Interviews ALBUMS |
Voir les Interviews |
ANTIGLUCK |
|||
CHRONIQUE | |||
Contact groupe | |||
Audio / Video | |||
Mise en ligne le : 11 juillet 2006 | Intervieweur :
S.Y.L.
| Traducteur : - |
|||
La scène française est loin d’être à la traîne dans le domaine de l’éclectro/dark, et l’excellent trio lyonnais d’Antiglück est là pour le démontrer. Leur chanteuse Hermeline absente, Jean-Phy et Marx acceptent donc de répondre à nos questions et ce fut accueilli chaleureusement dans la demeure de ce dernier que me laissais emporter dans cette interview/dialogue passionnante de plus de deux heures…bières et rires étaient au rendez vous ! Officiant initialement dans le projet indus « extrème » : « L’air liquide », Marx rencontre ensuite Jean-Phy et une chanteuse, Prune, pour former Antiglück en 2000. Un changement d’équipe s’opère en 2003 avec un remplacement de chanteuse et l’arrivée d’Hermeline. Voilà pour cette brève biographie, place aux professionnels… ( note au lecteur : la traditionnelle mention « (rires) » présente dans les compte rendus d’interview serait si souvent mentionnée que j’ai préféré m’en abstenir, à vous de voir l’humour là où il se trouve ! ) ------ 1. Pouvez vous présenter un peu plus votre formation ? JP : On va être sympas et commencer par les filles, donc Hermeline, qui participe à la création des morceaux et au chant ; mais Glück est avant tout issu d’un travail collectif, les idées sont soumises à tout le monde et sont structurées ensemble. M : On voulait la mettre sur scène dans une cage nue, mais non, je crois qu’elle n’aurait pas été d’accord… JP : quand à nous, nous faisons à peu près la même chose, la seule chose qu’il (Marx) fait et que je ne fait pas c’est gérer les percussions métalliques. Nous sommes tous les deux aux samplers mais l’un travaille plus avec des bruits en boucles qui ne partent pas de sons clavier… M :…l’autre travaille plus sur une synthèse et un bidouillage de sons claviers ; JP : lui travaille sur un son plus métallique, et c’est l’assemblage des deux machines qui fait l’équilibre, M : on utilise des machines différentes, même si on a le même rôle, les sons qui en résultent sont complémentaires. JP : On participe également aux chœurs et à la composition des textes ; Hermeline n’est pas forcément qu’une chanteuse, elle aussi est utilisée comme instrument. M : Parfois elle est mise très en avant, mais accepte aussi d’être très en retrait, JP : Rien ne nous horripile plus qu’un solo guitare héros qui arrive après le troisième couplet, c’est pour cela que nous pouvons rester immobiles, et il est inutile de mettre un son s’il ne sert à rien. M : On essaye de se mettre au service du morceau et de le servir au mieux, et se mettre en retrait dans ce but n’est absolument pas un problème. JP : On est également un vieux couple, si on est des sales cons, on se le dit… M : on se parle toujours très franchement, et c’est sain, il faudrait un tremblement de terre pour nous faire splitter ! JP : ou l’appat du gain… M : mais on est loin d’avoir cette préoccupation, de savoir si 10 ou 50 000personnes nous écoutent. 2. Mais au fait « Antiglück », qu’est ce que cela veut dire ? M : « Anti », tu vois déjà peut-être ce que cela veut dire ? quand à « Glück », cela signifie « bonheur » ou « chance » en allemand. On a commencé à prendre ce nom avec Prune, de manière ironique, on aimait bien aussi ce mélange de sonorités, ce mélange de langue qui se retrouve d’ailleurs sur l’album… JP : cela ne veut rien dire, mais en vérifiant dans le dico, je crois que cela voulait dire quelque chose comme « antigel » en tchèque…quoiqu’il en soit, je ne me considère pas comme français mais plutôt comme habitant du monde. M : On en revient à l’importance de la voix en tant qu’instrument, qui peut se placer plus en avant ou en retrait, c’est ce que ce mélange de langue illustre bien sur l’album. Nous avons fait beaucoup de travail sur la voix, en empruntant des syllabes à divers langues, on n’exclu rien par rapport à ça. JP : On peut tous apporter quelque chose à un instrument, la technique parfois peu nuire à la création artistique, plus tu apprends et moins tu oses des choses, on peut parfois oublier que tout est musique ; M : ce qu’on aime bien faire aussi, c’est enregistrer des choses et les détourner plus de leur contexte : le fait de sampler des boucles et de créer de l’arythmique, de voir qu’une boucle peu aussi créer un rythme particulier, notre seule limite est notre accord à tous, et tu peux d’ailleurs déjà te poser des questions quand à notre prochain album ! JP : On n’est pas non plus mélodistes, quand le coté mélodique se ressent trop on le casse, c’est comme casser et jouer avec des principes académiques. Mais revenons à Antiglück, qui pourrais signifier « pas de chance », comme le changement de chanteuse, où le destin s’en mêle… M : …ou comme le disque dur qui a cramé, juste après l’enregistrement de la première démo, et on a dû tout recommencer à zéro. On a toujours la poisse quelque part mais on s’en sort toujours. 3. Comment pouvez vous définir la musique d’Antiglück ? JP : On peut la mettre dans plusieurs branches, il y a de l’électro, du métal dans le sens indus, mais tout est une trop grande famille pour pouvoir y rester. M : On ne se met pas d’étiquette, JP : et si demain on veut faire un morceau reggae, on le fera. M : On part sans se poser de limite, juste l’unanimité du groupe ; on a une idée de morceau et ensuite on effectue un travail collectif. JP : Par exemple « Method rose » est issu d’un brodage à partir d’une comptine… M : …et l’idée plus malsaine est venu comme une évidence 4. Parlons donc de votre dernier album, y a-t-il un concept ? de quoi parle les textes ? JP : Un concept global, il peut y en avoir un mais ce n’est pas voulu. Si tu écoutes l’ensemble des textes, tu y verras peut être une critique sociale ironique… M : …mais il n’y a pas de vision manichéenne, on essaye d’éviter de genre de « communeries » ; il peut y avoir du second degré, aucun mot ne doit être pris au premier degré. Il y a beaucoup de non-dits ; On a chacun nos idées politiques… JP : … mais il est très important de dire que l’on n’est pas d’extrême droite… M : …on est tous d’accord là-dessus ! JP : Certaines personnes ont pris nos textes au premier degré. M : Une personne a pu se tromper sur l’extrait d’un texte diffusé sur internet, mais nous ne sommes pas d’extrême droite et on ne le sera jamais. On peut jouer sur certaines images et être ironiques, JP : le coté ironique pouvant poser un problème d’interprétation. M : Il y a des valeurs que nous ne pouvons pas partager, même accepter de discuter avec quelqu’un. Je ne peux accepter que l’on se trompe à ce point de colère. Dans tous les cas, les gens sont capables de réfléchir si on leur donne des clés. JP : on essaie de créer des milieux, par-dessus les barrières musicales ; M : il n’y a pas tant de différences entre les styles musicaux, mais il y a de grandes barrières, il y a plein de choses qui nous semblent intéressantes… JP…et on a la chance de pouvoir les faire, car on ne donne pas à tous cette possibilité. On est dans une société capitaliste qui ne cherche que le moyen de vendre au détriment de la diversité musicale. M : Oui, la politique actuelle est de ne pas donner leur chance aux gens de découvrir la musique, et beaucoup de groupes ne sont absolument pas médiatisés. 5. Justement, y a-t-il d’autres formations qui vous influencent ? quels sont les groupes que vous aimer écouter ? M : il y en a beaucoup, Nick Cave, Einsturzende Nebauten, ou plus pop comme Dépêche Mode, ou plus rentre dedans comme Rammstein, ou encore des musiques de film et contemporaine… JP : …mais pas trop formatée, ce n’est pas quelque chose que l’on voudrait faire, et le mot « recherche sonore » m’importe beaucoup. M : On écoute aussi d’autres groupes plus rock n roll comme les clash ou les bérus ; aucun de nous n’est fermé dans un style et on a appris à être modeste. Chacun de nous a ce réflexe d’écoute permanent, et on respecte le travail de tous musicien. JP : Je respecte avant tout l’instrument et la musique, ce qui ne se fait pas toujours actuellement ! M : On est influencé par les choses que l’on aime mais aussi par celles que l’on aime pas. On réagit par rapport à la totalité de notre entourage, comme un bruit de clignotant que l’on pourrait utiliser. JP : Les années 90 étaient un massacre mais on arrive à des choses telles que DJ shadow, que l’on respecte, même si on ne ferait pas la même musique. M : Question de goût, on aime pas forcément tous les 3 les même choses mais on confronte nos opinions ; l’idée de départ existe mais évolue. 6. Quels sont vos objectifs ? vous reverra t on sur scène bientôt ? M : l’objectif de JP, c’est de gagner de l’argent… JP : je veux être une rock star et me balader à poil à Cannes…non, je ne me fixe pas ce genre d’objectifs ; si de l’argent se met au milieux, l’art ne se fait pas de la même manière. M : Dans tous les cas, on a posé les jalons de quelque chose qui ne se base pas la dessus. Si les uns ou les autres avaient voulu faire de la musique pour récolter des lauriers, on l’aurait fait différemment. Je ne dis pas que ça ne ferait pas plaisir de voir les gens apprécier Antiglück, mais pas au détriment de la musique. Dans les grands concerts, on a l’impression de voir des playmobils sur scène et si jamais on en arrivait là, est ce que je garderai bien en tête le point de vue du public ? j’espère que oui. On essaie de ne pas se cadrer et d’avoir une attitude plus rock n roll par rapport au public, on a envie de donner quelque chose. JP : Nous faisons de la musique pour le plaisir et sans autre intérêt que le plaisir. M : la seule chose qui pourrait nous faire splitter serait de se rendre compte qu’on ne faisait plus de musique pour le plaisir, ce qui est loin d’être le cas ! Le prochain concert s’effectuera le 30 Septembre, avec entre autre les Legendary Pink Dots, lors d’un festival à Genève. 7. Pour terminer, un dernier mot pour vos fans ? et pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ? M : Viendez… JP : Viendez sur scène, il y aura des filles nues ! M : Viendez et discutez, il n’y a rien que j’apprécie plus que de discuter à la sortie des concerts. Je ne te cache pas que l’on essaie de faire impression ; on ne fait pas de la musique d’ascenseur et si l’on me dit « j’ai détesté », au pire, j’apprécie. Qu’on aime pas, je le conçois tout à fait et discuter avec des gens qui n’aiment pas est constructif, c’est ça l’objectif de la scène. JP : S’il n’y a pas de scène, j’arrête Antiglück. Pas seulement pour une notion de partage, car il y a aussi une partie de soi que l’on est pas tous les jours, il y a une partie de Jean-Phy qui existe sur scène et qui, dans une société formatée, ne peut être montrée tous les jours ; M : et c’est valable pour tous les trois, on exprime quelque chose qui ne peut être exprimé que sur scène. On aime ce coté rock n roll où on est pas sages, peu conventionnels. JP : La scène est une possibilité d’avoir un moment naturel, et j’ai hâte de savoir comment je serais face à un public que je ne connais pas. |
|||
| |||