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DECADENCE |
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Mise en ligne le : 19 février 2010 | Intervieweur :
Black.Roger
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01) Salut DECADENCE, vous voici de retour avec ce premier maxi "1ère Classe Ducasse", quelle est votre humeur actuelle après cette sortie? On est remonté ! Il s'est écoulé tellement de temps entre le début de l'enregistrement et la sortie du cd... Pendant les différentes étapes de la prod', nous avons rencontré plein de gens, beaucoup d'opportunités se sont présentées à nous, et nous répondions invariablement par "le cd est bientôt fini, soyez sûr d'être parmi les premiers à le recevoir...", et nous avons eu le temps de nous habituer à ne rien pouvoir faire d'autre... ce qui fait que quand le mix a été fini, il nous a fallu quelques mois pour réveiller nos esprits endormis, et sortir le disque... Maintenant que la machine est lancée, nous sommes déterminés à en tirer le meilleur parti possible, et à exploiter notre musique à l'ancienne, comme le faisaient les esclavagistes les plus riches, c'est à dire sans pitié ni remord, et jusqu'à la mort de la marchandise. Sans rentrer dans une logique de profit financier, mais plutôt de retour sur investissement, car nous avons beaucoup travaillé, nous attendons notre légitime récompense - en premier lieu la reconnaissance de ce travail ! 02) Le côté poétique des compositions est bien mis en évidence, mais le côté théatral se développe chez vous, expliquez nous. Et bien c'est tout naturel: Si les mots écrits sont de la poésie, les mots dits sur une scène sont théâtre ! En enregistrant Michaël, je réfléchissais beaucoup à la diction et l'intonation, et j'ai très vite compris que si certains textes étaient si durs à prononcer, c'est parce que je les avais inconsciemment "enfermés" dans la page. Il m'est ainsi apparu que je devais revoir toute mon approche de la narration ! Equarisseur, joué par Michaël, est un personnage qui parle à un public. Il ne peut plus dire les choses que j'écrivais avant, et en ayant cette approche, la relation avec l'auditeur peut devenir très intime et privilégiée. Passer de la troisième personne à la première était la première étape, et nous irons encore plus loin là dedans : si Michaël est un personnage, alors les musiciens peuvent en être également, et les possibilités de mise en scène vont se multiplier. A l'heure où l'identité occidentale semble en crise, et dans l'optique de renverser la tendance en éclairant ce nouvel obscurantisme, il nous semble judicieux de combattre le mal de l'intérieur, sous l'apparence rassurante d'un spectacle divertissant, qui servirait de plate forme aux idées d'anticonformisme et d'auto-réalisation que nous défendons. J'ai vécu récemment de puissantes expériences théâtrales, comme durant cette pièce, "Scanners", adaptée des travaux de Guy Debord, qui a décrypté notre civilisation comme une société du spectacle. Voir ces personnages me parler de sujets qui ébranlaient mes certitudes les plus ancrées m'a bouleversé, et fait devenir un homme meilleur. C'est ce genre de révélations que j'aimerais partager avec le public. Decadence ne sera pas un énième clone de Death ou de Messhugah, en plus rapide, ou en plus technique, ou plus ceci ou cela. Des tas de groupes font ça beaucoup mieux que nous. Nous espérons éveiller un déclic spirituel qui ramènera des âmes mortes dans le chemin de la vie. 03) Pourquoi Baudelaire, pourquoi le Comte de Lautréamont dans vos influences ? Parce que ce sont des génies ! L'un comme l'autre ont su approfondir notre perception de l'âme humaine, dans une dimension que nous aurions voulu, et en cela réside un des plus grands périls qui nous guettent, occulter. Notre part sombre est inquiétante, elle nous fait peur, et en l'étouffant, aussi bien qu'en en étant le jouet, nous la laissons provoquer notre ruée vers les pires chemins que nous décidons d'emprunter. Au contraire, ces penseurs l'ont accepté, ils l'ont apprivoisé pour mieux la transcender, et ont produit des textes majeurs sur notre civilisation. On ne peut bien connaître quelqu'un que dans le rapport qu'on entretient avec lui de ces œuvres. C'est cette ignorance qui permet que nous côtoyions des monstres dans notre entourage sans le savoir. Pouvoir les reconnaitre rend la vie bien plus passionnante :D En plus, il m'aurait semblé illégitime de m'approprier les univers, un personnage, la fluidité émotionnelle, de Baudelaire et Lautréamont, sans leur rendre hommage. 04) Votre death/thrash est de plus en plus travaillé, vers quelle démarche musicale future vous dirigez-vous ? Vers le chaos ! :D Plus sérieusement, on va continuer de travailler. Il faut tout perfectionner, creuser dans toutes les directions, approfondir chaque propos, chaque nuance, chaque mélodie. Plus notre habileté instrumentale évoluera, plus nous métisserons nos compositions, jusqu'à je l'espère, un jour, pouvoir proposer une musique brutale, vive et puissante, qui ne sera pas forcément identifiable comme du metal au sens que nous donnons à ce mot aujourd'hui. Je ne remet pas en cause l'universalité du metal, mais ça ne me suffit plus. Je rêve d'un mélange réussi entre Mozart, Aphex Twin, les Beastie Boys et Nile ! De même, dans le soucis de théâtralité, il faut laisser plus de place pour les paroles. Cela passera par de longs passages parlés, soutenus par de légers arrangements, et ponctués par des plages instrumentales plus développées. 05) Au niveau du chant, allez vous continuer avec Eva ou n'était-ce qu'épisodique pour cet EP ? Et bien nous n'en avons pas du tout parlé... Eva essaie tout au long du cd de sauver Equarisseur, d'abord spectrale, complice, puis se sentant mise à l'écart par le processus de survie décrit dans l'Égarement de la discipline, elle s'interpose pour l'empêcher de s'autodétruire dans Faut qu'je sorte, mais elle n'y arrive pas... ce qui n'est pas forcément évident à l'écoute, mais mis en scène pendant les concerts, à la fin desquels Equa se tire un coup de revolver dans le crâne... dans le prochain cd, Equarisseur va revenir à la vie, mais dans une autre dimension... à priori Eva ne sera donc plus là. Je reste toutefois très satisfait de l'expérience du chant féminin, et souhaite la renouveler dans le futur, mais ça ne sera jamais une constante, ou une marque de fabrique. Katia est notre invitée sur le disque, et elle y occupe une place importante: elle pose sur quasiment tous les morceaux; mais elle ne fait pas partie intégrante du groupe. Pour le prochain disque, si je pense faire appel à plusieurs guests, plutôt des musiciens, pour avoir de nouvelles sonorités. Pour les parties vocales, et bien ça dépendra de l'histoire, qui n'est pas encore écrite... Il se pourrait que d'autres personnages apparaissent... ou pas :) 06) Comment se passent vos concerts, comment le public réagit-il ? Et bien c'est très variable: certains adorent, d'autres trouvent qu'on fait n'importe quoi, et les gens choqués sont encore trop peu nombreux... Il est sûr que nous ne faisons pas une musique facile à assimiler à la première écoute, il se passe beaucoup de choses, et le jeu de scène est parfois exécuté au détriment de l'interprétation... J'ai toujours préféré sauter dans tous les sens plutôt que jouer parfaitement mes parties de guitare, et à mon enchantement, ce choix ne nous a guère porté préjudice jusqu'à maintenant. 07) Quel futur pensez-vous donner au groupe après cette nouvelle sortie ? Nous allons commencer par donner quelques concerts à Limoges et ses environs, puis dans quelques grandes villes, selon les propositions que nous recevrons. Je suis déjà assez absorbé par l'écriture de l'album, que j'espère terminer dans le courant de l'été. Comme les phases de conception puis de répétition prendront beaucoup de temps, nous travaillons en ce moment pour étoffer notre set actuel, avec de vieux morceaux que nous exhumons des placards, mais aussi du matériel plus récent. 08) Allez vous continuer en auto-production ou pensez vous rechercher un label qui vous comprenne ? Nous apprécierions bien sûr le soutien financier d'un producteur, mais nous n'y consacrons aucun effort... je suis sûr que ça nous tombera tout cuit dans la bouche quand nous serons meilleurs ! Et en attendant, nous continuerons en autoprod, même si notre promotion en pâtit. Je ne vois pas l'intérêt de dépenser des fortunes en publicité à l'heure actuelle, puisque nous n'avons encore rien de substantiel à vendre. En fait, je ne sais pas vers quel avenir mercantile du groupe nous avancerions. Un label qui nous comprenne, qu'est ce que c'est ? Peut-être une structure médiatique polymorphe non guidée par le profit, vouée à mourir... J'écris lentement, et je ne veux pas laisser une succession d'albums mais une œuvre monolithique livrée par fragments. Il ne devrait pas y avoir de coups d'essais avant le chef d'œuvre, puis de tentatives de répétition de celui ci. Et cette méthode rend chaque sortie parfaitement imprévisible, tant sur le fond que sur la forme, jusque dans la possibilité qu'il n'y ait même pas de nouvelle occurrence du phénomène. La grâce est si fragile... 09) Comme d'habitude, c'est vous qui prenez la parole pour terminer cette petite interview, alors les lecteurs de Pavillon666 vous écoutent. Merci de vous être intéressés à nous. Vous en sentirez bientôt les effets secondaires, ne vous inquiétez pas, ceux ci sont bénéfiques ! Réveillez les lions, qui flânent dans les jungles crépuscules! Connectez vous, à la méta-conscience terrienne... Éclairez le néant. Découvrez le de son absolu linceul, et projetez-y votre longueur d'onde! Opérez-y aux greffes ombilicales nécessaires, donnez leur donc, un peu de votre cervelle, à manger. Bientôt les miasmes reculent, et on se plait vite à oser espérer le lendemain :) A bientôt |
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