1) Salut Cholera ! Merci de m'accorder cette interview. Avant de parler de votre premier album, vous voulez bien présenter le groupe pour nos lecteurs qui ne vous connaitrez pas encore ?

Cholera est un projet de Death Metal progressif basé à Ottawa au Canada. Pour l'instant, le groupe est constitué de moi-même pour les guitares, la batterie, le chant, le clavier, le piano, le violoncelle, le oud et Matthew Buller pour la basse, la basse fretless et les chants additionnels. Le groupe prit cette forme vers fin 2007 dans le but de concevoir une synthèse de Death Metal technique avec des mélodies proche de celles du moyen-orient, des éléments progressifs et de sombres orchestrations.
La première production du groupe, l'EP "Enslaved Humanity" a été enregistré en 2008 et distribué vers fin 2009. Notre premier album, "Prophecies of Annihilation" a été enregistré en 2009-2010 et distribué pour la presse début 2011.

2) Prophecies of Annihilation semble être un mélange compliqué entre plein d'influences musicales mais aussi de vos idées personnelles teintées d'expériences de la vie. Qu'en est-il de tous ces éléments et de leur place dans ce premier album ? Y a-t-il quoique ce soit d'important que j'ai oublié ?

Bien que la musique de Cholera incorpore plusieurs genres (Death Metal, Metal progressif, Dark, touches moyen-orientales, ambient, etc...) je pense que ce mélange de vibrations musicales demeure constant tout au long des changements drastiques de l'instrumentation et tout en restant dynamique.
L'idée était d'amener une atmosphère sombre qui userait d'anciens et modaux sons orientaux et les filtrer à travers un metal technique moderne pour créer un nouveau style. En ce qui concerne la forme, dans mon esprit le but était de composer des morceaux avec une architecture classique. Écrire des morceaux distillant plusieurs mouvements par le développement de motifs en opposition à un format couplet/refrain. Un autre facteur important dans notre musique est la manière par laquelle elle voyage entre différents territoires musicaux. J'étais obsédé par l'idée de ne pas composer que du metal, mais de la musique en général, car je savais que soixante-cinq minutes entières de Blast-Beats incessant, de distorsion de guitare et de growls Death Metal ne sonneraient pas assez intenses, parce qu'elles ne seraient mélangée avec rien d'autre de plus doux. L'intensité ne peut être mesurée que de manière relative. Par conséquent cet album est ma volonté de faire de la musique qui tient ses bases du metal, ainsi même les passages sans distorsion apportent des émotions "metal", mais la quantité de variations dynamiques permettent aux parties lourdes de sonner encore plus agréablement écrasantes lorsqu'elles arrivent (comme sur "Reminiscence").

3) Si mes informations sont exactes, vous n’êtes pas encore signés. Avez-vous eu de multiples refus de la part des labels ou l'autoproduction était pour vous une manière de vous exprimez de la façon dont vous le vouliez en gardant le contrôle sur votre création ?

Jusqu'à ce que nous ayons finis l'enregistrement mi-2010 nous avions trop peu de matériel prêt à être envoyé aux labels. Durant la phase d'enregistrement j'étais principalement intéressé par l'idée de composer et exécuter un album qui engloberait ma vision idéale du metal que je voudrais écouter.
Une fois que nous eûmes du matériel jugé valable, nous avons alors envisagé la possibilité d'obtenir
un contrat avec un label. Je pense que si Cholera continue de progresser vers un niveau plus élever nous évoluerons avec l'aide d'un label qui est disposé à accepter et promouvoir notre style de Metal.

4) Les cinq pistes sont bien exécutées et ont une bonne production. N'était-ce pas difficile sans avoir de label pour vous aider durant les cessions d'enregistrement ?

Enregistré l'album était en définitive un procédé long et difficile sans le support d'un label, particulièrement à cause du fait que nous financions nous-même. Chacun de nous était occupé soit par l'école soit par d'autres projets, et nous devions garder de l'argent pour les sessions studio.
Il en résultat de longs moments d'attente entre chaque session d'enregistrement, mais finalement je pense que ces longs intervalles me permirent de réfléchir à la façon dont l'album évoluait, quels aspects avaient besoin d'être redéfinis d'un point de vue performance et quels arrangements avaient besoin d'être refais ou ajoutés aux compositions déjà existantes. En tant que compositeur principal et co-producteur, j'ai obtenu de grandes perspectives en passant assez de temps sans toucher aux compositions afin de les voir d'une façon plus objective, et comme mes intérêts musicaux évoluaient alors l'album devenait de plus en plus mature. Ceci dit, un label aurait certainement bénéficié au groupe d'un point de vue financier, je pense que c'était important pour nous de prendre le temps nécessaire pour l'enregistrement que l'on voulait faire plutôt qu'essayer de contenter un auditoire en particulier avec un produit clairement défini.

5) Au fait, comment vous y prenez-vous pour créer pour créer les morceaux ? N'y a-t-il qu'un seul cerveau dans le groupe ou est-ce que c'est un travail collectif entre vous deux ?

J'ai écris tout les morceaux de Prophecies of Annihilation. Lorsque je compose, je conçois un plan pour chaque titre, de même que la structure de l'album forme un tout, un genre de schéma général.
"Prophecies..." est construit comme une symphonie à cinq mouvements, normalement trois ("Road Into the Fire", "Enslaved Humanity", "Reminiscence"), mais "Prophecies of Annihilation" est vraiment en deux mouvements et "The Lost Traveler" en environ cinq. J'ai étoffé la base des morceaux jusque dans les moindres détails comme les parties harmoniques des guitares et les renversements d'accords des claviers. D'habitude, j'écris de la façon la plus intense possible, des morceaux plus simples tout d'abord pour établir une base metal et au fur et à mesure que l'album progresse, la chose devient expérimentale et moins orientée metal.
Je produit environ 95% de la musique (En comptant la programmation par ordinateur) et utilise ceci comme référence pour l'enregistrement, bien que plein de parties individuelles aient été altérée petit à petit vis-à-vis de leur forme originale. Matt (Buller, bassiste) retranscrivit les parties de basse que j'avais écrites, les a apprises et les a souvent adaptées à son style de jeu.

J'ai une vision très définie de comment l'album doit être avant même qu'il ait été enregistré. Toutes les paroles furent écrite avant que la musique n'ait été entièrement composée. J'utilise les paroles afin de fournir une structure, parfois une narration aux morceaux et habituellement je les écris avec une idée musicale générale. Je sais aussi lorsque j'écris les paroles si elles vont sonner claire ou bien "growlées".

Lors de l'écriture de l'album, l'un des meilleurs challenge était de s'assurer que les transitions s’effectueraient en douceur. "The Lost Traveller", par exemple, a de multiples changements de tempo et plusieurs paysages musicaux. Plusieurs parties ont été retravaillées,donc ces transitions ne construiraient pas uniquement des changements d'humeurs dramatiques mais sonneraient naturels et gracieux.

6) Comment est la scène Metal à Ottawa ? Es-tu fier de ta région d'un point de vue musical ?

Je trouve qu'en dépit de la réputation qu'a Ottawa d'être une ville conservatrice et peu intéressante, nous avons en fait une très bonne scène metal avec de nombreux adeptes. Lorsque des groupes plus connus provenant d'autres pays se produisent ici ils sont toujours surpris des réactions énergétiques du public qu'il y a ici. La qualité des groupes de Metal dans la région d'Ottawa s'est aussi amplifiée ces dernières années.
En ce qui concerne la scène Canadienne en général, Montreal produit les groupes les plus intéressants, compétents et populaires. Quo Vadis, Beneath The Massacre, Neuraxis et Unexpect sont justes quelques uns des groupes de Montreal qui se sont fait un nom. Martyr, originaires de Trois-Rivières est selon moi à l'avant-garde de non seulement le Metal Canadien, mais aussi un des avant-garde du Metal technique dans le monde en dépit du fait qu'ils soient relativement peu connu. Il y a de grands talents provenant du Canada, la majorité des parutions de qualité viennent du Quebec.

7) Votre musique semble plutôt engagée. Mais engagée contre quoi ? Quelles sont les idées, cachées ou non, derrière les paroles ou la musique de Cholera ?

Mes idées sont en rapport avec l'avenir, dans une forme globale, celui du genre humain en tant qu'espèce ainsi que celui de la Terre. (Cependant je tente toujours de garder une certaine distance personnelle lors de l'écriture sur de tels sujets). Il semble que dans notre course au progrès, à travers notre volonté de faire évoluer notre civilisation, nous sommes en train de créer un monde artificiel fait de la main de l'homme qui nous éloigne de la nature, ce qui nous conduit plus vers les machines que nous créons que vers nous-même.
Nous avons créer les religions pour pacifier les gens, pour atténuer leur peur de la mort et pour contrôler les peuples au travers de l'endoctrinement. nous nous sommes nous-même méticuleusement divisés en races, classes sociales, et différent suiveurs des croyances religieuses et avons développé la peur et l'animosité de ceux qui sont différents.

J'ai le sentiment que la l'équilibre du pouvoir est actuellement entre les mains d'individus qui ne vont rien faire pour changer la direction dans laquelle nous progressons. Si nous continuons dans cette lancée, nous en paierons les conséquences sous la forme d'une diminution des ressources naturelles, de radicaux changements de climat, une éventuelle guerre nucléaire, ou une technologie que nous ne pourrons bientôt plus contrôler. Mes paroles sont la projection d'un scénario futuriste dans lequel de tels désastres peuvent se produire, en tant qu'avertissement vis-à-vis du fait que
nous devrions sérieusement repenser notre façon de vivre si nous voulons préserver nos espèces tout comme le reste de la planète.

Je pense que les messages et idéaux des paroles de Cholera sont très claires. Si nous sommes capables de signer avec un label nous ferons un pressage de l'album avec les paroles. Les idées à ce sujet sont transmises très directement et de manière poignante parce que je sentais que l'album avait besoin de développer un sentiment d'urgence.

8) Pourquoi ce nom "Cholera" ?

"Cholera", en tant que concept, semble se rapprocher de très près avec le concept textuel (voir ci-dessus). Nous parlons de l'état de déclin du monde, de la manière dont il est pestiféré par l'esclavage dû au capitalisme, aux dogmes religieux, la peur des autres, pour nommer quelques-uns de ces états, mais d'une manière plus générale en quoi le genre humain constitue un parasite qui s'étend et détruit la planète et ses ressources. Au delà de ça, Cholera résonne avec le mot français "la colère", ce qui décrit aussi la colère du groupe., une approche agressive au Metal progressif.

9) Vous êtes catalogué comme étant un groupe de Death Metal Technique/Progressif. Personnellement, je suis d'accord avec cette étiquette mais l'êtes-vous ? Depuis la naissance du groupe, vouliez-vous jouer de ce type de Metal ou est-ce simplement que ce que Cholera doit-être ?

Bien que je pense que le Death Metal Technique/Progressif représente les fondements de notre musique, je considère que ce n'est que la partie visible de l'iceberg. "Prophecies of Annihilation" offre une pléthore de styles, ce qui a toujours été mon but, pas seulement créer du bon Metal, mais de la bonne musique en général. Nous utilisons l’étiquette Death Progressif comme une manière de nous catégoriser afin de pas créer de confusion chez les gens, mais en définitive, il découle une atmosphère spécifique de la musique de Cholera, ce qui ramène à une constante indifférence vis-à-vis du genre ou de l'instrumentation.
Le violoncelle/piano et les passages moyen-orientaux de l'enregistrement ne sont pas des interludes, ils sont aussi important que tout le reste. En dépit de certains détails du point de vue de la technique ou la performance qui, je pense, auraient pu être mieux exécutes, "Prophecies of Annihilation" est exactement la première production que je voulais offrir. Le rendu sonore que nous avons obtenu est exactement celui que je voulais.

10) Comment voyez-vous le futur de Cholera ? Des nouveaux morceaux sont-ils déjà prêts pour un second album ? Il y aura des concerts ?

Je suis en train de composer de nouvelles choses pour le nouvel album que nous espérons enregistrer et sortir en 2012. Il y aura peut-être assez de musique pour un double album. Attendez-vous à une approche similaire à celle de Prophecies : longs morceaux, différents styles musicaux, des surprises, mais une plus grande focalisation sur l'intensité et la vitesse avec un accent mit sur les polyrythmies et les harmonies non-diatoniques. Je pense que ce nouvel album sera façonné afin d'être mieux orchestré que le précédent. il y aura un concept de narration lyrique qui construit d'une certaine manière certains des abordés dans Prophecies.
Pour les live, je veux concevoir un groupe qui ne se contentera pas de bien joué les titres en concert, mais qui peut travailler comme un seul homme. Pour le moment je suis toujours en train de débattre de la meilleure stratégie à adopter pour la mise en place.
Je suis aussi énormément impliqué dans beaucoup d'autres projets musicaux pour le moment, Metal comme non-Metal. C'est pour cette raison que Cholera n'est pas toujours très actif comme groupe.

11) Merci de m'avoir accordé une partie de ton temps. Quelque chose d'autre à ajouter ?

Merci beaucoup Valentheris de m'avoir interviewé à propos de Cholera, et merci à tout ceux qui auront lu cet article. Si vous êtes intéressé, jetez une oreille sur notre musique, l'un des morceaux de notre album, Prophecies of Annihilation, est disponible en streaming à http://www.myspace.com/choleramusic. Nous avons également une page Facebook (www.facebook.com/cholerametal ) qui sera mise à jour fréquemment avec des news à propos du groupe. Notre album sera disponible en vente en ligne dans un futur proche et nous l'annoncerons dès qu'il sera disponible.