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BRAN BARR |
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Mise en ligne le : 13 mars 2010 | Intervieweur :
S.Y.L.
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INTERVIEW BRAN BARR - Réponses par Yoltar (chant) 1/ Salut Bran Barr! Pour nos lecteurs, pouvez-vous vous présenter plus en détails? D'où venez-vous? Quel est votre line up actuel? Bran Barr est un groupe parisien qui a été fondé en 1995 par Aed Morban (batterie) et moi-même (chant). Nous avons sorti notre premier album « Les Chroniques de Naerg » en 2000. Cet album est sorti en autoproduction et a connu un certain succès lors de sa sortie. Par la suite, le groupe a passé quelques années à composer pour le 2ème album tout en donnant quelques concerts. Pour autant, l’activité du groupe est restée assez discrète pendant ces années. Après un contrat avorté avec un label allemand qui s’est finalement avéré peu recommandable, le groupe a signé en 2009 avec un autre label allemand, Trollzorn, pour la sortie de son nouvel album « Sidh ». Le groupe est actuellement composé de Yoltar (chant), Aed Morban (batterie), Llyr et Nesh Keltorn (guitares), Hades (basse) et Ahès (violon). Nous sommes actuellement à la recherche d’un nouveau flutiste suite au départ de Kraban qui a décidé de se consacrer entièrement à son autre groupe Heol Telwen. 2/ 10 ans séparent vos deux albums! Pourquoi tant d'années de silence? Avoir des membres impliqués chacun dans d'autres projets musicaux est il un facteur délicat à négocier pour l'avancée de Bran Barr ? Après la sortie de notre premier album en 2000, nous avons pris notre temps pour composer et nous ne sommes entrés en studio qu’en 2005. Ensuite, l’enregistrement nous a pris plus de 2 ans car le processus fut long et complexe, d’autant que plus de 10 personnes ont participé à cet enregistrement, dont 4 musiciens session pour les arrangements folk. Notre album était prêt en 2007 et nous avons signé avec un premier label en 2008. Comme je le disais plus haut, ce label n’a pas tenu ses promesses et nous a lâchés, ce qui nous a fait perdre une année supplémentaire. Par ailleurs, c’est vrai que nos différentes activités annexes n’ont pas aidé à aller plus vite car Nydvind et Heol Telwen sont deux autres groupes actifs et Bran Barr a du s’intercaler entre ces 2 groupes. Cela a pu donc contribuer à ralentir la progression du groupe. 3/ C'est en tous cas un réel plaisir de vous retrouver avec ce nouvel album : « Sidh ». Parlons-en davantage. Y a t il un thème sur ce disque? De quoi parlent vos textes? Tous les albums de Bran Barr sont conçus comme des concepts albums relatant une histoire complète et homogène. Notre premier disque racontait les guerres et batailles ethniques entre deux peuples, les Keltains et les Formors. Notre nouveau disque est quant à lui plus intimiste puisqu’il relate la vie d’un héros nommé Fearg. Le déroulement de notre album suit l’existence de ce héros, de sa naissance à son accomplissement final. Le disque tourne également autour du thème du Sidh, qui est le nom donné à l’autre monde dans les légendes celtiques. Le Sidh est un univers mystique que seuls certains individus – principalement les dieux et les héros – sont autorisés à pénétrer. C’est un monde mystérieux où tous les repères sont inversés, comme notamment la notion de bien et de mal. Notre héros Fearg connaît une destinée à la fois tragique et fantastique car cet homme traversera bien des états avant de toucher sa grande destinée. Il sera tour à tour chassé de son clan, persécuté et exilé, condamné à errer dans le Sidh et à perdre sa condition humaine, jusqu’à finalement renaître et embrasser un destin de roi sauveur. Cet album est très riche à la fois dans ses ambiances et dans ses rebondissements et notre musique suit le cours de cette histoire, en total harmonie entre histoires racontées et ambiances musicales. 4/ « Sidh » dégage avant tout un fort caractère authentique, avec des instruments traditionnels bien intégrés et de sacrées ambiances guerrières. Quand et comment avez vous eu cette idée de développer des ambiances à consonance celtiques? Le livre a été ouvert par Aed Morban qui est l’instigateur et la tête pensante de Bran Barr. Il a fondé ce groupe il y a plus de 15 ans dans le but d’exprimer sa passion pour l’univers celtique et plus généralement le monde de l’héroic fantasy. Etant français et donc de racines gauloises et celtiques, lorsque nous avons choisi de créer notre groupe de pagan metal, le choix s’est naturellement porté sur l’univers celtique, à la fois dans le contenu musical et dans les thèmes et les histoires abordés. 5/ Combien d'instruments utilisez vous? Comment se déroule les enregistrements avec ces divers éléments à gérer? Le groupe se compose d’une base métal classique avec batterie, guitares et basse. Nous avons depuis nos débuts également des instruments à vent comme la flute (tin et long whistle), la bombarde et la cornemuse. Sur nos albums nous avons également utilisé d’autres instruments traditionnels tels que l’uileann pipe (une sorte de petite cornemuse irlandaise), la vièle et le bodhran. Nous avons depuis également intégré le violon à notre musique et notre violoniste Ahès nous a rejoints en 2008. L’enregistrement de tous ces instruments folkloriques n’est pas toujours facile car l’acoustique de certains d’entre eux est très particulière et les prises de son sont parfois compliquées. Mais d’une façon générale, ces enregistrements se passent bien car nous y consacrons le temps nécessaire. 6/ Avec l'explosion de la demande du public metalleux pour les groupes à tendance « folk » dans les années 2000, comment expliquer qu'un si petit nombre de groupes français aient pu émerger dans ce contexte musical? La question est intéressante. Je pense que la scène métal française ressemble en fait un peu à sa population. Je m’explique : en France, les thématiques liées à nos racines historiques, culturelles et ethniques ne sont pas souvent mises en avant. Et comme nous fréquentons la scène pagan européenne depuis longtemps, nous pouvons faire la comparaison avec nos voisins européens. D’une façon générale, les français ne sont pas aussi fiers de leur histoire que peuvent l’être les peuples germaniques, scandinaves ou baltes. Dans ces pays, la notion d’appartenance nationale et d’héritage historique est très forte et représente un pilier de leur société. En France, ce n’est pas le cas. Le brassage multiculturel de la France lui apporte une grande richesse mais cela ne doit pas faire oublier les racines historiques et culturelles de notre peuple. Ces thèmes sont pourtant aujourd’hui très en marge et la notion d’héritage – voire même d’identité – historique est devenue sujette à débat dans notre société. Les français sont connus pour être chauvins mais je n’ai pas le sentiment qu’ils s’intéressent vraiment à leur histoire ancienne. Cela fait pourtant partie de la culture de chacun que de s’intéresser au patrimoine de son peuple et de sa terre. Quand nous discutons de ces sujets avec d’autres groupes étrangers, qu’ils soient allemands, hollandais ou même belges, nous constatons ce décalage. Dans ces pays, la notion d’héritage culturel et ethnique est très forte, jusqu’à flirter parfois avec le nationalisme et l’extrémisme politique. Quand ces personnes nous racontent la fierté qu’ils ont à raconter l’histoire de leur peuple, nous ne pouvons que constater ce décalage. En France, les artistes celtiques sont souvent raillés et marginalisés et finalement peu de crédit leur est donné. Nous constatons ce même phénomène au sein de la scène métal, où les groupes pagan ou folk ne sont soutenus que depuis peu de temps. Je me souviens très bien les difficultés que nous avons rencontrées au démarrage de Bran Barr. Le groupe a démarré au milieu des années 90, à une époque où le black metal était le roi du métal extrême et nous avons souvent été chahutés par les amateurs de black. Nous ne nous sommes pas laissés faire et avons tracé notre route. D’autres groupes ont suivi le même chemin, comme Aes Dana, Heol Telwen, Nydvind, Himinbjorg et Belenos. Mais force est de constater que la scène pagan metal française est famélique en comparaison de ce qui se passe dans le nord et l’est de l’Europe. 7/ Car la France possède pourtant une riche histoire folklorique! Pourquoi les regards se sont ils rapidement orientés vers une nouvelle fois les pays scandinaves? Vous, qui avec vos 15 ans d'existence avez été (avec Stille Volk) un des premiers groupes français à métisser métal et instruments folk, quel regard portez vous sur cette scène « metal folk » actuelle ? La cornemuse n'est elle devenue plus qu'un instrument d'agrément dans de nombreuses formations? Les scandinaves et les allemands ont toujours eu des années d’avance sur les français en ce qui concerne le métal en général. Le pagan métal suit cette même tendance : en France, nous sommes en retard et cela a toujours été le cas. Comme la scène scandinave est à la pointe du métal extrême depuis 20 ans, je ne suis pas surpris que la scène pagan ait explosé dans cette région, après tout c’était assez légitime. Les fans français ont suivi car il n’y avait finalement pas d’autres alternatives. Les rares groupes français que j’ai cités plus haut ne disposant pas d’une notoriété ni d’une représentation suffisante, les yeux et les oreilles se sont tournées sur les groupes étrangers. Finalement, nous ne nous plaignons pas trop de la situation car Bran Barr profite de cet engouement pour le pagan metal à l’étranger puisque nous avons signé avec un label allemand, donnons régulièrement des concerts à l’étranger et envisageons une tournée européenne d’ici la fin de l’année. Bran Barr profite de cet appel d’air autour du pagan metal qui dure depuis une dizaine d’années et nous en sommes ravis. Evidemment, la taille et l’état de la scène pagan française nous désole car finalement nous ne pouvons pas nous exprimer sur nos terres comme nous le souhaiterions. J’en veux pour preuve le très faible nombre de concerts que nous avons donnés en France en 10 ans, pas plus de 10 concerts ! Nous pouvons en faire autant en une seule année à l’étranger. C’est navrant mais je ne pense pas que c’est parti pour s’arranger tant la scène française me semble hostile au pagan métal. 8/ Avec un nouveau line up, une signature sur le label allemand Trollzorn, pensez-vous avoir acquis maintenant la stabilité nécessaire pour le bon déroulement de vos projets? Oui complètement, d’ailleurs il était temps car le groupe végétait depuis de nombreuses années. Nous n’attendions que la signature avec un label valable pour relancer la carrière du groupe. Bran Barr est longtemps resté dans l’ombre, faute de label et de management. Pourtant notre premier album a connu un succès certain et le groupe s’est forgé une bonne réputation sur la scène internationale. Mais sans véritable structure derrière nous, nous ne pouvions pas aller très loin. D’autant que Bran Barr a toujours été un groupe parmi d’autres dans nos activités musicales et nous avions tous nos autres projets à gérer. La signature chez Trollzorn est en train de nous ouvrir de nombreuses portes et le fait d’être sur un label allemand est une excellente opportunité de se faire connaître là où le pagan metal marche le mieux : en Allemagne. Pourvu que ça dure ! 9/ Où et quand pourrons nous vous voir prochainement en concert? Dans ces contextes troublés de téléchargement, de mp3, la scène est il devenu, encore plus qu'auparavant, le moyen par excellence de défendre sa musique? Le groupe va donner plus de concerts en deux ans qu’il n’en a fait en 15 ans de carrière. Donc effectivement nous allons remonter sur scène et défendre notre musique en live. Par contre, je ne te surprendrai pas en t’annonçant que très peu de concerts sont prévus pour le moment en France. Notre album est sorti il y a 1 mois et demi et nous sommes en pleine promotion. Et pourtant, nous recevons très peu de propositions de concert en France. Notre premier concert de l’année aura lieu en Moselle au mois de mai et nous attendons d’autres propositions. Par contre, nous jouerons en Allemagne dans plusieurs festivals, nous irons en Hollande et en Angleterre. Nous travaillons également sur un projet de tournée européenne qui – pourquoi pas ? – pourrait passer par la France. Nous ne sommes même pas sûrs de pouvoir y caser une date française, c’est dire l’état de la scène pagan dans notre pays. 10/ Merci d'avoir répondu à nos questions et de nous avoir fait partager l'univers de Bran Barr, en espérant vous retrouver très bientôt! Merci à toi pour cette interview, nous invitons les lecteurs à découvrir ou redécouvrir la musique de Bran Barr. |
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