Interviews ALBUMS |
Voir les Interviews |
ODITEOHR |
|||
CHRONIQUE | |||
Contact groupe | |||
Audio / Video | |||
Mise en ligne le : 05 octobre 2009 | Intervieweur :
AVALON
| Traducteur : |
|||
1/ Salut ODITEOHR! C'est la première fois que je vous vois dans le paysage musical Metal en France ; pouvez-vous dévoiler votre groupe, l'origine et surtout expliquer le nom du groupe? Pierre-Clément : Je ne suis pas stupéfait que tu ne découvres ODITEOHR qu’aujourd’hui, pour la simple et bonne raison que « Beautiful Theatrical Supremacy » est notre première sortie. ODITEOHR a été créé en 2005, mais les trois années qui ont suivi ont été ponctuées de pauses incessantes, y compris un stand-by d’une année entière. A l’époque, l'apparition sur une compilation et l'enregistrement d'une modeste maquette nous ont seulement permis de tourner sur quelques dates dans la région (Bretagne). Néanmoins, c’est durant cette période que la plupart des compositions que tu peux découvrir sur « Beautiful Theatrical Supremacy » ont été initiées, comme "Mortifère" (qui d'ailleurs apparaît sur la compilation « revelation666 », chroniquée par Pavillon666 !) ou les "Châtiments divins". « Beautiful Theatrical Supremacy » est donc la « véritable » démo d’ODITEOHR, la première pierre, et c’est sur cette pierre que nous comptons bâtir notre ouvrage artistique. Nous étions plus jeunes lorsque ces chansons ont été composées, mais elles devaient être enregistrées. Maintenant que l’avant-goût est donné, nous pouvons enfin passer à quelque chose de plus ambitieux. Pour ce qui est de la formation, nous sommes six: François aux orchestrations, Thomas et Hugo pour les guitares, Samuel à la basse, Charlie à la batterie, et enfin moi au chant. Nous faisons également venir des intervenants pour les chœurs. 2/ Votre premier album est une très bonne surprise, entre du black et du classique/symphonique ; si je vous parle d'influences comme Anorexia Nervosa, cela vous perturbe-t-il? Quelles sont vos influences? Pierre-Clément : Nous préférons le qualificatif de « musique de haine », ou encore « symphonie de haine » pour caractériser notre travail. Nous n'avons pas pour prétention de jouer dans telle ou telle catégorie, encore moins d’être un groupe de black symphonique. Certains risqueraient d'être surpris par nos influences ou par les prochaines compositions. La Haine est notre objet artistique, dans lequel nous nous abandonnons avec une certaine liberté, car cela reste vague. Evidemment, il est inévitable d’être répertorié, ne serait-ce que dans son propre intérêt. S'il est vrai que le support du black symphonique se prête volontiers à la violence que nous véhiculons dans nos compositions, ou à travers nos textes, celui-ci n'est qu'"accessoire". La violence peut être véhiculée d’innombrables manières. L’essentiel est l’émotion. Si je pleure, si je hurle, si je souffre, il est probable et cohérent que cette violence se ressentira via la musique. Bien que l'album soit, je crois, assez homogène, nous n’avons jamais souhaité jouer dans un style de musique unique. Nous hurlons la haine, la beauté, et c’est déjà beaucoup. Pour ce qui est d’Anorexia Nervosa, il s’agit d’un groupe que nous respectons énormément. Cette formation a offert un travail artistique exceptionnel, et ce que dégage leur musique est énorme. Néanmoins, ODITEOHR n’a pas la moindre prétention de leur succéder. L’état d’esprit est foncièrement différent, et j’espère que les gens le ressentiront. Il est possible de détecter des similitudes sur la démo, on nous le dit régulièrement, et c'est plutôt un compliment d’être assimilé à une formation qui n’a toujours eu que très peu d’ « équivalents ». D'ailleurs comme tu t'en doutes ce n'est pas un hasard si nous avons demandé à Benoit (Aka Xort) de réaliser notre master. Nous sommes admiratifs de son travail, et avons été ravis qu'il apprécie le nôtre et accepte une collaboration. Dans tous les cas, je pense que tous les groupes ou presque passent par une comparaison à une formation déjà existante ou ayant existé ; Anorexia eux-mêmes étaient comparés à Cradle of Filth à leurs débuts… Maintenant, si certains souhaitent se borner à nous considérer comme une imitation d’Anorexia Nervosa, je le déplore, mais cela ne me perturbe pas. La meilleure attitude me semble sans doute d’attendre l’album. François : Anorexia est une influence parmi les autres : la structure de nos chansons n’a rien à voir, l'ambiance est différente, l’esprit également. Les gens font souvent le rapprochement, ce qui est très flatteur. Nos influences directes, mis à part nos émotions et ce que nous sommes, ce qui me semble évident, se trouvent plus dans le 7ème art que dans la musique. Bien sûr, tout ce que l’on écoute joue sur notre écriture, mais cela passe donc par la musique en général avec un horizon très étendu, peut être en première ligne musique de films et période classique. 3/ Cet album est à la fois très bien ficelé, très mûr et largement prometteur. Peux-tu nous parler plus du contenu, de qui compose, et de comment s'est déroulée la production ? François : Pour cette démo, je me suis principalement occupé de la composition. Nous partons d’une phrase ou d’idées que l’on met en commun, et petit à petit une structure qui nous intéresse prend forme. Ayant une formation classique, je me suis penché sur le côté "grandiose" des compositeurs de la période classique, pour en faire des parties violentes en partant du « beau » : c'est quelque chose de passionnant. Pour ce qui est de la production, nous avons enregistré et mixé dans notre home-studio, sur une période d’un an. Nos emplois du temps respectifs ne nous permettaient pas de produire la démo d’une seule traite. Avec le peu de matériel dont nous disposions, il a fallu faire sonner des compositions assez symphoniques dans un studio qui n’en est pas réellement un. Afin de donner plus de puissance au rendu final, nous avons discuté avec Benoît qui s’est finalement vu confier le mastering. Pierre-Clément : « Beautiful Theatrical Supremacy » est notre premier travail studio. François a commencé son apprentissage en même temps que l’on entamait l’enregistrement. Nous sommes assez satisfaits du résultat, même si nous aurions évidemment aimé encore mieux faire. Comme l’a évoqué François, la phase importante chez ODITEOHR est l'arrangement, qui représente une part considérable du process...Pour te dire, nous avons effectué les dernières modifications quelques jours avant le master. Nos arrangements modifient radicalement nos compositions, et tout se fait en commun. Pour ce qui est des textes, je m'en occupe seul, ainsi que des écritures et arrangements choeurs. Le contenu est simple: nous travaillons autour de la haine pure. Nous ne sommes pas un groupe de concepts, et ce qui nous intéresse au final, c'est le ressenti, point. Nous n'incitons pas à la haine, nous en sommes les témoins. L'écriture s'est déroulée sur une très longue période. J'écris par pulsions, pulsions qui sont ensuite retravaillées, de nombreuses fois, en restant fidèle au sentiment de départ, voire en le sublimant, en « enfonçant le couteau dans la plaie ». J’essaie de travailler dans une moindre mesure les sonorités, le rythme, l’ensemble. Dans « Beautiful Theatrical Supremacy », tout est essentiellement personnel, mais dans des sens multiples, c’est un point d’honneur dans mon écriture. Je ne pourrai pas réellement les expliquer, mais j’aime y voir des portes vers des émotions diverses ; j’aime qu’ils soient vagues, permettant une grande liberté émotionnelle à l’écoute. Concernant la façon de chanter, elle est purement impulsive et donc non préparée. J’enregistre seul, en conditions. Enfin, pour ce qui est de l’ensemble, je considère « Beautiful Theatrical Supremacy » comme un simple prélude à ce que l’on travaille actuellement, et sa seule prétention est de proposer une représentation sincère de la haine. Nous travaillons sur certaines chansons depuis trois ans ; trois années peu productives où l’on cherchait ce que l’on désirait artistiquement. Cela a évolué jour après jour, et il en résulte « Beautiful Theatrical Supremacy ». 4/ Le chant varie entre anglais et français, pourquoi ce mélange? De quoi traitent les textes? Pierre-Clément : J’aime les langues tout simplement. Peut-être en utiliserai-je plus encore à l’avenir. Chaque langue possède des sonorités qui lui sont propres, et la voix en tant qu’instrument permet de s’en servir dans le but d’appuyer des émotions. On trouve également de l’Allemand et du Latin dans notre démo. Je ne voudrais pas paraître grossier, mais je pense qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer mes textes. Ils sont le produit d’une réflexion personnelle; mais vu que nous rendons notre travail public, la réaction logique voudrait que l’on me dise : « dans ce cas, garde les pour toi ». Seulement, ce n’est par égoïsme que je les garde «secrets », mais parce que je découvre moi-même de nouvelles émotions à chaque fois que je les prononce. Pour moi, l’important n’est pas forcément leur signification pure mais plutôt l’effet émotionnel qu’ils produisent sur les autres et moi-même lorsqu’ils sont combinés à notre musique. De plus, je n’ai pas la prétention d’être une « plume ; les rendre complètement accessibles amènerait sans doute un débat qualitatif inutile qui pourrait nuire au travail d’ensemble. Voilà pourquoi nos textes ne sont pas disponibles, mais je comprends bien évidemment que la question du pourquoi se pose inévitablement. En tout cas, je ne pense certainement pas qu’il faille les négliger et j’invite les gens à les vivre, à s’appuyer sur les sonorités qu’ils dégagent et le sens émotionnel qu’ils arrivent à en extraire. La Haine n'est pas que répulsion, destruction, elle est intemporelle et infinie. Elle ne pardonne pas et vous plonge dans une ivresse universelle. Cette volonté de détruire définitivement, de supprimer quelque chose avec une telle passion, il s'agit d'une source d'inspiration abondante, nous ne faisons que poursuivre l'héritage des innombrables artistes et penseurs sur le sujet. Notre Haine n'est en aucun point une Haine de réaction, mais autosuffisante, complaisante envers elle-même. Pour nous la scène n'est pas un podium de meeting, c'est un terrain d'expression sans limites. Bien sûr, l'écriture des textes part d'expériences douloureuses, de peines intérieures et de blessures, mais mon écriture a réellement changé avec le temps. Je tends aujourd'hui à être quelqu'un de plutôt heureux, ce qui n'empêche pas la passion de me ballotter dans tous les sens. Toute la Haine qu'ODITEOHR véhicule, essaie d'extraire au maximum, est une véritable déclaration d'Amour, déchirante. Toute notre violence est passion. La Haine que l'ont clame haut et fort n'a ni morale ni raison, ni idéaux ou revendications. Elle tente de se délier des directions que notre quotidien lui donne justement. 5/ Est-il envisageable de vous voir en concert? Dans votre région ? En France? Pierre-Clément : Bien sûr, et je le recommande d’ailleurs aux personnes intéressées par notre travail. Quelques dates sont d’ores-et-déjà annoncées, et d’autres sont à venir. Nous allons essayer de tourner le plus possible, c’est là l’une de nos principales préoccupations. Seulement, comme tu l’as précisé avec justesse tout à l’heure, notre nom surgit à peine dans le paysage ; il est donc fastidieux pour nous de booker des dates convenables. Nous serons à l’affiche du « Pogofest » à Dinard et en première de « De Profundis » à Paris le 24 et 31 octobre, ou encore au « Xmas Fest » le 19 décembre à Paris, et le 31 décembre près de Carhaix. Nous oeuvrons actuellement pour organiser des dates à l’étranger. 6/ Cherchez vous un label et/ou l'avez vous trouvé? Pierre-Clément : L'album en composition est bien plus ambitieux et nous aimerions pouvoir aller au bout de nos idées, alors, oui, nous y travaillons. 7/ Parlez nous de votre futur, quels sont vos projets, un nouvel album dans cette veine & style? Pierre-Clément : Pour l’instant l’objectif est de faire parler d’ODITEOHR et de tourner. Pour ce qui est de l’avenir, nous sommes déjà en pleine composition de l’album. Je ne peux pas trop t’en dire pour l’instant car beaucoup de choses peuvent changer d’ici là…Seulement que le tout sera bien plus ambitieux ; paradoxalement bien plus universel, mais poussé à l’extrême dans la violence. L’amour en tant qu’entité a ses milliers de « tubes », nous travaillons dans le but d’offrir son blason à la Haine dans toute sa passion. D’autres projets seront bientôt annoncés, alors je vous invite à vous rendre de temps en temps sur notre Myspace. François : Le tout reste vague, nous avons beaucoup d’idées, des influences très larges. Peut-être des reprises pour patienter en attendant…L’album sera évidemment beaucoup mieux produit, plus complet, et l’identité renforcée. 8/ Je vous souhaite une bonne continuation, si vous avez un coup de gueule ou coup de coeur, la parole est encore à vous : Pierre-Clément : Merci à toi. Je souhaite que les gens intéressés par notre travail prennent le temps d'écouter la démo dans de bonnes conditions. Il ne s’agit pas d’une œuvre de partage, c'est un travail d'introspection. Il est éprouvant et ne s'écoute pas à la va vite sur Myspace. Enfermez-vous, allongez-vous, au calme, mettez l'album sur une bonne chaîne, laissez la musique vous englober, pensez à toutes vos frustrations, vos peines et à votre haine intérieure. Tant pis si le résultat ne vous plaît pas, il s’agit d’abord de curiosité. Je sais que tout le monde ressent ce dont on parle. Pas uniquement le public « Metal ». On a perdu l'habitude d'écouter réellement la musique, avec l'avènement du numérique. C'est dommage. |
|||
| |||