Interviews ALBUMS

pavillon 666 webzine metal rock Voir les Interviews


MORAY FIRTH
CHRONIQUE MORAY FIRTH - review
Contact groupe http://morayfirth.free.fr
Audio / Video
Mise en ligne le : 21 février 2008  | Intervieweur : Oceancloud | Traducteur :

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
1.

*Bonjour Moray firth. Pour commencer, pourriez vous présenter le
groupe. Qui êtes vous? D'où venez vous?*

Joe : « Bonjour Oceancloud. Nous sommes quatre : Steff et Guillaume aux guitares, Flo à la batterie, et moi au chant et à la basse. Flo et Steff sont lyonnais, Guillaume est un ressortissant normand, et quant à moi, j'ai grandi dans le beaujolais. C'est à Lyon, à chaque fois par petites annonces, que nous nous sommes rencontrés. »


2.*Le groupe existe depuis 2002, pourriez vous revenir sur les
étapes importantes de votre carrière?*

Guillaume : « Plus précisément, le groupe fut créé en 2001; depuis, les principales étapes sont assez liées à l’arrivée successive des membres actuels : Joe en 2002, moi en 2003, Flo en 2004. La config’ du line-up actuel (notamment avec Joe au chant, qui est arrivé dans le groupe en tant que bassiste uniquement) date de 2005. On peut dire que le groupe a décollé en 2006 avec les premiers lives, la démo Inner Lands et l’arrivée de Lionel en tant que manager. L’année dernière fut une année très riche avec la finale Lyonnaise d’Emergenza, l’essor au niveau des contacts et de la comm’ (locale ou web) et bien sûr l’enregistrement de l’album.
On espère bien poursuivre sur cette dynamique cette année.
Pour les lecteurs plus curieux, qu’ils n’hésitent pas à faire un tour sur le myspace ou le site, ou à entrer directement en contact avec nous. »


3.*Je sais que la question a déjà été posée de nombreuses fois, mais
pourquoi avez vous choisi le nom « Moray firth »? Y a t'il un lien
entre votre musique et ce patronyme?*

Joe : « Il y a un lien, même s’il n’est pas au premier degré. Moray Firth veut dire « estuaire de Moray ». C’est un très grand estuaire au nord-est de l’Ecosse. Il est notamment plein de dauphins, de baleines et de planches à voiles. Mais on ne parle pas de marins qui quittent le port, d'adieux déchirants aux épouses, ni d'intempéries, dans nos chansons... En mai 2002, à mes débuts dans le groupe, je lisais un livre qui détaillait quelques légendes d’Europe occidentale et traitait un peu de démonologie, et je suis tombé sur une légende écossaise qui commençait par quelque chose comme : « En Ecosse, dans la péninsule appelée l’Ile Noire, baignée par les eaux glacées du Moray Firth… ». Ça m’a tapé dans l’œil. J’ai trouvé que ce nom sonnait, et en plus il véhiculait facilement une imagerie intéressante. D’ailleurs, la pochette de la démo montre un cours d’eau, et celle de l’album ce qui pourrait être un cours d’eau asséché dans lequel poussent des ‘arbres-mains’ étranges… Et on peut faire pas mal de choses avec les images et les métaphores de l’eau, du fleuve, et de l’estuaire. Le dernier morceau de notre album s’appelle ‘The Stream Of Our Lives’, par exemple. Un cours d’eau est un mouvement vers quelque chose, en l’occurrence, dans le cas du Moray Firth, directement vers la mer, et nos morceaux parlent d’évolution, de quête intérieure ou extérieure. Le titre de l’album ‘A Paradigm Shift’, est donc à prendre dans ce sens-là, c’est une quête aboutissant à un changement de vision des choses pour accéder à une autre dimension d’existence, plus juste, plus sage, plus épanouissante. »

Guillaume : « Pour ma part, je n’ai pas choisi ce nom mais il me va très bien. Il est en tout cas cohérent avec nos directions artistiques. »

Steff : « Quand Joe me l'a proposé, j'ai tout de suite accroché. Au visuel proprement dit de ce nom, à son sens, et à l'imagerie qu'il pouvait véhiculer. »

Flo : « Et ce qui est bien avec ce nom, c'est que les français sont incapables de bien le prononcer ! Moi inclus. Tout de suite ça ajoute au mystère... »


4.*« Inner lands », votre première démo, a fait l'objet de
nombreuses chroniques qui pointaient pour la plupart les mêmes
défauts: le son, le chant...Ces défauts semblent complètement
effacés sur « A paradigm shift », votre premier album. Avez vous
tenu compte de ces critiques pour travailler vos faiblesses?*

Guillaume : « Avant toute chose, il faut rappeler qu’Inner Lands était réellement une démo –faite maison- sans aucune prétention ; il n’était même pas sûr à l’origine qu’on commercialise cet enregistrement. Le matériel (instruments et prise de son) n’était pas du tout ce qu’il est aujourd’hui, on n’avait pas d’ingé son, et quant au chant, cela faisant une petite année seulement que Joe se prêtait à cet exercice.
Mais effectivement, les principales faiblesses ressorties dans les chroniques ont été réellement prises au sérieux et entièrement intégrées à l’esprit animant la préparation de l'album. Cela a été très bénéfique pour le groupe, et nous ferons de même en ce qui concerne les échos relatifs à ‘A Paradigm Shift’.
Si on revient aux deux aspects évoqués : il est clair que le travail de Joe au chant a été capital entre Inner Lands et A Paradigm Shift, et laisse augurer une très bonne évolution pour les prochaines compos ; quant au son rien n’est comparable entre la démo et l’album. Notre matos perso a évolué, nous étions cette fois-ci dans un vrai studio, avec un vrai ingé son. Du reste, nous continuons à travailler énormément le son du groupe, à la foi en live et dans une optique studio. »


5.*Pourquoi vous êtes vous lancés dans l'aventure de l'auto
production? Doit on voir « A paradigm shift » comme un album démo
« pro »? Avez vous rencontré des difficultés à faire aboutir le
projet?*

Guillaume : « Ce n’était pas forcément un choix à la base ; nous aurions certainement préféré partir avec une prod, ne serait-ce que pour l’aspect financier… Nous avions une motivation très forte de faire cet album en 2007 car nous misions énormément sur ce qu’il pourrait nous apporter ensuite. Nous considérons ‘A Paradigm Shift’ comme un album à part entière, bien qu’auto-produit. La principale difficulté du projet fut le budget, étant donné que nous l’avons financé nous même. On a eu beaucoup de chance de travailler avec Steph et Alex au studio Captasons pour l’enregistrement car on n’aurait certainement pas ce résultat sans eux aujourd’hui.
C’était également un peu juste au niveau timing… mais l’album est bien sorti en 2007 ;) »


6.On retrouve beaucoup d'éléments et d'influences différents sur
cet album. Quelles sont les groupes qui vous ont le plus influencé?*

Joe : « En ce qui me concerne, j’ai commencé à écouter du métal avec Maiden, et c’est, comme deux-cent cinquante mille bassistes arpentant la surface de la terre, Steve Harris qui m’a donné envie de me mettre à cet instrument. J’ai pris quelques cours de basse et de chant qui ont contribué à m'ouvrir à d'autres choses que le métal. J’aime beaucoup Dark Tranquillity, Amon Amarth, Fear Factory, Tool, Rammstein, Raunchy, et me sens influencé par ses groupes, à des degrés divers. Mais j’aime aussi énormément Dead Can Dance, ainsi que les autres projets de sa chanteuse Lisa Gerrard, les musique « ethniques », l’éléctro ou l’ambient-ethnic. J’y trouve des idées très instructives à apporter à Moray Firth. »

Flo : « Pour ma part, je suis sensible à beaucoup d'artistes d'univers différent tels Paradise lost ; Dagoba et Gojira pour la scène française, la scène metal suédoise (Dark Tranquillity, Soilwork, In flames, Amon Amarth, Arch Enemy ), mais aussi Marcus miller, Meschell N' Degeocello, Muse, Tower of Power, Eric Truffaz, la Dub inc, Renan Luce, Arctic Monkeys et bien d'autres encore. J'essaye de puiser dans chaque style les différents éléments m'intéressant afin de créer mon propre langage musical issu d'une culture musicale aussi large que je le peux. Et j'espère bien qu'elle s'enrichira avec le temps. »

Guillaume : « Je suis autodidacte à la guitare ; j’ai commencé en jouant du Nirvana (c’était la mode !), je me suis ensuite attaqué au répertoire des Guns, puis celui de Metallica et Pantera. J’écoutais aussi beaucoup de Slayer quand je suis entré dans le groupe. Depuis c’est passé par du Cradle, Fear Factory, SymphonyX, Arch Enemy, Children of Bodom et beaucoup d’autres. En ce moment, j’écoute beaucoup de Slipknot, de Rammstein et de Gojira. J’imagine qu’on retrouve ces influences quelque part dans mon jeu, mais je fais nettement la distinction entre ce que j’écoute et ce que j’amène dans Moray Firth. D’ailleurs je n’ai parlé que de mon parcours métal, mais j’écoute de nombreux styles différents (Flamenco, Reggae, Funk…). »

Steff : « En effet notre album renferme de nombreuses ambiances et influences, c’est d’ailleurs un trait particulier de notre musique, une sorte de marque de fabrique que nous développons actuellement. A nous quatre, nous couvrons un large spectre musical. Pour ma part, je suis un fan invétéré de Queen avant d’être métalleux.
Et je pense (je ne dois d'ailleurs pas être le seul) que plus la culture musicale est importante et plus le travail de groupe est riche et intéressant. »


7.*Comment procédez vous pour composer? Que cherchez vous à susciter
chez l'auditeur?*

Guillaume : « En général, chacun cherche des plans de son côté. Ça peut être un ou deux riffs comme des morceaux entiers. Ensuite on se fait écouter ça et on choisit sur quoi on part. Chacun complète ou adapte alors avec son instrument. Systématiquement, on compose d’abord toute la musique avant que Joe n’ajoute le chant. Il nous est arrivé de composer directement en répète mais cela devient de plus en plus rare. »

Joe : « Et j’ajouterais qu’on a plus ou moins tous nos spécialités. Guillaume et moi apportons plutôt des bases de morceaux, alors que Steff se charge souvent de poser des parties lead, des thèmes et des harmonies, donnant une valeur ajoutée aux parties, et Flo, depuis quelques temps, est très impliqué dans la construction et le choix de samples.
Pour ce qui de ce qu’on cherche à susciter, musicalement du moins, je pense que ça n’est pas vraiment décidé à l’avance quand on compose. On aime les morceaux alambiqués, mais aussi les choses plus catchy. Nous nous penchons aussi particulièrement sur les ambiances, les atmosphères (avec les arrangements d’instruments traditionnels et les samples, notamment), les harmonies, dans l’optique de contraster et d’enrichir nos morceaux. En tant que chanteur, j’essaie à la fois de surprendre, et d’impliquer l’auditeur. J’aime les groupes dont le chant me donne l’impression de s’adresser à la personne qui écoute, qui font sentir que ce qui est dit est important. Via les textes, je cherche de plus en plus à partager les fruits de certaines réflexions et observations sur le monde et sur l'humain. Je m'adresse aux auditeurs, et m'efforce de donner à voir et de transmettre des choses à mon sens importantes, voir utiles. Je pense d'ailleurs que ça se sent bien en live. »


8.*Avec qui et comment avez vous travaillé pour obtenir une
production aussi limpide? Quel genre de son recherchiez vous? Etes
vous satisfait du résultat final?*

Guillaume : « On a enregistré et mixé chez Captasons, avec Stéphane Defez ; il a vraiment fait un super boulot (surtout vu notre budget limité), il s’est énormément investi. Alexandre Cegarra à quant a lui passé quelques nuits blanches sur Pro-tools entre les journées de prise. C’était très efficace, car typiquement, quand on attaquait les prises de basse, toute la batterie était déjà nickelle. Au-delà du passage en studio lui-même, l’enregistrement avait été bien travaillé en amont. Nous avions rencontré Steph et Alex dès le mois de Janvier ; ils avaient notre démo Inner Lands, ils sont venus voir quelques concerts, et nous avions eu l’occasion de partager les objectifs de cet album. De plus, nous avons pris le temps de faire une pré-production en mai-juin ; cet exercice grandeur nature a été très bénéfique avant l’entrée en studio en aout. Enfin, nous nous sommes décidés assez tard quant au mastering, mais le choix fut le bon. Nous avons travaillé avec Peter In De Betou, de Tailor Maid Studio en Suède. C’est une personne très abordable, et très pro à la fois… le résultat est excellent pour nous.
Pour résumer, étant donné notre budget, notre matériel personnel et notre expérience de l’enregistrement studio, nous sommes extrêmement satisfaits du rendu global de cet album, tout en étant conscient que beaucoup de choses sont encore perfectibles. Dans tous les cas cette expérience sera notre référence quand nous nous attaquerons au prochain album. »


9.*Le packaging du CD est lui aussi particulièrement beau et soigné.
Pensez vous que le visuel ait encore une place importante dans la
réalisation d'un album? Croyez vous que le public soit encore
sensible aux supports physiques?*

Steff : « C’est marrant cette question car nous nous la posons en ce moment même. Je pense que oui, que ce soit sur support physique ou sur internet, le visuel reste un moyen majeur d’attirer les gens. Je vois mal un groupe qui voudrait être exclusivement en lien, sur internet, sans un visuel. Il ne susciterait pas autant d’effervescence qu’un groupe avec un visuel attirant. Il est vrai que le virtuel se fait de plus en plus présent. Je pense qu’il faut jouer sur les deux tableaux. Le support CD risque de disparaître, en effet, mais il y a encore une forte population « non numérisée » qui compte toujours dessus. »

Joe : « Si ça ne tenait qu’à moi, j’interdirais les ordinateurs et retournerais à la bonne vieille machine à écrire. Et au boulier ! Mais pas au vinyle, ou alors que les 45 tours, parce que les 33 ça prend trop de place, et avec la crise du logement, ce serait galère. »

Guillaume : « On peut envisager de se limiter à l'audio aujourd'hui, en communiquant par le web à base de téléchargements; par contre, pour moi, si on envisage un produit complet (physique), il faut le faire sérieusement et pour que cela apporte un réel plus; le digipack était clairement dans cette optique, et je pense que c'était un très bon choix du groupe. »


10.Que peut on attendre de vos concerts? Jouez vous souvent en live?*

Guillaume : « On a joué une vingtaine de fois en live depuis deux ans. C'est un exercice à part entière, et ces concerts nous ont beaucoup aidé pour progresser. Depuis quelques mois, nous essayons de travailler des points très spécifiques pour chaque occasion. Notre objectif et de restituer notre univers, de façon très dynamique, mais aussi soignée. Nous nous efforçons d'apporter une nouveauté à chaque nouvelle représentation afin de satisfaire les fans fidèles. »


11.*Vous êtes originaires de la région lyonnaise. Que pensez vous de
la scène locale? Quels sont les groupes que vous appréciez? Et
pensez vous qu'il y ait suffisamment de gens actifs pour la scène
metal?*

Joe : « Il y a pas de mal de groupe intéressants, ou prometteurs, pour moi... De Zero Point, Source Of Paranoïa, Dogmat, Clektic, à Destinity, évidemment... Et d’autres... Mais il y a peu de salles, et les associations ‘influentes’ de la région sont assez difficiles à contacter. Comme souvent, il faut connaître quelqu'un... On est dans un endroit productif en matière de groupes mais qui peut vite être assez décourageant en matière de soutien. »

Steff : « La scène locale est très riche et motivée. Le hic, c’est qu’on est pas du tout soutenu ni aidé. Il est déjà difficile de ne trouver rien qu’une salle pour jouer (demandez à notre manager !). »

Guillaume : «  En fait je viens de Normandie; mais il est vrai que je suis sur Lyon depuis presque 10 ans maintenant. Je trouve qu’au niveau des groupes, et notamment des groupes de Métal, cela bouge pas mal ; par contre, nous le vivons depuis 2 ans, c’est assez difficile d’évoluer dans le milieu, et organiser des concerts en attirant un public nombreux reste un défi systématique. »

Flo : « Pour les concerts, on n'est pas forcément aidé par le fait que certains groupes ou organisateurs ne savent pas toujours comment qualifier notre musique, et du coup ne sont pas très enclins à nous programmer sur certaines affiches. Et si la scène lyonnaise est active, il y a beaucoup de compétition entre les groupes, les assoc'...Difficile pour certains de réaliser qu'on a tous besoin les uns des autres si on veut faire quelque chose dans le métal en France. »


12.*Quels sont vos projets désormais? Il me semble que vous
recherchez un label?*

Joe : « En effet, on est en plein démarchage. Notre manager est en contact avec quelques petits labels. Mais rien n'est encore fait. Nous avons tout juste signé avec Musicast pour une distribution en Rhône Alpes et à Paris. Pour ce qui est d'autres grandes villes de France, on sera distribués là où nous ferons des concerts, quelques temps à l'avance. C'est donc déjà une très bonne chose pour nous ! Et pour les mois à venir, nous travaillons sur un nouveau merchandising, cherchons de bonnes dates, bossons sur les prestations live, le buzz, via Internet notamment. Notre objectif est de promouvoir au maximum le groupe et ‘A Paradigm Shift’. En parallèle, on compose déjà pour le prochain album. Nous sommes bien occupés, donc! »

Flo : « Et j'ajouterais qu'on cherche également un tourneur, dans cette même optique de promo du groupe. »

Joe : « T'as jamais pu me faire confiance, Flo. Je suis très blessé... »

Flo : « T'as jamais pu répondre correctement à une question, Joe. Je suis toujours aussi déçu... »

Joe : « Mon coeur saigne de t'entendre me parler ainsi... »

Steff : « Bon ça suffit vous deux, on est en pleine interview je vous signale. »


13.*Merci Moray firth. Un dernier mot pour nos lecteurs?*

Flo : « Bylette »

Steff : « Gwaï »

Guillaume : « Raifeurce »

Joe : « Hican. Et, plus sérieusement, voir même sérieusement tout court, merci à toi pour cette interview. Et pour ceux qui ne nous connaissent pas encore... vous êtes invités à venir tâter la bête en live ! »

   

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock



 




Aller en haut