Peux-tu présenter Ad Vacuum aux lecteurs qui ne connaîtraient pas ton projet ?

Ad Vacuum est un projet que j’ai créé en 2003 et qui signifie beaucoup pour moi. Les années passent mais Ad Vacuum reste toujours ce champ de liberté que j’imaginais au départ. Bien que le nom soit très typé « black metal » le fond, lui, est fidèle à l’idée de départ et ouvre tous les horizons (Ad Vacuum en latin = Vers le vide en français).


Que cherches-tu à exprimer avec ce projet ?

Comme tout projet solo, celui ci tend vers l’absence de concessions dans un premier temps. Des concessions sont forcement faites par la suite car le projet devient personne à part entière et il convient de lui donner une personnalité. Je suis ravi d’avoir donné vie à Ad Vacuum et je suis reconnaissant de la liberté qu’il me donne car ce projet n’a jamais pu être catalogué comme « metal » ou « ambiant » ou « goth ». Il l’est soit trop soit pas assez, ce qui me convient particulièrement. J’aime que les musiques collent à mon état d’esprit et l’esprit (je ne parle pas de l’idéal) est bien souvent changeant, il serait dommage de l’incarcérer.

La musique ambiant est souvent considérée comme une musique introspective. Le ressens-tu comme ça avec tes compositions pour Ad Vacuum ? Qu\'est-ce qu\'un projet de ce type t\'apporte-t-il humainement parlant ?

En effet, la musique ambiante peut être considérée comme introspective. Honnêtement, je tiens à écrire la musique comme un auteur écrirait le chapitre de son essai : « l’ambiance est telle à ce moment ». Je pense surtout que l’ambiant est évidemment introspectif pour l’auditeur. Humainement parlant, l’échange est très riche car à un moment donné je suis créateur et le suivant, je suis auditeur et donne réellement vie à la forme de la composition.

Depuis le début, tu t\'es occupé plus ou moins de tout, seul. As-tu peur qu\'une configuration groupe (même s\'il ne s\'agit que de simples musiciens de session) dénaturerait ta vision de la musique que tu composes pour Ad Vacuum ?

Evidemment ! Le vide de Ad Vacuum est au final ma liberté. Une configuration « groupe » instaurerai une direction. Pour Ad Vacuum je n’en souhaite pas, ce serait opposé au fond. J’ai déjà eu l’expérience de « groupe » et j’y participe encore volontiers en tant qu’instrument.
Donc pour répondre clairement, oui, j’ai peur de dénaturer ce que Ad Vacuum a fait ou fera. Dans le même temps, je n’ai pas peur de partager ce que j’ai fait et compte faire dans de futures collaborations.

Ad Vacuum a enfanté de trois productions sur trois années consécutives, qu\'est-ce qui explique les cinq ans d\'attente entre «Intimacy» et «Horizon» ?

Il y a eu autant de compositions tout au long de ces années mais il y a eu plus d’exigences de ma part, une envie de cohésion pour les albums à venir.

«Horizon» est un concept-album, un voyage. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

« Horizon » est en effet un concept. C’est un voyage car il y a une progression d’un point A à un point B. Le point A étant un cauchemar d’enfant, cette oppression de ne rien maitriser, le point B étant ce même cauchemar devenu réalité à l’âge adulte. L’horizon est ce vers quoi nous tendons tous, il est aussi ce que nous n’atteindrons jamais.
Mais il est au final ce qui nous dirige…

Tu as fait appel à une chanteuse pour ce nouvel album, Céline André qui chantait dans un de tes précédents groupes. Pourquoi avoir fait appel à elle ? Selon toi, quelle couleur apporte une voix féminine à la musique d\'Ad Vacuum ?

Céline a une voix magnifique et j’ai eu le privilège de connaître la personne. Notre collaboration était tout simplement une évidence. Elle a beaucoup d’idées et sait les adapter au concept. Ecrivant la musique comme des chapitres, je suis incapable de transmettre toutes les émotions comme je les envisage.

Penses-tu que ces voix féminines prendront plus de place dans ton projet ?

Mon projet étant très libre dans ses thèmes, les voix s’adapteront…

En restant dans le domaine vocal, ta voix fait beaucoup penser à celle de Peter Steele. Type O Negative est une influence ? Penses-tu que ce type de voix grave est le meilleur moyen de faire passer un côté mélancolique et dépressif ?

Peter Steele (R.I.P.) est évidemment une référence. La voix grave apporte à mon sens beaucoup de sensualité à la musique. Je ne dirais pas qu’elle symbolise la mélancolie ou le dépressif, ce qui peut être fait avec différents tons de voix, mais elle apporte un côté charnel au chant auquel je tiens beaucoup. C’est le point de départ de Ad Vacuum.


La musique d\'Ad Vacuum est teintée d\'éléments de différents styles (rock/metal/ambiant/électro/world music/trip hop). Quelles sont tes principales influences ?

J’écoute différents styles de musique mais les seules qui réussissent à garder mon attention sont tous ceux qui laissent place à la sensibilité, donc à l’égo, et oublient les convenances, donc le social. Il ne faut pas chercher à dire des vérités pour tous…
La mélancolie en générale dans la musique semble être mon leitmotiv.

Places-tu des espoirs pour «Horizon» ? Signer avec un label peut-être ?

J’espère simplement que mes prochains albums seront encore plus complets. Un label pourrait en effet valoriser ma communication. Quoi qu’il en soit, je continuerais de faire comme bon me semble.

Penses-tu un jour faire des concerts avec Ad Vacuum ou restera-t-il un projet studio où tu es le seul maître à bord ?

Ad Vacuum devrait rester un projet studio. Différents amis musiciens me proposent leur aide pour monter un projet live mais ce n’est pas d’actualité pour moi.

Le dark ambiant a toujours été un style plutôt confidentiel. As-tu une idée du pourquoi du comment de la chose ?

Le dark ambiant n’a pas pour but d’éveiller les foules… Il est par contre confidentiel et fidèle. Il est rassurant de le voir durer.

On parlait il y a quelques temps de l\'éventuel retour de Dead Can Dance ? Est-ce un groupe qui t\'as inspiré en tant que musicien ?
J’aime beaucoup le travail et les voix de Lisa Gerrard et Brendan Perry mais ils ne sont pas une influence première de mon travail.

As-tu des projets pour le futur ?

Des projets à court terme (2 albums prévus pour 2012) et énormément de projets pour le futur, il faut toujours avancer.

Pour finir l\'interview, as-tu un message pour les lecteurs de Pavillon 666 ?

Restez (c)ouverts…