1.Bonjour Marthyr. Pour commencer, pourriez vous présenter le groupe et son évolution depuis vos débuts?

Adramelech: Marthyr est né en 2008 environ un an après le split d'un groupe appelé Swellpain. Bael et moi-même faisions partie de ce groupe et avons décidé d'en remonter un sérieux sur de bonnes bases. Après près d'un an de répètes à deux nous avons rencontré Hellrik qui s'est joint à nous, puis Funestra s'est ajouté au line-up après avoir accepté le poste de bassiste. A partir de là nous avons avancé en tant que groupe.


2.« Doom nearly comes » est votre première démo. Comment s'est déroulé sa conception? Où avez vous enregistré?

Funestra: Il s'agit tout simplement des 5 premières compos du groupe. On tenait à faire quelque chose de brut et authentique qui représente vraiment l'esprit de Marthyr, c'est pourquoi nous avons opté pour un enregistrement par nos propres moyens. Les prises batterie et guitares ont été faites directement à notre local de répétition, le chant et la basse chez moi. Je me suis occupé du mixage et Bael s'est occupé de l'artwork.


3.Etes vous pleinement satisfaits de cette démo? Avec le recul, y auriez vous changé certaines choses? Pensez vous évoluer pour votre prochain enregistrement?

Funestra: Doom Nearly Comes sonne comme il se doit: froid, brut, underground... cependant j'aurais voulu travailler un peu plus le son des guitares, des cymbales mais ça demande du temps et c'est ce qui nous a manqué le plus. Mais au final, on a un résultat qui correspond à ce qu'on voulait présenter. Techniquement, on s'améliore de plus en plus, nous avons beaucoup appris de cette première démo, on sait ce qu'il faut faire et ne pas faire pour notre prochain enregistrement...

Adramelech: L'évolution est logique pour tous les groupes qui ne souhaitent pas stagner, les prochains enregistrements seront de façon évidente plus travaillés niveau son et composition.
Comte Von Bael: Pour une première production, je suis assez satisfait du résultat. Aujourd’hui, je trouve seulement dommage que certains titres plus récents n’y figurent pas, mais Doom Nearly Comes reste une bonne présentation du black que nous proposons, primaire et brut.

Hellrik: je regrette seulement le tempo un peu lent des morceaux, ce qui rend l’ensemble moins agressif, surtout au niveau du chant.


4.Votre style est très ancré dans le début des années 90. Pensez vous que ce style de black metal soit toujours prisé par le public malgré l'évolution et la sophistication qu'a subi le genre depuis 20 ans?

Adramelech : A vrai dire nous ne nous sommes pas vraiment posé cette question dans la mesure où nous faisons simplement la musique que nous avons envie de faire sans nous demander si elle plait à la majorité ou non.
Comte Von Bael: L’évolution du genre est inévitable, Marthyr a déjà évolué d’ailleurs, mais les bases du black metal et de n’importe quel genre resteront désirées et nécessaires. Les vieux albums de Darkthrone, Mayhem, Gorgoroth, etc. seront toujours des appréciés car ils ont quelque chose d’intergénérationnel à présenter.
Hellrik: nous faisons le black metal que nous inspire notre vécu et nos goûts, peu importe ce qui fût et ce qui sera. Marthyr est un électron libre qui s’affranchit au mieux des codes BM trop galvaudés ou mal utilisés, et qui ne cherche pas à se stéréotypé en abusant des procédés BM ne collant pas avec son univers, juste pour afficher un côté plus « true evil ». Nous sommes sans concession, comme les groupes et la musique que nous aimons.


5.Cette démo est uniquement destinée à vous faire connaître du public pour de prochaines sorties ou servira t-elle également à démarcher des labels? A ce propos avez vous déjà été contactés?

Funestra: Pour l'instant on cherche surtout à montrer qu'il existe un groupe de black dans les Vosges ! Doom Nearly Comes nous permet de présenter notre groupe au public, de démarcher auprès de diverses asso' afin de faire un maximum de scène ! Nous avons reçu quelques propositions pour de la distribution…


6.Qui a signer la pochette de votre démo? Pourquoi l'avez vous choisi?

Comte Von Bael: Nous cherchions une image qui soit en accord avec les idées que nous abordons, à savoir les gens morts pour ou à cause d’une cause, les martyrs. Nous avons donc centré l’artwork sur des martyrs bien connus : les femmes torturées et souvent tuées par l’Inquisition. Plusieurs images étaient intéressantes, mais la courbe du corps et la violence signifiée sur ce dernier nous attirait davantage sur celle choisie.
Hellrik: c’est une gravure représentant un supplice du Moyen-âge, période prolifique et innovante en matière de cruautés, de souffrances, de tortures et d’absurdités morales et religieuses. Le genre de chose que l’on retrouve de nos jours dans de nombreux pays gangrenés par des fanatiques fondamentalistes, des mœurs aliénantes et une foi aveugle. Certaines cultures actuelles vivent dans une civilisation arriérée, dont les croyances infectent notre société. Désirons nous vraiment voir s’installer cela ici ? Allons nous revenir à la lapidation pour adultère ? Cette pochette permet de réfléchir à tout ça, pour ma part ; et d’évaluer le chemin parcourut depuis cet âge sombre…


7.Etes vous fidèles aux thématiques originelles du black metal comme le satanisme? Quels sont les thèmes abordés dans les paroles de votre démo?

Comte Von Bael: Il y a certains groupes qui croient réellement en Satan (et donc en Dieu), et d’autres qui se servent uniquement des thèmes sataniques pour être en accord avec une soi-disant image du black metal. Marthyr ne s’intéresse pas au satanisme courant et parle finalement peu de ce sujet.
Hellrik: Comme le dit CVB, les thèmes principaux abordés par Marthyr sont la victimisation, le concept de « martyr » au sens idéologique ou religieux du terme, la cruauté et le meurtre (pathologique ou de sang froid). Nous parlons aussi de satanisme mais dans le sens philosophique du terme, que l’on pourrait résumer par « Sola lex sum ergo Deus sum » (je suis la seule Loi donc je suis Dieu). Néanmoins, il est quasiment inévitable de traiter de ce sujet sans passer par des lieux communs aux groupes BM ou en utilisant des métaphores et les épouvantails du folklore diabolique (Diable, culte noir, et autres revenants). J’essaie juste d’utiliser tout cela à bon escient, sans verser dans le stéréotype, ce qui n’est pas toujours facile.


8.Que pensez vous de la scène black metal française? Quels sont les groupes qui sortent du lot pour vous?

Adramelech: Sans parler de la France spécifiquement je pense que chaque pays a son lot de bons groupes et tout un tas de groupes mauvais ou inutiles autour. La France a un avantage: le Metal Extrême n'y étant que peu connu du grand public, l'underground a une place prépondérante dans le milieu et y est vivant, il y a donc moins de groupes qui pensent à l'argent d'abord. Pour ma part je retiendrai des groupes comme Ad Hominem, Antaeus, Lord ou Mütiilation.
Comte Von Bael: La scène black metal française regorge de groupes qui en valent la peine. Elle n’est sûrement pas la plus connue ni la plus revendiquée mais en cherchant un peu, on peut vraiment trouver des groupes de qualité. Armaggedon, Deathspell Omega, Haemoth, Hell Militia, pour ne citer qu’eux.
Hellrik: c’est une scène de qualité, qui n’a pas encore souffert de la popularité et la commercialisation à outrance d’un groupe, et qui se focalise sur la musique, l’ambiance et la provocation, ce qui est l’essence du BM. Je citerai Daedalion, Nehëma, Evohe, et Maleficum Orgia.

9.Quels sont vos projets désormais? Pensez vous être prêts pour enregistrer un album?

Funestra: Continuer à jouer live, la scène est très importante pour nous ! On a encore pas mal de compos en préparation, on ne veut pas précipiter les choses...
Adramelech: Nous prendrons notre temps pour sortir un album de qualité, impossible encore de dire quand le projet débutera, mais une chose est sûre: on travaillera dur dessus et je peux vous dire que certains titres déjà composés vont botter plus d'un cul.

10.Merci Marthyr.Un dernier mot pour nos lecteurs?

Comte Von Bael: Continuez d’encourager les groupes qui en valent la peine. Marthyr ne prétend pas être une révolution musicale, mais je peux assurer que sur scène le groupe donnera tout ce qu’il a, et plus encore. In blood and blast beat !
Hellrik: Stay evil, darkness will prevail ! Hail!