1/ salut PAVILLON ROUGE, pouvez vous brievement vous presenter, d'ou venez vous, comment est né le projet / groupe?

Mervyn : Le trio se compose de Benjamin au chant clair et hurlé, Hanoï O. à la voix black et à la guitare, et de moi-même à la guitare et à la programmation. D’un point de vue géographique, nous venons tous les trois de la région Rhône-alpes (Annemasse et Grenoble) et, musicalement, de scènes assez diverses (black metal, electro-wave, death wave).
L’idée de ce groupe mêlant electro, cold wave et metal extreme m’est venue quand j’étais au lycée, à l’époque où le mouvement new wave était marqué du terrible sceau de la ringardise, et où se réclamer des 80s était presque passible d’internement en asile psychiatrique. Je me suis toujours dit que le mariage entre la rage du black metal et l’énergie dansante, l’atmosphère aérienne des mouvements cold/new wave pouvait donner quelque chose de très intéressant. Hélàs, je n’avais ni la culture, ni le niveau musical pour faire quelque chose de probant dans ces années. Par la suite, j’ai joué dans différents groupes de metal extrême, dont Osirion où j’ai rencontré Hanoï, et j’ai pu entrer dans l’electro en prenant part, durant trois années passées à Budapest, au projet hongrois KHK, qui œuvre dans un registre tout à fait singulier. En revenant de Hongrie, j’ai motivé Hanoï pour faire aboutir ce projet, et j’ai eu la chance de rencontrer Benjamin par un ami commun, lors d’une improbable soirée. Tous deux se sont très bien intégrés au projet, et leurs personnalités sont désormais essentielles à Pavillon Rouge.


2/ votre premier mini CD vient de sortir (mizuage), comment c'est déroulé l'enregistrement (qui est d'ailleurs bon), etes vous satisfait de ce premier "essai » ?

Mervyn : En ce qui me concerne, l’enregistrement de « Mizuage » est un excellent souvenir, puisqu’il s’est déroulé au studio Hiroshima, et fut dirigé par deux de mes meilleurs amis. C’était un véritable plaisir de voir naître ces morceaux, dont nous ne savions pas vraiment ce qu’ils rendraient au final.
Les conditions de l’enregistrement furent particulièrement punk, et nous sommes ravis que la production sonne très bien malgré tout…

3/ vous avez une large palette d'influences musicales, meme si sur le cd cela ne s'entend pas forcement laissant une grande place au black metal. N'avez vous pas peur de deranger certains trop hermétiques, quel est votre objectif et votre concept ?

Mervyn : Je pense au contraire que nos influences sont très perceptibles : les vieux albums d’Indochine, les premiers Cure, et des groupes de black metal comme Emperor, Black Lodge ou Crystalium…Mélange improbable, mais jouissif… Le pari est évidemment risqué, mais je ne vois pas l’intérêt de faire un mille et unième groupe de death, de grind, voire de grind-death…Tout (et rien) a déjà été dit dans ces styles… Par ailleurs, tous les groupes de metal que j’écoute ont des influences musicales très diverses, et je ne vois pas comment il est possible de faire du metal de qualité en n’écoutant que Slayer et Cannibal Corpse.
Notre objectif, prétentieux il est vrai, pourrait être de rendre le métalleux moyen plus ouvert à d’autres styles musicaux, comme la new wave et l’electro, et de proposer un metal dégagé des clichés qui tendent à le détruire (à mon sens)… Si des metalleux se sentent « choqués » ou « dérangés » par ce mélange de styles, c’est qu’il s’agit de personnes conformistes, aussi traditionalistes que les curés qu’ils prétendent haïr… C’est ce genre d’attitude qui fait passer les metalleux pour des gros beaufs dans les reportages M6…
Quant au « concept » du groupe, c’est un mot que je n’aime pas utiliser pour la musique, trop rigide, et trop pompeux…Je parlerais plutôt de « trip »… Tous nos textes tournent autour d’obsessions, de hantises et de fantasmes communs : la pureté, l’innocence, les métamorphoses du vieillissement, la beauté et l’extase sous ses formes sexuelle, poétique et chimique. Y sont convoquées des références à des auteurs qui nous ont marqué, et qui se sont attachés bien avant nous à ces thèmes : Lautréamont, ou l’excellent Marc-Edouard Nabe…D’aucuns nous taxeront de pédanterie, mais nous préférons aborder des thèmes qui nous préoccupent réellement, que de raconter une histoire à la con sur les vampires, les zombies ou les chevaliers…

4/ vous semblez preparer un album pres ce mini cd, les titres sont ils deja prêts, le style sera dans la même veine?

Mervyn : Les titres sont prêts, et nous travaillons actuellement sur les textes… L’album comportera notamment une reprise de Nirvana qui promet d’être culte… Le style sera très proche de celui du mini CD, à cette différence que la partie electro sera davantage mise en avant. Certaines chansons sonneront comme de la pure new wave, mais avec un chant très agressif.

5/ quel regard portez vous sur la scene metal francaise? est elle assez ouverte, se porte t elle bien?

Mervyn : Je crois qu’on peut s’enthousiasmer pour la scène métal française, qui comporte désormais pas mal de groupes cultes…Pour ma part, j’adore le black metal français qui jouit d’une vraie personnalité. Des groupes comme Nehemah, Crystalium ou Himinbjörg ont construit leur propre style, pour accoucher d’albums sans doute aussi cultes que ceux des grands groupes scandinaves. Quant à Black Lodge, tu l’auras certainement remarqué en écoutant notre CD, c’est l’une de mes références ultimes, tant au niveau du style musical que de l’attitude. Et j’ajouterai une mention spéciale à un groupe que j’ai découvert grâce à Benjamin, à savoir Sybreed (bon, ils sont suisses…), qui pratique avec beaucoup d’audace et de fortune le mélange wave/metal…

6/ ferez vous des concerts à l'avenir? d'autres projets ?

Mervyn: Les concerts font bien entendu partie de nos projets, mais jouer sur scène n’est pas une fin en soi… Nous cherchons des dates avec des groupes intéressants, dont le style et le trip puissent se marier aux nôtres… Jouer avec Sybreed ou Black Lodge pourrait être une expérience très trippante…Et mon rêve serait d’ouvrir pour un grand groupe de new wave, tel Indochine, Siouxsie and the Banshees ou Depeche Mode…

7/ le mot de la fin est pour vous si vous avez un mot à dire... :

Mervyn : Merci à toi et bonne continuation pour votre zine !