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AERIS
CHRONIQUE AERIS - review
Contact groupe http://www.myspace.com/aerisgroupe
Audio / Video
Mise en ligne le : 14 mai 2010  | Intervieweur : Oceancloud | Traducteur :

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
Bonjour Aeris. Pour commencer, pourriez vous nous raconter l'origine du groupe et présenter ses membres? Quel est le passé musical de chacun?

(Manuel Adnot, guitare )

Salut Pavillon 666!

Le groupe existe dans sa forme actuelle depuis 2004. Cela faisait quelques temps avec Boris ( Louvet, batterie ) que l'on recherchait une formation instrumentale qui répondait à nos attentes musicales – à vrai dire, les premiers pas d'AERIS existaient déjà dans quelques morceaux instrumentaux d'un groupe dans lequel nous jouions tous les deux ( Nuit san pedro ). Nous avons ensuite recherché une troisième personne: d'abord AERIS existait avec Sylvain Leroy au Djembé, puis avec Samuel Diné à la basse que nous connaissions depuis quelques années et dont nous étions fan! Nous connaissions Clémence ( Bourdaud, illustratrice ) depuis quelques temps aussi. Nous avions vraiment envie d'appliquer quelque chose de visuel à notre musique, et Clémence s'est jointe à nous d'abord sur papier puis sur scène. Ainsi, de manière naturelle, elle devenu un membre à part entière d'AERIS.

Pour ce qui est de notre passé musical, Boris et moi partageons plus ou moins le même parcours: nous avons commencé la musique très jeune, joué dans une multitude de groupe d'à peu près tous les styles et nous avons tous deux suivi un cursus en conservatoire ( en musiques actuelles pour Boris, en Jazz pour moi ). Sam lui n'a quasiment jamais pris de cours jusqu'à cette année, et a lui aussi joué dans un bon paquet de groupes de Rock. C'est un super musicien qui fonctionne à l'instinct et qui joue aussi de la guitare et de la batterie.


Votre musique est vraiment étonnante et ne rentre dans aucune catégorie. Pourquoi et comment avez
vous développé ce style si personnel? Pourquoi avez vous choisi de faire de l'instrumental?


Merci! Tu ne peux pas savoir à quel point ce genre de commentaire nous fait plaisir au regard de la difficulté que nous avons à faire vivre notre musique en concert.

Nous ne calculons pas -sans te sortir de grandes tirades d'artiste- ce que nous faisons, ça nous plait ou pas. On ne s'est jamais dit que l'on allait faire tel style de musique ou tel autre, on essaye de créer d'abord quelque chose qui nous parle. Il n'y a pas forcément de règles non plus dans le processus de composition, parfois on se raconte une histoire sur ce que veux dire le morceau – un peu comme de la musique de film, genre « d'un coup il se passe ça »- d'autres fois on part sur quelque chose de très concret, un motif rythmique ou mélodique, et on le développe. Nous ne pratiquons pas l'exercice de style, tout ce que nous faisons doit avoir une signification personnelle non musicale, en fait nous nous exprimons avec les seuls outils que nous savons manier. Ce que nous adorons par dessus tout – et ce que nous attendons de l'auditeur – c'est lorsque l'on s'approprie notre musique, que l'on se raconte sa propre histoire. Nous trouvons ce rapport fascinant, il n'y a rien de mieux comme sensation que d'écouter un morceau et de totalement le rattacher à sa propre vie. En cela nos titres de morceaux sont assez évasifs pour ne pas forcément donner toutes les clés des véritables raisons de leur existence...On peux aussi dire que le choix de faire de la musique dite « intrumentale » vient de cette envie de garder la possibilité d'interpréter soit même la signification de nos morceaux.


Vous écrivez sur votre Myspace que l'improvisation est partie intégrante d'Aeris. Qu'elle a été la part d'improvisation sur les morceaux de l'album? Avez vous intégré des passages improvisés sur des compositions écrites ou bien l'inverse?

L'improvisation fait effectivement partie intégrante de notre musique, mais nous l'appliquons à des degrés différents. En studio nous nous sommes laissé le temps de jouer ce qui nous passait par la tête mais nous avions aussi préparé des morceaux qui étaient construits structurellements de A à Z. En fait on peux même dire que l'on a eu un certain luxe de pouvoir le faire en studio parce qu'on avait personne derrière nous pour nous dire quoi jouer! On dormait sur place ce qui nous permettait d'enregistrer n'importe quoi à n'importe quelle heure. Mais si l'improvisation nous donne une plus grande liberté d'expression, nous gardons tout de même une ligne directrice dans chaque morceau joué. Même si nous l'avons fait auparavant, nous ne jouons plus de morceau complètement improvisé en concert. Nous tenons au rythme de la représentation et nous privilégions l'efficacité même si beaucoup de passages peuvent être joués de différentes façons. Après il y a les chorus qui ne sont évidemment pas écrits et qui peuvent ( doivent ! ) ètre très différents d'un soir à l'autre. Sur le disque, beaucoup de choses totalement improvisées ont été retenues, GEANT par exemple est la première chose que nous avons joués en arrivant au studio et nous n'avions que la mélodie du début! On a totalement improvisé le déroulement en rajoutant le pont instinctivement, puis Sam a eu l'idée de rajouter les voix à la fin en re-recording.... et c'est le premier morceau de l'album!



Je suppose que vos influences sont très larges. Pourriez vous nous en citer quelques unes?

Elles diffèrent évidemment d'un membre à l'autre, je pense pouvoir dire sans me tromper que Sam est très influencé par le Hard Rock! Il écoute des groupes comme EUROPE ou GUN'S N' ROSES bref des groupes pourtant à mille lieux de ce que nous jouont! Il est un adepte de FLEA le bassiste des RED HOT CHILI PEPPERS. Je crois que Boris écoute pas mal de Hardcore en ce moment avec des groupes comme CAR BOMB ou ZU, il m'a aussi parlé d'un groupe qu'il a vu: COMITY. Il est comme moi un grand fan de DILLINGER ESCAPE PLAN mais possède aussi une solide culture en Jazz – probablement plus que moi d'ailleurs!- sans oublier qu'il joue et écoute pas mal de musique Latine. Pour ma part j'écoute tout aussi bien du Jazz, du Classique ou du Métal selon mes humeurs, j'écoute aussi pas mal de compositeurs de musique de Jeux video comme Nobuo Uematsu.

Après, il faut voir si tout ce qu'on écoute se retrouve dans notre musique, je pense par exemple que l'on est parfois plus influencé par un musicien avec lequel on a joué que par la musique que l'on écoute soit même! Mais on peux quand même dire que AERIS a été formé d'une certaine manière autour des trios modernes comme HAPPY APPLE, THE BAD PLUS ou E.S.T. avec par exemple le morceau "From Gagarin's point of view" que nous avons repris en concert.



Comment vous est venue l'idée d'intégrer une illustratrice à plein temps dans le groupe? Que fait elle exactement pendant les concerts?

Comme je le disais plus haut, ça s'est fait de manière très naturelle. On a toujours voulu faire des ponts avec différentes formes d'expression: avec Boris on a travaillé dans une troupe de Théâtre et j'ai eu aussi l'occasion il n'y a pas longtemps de travailler avec Giulia Arduca dans le domaine de la danse. Nous aimons ces rencontres parce qu'elles s'affranchissent des codes propres à chaque discipline, on ne peux pas parler d'un accord mineur à un acteur, il faut communiquer en termes d'expressions ou de sensations, ce qui peut être très stimulant!

Du coup, on a eu l'idée tous ensemble d'intégrer Clémence en tant qu'élément à part entier du concert. Elle projette derrière nous, à l'aide d'une tablette graphique, des dessins improvisés selon les morceaux joués. Ces derniers temps elle s'est concentrée à réaliser une histoire sur tout le concert ( on peux en voir un aperçu sur notre myspace: la video "MARS" ). Bref, elle "joue" au même titre que nous à chaque date.



Les illustrations du livret sont visiblement pleines d'humour noir. Clemence a t-elle libre de faire ce qu'elle voulait ou bien a t-elle réalisé ces dessins après concertation du groupe? Chaque illustration est t-elle associée à un morceau en particulier?

Elle a tellement de talent que nous n'avons quasiment jamais eu à lui demander quoi que ce soit! Elle nous a, à chaque fois, proposé des dessins dont nous étions immédiatement fan! Nous n'avons discuté que rarement des significations de chaque dessins, juste peut-être dans la période précédant l'enregistrement du disque, pour le livret. De temps en temps nous parlons de la signification des morceaux et elle fait sa sauce, parfois même ( pour ne pas dire à chaque fois ! ) elle nous ramène un dessin qui n'a absolument rien à voir avec ce dont on n'a parlé ! Cela dit, dans le livret il y a certaines illustrations qui ont un rapport direct avec certains titres de morceaux: GEANT ou ARTHUR par exemple.... Après, libre à vous d'interpréter certains dessins!

Il faut préciser le travail qui a été fait sur les couleurs par Adrien Muller qui a magnifiquement mis en valeur les dessins de Clémence!


Votre album est auto-produit. Est ce un choix ou l'avez vous fait par dépit de ne pas trouver de label?


Nous souffrons d'un réel manque d'aide. Nous avons péniblement auto-produit notre disque à l'aide de courageux souscripteurs et en mettant au bout. Il faut savoir que l'on ne s'est pas payé en studio pour pouvoir faire ce disque. Si le support physique ne se vend plus aujourd'hui, il est toujours aussi cher d'enregistrer de la musique en bonne qualité. Des labels? Ça fait des années que nous jouont avec AERIS ou avec d'autres formations et nous n'avons quasiment jamais rencontré personne. Il n'y a pas d'argent pour les groupes comme nous, nous ne faisons pas une musique festive et il faut se pencher pour rentrer dans le disque. A l'heure du téléchargement au titre, nous n'avons pas la culture du tube. Peut-être n'avons nous pas encore rencontré les bonnes personnes... Pour ma part j'aime les albums qui s'écoutent en entier, qui sont de véritables périples: le KID A de Radiohead, le YOUTH ORIENTED d'Happy Apple ou les albums de SIGUR ROS... Je crois à cette facette de la musique enregistrée et je pense que nous allons continuer en ce sens. Cela dit ( sans les diaboliser non plus ), le fait de ne pas avoir de label nous a permis d'avoir une liberté totale sur le plan du fonctionnement en studio et, évidemment, dans tout ce qui concerne la musique.




Pensez vous qu'il existe un public pour votre musique en France, ou les médias ne jurent que par des choses bien calibrées? Comment les gens qui ne vous connaissent pas réagissent à vos concerts?

Je pense qu'il reste un bon paquet de personnes qui sont assez intelligentes pour ne pas se dire que ce qui passe sur les grandes chaines, c'est "ça" la musique. C'est le piège: se dire que la musique, il y a forcément du chant et ça dure 3min, sinon c'est chiant. Et puis il y a la Fnac avec ces rayons "indépendants" et "world". C'est quoi la musique "indépendante"? C'est vrai que nous ne jouons pas vraiment du Métal, mais nous jouons au Ferrailleur à Nantes. Nous ne sonnons pas vraiment Jazz, mais nous jouons au festival Jazz sous les Pommiers à Coutances! Nous avons simplement de plus en plus de personnes qui viennent à nos concerts, et nous avons de plus en plus de rapports positifs avec des personnes qui viennent nous voir, nous disent qu'ils ont juste passé un super moment.

Alors oui, il y a un public en France pour notre musique, c'est celui qui se bouge en concert et qui s'affranchit des styles ou des codes, qui vient apprécier de la musique jouée live et totalement originale.


Pouvez vous nous expliquer en quoi consiste les activités du collectif 1 Name 4 A Crew dont vous faites partie?

Je suis un des trois créateurs du collectif avec Matthieu Noël et Fabrice L'Houtellier. C'est par besoin d'organisation et d'indépendance que nous avons lancer l'idée de faire un collectif d'artistes avec une partie "école associative" ( où je suis l'un des professeurs de guitare et Fabrice professeur de batterie ), ainsi qu'une partie "projets" avec les groupes DEAD CONNECTION, SIDONY BOX et AERIS. Du coup nous pouvons faire vivre nos groupes, trouver des sous, et avoir une structure derrière nous – ce qui est indispensable – tout en centralisant nos activités d'enseignants. L'idée, en ce qui concerne l'école associative, c'est que les professeurs soient des musiciens actifs, qu'ils jouent et tournent à côté avec leurs propres groupes. Ce n'est pas un label, mais ça pourrait le devenir. Nous prenons de plus en plus d'ampleur et nous développons au fur et à mesure des expériences. Nous tentons par exemple en ce moment de faire des échanges de dates avec d'autres groupes en France afin de pouvoir jouer ailleurs qu'à Nantes, et pouvoir diffuser nos projets partout ailleurs! Il y a un site internet qui arrive bientôt avec tout ce que fait 1NAME4ACREW, on pourra commander les disques, avoir des infos sur les concerts, les cours etc...



Quels sont vos projets désormais?

Nous sommes en train de travailler sur un nouveau disque avec une plus grande place pour Clémence, puisque qu'il s'agirait d'un BD album! Nous avons 4 ou 5 nouveaux morceaux pour l'instant, dont certains ont même été joués lors des derniers concerts. Je pense que ça va prendre un certain temps, vu l'ampleur du truc Nous voudrions aussi faire quelque chose avec le collectif CHAKIPU dont fait parti Clémence, une sacré bande de dessinateurs talentueux! Dans la même bande, il y aussi le groupe INSOLITE avec lesquels nous aimerions partager une scène, tout comme BRUXISME dont je suis fan. Nous aimerions aussi trouver un véritable tourneur qui saurait s'occuper de nous! Et puis il faut qu'on joue partout dans le monde, que l'on trouve des sous pour le deuxième disque, non sans oublier de rentabiliser le premier!


Merci Aeris. Un mot pour conclure?

Merci à vous de nous donner cette visibilité et nous permettre de nous exprimer!
Allez voir des groupes qui jouent live, la musique enregistrée ne remplacera jamais un groupe qui se défonce sur scène.

   

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock



 




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