1)Hail Philoxera ! Pourrais-tu nous présenter ton projet "PROFUNDAE LIBIDINES" ?

Salut! Le projet est né en 2009, quand j'ai commencé à composer quelques morceaux dans une veine black metal. A force, j'ai fini par accumuler une dizaine de morceaux et c'est là qu'est apparue l'idée d'en faire quelque chose de plus que de simples chansons inachevées. Le nom "Profundae Libidines", qui pourrait se traduire par "Le gouffre des Passions" est tiré d'un texte de Cicéron ("Contre Pison"), mais ne me demandez comment je suis tombé là-dessus, car je n'en ai aucun souvenir!


2)Premièrement j'ai trouvé très intéressant le concept du groupe, tu pourrais l'expliquer un petit peu aux lecteurs ?

Profundae Libidines symbolise l'attrait des humains pour les Passions, et l'abime que cela représente. Musicalement, ca ressemble fort à du black metal, mais je ne me retrouve pas dans les revendications "classiques" du black metal, si ce n'est dans un certain désir de liberté. En opposant black metal au son dégueulasse et paroles tirées de l'évangile de Saint Matthieu (dans sa version classique romaine), j'ai souhaité montrer l'absurdité de tout dogme, de toute religion, y compris le satanisme. Pour moi, la religion (tout du moins dans son acceptation actuelle) est un vecteur de bétise et un empécheur de réflexion. J'ai l'intime conviction que la spiritualité est une affaire strictement personnelle, et qu'il peut exister autant de réponses que de personnes, et même plus, car une unique réponse à toutes les questions d'ordre spirituel n'est pas forcément pertinente (même si "42" peut sembler une réponse séduisante!) L'important à mes yeux est avant tout de se poser des questions, pas forcément d'y répondre : le but du voyage est le voyage lui-même, pas le point d'arrivée. Pour résumer, le seul message de Profundae Libidines c'est : réfléchissez par vous-même ! Il n'existe pas de "bonne" ou de "mauvaise" réponse!


3)Comment est venue l'idée d'alterner plusieurs chanteurs issus de formations françaises reconnues ? Ça n'a pas dû être très facile à mettre en place, de réunir autant de chanteurs. Comment as-tu fait ?

Une fois enregistrés les 10 morceaux avec la participation d'Ana pour le violon, il me manquait toutes les parties vocales. N'étant pas moi-même très calé en chant, j'ai eu l'idée de faire participer différents chanteurs afin que chacun d'entre eux apporte sa patte au projet. De par mes activités depuis 2004 au sein des Acteurs de l'Ombre, j'ai pu entrer en contact avec les musiciens des groupes que l'asso a pu faire jouer sur ses concerts et festivals (notamment "black metal is rising" pour les groupes de BM). Certains ont répondu favorablement à ma requête et je leur ai donné carte blanche pour l'interprétation (exceptées les paroles qui étaient imposées, bien sûr). Une ou deux pistes n'ayant pas trouvé preneur, j'ai complété les participations en passant des annonces sur internet. Au final les performances vocales sont très différentes les unes des autres, parfois surprenantes, ce qui a été assez difficile à mixer, surtout pour un débutant dans le domaine comme moi. Tout ce processus a pris quasiment 2 ans pour aboutir.


4)C'est tout à ton honneur de sortir un album et d'autoriser les gens à le diffuser gratuitement. Ça fait également partie de l'essence de Profundae Libidines, cette façon de voir la musique ?

Bien sûr. Profundae Libidines est 100% amateur et DIY. L'album est téléchargeable gratuitement sur le site et ceux qui souhaitent acquérir un exemplaire en CD le peuvent, puisque j'ai fait faire un pressage. Ce n'est pas seulement une facon de voir la musique, mais une philosophie aussi. Par exemple, toutes les productions de Profundae Libidines sont réalisées sur des logiciels libres (pour les geeks: Linux/Jack/Ardour/Hydrogen). Ceux qui s'interessent au sujet (qui dépasse un peu le cadre de la musique) peuvent se référer aux interviews de Richard Stallman, le "gourou du libre", qui sont généralement très intéressantes.


5)Quels sont les groupes qui t'influencent ? Ceux qui tu apprécies et le CD qui tourne chez toi en ce moment.
6)A ce niveau, est-tu un ultra black, qui n'écoute que ce style, ou apprécies-tu d'autres styles ?

A vrai dire, le black metal n'est le genre de metal que j'écoute le plus. J'ai une prédilection pour le doom, mais j'écoute aussi du death, du thrash, etc... Mes groupes de prédilection sont Cathedral, les Doors, Candlemass, et bien d'autres. La dernière claque que j'ai prise est (comme beaucoup de monde, j'ai l'impression!) le premier album de Ghost. En black metal, j'apprécie Enslaved, Dordeduh, Mortifera, Peste Noire, Blut Aus Nord... En France on a la chance d'avoir une scène black metal très riche, peut-être l'une des plus intéressantes au monde actuellement.


7)Les concerts sont-ils à l'ordre du jour ou pas du tout ?

Concernant PL, ce n'est pas prévu du tout, étant donné qu'il n'existe pas de lineup. Par contre j'ai pas mal de matériel pour des futurs albums. Le deuxième album est déjà composé et enregistré en grande partie, il ne reste que quelques pistes de du chant à finaliser. C'est Vestal qui se charge de cela, mais de par ses activités avec ses groupes, il est difficile de trouver des créneaux pour avancer. Cet album traitera des passions occultes à travers la sorcellerie en France au XVeme et XVIeme siècle. J'ai aussi 3 titres complétement terminés dont j'ai réalisé les parties vocales et qui attendent de trouver preneur pour un split, par exemple. Ces chansons traitent de la réalité du monde, de l'altération des perceptions et ce qui en découle.


8)Comment tu définirais ton projet en une phrase ?

PL est un projet musical aux sonorités black metal qui ne prêche aucun dogme, et qui est axé autour de la notion de liberté et d'aliénation de l'homme à travers ses passions comme partie intégrante de sa nature.


9) Un dernier mot pour ceux qui te découvriraient avec cet album ?

Continuez à soutenir la scène amateur : achetez des CD directement aux artistes ou aux labels indépendants et allez voir les groupes sur scène! Contrairement à ce que voudraient nous faire croire certains acteurs de l'industrie musicale (c'est comme ca qu'on dit, mais la musique est un art, pas une industrie!), la musique ne s'est jamais aussi bien portée. L'accès à la culture est un composant essentiel de l'élaboration d'une spiritualité épanouie, alors ne laissez pas les industriels (Vivendi), leurs complices (Sacem et compagnie) et leur bras armé (le ministère de l'inculture) vous dicter leur vision des choses.