Un mélange curieux que vous proposez à vos ouailles. Êtes vous de foi folk ou indus ?

Les deux mon jeune ami ! Quand nous avons commencé à faire de la musique, en 91, dans la cave de ma grand maman sous le nom de Moench Maschine, nos principales influences étaient post-industrielles (Virgin Prunes, Psychic TV, Neubauten, Test Dept pour ne citer qu'eux).
Plus tard je me suis pris de passion pour la folk (la vraie, pas la brune) tout en continuant à m'émerveiller pour la noise et lorsque j'ai lancé 23 Trublion 23, mon but a clairement été de mélanger les deux, chose qui, si elle n'a pas été souvent faite, me paraît pourtant une évidence puisqu'elle découle finalement de la même passion pour le son "brut", la beauté d'un instrument acoustique malmené ou caressé d'un côté, les hurlements électroniques ou les grondements d'une machine de l'autre.

Comment se comportent vos ouailles en concert? Un heureux souvenir que vous voulez nous confesser?

Dans notre fort jeune expérience en matière scénique, je pense que le sentiment que nous avons le plus suscité est bien l'incompréhension voire la stupéfaction !
Mais nous gardons un EXCELLENT souvenir du concert à Madrid en 2009 où le public a été survolté et extrêmement réceptif à toutes nos conner... nos expérimentations, ce qui me conforte dans mon idée (pourtant farfelue) que la musique de 23T23 est avant tout méditerranéenne !

Que pouvez nous dire sur ce bienheureux personnage qu’est Graffen Walder?

Graffen Walder était l'un des Kurfürsten, un prince électeur du Saint-Empire Romain de Germanie, monarque du Walderland.
Il aurait régné sur le pays durant une bonne partie du XIV ème siècle.
La légende fait de lui un païen iconoclaste (il aurait fait érigé des statues en or, à son effigie, nu et en érection, face à chaque bâtiment religieux du pays), bisexuel, volontiers cannibale (il serait d'ailleurs l'auteur d'un Viandier de 999 pages, aujourd'hui disparu), d'une cruauté reléguant le célèbre Vlad l'Empaleur au rang d'amateur à peine éclairé.
Son règne fut, paraît-il, si épouvantable que les historiens ont préféré tout bonnement effacer les pages des manuels mentionnant son nom.
Mais c'était avant tout un homme, avec ses failles, ses doutes, et de nombreuses et déraisonnables passions.

Une certaine ivresse se dégage de vos chansons. Partagez-vous ce constat ou en êtes-vous offusqué?

Pour parler vrai, je dois bien avouer que je m'offusque rarement !... Je crois bien que la dernière fois remonte à cette soirée en Pologne où Monsieur Eric R. (patron du Cluricaun dont nous préserverons l'anonymat) m'a poursuivi nu dans un hôtel avec de claires intentions sodomites (l'histoire s'est bien finie, mon compagnon Le Saumon De La Connaissance s'étant sacrifié pour me sauver).
Et il me faut bien confesser par ailleurs que pas une seule note des trois albums de 23T23 n'a été composée ou enregistrée sans le secours d'une bière germaine, d'un verre de rouge françois ou encore celui d'un whisky tourbé écossais.
Chaque album contient d'ailleurs au moins un morceau réalisé nuitamment dans un tel état d'ébriété que j'ai moi même eu la surprise de découvrir le résultat le lendemain matin (notamment "Vinum Sexus et Caro Cruda" sur Honor et Gloria, "Sycophantes !" sur Cheval Pyromane et "Le Retour du Chevalier Beaumont" sur Chants et Danses)

Un morceau a-t-il bénéficié davantage de vos faveurs?

Sans hésiter "Le Sorcier Des Bois du Ponant", une idée imbécile qui m'est venue comme une envie d'uriner et dont la musique, que j'avais en tête, a été enregistée très rapidement mais dont les vocaux ont nécessités des heures de préparation éthyliques et d'enregistrements dans des endroits improbables avec les différents participants pour que chacun donne sa pleine mesure !

Un groupe ou un artiste comme suzerain?

Question beaucoup plus difficile ! Je suis un grand grand fan de Whitehouse (le seul groupe de la mouvance industrielle/post indus qui n'ait jamais perdu grâce à mes oreilles) et de William Bennett (les compilations d'Italo Dance de DJ Bennetti tournent beaucoup dans ma voiture en ce moment) mais, par ailleurs, je suis complètement obsédé en ce moment par Comus dont le premier album maudit, "First Utterance" est à mon sens clairement la meilleure chose jamais enregistrée en ce bas monde de larmes et de foutre !

Vous avez des idées à nous faire partager sur vos prochaines croisades?

Il y aurait bel et bien un ouvrage en préparation, tiré d'un obscur recueil de chants de marins, où il était fait mention de prétendus exploits de Graffen Walder en terre sainte... Nous pensons en faire un véritable opéra.
Nous travaillons par ailleurs sur un autre album sur le thème des morts-vivants au moyen-âge.

Que pensez vous de la vie culturelle dans ce pays?

Pour paraphraser le professeur Zlakouski, je vous répondrai que nous sommes volontiers passéistes, et nous intéressons assez peu à l'histoire contemporaine. Nous nous produisons, pour l'essentiel, au sein de colloques et de conférences et nos tarifs sont tellement exorbitants qu'aucune salle de concert ne pourrait se les offrir, la préparation de nos conférences nous demande un temps monstre et exige une rémunération conséquente.
La vie culturelle ? Euh... Elle est à l'avenant de ce qu'est actuellement la vie dans notre noble pays, non ?

Si vous avez un coup de gueule ou des remerciements à faire passer, c’est maintenant ou jamais?

Un grand merci à Mademoiselle Mori de Bad Tripes pour s'occuper de notre Facebook et de notre Myspace à notre place car la chose nous gonfle plus de raison, ainsi que pour les audacieuses sex-tapes dont elle nous fait régulièrement la primeur.

Et merci également à l'Archiviste, patron du défunt (et regretté) label Cynfeirdd et du très vivant label Infrastition pour son aide logistique depuis le tout début et que je n'ai, fils de Moyne que je suis, jamais remercié sur un livret de CD, je l'ai réalisé tout récemment !!

Eric R. tu paieras pour ce que tu as fait subir à ce pauvre Saumon.