1) Bonjour CRANKSET, vous possèdez un assez long parcours musical, mais les lecteurs de Pavillon666 souhaiteraient tout de même une petite présentation du groupe.

Crankset existe depuis 1997, on a eu des hauts et des bas, mais nous sommes toujours là, avec passion. Le groupe a commencé avec 2 chanteurs, pour n’en avoir plus qu’un depuis un peu plus de 4 ans je crois. 3 albums sont à notre actif, en plus d’un split CD avec Noise Data, et on a dû faire plus de 250 concerts en France, ce que retrace un peu notre dvd… Plus nous avançons, et plus nous voyons notre musique devenir extrême. Certainement qu’on ne se calme pas avec l’âge… lol. On a eu la chance de partager la scène avec des groupes qu’on aime beaucoup, de Madball à Entombed au Fury Fest en 2003, ou encore Snapcase et Knut… Par ailleurs, on a bien sûr croisé les têtes d’affiches françaises récurentes, dont nous avons gardé un très bon souvenir concernant Gojira par exemple, des gens très simples. Après on pourrait parler de tellement de choses que mieux vaut se contenter des grandes lignes ! lol



2) "Graceful Delicacy" nous montre encore une progression dans votre aventure métallique, qu'en est-il à votre avis ?

On pense que c’est en effet le cas, et c’était le but recherché. Il est plus métal que les précédents, plus violent dans l’ensemble, et aussi un peu plus « rock » d’une certaine façon. Il correspond en tout cas bien à ce que nous avons voulu faire au moment où il a été composé.
On ne renie aucunement ce qu’on a pu faire avant, mais disons que cet album marque effectivement une étape, disons une base qu’on voulait poser, avant de passer à la suite. Tu sais, pour nous, faire de la musique est un plaisir, et pour que ça le reste, il faut éviter l’ennui. Donc comme beaucoup on essaye de nouvelles directions, et on regarde vers différents horizons. Par ailleurs, il se trouve aussi qu’on maîtrise mieux nos instruments qu’à nos débuts, évidemment, donc ça nous offre aussi plus de possibilités, qu’on essaie d’exploiter au mieux. Et puis le côté compacte de notre musique est aussi dû au fait qu’on se connaît bien, depuis plus de 10 ans à jouer ensemble, ça joue certainement…



3) Pourquoi cette sortie en DVD avec un certain "flash-back" de vos oeuvres en prime ?

En ce qui concerne la première partie de ta question, la raison de la sortie en DVD uniquement s’est imposée assez logiquement. Nous avions dans un premier temps décidé d’offrir l’album en téléchargement gratuit, en qualité CD. Tout simplement parce qu’en y réfléchissant bien, on s’est dit qu’on avait jamais gagné beaucoup d’argent en vendant nos CD et que ce que nous voulions surtout c’était que les gens puissent écouter notre musique, et venir à nos concerts. Alors pourquoi ne pas mettre l’album en téléchargement gratuit ? De toute manière, il se serait retrouvé sur des sites de p2p, dans une qualité éventuellement approximative dans le meilleur des cas… Et puis d’autres l’ont fait avant nous et ce genre d’initiatives nous séduisait particulièrement. L’avenir de la musique, c’est les spectacles, pas l’industrie discographique. Une fois cette décision prise, à quoi aurait pu servir un CD ? Tu peux télécharger l’album en format wave et te graver un cd si tu en veux un. Mais la plupart des gens écoutent maintenant davantage la musique sur leur ordi / baladeur mp3 / chaîne mp3 / autoradio mp3 / etc.… Donc à quoi bon. Par contre, et ce n’est pas nécessairement paradoxal, on fait aussi parti des gens qui aiment bien avoir un support matériel, un objet concret.
Et on arrive donc à la deuxième partie de ta question : on a du coup naturellement planché sur l’idée du DVD, vu que cela nous donnait l’opportunité d’offrir une véritable valeur ajoutée à l’album, en y incluant pas mal d’archives vidéos, nos deux derniers clips (qui sont au passage aussi nos deux premiers clips, fait maison ^^) des extraits de concerts, l’album remix et comme quand on est partis on ne s’arrête plus, on a rajouté notre discographie entière, c’est cadeau. On voulait avoir un bel objet à vendre, et qui soit abordable, en quelque sorte pour remercier tout ceux qui nous ont aidés pendant ces longues années, il leur est dédié.



4) Etes-vous partagés entre les prestations "live" et un travail studio qui pourrait aboutir à des musiques de films carrément ?

Si tu nous demandes du live ou du studio ce que l’on préfère, sans hésiter on te répondra le live. Notre musique est principalement faite pour le live, ça n’a jamais rien à voir avec l’album. Sur scène, tu partages vraiment avec le public, il est en face de toi, et toi tu es là, tu joues et tu essayes de faire partager ton trip. C’est intense, c’est l’essence même de la musique. Mais on adore aussi travailler en studio, c’est certain. Et étant passionnés de cinéma, et de surcroît depuis toujours influencés par bon nombre de films, on serait ravis de se prêter à un tel exercice. Quelque part, pour nous, chacun de nos albums est la bande son d’un film, donc si un jour ce film pouvait exister vraiment, oui, ce serai extrêmement jouissif.


5) Ce Nouvel album ressemble fort à un album concept, ou s'en approchant, est-ce vrai ?

En fait c’est le cas de chacun de nos albums, à l’exception du split avec les Noïse Data où l’exercice était plus libre on va dire. Le premier album se voulait comme une sorte de réflexion assez sombre sur le futur, le deuxième opus était d’avantage axé sur les notions de libre arbitre, de prise en main de sa vie et de refus de la conformité. Quant à celui-ci, dont les textes sont globalement davantage introspectifs, l’idée générale est la réflexion sur soi, et la façon de se positionner dans un monde qui ne nous convient pas, qui nous étouffe et nous isole à la fois. Ce qui explique la couleur bien plus sombre encore face aux autres albums…


6) Quels sont les thèmes abordés dans vos textes ?

La vie, la mort, les rêves, les peurs, la force et la faiblesse de l’esprit, le tout baigné d’une certaine rage et d’un refus du status quo.



7) Vous êtes toujours semble-t-il toujours en autoproduction, mais si un gros label sonnait à votre porte quel serait votre réaction ?

Ca dépendrait des conditions… Nous ne nourrissons pas de tendres sentiments pour les gros labels d’une façon générale, mais on ne fait pas de la musique pour rester dans notre garage. Si on nous proposait de diffuser notre musique à plus large échelle, d’en faire la promo, de nous donner des moyens pour enregistrer et de nous permettre de faire dix fois plus de concerts, le tout sans faire de concessions musicalement parlant, et pour couronner avec la garantie de pouvoir exploiter les nouvelles possibilités offertes par internet au lieu de s’acharner becs et ongles à vouloir maintenir le CD en vie artificiellement, alors oui, on y réfléchirait sérieusement. Bizarrement, pour l’instant rien à l’horizon… C’est vrai qu’on en demande aussi peut être un peu trop pour une industrie qui se fiche clairement du public depuis des années et ne s’intéresse qu’au pognon. Du coup, on s’arrange comme on peut. Tu vois, pour cet album, seules les parties batterie ont été enregistrées en studio, le reste est fait « à la maison ». Et on s’est pas mal endettés pour pouvoir sortir le DVD. Mais au final, on ne se fout pas de la gueule des gens. L’album est en téléchargement gratuit, le DVD pour ceux qui souhaitent en faire l’acquisition est à 10€, et contient comme on l’a dit toute notre discographie en plus des vidéos citées. Est-ce qu’on aurai pu faire ça avec un gros label ? Si c’est le cas, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter !

8) Vous avez sûrement beaucoup de projets, alors dites-nous tout ?

A part jouer cet album en concert, principalement la composition du prochain opus, on s’y est déjà mis et ça devrait occuper la majeure partie de notre temps. Très probablement un autre clip aussi, on s’est beaucoup amusés à faire les deux premiers et on y a pris goût.
Pour le reste, on ne manque pas d’idées, mais comme ça ne sert à rien de parler en l’air, on donnera plus de précisions par la suite.



9) Je vous laisse le soin maintenant de terminer cet entretien, alors quels messages voulez-vous faire passer ?

Venez aux concerts ! Soutenez les spectacles, et tout ceux qui se bougent pour vous offrir autre chose que la star ac et les autres sous merdes du genre. Boycottez les « artistes » qui soutiennent hadopi et pissez sur leurs CD. Ne prenez rien pour acquis, si on y prend pas garde les lieux de concerts métal finiront par disparaître si on ne les soutient pas, puis ce sera le tour du rock etc… et il ne finira par ne plus rien rester à part les grosses salles qui savent si bien nous servir la soupe de consommation calibrée approuvée par le gouvernement. Resistez ! Et faites du bruit !