour le mix & mastering, nous avions été contacté par Neil Kernon (Cannibal Corpse, Nevermore, Queensrÿche…) qui devait le réaliser mais pour des problèmes de temps et de disponibilité, nous avons dû nous rabattre sur un studio français le Dôme Studio de David Potvin (Lyzanxia) et sommes très contents de son travail.

En ce qui concerne les anecdotes sur l’enregistrement, c’est un vrai roman !! Ça a été un véritable parcours du combattant. Nous l’avions planifié un an à l’avance. Tout semblait bien parti mis à part un gros retard de notre ancien chanteur concernant son travail sur les lignes de chant que je lui faisais. Puis 6 mois avant d’entrer en studio nous nous sommes fait lourder par tous les membres du groupe, on s’est retrouvé à 2 Lionel et moi pour réaliser ce projet et j’ai réussi à retarder le départ du batteur en proposant de passer au chant. Rapidement, nous avons réussi à trouver un bassiste pour me remplacer et un second guitariste. Tout semblait repartir jusqu’au moment de passer en studio…
Nous avons dû enregistrer sans le batteur qui s’est blessé à un genou, pile à ce moment là…Nous avons donc enregistré sur la batterie que j’avais programmée avec Cubase. J’ai enregistré la basse (le bassiste n’étant pas tout à fait prêt), Lionel la guitare principale et les solos puis le nouveau guitariste (un jeune de 16 ans…) a fait ses prises mais il n’était pas au niveau que nous aurions souhaité, j’ai dû faire quelques morceaux à la guitare à sa place. Et j’ai enregistré le chant, tout ça en 2 semaines.
Puis arrive le moment d’enregistrer la batterie. Notre batteur nous réclame un délai supplémentaire. Au lieu de le faire en septembre, il repousse à octobre puis finalement se décide pour novembre (ce qui va nous empêcher de respecter les délais pour le mix prévu avec Neil Kernon). Alors il se pointe au studio et enregistre un morceau et il n’y est jamais retourné… Nous voilà donc devant un cruel dilemme : repousser une seconde fois la sortie de l’album pour trouver un autre batteur ou garder la boite à rythme. Et là par contre on a eu du bol ! Notre sonorisateur Aaron McLenahan est un excellent bassiste & batteur, il s’est proposé de jouer et d’enregistrer la batterie. Il a tout fait en trois semaines. Du coup tout ça nous a coûté plus cher que prévu mais le projet a été sauvé grâce à lui ! »


04- Dans votre lancée, quels sont les projets actuels du groupe (clip, concerts, tournées) ?

Stéphanie : « Nous avons réalisé un petit clip toujours avec les moyens que nous avons, c’est-à-dire aucun. Un caméraman nous a filmé, j’ai fais le montage. Sinon on aimerait bien pouvoir trouver quelques dates en dehors de notre région…»


05- Pensez-vous avoir votre place dans la scène métal actuelle en France, et pourquoi ?

Lionel : « Masterpiece of the Absurd n’est que notre deuxième véritable album mais UNSAFE existe depuis plus de 13 ans et continue d’avancer contre vents et marées. A notre place, beaucoup auraient jeté l’éponge et notre détermination montre que nous sommes vraiment dévoués au métal et pas là pour faire de la figuration où suivre une mode. Depuis toutes ces années, nous avons acquit une certaine maturité qui pourrait faire la différence face à d’autres groupes hexagonaux peut être plus connus mais pas forcément plus inspirés.
Parmi les nombreux groupes français que j’ai pu voir sur scène par exemple, beaucoup c’est vrai ont une meilleure maîtrise technique de leurs instruments, ou encore une meilleure production sur leurs albums mais souffrent souvent d’un manque d’inspiration flagrant pour composer leurs morceaux. Au début tu te dis « ouai, c’est pas mal » et puis à la fin du set tu te rends compte que tous les morceaux sont pareils.
J’espère qu’avec UNSAFE nous produisons une musique suffisamment accrocheuse et variée pour ne pas lasser l’auditoire et j’ai foi en ce nouvel album, ne serait-ce parce que le chant de Stéphanie risque d’en surprendre plus d’un. »


06- Avez-vous des groupes ou des musiques qui vous intéressent actuellement ?

Lionel : « nous n’écoutons que du métal, même s’il peut prendre des aspects assez variés, avec toutefois une nette préférence pour le thrash / death, qu’il soit mélodique, technique ou bourrin. La liste des groupes que nous aimons est assez conséquente et en dresser ne serait-ce qu’un bref aperçu constitue un véritable déchirement. Je lis la presse métal assez régulièrement pour me tenir au courant et pouvoir dénicher quelques pépites dont je suis assez friand. C’est assez effarant de voir le nombre de groupes talentueux qui apparaissent presque chaque jour dans la grande confrérie du métal, certains te donnant presque envie de raccrocher les gants parce que trop fortiches justement. Comment rivaliser ?
Sinon, The Haunted, Lamb of God, Centaurus A, The Faceless, Arch Enemy, The Absence, Soilwork, Obscura, Necrophagist ou encore Nightrage sont les groupes que nous écoutons le plus en ce moment. »

07- Avec qui aimeriez-vous partir en tournée si vous en aviez le choix ?

Lionel : « Question délicate ! Là encore la liste est longue mais tourner avec un groupe que tu admires musicalement peut aussi amener son lot de mauvaises surprises. Certains peuvent êtres de supers musiciens mais se révéler exécrables dans la vie et l’enthousiasme généré par la perspective de tourner avec tes idoles peut vite se transformer en grosse déception. Parmi les quelques groupes que nous avons eu la chance de côtoyer, NO RETURN, LOFOFORA et TEXTURES sont ceux qui nous ont laissés la meilleure impression (humainement j’entends) et j’imagine qu’il doit être très agréable de tourner avec eux. »


08- Aimez-vous les concerts, quels sont vos rapports avec le public ?

Stéphanie : « Pour moi c’est plus difficile au chant qu’à la basse, je n’en suis qu’à mes débuts en tant que chanteuse dans un style guttural qui est très technique, j’avais 17 ans de basse, je forçais moins et je stressais moins surtout ! Mais ça fait plaisir quand ça sonne énorme en façade et que le public est réceptif, il nous faudrait pouvoir faire plus de dates ce qui me permettrait d’avoir plus d’expérience.»


09- Enfin, comment voyez-vous l'avenir du groupe, du métal aussi ?

Stéphanie : « J’ai déjà commencé à composé des morceaux d’un prochain album, j’ai fait évoluer le chant pour lui donner plus de relief, j’aimerais que ça sonne et que ça cartonne ! Après on verra bien quelles seront les conditions de prochain enregistrement, j’espère que ça sera moins galère pour nous. »


10- Pour terminer ce petit entretien, je vous laisse le micro, allez-y lâchez vous !

Stéphanie : « un petit message pour les amateurs de métal : bougez-vous, allez aux concerts, achetez des Cds et soutenez les groupes et les assos qui se décarcassent pour essayer de faire vivre un style qui peine à se développer dans notre pays, c’est très difficile de réaliser des projets sans soutien… »