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DORNFALL
CHRONIQUE DORNFALL - review
Contact groupe http://www.dornfall.com
Audio / Video
Mise en ligne le : 01 septembre 2007  | Intervieweur : GOHR | Traducteur :

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
Interview réalisée le 28 aout par Flo (guitare), Christo (basse) et Stef (chant)

1) Salut Dornfall. Pouvez-vous vous présenter ? Quelles sont vos influences ?

Christo : Le groupe dornfall est né de la rencontre entre Flo Sliwa et moi-même courant 2002, au départ on s’appelait Scarecrow et on a pas mal galéré pour trouver des musiciens sérieux et motivés ! Le premier à nous rejoindre fut Florian Gargaro à la batterie début 2003, c’est à cette époque que le groupe s’est rebaptisé Dornfall. On a fait nos premiers concert peu de temps après, et puis il y a eu deux nouveaux changements de musiciens : Steph nous a rejoint au chant ainsi que Fred charpentier à la guitare avant l’enregistrement du premier album « Dornfall » début 2004, voilà pour les origines du groupe !!!
En ce qui concerne les influences, elles sont multiples, on aime tous différents styles de musique. Perso, je suis plutôt fan de progressif au sens large du terme : Rush, Porcupine Tree, Tool, King Crimson, Primus mais aussi de choses plus plombées comme Slayer, Megadeth ou Machine Head. Les autres membres du groupe ont leur propres influences parfois assez éloignées des miennes, et comme nous composons tous dans Dornfall cela donne une mixture intéressante.

Steph : En ce qui me concerne, j'ai commencé à jouer dans des groupes de Thrash à la fin des années 80. J'ai ensuite été attiré par la vague death metal avant de m'orienter vers le Doom. Par la suite j'ai aussi bien expérimenté des musiques proches du Gothique, du rock alternatif, du black metal, mais aussi du punk. C'est un peu de tout cela qui constitue mes influences et j'essaye de puiser dans tout cet héritage pour créer si possible quelque chose de personnel.


2) Comment s’est déroulé l’enregistrement de précieux secret ? Avez-vous eu des échos ?

Christo : l’enregistrement en lui-même s’est fait assez rapidement, on va dire un petit mois pour tout enregistrer. Ce qui a pris plus de temps c’est le mixage que Flo Gargaro a assuré de A à Z. Ca a été une expérience intéressante pour tout le monde, c’était la première fois que l’on pouvait enregistrer dans de très bonnes conditions et en prenant notre temps. On a pas mal expérimenté sur les sons, on a enregistré plein de pistes, d’arrangements, de choses avec des sons bizarres…Ce qui fait que Flo s’est retrouvé avec des centaines de pistes, et faire le tri dans tout ça n’a pas été une mince affaire !!!
Pour l’instant, on est super contents des échos et des réactions rapport à cet album, ça fait vraiment plaisir, notamment au niveau de la prod, parce que Flo a vraiment beaucoup donné pour ça !


3) De quel « Précieux secret » s’agit-il ? Est-ce un concept album ?

Steph : Ce secret est précieux parce qu'il garanti la bonne santé du corps et de l'esprit. Il est secret parce qu'il peut seulement être ressenti mais qu'il est impossible à traduire au moyen de mots. Il s'agit avant tout d'une recherche intime et j'ai pendant très longtemps effectué des recherches pour comprendre comment cette connaissance avait été perdue au cours des temps. Par la suite, et comme ce sujet occupait beaucoup mon esprit, il a été naturel pour moi de chercher à utiliser la musique pour l'exprimer, puis d'en communiquer mon interprétation toute personnelle à travers les textes que j'écrivais pour Dornfall.
Le but n'est aucunement d'imposer une quelconque philosophie, Dornfall n'a pas la prétention de devenir un maître à penser pour qui que ce soit. En fait, il y en a marre des maîtres à penser. Haha ! Chacun sait au plus profond de lui même ce qui est bon pour lui. A chacun son précieux secret en somme.
Ce que j'ai voulu faire en écrivant les textes de "Précieux secret", c'est avant tout de chercher à exprimer l'inexprimable. C'est le caractère perdu d'avance d'une telle entreprise qui en fait aussi la beauté. Mais je ne suis en rien une exception, car il s'agit là pour moi de l'essence même de toute activité artistique.

Au début il n'était aucunement question de concept album. Mais en même temps, ce que je viens de t'expliquer était présent dans chacun des textes que j'avais écrits pour cet album. Cela correspondait tout simplement à ma préoccupation du moment. "Précieux secret" peut donc être lu comme un concept. On commence avec la mer primordiale des peuples antiques (en l'occurrence l'ancienne Egypte avec Bastet), puis on avance dans le temps et l'espace pour traverser les Dardanelles au temps de Xerxès et de Léonidas. Viens ensuite l'époque de Constantinople (Hypatie), puis celle de l'évangélisation de l'Europe occidentale (Sans regret). La deuxième partie de l'album, plus sombre et progressive que la première, fait référence à la survivance et à la redécouverte spontanée des anciens savoirs (le précieux secret) par un homme moderne. Voilà pour résumer.


4) Pourquoi avoir décidé de chanter en Français ?

Steph : Pendant de nombreuses années j'ai chanté en Anglais pour faire comme tout le monde. C'est sûrement aussi une question de pudeur, car il est facile de se retrancher derrière l'anglais pour ne pas avoir à trop ouvertement afficher ses sentiments et ses idées. En gros, il est souvent plus facile de ne pas trop se mettre à nu, de ne pas se révéler soi et cela en s'identifiant au chanteur d'un groupe anglo-saxon que l'on prendrait comme modèle. J'ai dépassé ce stade depuis un bon moment et maintenant je cherche avant tout à exprimer au maximum ce que je suis, à me mettre en danger, à me surprendre moi-même...
Vers 1998 et par la suite, j'ai donc commencé à écrire en français dans différents groupes auxquels j'ai participé. Aujourd'hui je pourrais difficilement faire autrement. J'ai une technique d'écriture qui me demande la plus grande maîtrise possible de la langue, et mon anglais n'est pas assez bon pour y parvenir correctement. Comme je te disais un peu plus haut, c'est déjà dur d'exprimer des ressentis avec des mots, alors autant le faire dans la langue qui nous est la plus naturelle.
Ensuite je trouve important de s'adresser au publique dans sa langue. Dornfall est un groupe français, il n'y a aucune raison de s'en trouver complexé. Nous avons choisi de diffuser notre musique en commençant par chez nous, et j'aime m'adresser directement aux gens que je trouve en face de moi en concert.


5) Quels sujets abordent les textes ?

Steph : Je m'intéresse à de nombreux domaines, mais particulièrement à la psychologie et à l'histoire. Cela fait que mon sujet de prédilection pourrait être intitulé un peu pompeusement : "étude de l'évolution de la pensée humaine au fil des âges". Chez moi cette étude est quasiment obsessionnelle et je dois dire que ça fait très peur aux autres membres de Dornfall, qui préfèrent donc me laisser carte blanche tout en me surveillant constamment du coin de l'oeil. Hahaha !

Bon, mais ce soir je me sens d'humeur bavarde et pour toi je vais un peu développer le sujet. Dans le courant du deuxième millénaire avant J-C, une nouvelle forme de pensée a commencé à se répandre depuis le moyen orient. Dans "Bastet" je parle d'un certain Thoutmosis. Il s'agit d'un pharaon de la XVIIIeme dynastie, celle là même qui se termina peu après le règne controversé du fameux Akhenaton. J'y esquisse l'image d'un pharaon tout puissant dont l'attention fut avant tout dirigée vers l'extérieur et qui a été rendu célèbre pour ses conquêtes en Nubie et au proche orient. Le règne de Thoutmosis III marque en effet le point culminant de l'empire Egyptien et sa phase de plus grande expansion.

Le morceau "300" est inspiré de la bande dessinée de Franck Miller. Cet épisode de la bataille des Thermopyles correspond à l'arrivée en Europe de cette nouvelle forme de pensée que je traque au travers de l'histoire. Des anciens Egyptiens et des Assyriens elle passa aux Perses, puis elle se répandit en Europe par l'intermédiaire des Grecs puis des Romains. "Sans regret" et "Hypatie" montrent également comment elle s'est imposée avec le temps dans nos contrées. Hypatie par exemple était une savante d'Alexandrie du IVeme siècle, qui fut lapidée pour ses idées (pour des raisons politiques aussi et peut-être également parce qu'elle était une femme). Le texte quand à lui à été inspiré par "Beaudolino" le roman d'Umberto Eco. Quand au Merlin dont je parle dans "Sans regret", il symbolise bien entendu l'ancien druide celtique qui lui aussi fut persécuté et dont la culture a dès lors été perdue.
"Sibylline" fait référence à un épisode vécu par un autre auteur : Carlos Castaneda. Pour faire court disons qu'il s'agit d'un anthropologue qui étudia la culture et le système de représentation du monde des sorciers du Mexique entre les années soixante et les années quatre vingt.
"Perdre la tête" fait référence à H.P Lovecraft, qui puisa son inspiration dans la peur des puritains de nouvelle Angleterre pour le paganisme, et dans les volumes occultes de la bibliothèque de son père. Ce qui a été caché ne le restera pas indéfiniment !
Enfin "L'Aveugle et la chose" est essentiellement psychologique, quand à "Précieux secret", il raconte tout simplement un voyage shamanique.
De l'océan primordial de "bastet" à la goutte d'eau de "Précieux secret", on peut dire qu'au final le cycle boucle une nouvelle fois sur lui même...

Voilà quelques exemples pèle mêle de ce dont je traite dans mes textes. Je n'en dis pas plus parce que les gars vont finir par me faire les gros yeux, haha, et que bien sur, le fond de mon message doit rester secret ! Chuttttt !
J'en dirai plus à ceux qui me poseront des questions ! Peut-être à l'occasion d'un concert ?


6) La pochette de l’album est assez ambiguë, à la fois froid et pleine d’espoir : qu’est-ce que cela signifie ?

Christo: en fait, c’est d’abord une question d’esthétique pure. On voulait clairement se démarquer des pochettes trop typées « métal » (avec des monstres, du feu, des dragons etc…)
Donc, quelque chose d’assez neutre, avec des couleurs plutôt claires. On se cherchait encore pas mal à ce sujet quand Flo nous a présenté cette image, qui a fait l’unanimité. On l’a donc utilisé pour la pochette…
Je trouve que tu la décris assez bien, disons que ça pourrait représenter l’océan primordial avec la première pousse de vie, mais c’était avant tout un choix du cœur avant d’être réfléchi.


7) Je vous avais vu sur scène il y a deux ans au festival Undartrock’2005 et j’ai été très surpris en écoutant la version studio de « Vertige insensé » qui est amputée de son intro originelle ? Pourquoi ce choix ?

Euh… Je ne me souviens plus très bien comment on la jouait à cette époque !!! Mais il ne me semble pas que l’on ai amputé quoi que ce soit par rapport à cette époque ? La seule vraie différence réside dans les premières mesures de batterie qui ont été traitées en studio pour accentuer le coté inquiétant de l’intro…Enfin, je crois en tous cas !!!


8) Si ma mémoire est bonne Underclass record était parmi les sponsors de ce festival. Est-ce ainsi que vous avez étés amené à les rencontrer, puis à signer avec eux ?

Flo : Alors en fait il a petite confusion ! Nous ne sommes pas signés chez Underclass mais chez Chrysopée, Underclass est le distributeur du cd. Mais il n’empêche que ce sont des copains et qu’on voulait absolument que la distribution soit assurée par leur biais. Pour répondre à ta question, non ce n’est pas à cette occasion qu’on les a rencontré mais un peu plus tard, je chroniquais à l’époque pour un webzine et c’est pas ce biais que je les ai rencontré.


9) Quels avantages vous offre Underclass record ?

Flo : Pour rebondir sur la question précédente je vais d’abord te parler de Chrysopée. C’est en fait une société indépendante qui a pour seul artiste : nous ! Conclusion, les avantages sont assez nombreux. On peut vraiment pratiquer un dialogue constructif et envisager chaque décision tous ensemble (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la distribution est assurée par Underclass, c’est une demande qu’on avait faite). On travaille la main dans la main pour tenter de développer le groupe. Toutes les décisions sont mûrement réfléchies et on est sur la même longueur d’ondes. Le premier album était sorti en distribution chez Brennus, et malgré tout le travail acharné de notre copain Alain, on cherchait vraiment à franchir une étape. Alain fait un boulot magnifique pour la scène française, un boulot pas assez reconnu d’ailleurs si tu veux mon avis, pourtant il permet à de nombreux groupes d’avoir un pied dans le circuit des labels, et c’est bien le seul à le faire à ma connaissance. Mais forcément il manque de moyens et ne peut pas se concentrer sur un groupe particulièrement. Donc quand la question du label s’est posée pour le deuxième album on a étudié un peu les quelques propos qu’on avait et le choix s’est porté tout naturellement sur Chrysopée, même si c’était un pari, étant donné qu’on était leur premier groupe. Mais ils ont démontré une telle envie de bosser avec nous qu’on n’a pas trop réfléchi non plus. Tout était limpide dans le discours. Underclass de son coté nous permet de bénéficier d’une distribution et de mises en place de qualité sur l’ensemble du territoire, et crois moi, dans le contexte actuel, ce n’est pas du luxe !


10) Votre album est du point de vue strictement musical assez complexe avec des guitares très polyvalentes. N’est-ce pas difficile de rendre sur scène tous les effets du Cds ?

Christo : c’est impossible de rendre la même chose que le cd sur scène, il nous faudrait trois ou quatre guitaristes de plus !!! L’idée, c’est de se rapprocher le plus possible des versions studio, de mon point de vue, c’est une bonne chose. La scène est plus spontanée, le studio plus réfléchi, plus basé sur le créatif et l’expérimentation.
Ceci dit, on répète beaucoup pour gérer les sons des guitares et de la basse, afin de retranscrire un maximum la profondeur sonore des morceaux.


11) Qu’en est-il du futur de Dornfall ?

Christo : D’abord défendre du mieux possible cet album, faire le plus de dates possibles. Et puis, nous commençons à bosser sur des nouveaux titres pour le troisième album, mais en ce moment le plus important est la recherche de dates pour présenter l’album sur scène. C’est quand même la raison d’être d’un groupe !

12) Si vous avez quelque chose à dire à vos fans ou aux lecteurs de Pavillon666 la parole est à vous.

Christo : Merci a tous et à toutes de l’intérêt que vous portez au groupe, ainsi qu’à la scène underground en général, on a besoin de votre soutient !!!!

Steph : Merci tout d'abord à Pavillon666 pour la chronique de l'album et pour cette interview. Aux lecteurs j'aimerai dire que je serai enchanté de parler avec eux lors des concerts que Dornfall donnera dans les mois à venir. La musique est aussi un moyen de rencontrer des gens et d'échanger avec eux de vive voix.

   

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock



 




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