****** Salut à vous Merrimack. Il s'est écoulé 4 ans depuis la sortie de votre dernier album, pouvez vous nous parler de ce que vous avez fait durant ce laps de temps ?

Perversifier : Nous avons composé, répété, et joué beaucoup de concerts, avec notamment deux tournées européennes : la première en Europe de l’est en 2003 avec Krieg, la seconde en Europe de l’ouest en 2005 avec Inquisition. Les différents changements de line-up ont freiné la progression du groupe, nous devions réapprendre les anciens morceaux aux nouveaux membres pour être parés à tous ces concerts, ce qui a pris sur le temps qui était sensé être dédié à la composition de nouveaux titres. De plus, nous sommes très sélectifs lorsque nous composons des riffs, nous n’en gardons pas plus d’un sur dix, et la période de gestation de certains morceaux a été de plusieurs années avant qu’on les considère comme « parfaits ».

****** Le concept de cet album à l’air très intéressant, mais relativement obscur, pouvant vous nous en dire un peu plus à ce sujet et expliquer le titre de l’album ?

Terrorizt : Les paroles sont une succession de réflexions personnelles sur divers sujets, le tout dans un contexte mystique et spirituel, où le Diable est représenté comme le pourvoyeur éternel d’entropie au sein de ce monde. Certaines chansons sont liées entre elles par le même personnage. Nous assistons à sa conception, sa naissance, sa vie et sa mort. Ce personnage suit un cheminement spirituel et religieux tout au long de son existence et nous les vivons avec lui. A la lumière des paroles, le titre de l’album « Of Entropy and Life Denial » prend tout son sens. Il faut juste prendre le temps de les lire et d’en tirer ses propres interprétations. Malheureusement je sais que les gens qui prennent le temps de s’intéresser aux paroles des albums qu’ils achètent sont bien peu nombreux.

****** Etant donné le son monstrueux que vous avez sur cet album je suppose que vous devez être satisfait du résultat du Necromorbus studio. Comment en êtes vous arrivé à enregistrer dans ce studio et comment s’est passé le processus d’enregistrement ?

P : Nous sommes en effet extrêmement satisfaits du résultat. Tore (Necromorbus) travaille de façon très professionnelle, il est aussi d’excellent conseil. Nous sommes restés 18 jours en Suède pour mettre en boîte cet album, ce qui n’a pas été une partie de plaisir. Le climat polaire nous a contraints à rester cloîtrés dans le studio en sous-sol pendant toute cette période, nous avons donc eu tout le temps nécessaire pour peaufiner tous les détails et les derniers arrangements. Tout s’est assez bien passé, bien que le niveau d’exigence de Tore soit extrêmement élevé, ce qui est une grande qualité. Nous avions le même objectif commun : obtenir le meilleur résultat que nous étions capables de fournir.

Je connaissais déjà Tore, pour l’avoir rencontré plusieurs fois, et nous avons également joué ensemble au sein de Corpus Christii, lors de la tournée européenne d’octobre dernier. C’est pendant ces 12 jours passés ensemble que nous avons parlé de la possibilité que nous enregistrions là-bas. Le budget studio alloué par Moribund étant suffisant, nous avons donc opté pour ce choix, car nous sommes fans de la plupart des productions issues de ce studio.

****** Etes vous satisfait de votre contrat avec Moribund Cult ?

P : Moribund fournit un travail incroyable pour la promotion de cet album. Ils ont accédé à toutes nos exigences, et sont très conciliants. Nous avons un très bon deal avec eux, le contact est également parfait, et la confiance totale. Odin est vraiment fan de ce que nous faisons, et il s’investit à fond dans cette entreprise. Il nous propose même spontanément certaines opportunités intéressantes sans que nous ne demandions quoi que ce soit, il est allé bien au-delà de nos espérances. Hails to the Cult !

****** J’étais présent au concert que vous avez donné dans les environs de Marseille en compagnie d’Inquisition. J’ai pu constater que l’accueil du public sudiste était plutôt froid à votre égard et a très mal réagi au «fuck » de votre vocaliste à la fin du set. Quel regard portez vous sur ce clivage apparent entre les scènes parisienne et du sud, ainsi que sur la réaction du public à l’évènement que je viens de relater ?

T : Pour moi cette tension entre les deux « scènes » n’était qu’un fantasme, je ne pensais pas les sudistes (du moins une partie) assez imbéciles pour reproduire le schéma PSG / OM au niveau du Black-Metal. Notre concert à Luynes m’a prouvé le contraire. Je trouve ça vraiment profondément pitoyable. Je ne dis pas ça parce qu’ils n’ont pas aimé notre prestation, chacun est libre d’aimer ce qu’il veut ; je pense que leurs critères sont particulièrement puérils. Un des organisateurs est lui-même venu m’expliquer que « chez nous (lire « A Paris » ; ce qui est d’autant plus bête que je suis du Nord) on faisait ce qu’on voulait avec nos copains les nègres mais qu’ici on se devait de respecter le public. » Intéressant non ? Il est hors de question que nous fassions une exception pour qui que ce soit, et certainement pas pour cette bande de nazillons du dimanche qui ont pu prétendre nous effrayer. Le public n’a pas compris que notre show est le même pour tout le monde, et que nous ne leur avons pas réservé l’exclusivité de l’exhibition de mon majeur. Nous n’avons pas assez de considération pour eux pour leur faire cet honneur. Toute cette histoire est lassante et j’en ai plus qu’assez de m’étendre là-dessus. Le fait est que nous n’avons jamais eu de problèmes de cette sorte où que ce soit ; hormis en Pologne où, comme par hasard, le public était pour une bonne partie constitué de skinheads. Vous en tirerez les conclusions que vous voudrez.

****** Merrimack existe depuis une dizaine d’années maintenant, que pensez-vous de l’évolution de la scène black metal en général et plus particulièrement du nouveau courant qui apparemment se fait appeler Evangéliste ?

T : Tout le tapage autour de ce « courant » est lui aussi extrêmement lassant. Tout ça a commencé à faire du bruit à la sortie de « Salvation » de Funeral Mist, avec la photo de Nachash embrassant une croix. Avant cela Watain, Malign, Ofermod, même Funeral Mist sortaient déjà des disques, avec la même orientation religieuse, avec le même discours, mais personne n’avait trouvé quoi que ce soit à dire, personne n’avait trouvé de bonne raison de critiquer (la critique gratuite et pauvrement argumentée restant il me semble le sport national français, du moins au niveau du métal). Il a fallu attendre une provocation à mon sens insignifiante, et surtout très pertinente pour voir s’élever les foules puritaines anti-chrétiennes, pourtant si calmes d’ordinaire. Toujours est-il que ces débats stériles ne nous touchent pas et que nous apprécions beaucoup et soutenons pleinement les groupes que j’ai cités.

Pour ce qui est de la scène en général et de son évolution, pour moi tout est logique. Il y a de plus en plus de groupes, pour la plupart insignifiants, dénués de talents et dépourvus de discours sincèrement engagé et satanique. Mais heureusement nous pouvons encore trouver une pléthore de dignes représentants du culte. Sinon je n’achèterai pas autant de disques.


****** On voit de plus en plus de disques qui sont vendus à des prix exorbitants sur des sites d’enchères ou même directement entre fans. Comment réagiriez vous en voyant une de vos prods vendue si chère et que pensez-vous plus globalement de ce phénomène ?

T : Il semble assez difficile d’échapper à ce phénomène. Sortir des productions limitées ne nous intéresse pas vraiment. Nous préférons rééditer nos disques épuisés pour que tout le monde puisse être servi. Si tu regardes toute notre discographie, quasiment tous nos releases sont encore disponibles : toutes nos démos sont rééditées en CD non limité, notre premier album a été réédité en vinyle et la version CD arrivera cet été, notre nouvel album n’est pas limité… Seul nos EP (le split avec Sargeist et notre EP live) ne sont plus disponibles. Si la demande se fait sentir, nous ressortirons sans doute ces enregistrements pour la satisfaire. Maintenant il y aura toujours des collectionneurs pour rechercher les versions originales, et des gens sans scrupules pour les leur vendre à prix prohibitif. Après tout, ce ne sont pas vraiment nos oignons.

****** Avez-vous prévu une tournée française ou autre pour promouvoir la sortie de votre nouvel album ?

P : Une tournée FRANCAISE ? Tu ne dois pas être sérieux. On ne va pas s’amuser à aller jouer à Clermont Ferrand, Dijon ou Brest, sachant qu’un concert à Paris ne ramène pas plus de 200 personnes au grand maximum (ce qui est déjà un miracle). La situation est critique en ce moment niveau concerts, le public ne se mobilise plus, et il devient suicidaire pour les promoteurs d’organiser des affiches de BM underground. Tant que la situation ne se sera pas améliorée, il est peu probable que nous tournions ailleurs que dans les grandes capitales européennes. Nous devions tourner à la rentrée avec Enthroned, mais malheureusement Napalm ont été contraints d’annuler ce projet, en raison de l’annulation d’un des groupes (Dark Fortress). Nous verrons si une autre opportunité s’offre à nous.


****** Je vous laisse le mot de la fin pour conclure cette interview. Merci pour vos réponses.

T : Notre album est sorti à l’heure où j’écris ces lignes et devrait être disponible quasiment partout. Nous allons figurer sur quelques samplers ici et là, mais pour ceux qui ne les auraient pas et voudraient se forger leur propre opinion sur notre nouvel album, vous pouvez télécharger un mp3 sur notre site : http://merrimack.satanslegions.com/
AVE SATHANAS!