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BABYLON PRESSION |
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Mise en ligne le : 05 juin 2011 | Intervieweur :
Margoth
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Pour commencer, pouvez-vous présenter le groupe pour les gens qui ne vous connaîtrez pas encore ? Ça fait douze ans qu'on joue ensemble. On a sorti trois albums. Le premier en 98 à l'occasion de la Coupe Du Monde qu'on a gagné (rires). En fait le premier maxi est sorti en 99, le premier maxi qui a vraiment marché, «Classé X». Après, on a enchaîné trois albums. En 2004, «Négative Génération» où on était un line-up un peu différent avec un deuxième chanteur. On cherchait plus à composer des choses crossover : plus hip-hop/metal avec des relents un peu ragga. Puis au fur et à mesure, notre musique a évolué vers des choses plus brutales. On voit de plus en plus certains groupes qui partent vers le commercial, nous c'est l'inverse, on est parti du commercial pour arriver au rentre-dedans (rires) ! On se tire des balles dans le pied et on se passe de maison de disques depuis cet album. Justement, il y a eu un changement de style assez radical entre «Négative Génération» et «Travaille, Consomme Et Meurs». Qu'est-ce qui vous a amené à vous diriger vers cette voie ? C'est le départ du chanteur qui secondait Mathieu (chant). Il portait vachement le côté ragga. Son départ ne s'est pas vraiment bien passé. Du coup, on n'a pas voulu garder cet aspect-là dans le groupe. On s'est adapté parce que le chant de Mat est plus hardcore, plus du tout ragga. On est revenu aux origines du groupe car «Classé X» était beaucoup plus hardcore. Entre le maxi et «Négative Génération», Seb est arrivé. Et puis, il faut dire qu'à l'époque, on se cherchait aussi au niveau du style. Et au bout d'un moment, avec «Travaille, Consomme Et Meurs», on s'est plus trouvé, on a eu un déclic avec ce croisement entre le hardcore, des bases un peu rock et une approche assez violente. On s'est dit que c'était ça vraiment qui nous plaisait. Et avec ce nouvel album, on voulait approfondir plus le style qu'il y avait dans «Travaille, Consomme Et Meurs». A cette époque-là, il y avait Roswell (ex-Eths) qui tenait la basse dans Babylon Pression. Sa présence a-t-elle beaucoup influencé la direction musicale de «Travaille, Consomme Et Meurs» ? Roswell a aidé pour «Travaille, Consomme Et Meurs» mais juste un mois avant l'enregistrement. Tout l'album était déjà composé, il a juste ajouté quelques petits détails, des arrangements sur la basse. Il y a juste un titre composé avec Roswell, c'était «Sandwich A La Merde». Il y a toujours un titre pour le bassiste suivant, sache le (rires) ! On en arrive au gros du morceau, votre nouvel album. Le premier constat que l'on peut faire, c'est qu'il est bien plus violent. Vous avez bouffé du lion ou quoi ? On en a bien pris dans la gueule donc oui, on était un peu énervé. Ça correspond aussi à nos caractères. Est-ce que quelque part, ne vous aviez pas pris compte que la société allait de plus en plus mal et que les gens devenaient de plus en plus aveugles ? Ainsi, vous auriez choisi la brutalité afin que vos messages soient plus entendus ? Non, c'est simplement qu'on assumait plus le style qu'on avait dans «Travaille, Consomme Et Meurs». Ça se sentait sur certains morceaux. Si tu veux, les derniers titres qu'on avait composé pour «Travaille, Consomme Et Meurs» étaient vraiment les prémices de ce qu'on a fait sur «Allez Tous Vous Faire Foutre». Cet album est la suite logique du précédent. On voulait quelque chose de plus bourrin et plus choc et «Allez Tous Vous Faire Foutre» nous correspondait. C'est vrai qu'on a aussi composé cet album au moment où Sarkozy arrivait au pouvoir et a bien montré ce qu'était vraiment la droite. Ça nous a vraiment fait prendre conscience qu'il fallait vraiment combattre ce genre d'idées car on vit quand même dans une période difficile depuis 2007/2008. Et nous, on a vraiment envie de le crier. Comme Sarkozy était la suite logique de Chirac, c'est pareil pour nous. «Travaille, Consomme Et Meurs» portait sur la période Chirac, la droite en place depuis quatorze ans. Et là, on est passé à une étape supérieure avec Sarkozy. On voulait faire un album décomplexé comme la droite décomplexée de Sarkozy. A cette fameuse droite décomplexée, on répond par du hardcore décomplexé (rires) ! La caricature exprimée par le groupe se rapproche drôlement de la réalité. Mais vu comment on arrive encore à être halluciner, on se dit qu'on n'est pas encore assez caricatural. Je pense que la prochain le sera encore plus. Ce sera en 2012, ce sera Marine Le Pen qui sera élue et on fera du grindcore (rires) ! Vous avez toujours eu des racines rock'n roll dans votre musique. Je trouve qu'on pourrait presque dire que ça vire au stoner dans l' «Intro» et «Voilà Plus De Trente Ans» qui contient même un harmonica. C'était pour répondre à ce phénomène de mode qu'on peut observer actuellement avec des groupes comme Headcharger ou Red Mourning notamment ? C'est le père de Julien qui a enregistré l'harmonica donc on ne sait pas s'il en écoute beaucoup (rires) ! Ca fait quarante ans qu'il en joue, c'est donc venu naturellement. Après, tout ce qui est stoner, on écoute du Led Zep', des trucs comme ça mais le stoner, c'est plutôt l'énergie du nu rock. On est plus proche de choses bluesy et on a inclus ça dans certains titres. Déjà dans Seul Parmi Les Hommes dans Travaille, Consomme Et Meurs puis Champagne, Voilà Plus De Trente Ans dans cet album. Ce sont plus des bases rock'n roll, rien à voir avec du stoner. A la base, ce sont vraiment des rythmiques rock'n roll qu'on adapte au côté hardcore. Et puis, on aurait voulu faire un album à la mode, on ne l'aurait pas appelé «Allez Tous Vous Faire Foutre» (rires) ! Si je comprends bien, vous ne vous reconnaissez pas du tout dans cette nouvelle scène stoner. On regrette surtout que ce ne soit pas en français. Les groupes de stoner français chantent en anglais et on aimerait bien qu'un groupe de stoner français chante en français. Vous n'êtes donc pas super fans de musique anglophone... Si mais pour les groupes anglo-saxons ! Les copies françaises sont souvent moins bien au niveau des textes, c'est forcément moins bien dit. On ne peut pas s'exprimer complètement en-dehors de sa langue maternelle. Quand on voit les textes de groupes français qui chantent en anglais, on n'y voit franchement aucun intérêt. Nous on communique par la musique, on n'en fait pas dans le seul but d'être connu. On en fait pour passer un bon moment ensemble. Si on veut faire du stoner, on fera du stoner tout comme un petit hardcore. On est assez hétéroclite dans le groupe sur pas mal de choses et chacun apporte sa personnalité sur son instrument, on s'adapte. Et pour la question de mode, on a Négative Génération qui s'adaptait beaucoup plus dans la mouvance. Si on voulait suivre un mouvement de mode, on serait rester plus sur cette voie. Vous faites une musique typiquement taillée pour le live. Est-ce difficile pour vous de conserver cet esprit live en studio ? Pas du tout. On enregistre séparément les instruments donc on est moins à l'aise en studio qu'en live... Vous avez un petit truc pour vous mettre en condition ? On boit beaucoup (rires) ! Et aussi les chips au poulet (rires). La difficulté de vouloir donner ce côté un peu live, c'est qu'on ne peut pas jouer au clic pour ne pas avoir un côté trop rigide. Quand tu n'utilises pas le clic en studio, ça t'évite de faire trop d'édition comme beaucoup de groupes qui font des retouches de partout. Sur ces albums, ça joue à fond, c'est monstrueux mais après, ce n'est pas vraiment terrible en live. Nous, c'est un peu l'inverse. On veut garder ce côté live, on joue sans clic ni rien. Au final, on ne peut pas trop retoucher le son, il n'y a pas trop de possibilité de faire des éditions. En plus, pour cet album, on n'avait pas trop de thunes et donc pas la possibilité d'avoir un son énorme. On a un peu fait ça avec les moyens du bord quoi. Et c'est vrai qu'en live, on a tendance à avoir un plus gros son que sur album. Justement, on remarque bien que le son est quand même assez cru. C'était vraiment dû au manque de moyen ou était-ce également couplé au fait de vouloir un son plus authentique ? C'est beaucoup dû au manque de moyens. On n'avait pas trop de thune donc on s'est dit qu'on allait le faire comme ça. Mais en même temps, même si on aurait eu plus de thunes, on aurait voulu garder ce côté brut. Donc, oui, on a aussi adapté le son à ce qu'on voulait. On aime bien le côté brut avec le moins d'effets possibles pour pouvoir faire sur scène exactement la même chose que sur album. Ne pas trop tricher pour éviter de tomber dans des choses qu'on ne pourrait pas assumer. On essaie de faire quelque chose d'assez brut, c'est vrai et même au niveau de la voix, Mathieu voulait quelque chose sans effets, pas de réverb' de partout... D'ailleurs, il n'y en a même pas. Et puis, on ne se voit pas mettre une espèce de disto' qui rendrait les textes incompréhensibles. Après, si on avait eu plus d'argent, on aurait pu se permettre d'avoir un mastering plus poussé pour avoir un son plus gros. Mais comme on a vraiment tout fait nous-mêmes à 100% et qu'on était par conséquent beaucoup plus libres, on s'est dit qu'il valait sans doute mieux agir de la sorte pour cet album et mettre le paquet pour le prochain. Comme on fait tout nous-mêmes maintenant, on commence à gagner plus d'argent. Avant, on n'en avait pratiquement pas car les maisons de disques prenaient tout. Avec les magasins, les distributeurs et les labels, au final, on ne gagnait pas plus d'un euro par CD ! Là, on gère tout nous-mêmes et on peut facilement réinvestir tout l'argent qu'on récupère pour le prochain album. C'est pour ça qu'on espère pouvoir avoir un son plus énorme pour le prochain. On était vraiment obligé de passer par cette étape-là en fait. C'est vrai que la grande nouveauté pour cet album, c'est que vous prenez vous-mêmes les rênes de tout le processus, allant de la production jusqu'à la promotion. Vous avez eu des problèmes avec les labels ou structures de management où vous étiez avant ? Le problème, c'est que ça n'avançait pas. On s'est rendu compte qu'on obtenait beaucoup plus de résultats en travaillant nous-mêmes sur tout ça. A vrai dire, il n'y a qu'à faire presser les cds, s'occuper de la promo et il s'avère qu'on savait très bien le faire. Alors pourquoi pas ne pas le faire ? Et puis, on montre aussi un peu la voie à tous ces groupes qui ont du talent et qui n'ont toujours pas de label. C'est une manière de montrer qu'il est totalement possible de s'enregistrer, faire sa promo, faire son shop avec le minimum de connaissance qu'on peut avoir. En plus, on a choisi nos métiers par rapport au groupe aussi, on est tous un peu dans le milieu artistique à côté, ce qui nous permet de le faire. On s'est donc dit qu'on allait le faire nous-mêmes et ainsi se débarrasser de tous ces intermédiaires qui ne nous servent à rien, à part nous prendre notre blé. On s'est vite rendu compte par le passé que nous étions plus des faire-valoir qu'autre chose pour eux. On s'est rendu compte aussi que quand tu te retrouves sous la croupe d'un autre groupe plus établi en concert, Eths par exemple, tu obtenais moins de retours et de suites que si tu tournes sous ton propre nom. Dans «Travaille, Consomme Et Meurs», on a fait quarante-et-une dates qu'on a calé nous-mêmes et on a vraiment fini par faire des concerts en tête d'affiche, on a eu beaucoup plus de gens extérieurs que de gens provenant d'un concert d'Eths. Au final, on a vraiment eu un retour énorme. On s'est dit qu'on n'avait plus vraiment de besoin de Coriace (NDLR : la structure de management qui s'occupe de Eths entre autres et où étaient signés les Babylon Pression auparavant). En même temps, Babylon Pression avait déjà un nom. C'est quand même assez différent lorsqu'il s'agit d'un petit groupe inconnu. C'est bien plus facile pour vous d'agir de la sort plutôt que pour d'autres... C'est sûr ! Le problème, c'est que les labels ne prennent plus de petits groupes maintenant. On dispose maintenant d'un formidable outil qu'est internet et il faut maintenant s'appliquer à le développer. Il y a vraiment des groupes indépendants qui ont retrouvé ce circuit indépendant qui a été perdu pendant de longues années. On nous a fait croire qu'il fallait nécessairement passer par des maisons de disques, des labels, des distributeurs... Alors que maintenant, le distributeur, c'est internet. C'est là où se situe le circuit indépendant et on a voulu démontrer qu'on pouvait se faire beaucoup plus de pognon qu'avant. Honnêtement, un euro vingt divisé par quatre, ça commençait vraiment par devenir insupportable. C'est fini, les labels ne prennent plus de groupes. Maintenant, les groupes sont construits par les labels mais c'est ultra rare de trouver maintenant des groupes qui percent grâce à un label. Vous pensez que cette façon de tout procéder, ce serait le futur pour un groupe de survivre tout en conservant son identité dans tout ce bazar que connaît l'industrie de disques aujourd'hui ? Situation qui est d'autant plus difficile que la scène metal en France n'est clairement pas aidée... C'est sûr que là, on est totalement libre. Par exemple, on aurait été dans une maison de disques, c'était sûr qu'on aurait pas pu appeler cet album «Allez Tous Vous Faire Foutre». Dans les magasins, on n'aurait pas pu mettre nos disques en rayon car le titre serait trop insultant. Comme on n'est plus dans ce circuit-là, on est en totale liberté et, même si on n'est pas forcément médiatisé comme certains, ça ne veut pas dire qu'on marche moins que les autres. Il faut se dire qu'il y a des groupes qui pensent que ça marche bien pour eux car ils voient des pubs de partout mais qu'en réalité, ça ne marche pas des masses. De la même manière, il y a des groupes qui arrivent à mener toute une carrière sans apparaître dans les médias mais qui réussissent plutôt pas mal. Nous, tout ce qu'on veut, c'est pouvoir continuer à faire notre musique. Ce n'est pas gagner de l'argent, uniquement pouvoir les moyens de continuer. En gros, vous souhaitez gagner assez pour éviter de prendre sur vos économies personnelles, pas forcément pour pouvoir carrément en vivre ? Quoique j'imagine que si vous réussissez à en vivre, vous n'irez pas cracher dessus... Tu sais, on travaille tous à côté. On a peut-être des petits revenus mais on en a assez pour vivre et ne pas avoir à faire de choix commerciaux pour survivre. On peut très bien ne pas vivre de notre musique et continuer. On a déjà sorti trois albums sur Pias, sur Sriracha, puis sur Coriace, Season Of Mist... On s'est retrouvé avec ce nouvel album album, on n'avait vraiment pas un rond pour l'enregistrer. On était à huit cent euros de découvert alors qu'on avait vendu deux mille albums (rires) ! Quand tu fais le calcul, il était clair qu'ils s'étaient gavé comme des ours. Après, il faut le label, il faut payer Coriace et il nous reste vraiment rien du tout. Là, on s'est dit que c'était trop. Surtout qu'à chaque fois, on avait payé tous les frais de production des albums, Mathieu se chargeait des graphismes, JB se chargeait du site internet. Ils n'avaient rien eu à dépenser pour tout ça, on est vraiment en droit de se poser des questions sur où est passé le pognon. Et si on a eu deux quart de pages pour les magazines, c'était le grand maximum, on était loin d'un plan promo à dix mille euros ! C'était forcément gagnant pour eux et pour nous, ça devenait vraiment chiant qu'on bouffe sur notre dos. Je vous comprends parfaitement à ce sujet... On va maintenant passer à quelque chose qui doit être moins drôle pour vous. Quand on fait le tour sur ce qui se dit sur vous sur la toile, le fait qu'on vous prenne pour un groupe pour adolescents revient très souvent, notamment sur les textes jugés trop simplistes. Quel regard portez-vous par rapport à ça ? On a envie de dire qu'ils ne traduisent pas les paroles des groupes qui chantent en anglais, c'est quand même ras les pâquerettes. Traduis les paroles de Dagoba (rires) que personne ne connaît d'ailleurs, tu verras que ça n'a aucun sens. Autre chose, les paroles de Mass Hysteria par exemple, ne veulent absolument rien dire. Tu n'as qu'un enchaînements de mots compliqués qui forment un tout qui n'a aucun sens. En fait, on a l'impression que lorsque les gens comprennent, ils ont l'impression de ne pas avoir affaire à quelque chose d'intellectuel. Et puis, de toute façon, nous ne sommes là que pour les adolescents rebelles (rires) ! Tu sais, on n'est pas ici pour fédérer les jeunes, leur dire qu'ils sortent de concert en défonçant tout, on est là pour qu'ils s'expriment, passent un bon moment. Et puis, quand tu vas en Angleterre, un Anglais pourra te dire qu'il n'écouteras pas «cette merde de Rage Against The Machine» parce qu'ils ont de vraies paroles pour ados. C'est exactement la même chose parce que eux comprenaient les paroles alors qu'en France, pas forcément et on adore RATM. C'est vraiment le même procès qui est fait. De toute façon, dès que tu te lances dans le créneau de l'engagement, que tu veux exprimer des opinions, tout de suite, ça ne plaît pas à certains. Et puis, on a aussi l'impression que ce genre de réactions est typiquement français dans le sens où on est vraiment habitués à écouter des paroles qu'on ne comprend pas. Souvent, le rock est en anglais, ils entendent des paroles sans savoir ce que ça veut dire et lorsqu'ils commencent à comprendre, ils ont tendance à se sentir heurtés. C'est une question de manque d'habitude à comprendre les paroles. Ça vient peut-être également de là. Nous, par contre, ça ne nous dérange pas du tout. On s'est rendu compte que lorsque quelqu'un écoutait notre album, que ce soit pas choix ou pour une chronique, il n'allait pas se dire que c'était insipide. Soit il aime, soit il déteste, c'est tout un débat. Pour en revenir à ces paroles trop simplistes, quand j'ai vu tout ce qu'on peut dire sur vous, sur cette étiquette, j'ai tout de suite pensé que c'était vraiment hypocrite. Un groupe comme Lofofora par exemple ne se tape en général pas ce statut de groupe pour prépubères alors qu'on ne peut pas dire que leurs paroles soient forcément plus fines... Nous non plus. Mathieu écrit des textes sur lesquels il passe du temps. C'est juste qu'il écrit de manière très simple. Pour du hardcore, il faut quelque chose d'efficace et de fédérateur. Quand on va à des concerts, on tombe parfois sur des karaokés géants, les gens chantent les paroles et ça marche bien. En tout cas, on sait que les gens qui nous aiment adorent nos paroles. On ne va donc pas les changer, il faut continuer à faire plaisir à ceux qui nous écoutent. Les autres peuvent aller se faire foutre (rires) ! On a tout à fait le droit d'être dans la simplicité et l'efficacité sans que le résultat ne soit mauvais. Tu prends «Des Tasers Et Des Pauvres», c'est sûr que les paroles sont directes et le morceau l'est tout autant. C'est direct dans ta gueule, ça blaste de A à Z, c'est en parfait accord avec ce qu'on fait. Pensez-vous que cette étiquette de groupe pour adolescents qui vous colle à la peau ne soit pas due au fait que des gens se focalisent uniquement sur le Babylon Pression de «Négative Génération» ? A cette époque, votre style se rapprochait plus de celui que pouvait pratiquer Enhancer par exemple et était plus considérer comme musique pour les jeunes. On avait quand même dix ans de moins ! Ce qu'on écoutait à l'époque était différent de ce qu'on écoute maintenant. Si cette image nous colle tellement à la peau, ça veut tout simplement dire que les gens n'ont pas écouté ce qu'on a fait après. A ce moment-là, ils n'ont pas à donner leur avis (rires). Avec «Allez Tous Vous Faire Foutre», pensez-vous avoir atteint une certaines maturité ou pas encore selon vous ? On est perpétuellement en mouvement, c'est-à-dire qu'on est en perpétuelle évolution. On ne sait pas trop... A vrai dire, on n'en a rien à foutre de la maturité. On s'assume maintenant tel qu'on est, peut-être peut-on appeler ça de la maturité mais est-ce que ça en est vraiment ? On ne sait pas. Maintenant, on compose des choses et qu'on fera peut-être des fautes, on l'assumera totalement. C'est plutôt bien. Vous avez plus de confiance en vous quoi... Au début, quand tu commences, c'est toujours pareil, tu n'as pas confiance en toi. Tu te fies vachement au regard des autres, tu es vachement attentif à ce qu'on pense de toi. On a justement passé ce stade, on n'en a plus rien à carrer de ce qu'on pense de nous et on va à plein gaz droit dans le mur. Quand on y réfléchit, il n'y a que le groupe qui peut se permettre d'assumer un album comme ça. On nous juge beaucoup, on ne laisse pas indifférent et nous, à côté, on assume. Au final, il n'y a pas tant de groupes qui sont capables d'assumer des titres comme on fait. «Allez Tous Vous Faire Foutre», on l'a écrit sous le concept de la voix du marginal, celui qu'on n'entends jamais. Ca nous intéressait de développer cet aspect dans le concept de la liberté qu'on aime avoir dans le groupe. C'est la voix du clodo, d'un psychopathe ou d'un homme au pouvoir, d'un banquier... C'est l'Etat qui envoie se faire foutre le peuple et inversement. Ce n'est aucunement l'ado qui dit à sa mère d'aller se faire foutre. C'est un concept, il faut écouter l'album et lire les textes pour vraiment le comprendre. On voulait un message violent, que les gens qui voient le titre de l'album se prenne toute cette violence en pleine face. Et ça marche ! Il y a des gens qui sont révoltés parce qu'ils ont été touchés par ce titre, ça leur a suscité une réaction. C'est exactement ce qu'on voulait. Je suppose que ce que vous développez dans votre musique doit se répercuter dans votre vie. De quelle manière ? Notre musique, c'est un exutoire. Si on n'était pas aussi direct et violent dans notre musique, on serait totalement asociaux. On n'envoie pas les gens se faire foutre au quotidien, c'est sûr. Après, c'est sûr qu'on a une philosophie de vie, que ce soit dans le milieu professionnel ou le choix de nos amitiés. Tout ça ira de paire avec nos convictions. En fait, la musique nous permet d'être équilibrés dans nos vies. C'est pour ça que là, on discute totalement calmement (rires) ! Vous ne seriez pas du genre à faire beaucoup de concessions ? Tu es quand même obligé d'en faire. Il y a toujours des moments où tu es obliger de fermer ta gueule. On essaie quand même d'avoir un karma en phase avec nos situations. On a des idées très tranchées mais on reste quand même vachement ouvert. On reste ouvert au stoner par exemple (rires) ! Non, on n'est pas du genre à rester butés, à être extrémistes. On n'est pas là à remuer la merde pour défendre un parti. On aime bien la vraie provocation, aller emmerder des gens que tout le monde aime. C'est plus choquant de dire que l'Abbé Pierre est un violeur d'enfants que dire que Sarkozy est un connard (rires) ! Non mais c'est vrai que dire ça suscite bien plus de réactions. Mathias m'a confié au téléphone avant l'interview que Babylon Pression était un peu une famille. Le groupe a connu des bouleversements de line-up dans le passé donc est-ce facile de conserver cet esprit malgré ça ? Ou peut-être que cet esprit est né uniquement pour ce line-up en particulier ? Non, on a toujours eu un côté familial. On a toujours voulu faire de la musique avec des potes. Par exemple, on a recruté Mathias (NDLR : qui n'a rejoint le groupe que depuis un an) sur une annonce mais ce n'était pas non plus un casting. Le contact entre nous s'est bien passé, c'est un bon bassiste, on ne s'est pas pris la tête plus que ça. D'ailleurs, on n'a jamais viré personne non plus. Toutes les personnes sont parties d'elles-mêmes. On ne les a pas foutu à la porte car ils n'étaient pas assez bons comme certains groupes font. Ils arrivent bien à faire la part entre la musique et l'amitié et prennent des mercenaires, ce qui n'est pas notre cas. Dans un groupe, tu traverses tellement de galères et d'engueulades, c'est important que l'amitié soit là. Si tu es dans un groupe où tous les gars se détestent et ne sont là que par intérêt, ça ne tient pas très longtemps. Si on agirait comme ça, ça ne ferait pas douze ans qu'on existerait. D'ailleurs, tout le monde a son mot à dire sur la composition, on débat souvent et c'est plutôt bien. Après, il n'y a pas que sur la composition, il y a aussi les choix que tu fais au quotidien sur la communication, sur les supports... On travaille sur un principe de démocratie à l'intérieur du groupe et ça fonctionne très bien. On a toujours agit comme ça et ce n'est pas demain que ça changera ! Et de ton point de vue Mathias, l'intégration dans une famille déjà établie depuis longtemps s'est bien faite ? Ça allait! C'est assez familial comme ambiance, il n'y a aucune tension, pas de compétition entre les membres. Je me suis plutôt bien intégré c'est vrai parce que ça correspond assez bien à mon état d'esprit également. J'ai dû joué dans une bonne vingtaine de groupes et c'est un état d'esprit que j'ai tout le temps rencontré. Du coup, quand je suis rentré dans Babylon Pression, j'ai été agréablement surpris ! Dernière question : à quoi pourra-t-on s'attendre de Babylon Pression à court terme et à plus long terme ? S'attendre à un clip qui va défoncer sa mère déjà ! Mathieu est en train de le préparer sur le titre «Champagne» qui risque d'en embêter. Il sera disponible à la rentrée. Et puis, on partira un peu sur les routes. On cherche actuellement un tourneur, qui ne soit pas trop gros, afin de boucler des dates à partir de la rentrée. Là, on a déjà quelques dates mais on espère tourner plus après la rentrée, faire un peu le tour de la France. Peut-être partir aussi en Belgique car on a des dates en octobre qui sont en train de se faufiler, des dates qui risquent d'être très sympas car on a déjà un public qui est assez ouvert là-bas. Et puis, les Belges ont aussi besoin de gueuler un bon coup ! Et en même temps, on va se remettre tranquillement à composer à nouveau parce qu'on n'a pas envie de mettre autant de temps à sortir le prochain album que le délai entre «Travaille, Consomme Et Meurs» et «Allez Tous Vous Faire Foutre». Le changement de line-up nous avait pas freiné ainsi que les contrats qui nous empêchaient de partir trop vite. Et puis, on aimerait bien faire un album avec un son plus énorme. Je vous laisse le mot de la fin... Un petit message pour les lecteurs ? Eh bien, allez tous vous faire foutre (rires) ! Ou alors qu'ils viennent tous se faire foutre en concert avec Babylon Pression. Et que tout le monde vienne acheter le nouvel album qui n'est disponible que sur le shop de notre site internet et aux concerts. C'est une édition limitée à cinq cent exemplaires numérotée et sérigraphiée à la main, par nous-mêmes. C'est vraiment Mathieu qui l'a fait de façon artisanale. En fait, on compte faire des séries de cinq cent différentes les unes des autres. C'est plutôt sympa pour les fans ! Et comme ça, ils l'achèteront plusieurs fois (rires) ! ------------- PS : Interview réalisée par phoner/telephone le 28 avril 2011 avec tout le groupe. |
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