GABRIEL KELLER

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Mise en ligne le : 10 septembre 2024  | Intervieweur : IvanJack25 | Traducteur : IvanJack25

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
1 Bonjour Gabriel. Merci de prendre un peu de ton temps pour Pavillon 666. Je viens de chroniquer ton album « Hope despite everything » qui est vraiment excellent, très complet et varié. Peux-tu nous parler de sa conception ? naissance des morceaux, composition, arrangements…

Bonjour Ivan ! Merci à toi de m'accorder cette interview ! Et merci pour cette chronique et ce petit mot sur mon album !
Cela me fait toujours autant plaisir de savoir quand mon album a pu toucher des gens. C'est pour ça que je fais ce métier d'ailleurs, toucher des gens et procurer des émotions !

Alors ce nouvel album, au final, il est pas tout neuf ! Ahahah.
Blague à part, quand j'ai sorti mon premier opus (Clair Obscur – Mars 2022), je ne pensais pas lui donner une suite. Mais au vu des retours, de l'accueil et surtout des écoutes que j'ai eues, ça m'a donné qu'une envie : continuer.
J'ai élaboré une trilogie sur le thème du clair-obscur. Je suis bipolaire dans la musique, dans ce que j'écoute comme dans ce que je compose. Je peux aussi bien écrire des titres pop, genre ''Your Way''que des trucs ultra sombres comme ''Nothing Human'' .
Je me suis mis en tête de faire cette trilogie avec, à chaque fois, un concept supplémentaire. Le premier c'était ''juste'' le fait d'avoir une partie claire et une partie sombre. Le second, d'avoir toujours ces 2 parties mais également et surtout un concept autour de la guerre. Et le troisième, ce sera un vrai opéra rock avec une histoire de bout en bout.

Mais déjà, je vais profiter et faire découvrir ce nouvel album : Hope Despite Everything.

J'ai commencé sa conception en août 2022. Et comme ''Clair Obscur'', il est en 2 parties. Mais avec un concept plus fourni et dans un ordre inversé : j'ai commencé par la partie sombre avant d'enchaîner sur la partie claire.
Le sujet de la première partie, c'est vraiment une critique de la guerre, de son absurdité, de sa violence et des peines qu'elle engendre. Je me suis inspiré des « lettres de poilus » de la Première Guerre mondiale pour le concept. L'idée étant de raconter une histoire au travers de lettres qu'une mère reçoit de son fils parti au front. Il lui raconte ses tourments, ses angoisses, ses interrogations. Elle nous parle de ses peurs, de ses inquiétudes, etc. Elle ne sait pas trop pourquoi il se bat. Lui non plus. Elle a peur de le perdre et il a peur de devenir un meurtrier.
La seconde partie est basée sur l'espoir. Elle commence par 2 morceaux qui, musicalement, semblent très sombres à la première écoute, mais qui sont véritablement un chemin vers quelque chose de positif. Vers de la lumière.

Mais je te détaille tout ça un peu plus bas.

La conception et l'écriture des morceaux s'est vraiment étalée dans le temps. Entre des titres que j'ai composés il y a longtemps, d'autres que j'ai composés pour l'album… Le plus difficile aura été de faire en sorte que tout sonne cohérent et comme si ça avait été composé pour l'album. Pour ça 'ai dû presque tout réécrire pour l'album.
Le premier gros travail, ça aura été de définir les titres. Faire le choix entre ce que j'avais en stock dans un coin, des nouvelles chansons, …
C'est d'ailleurs au cours de ce processus et d'une rupture pile pendant cette période que j'ai composé Mahaut.
Au final, le choix des titres est venu assez naturellement. Les 2 ''The Letter'', ''My Son'' et ''The Guns Are Approaching'' ont été des évidences pour moi et que ce soit l'ordre, les enchaînements, tout m'est venu en quelques heures. Il me manquait ''juste'' une intro que j'ai composée ... en allant me chercher une pizza !
Véridique. Je cherchais depuis des jours une ouverture à cet album. Et une petite mélodie m'est venue en tête, comme une ritournelle : ''Why are we doing this, why so many deaths?''. En rentrant, j'ai bossé autour de ce thème et c'est comme ça qu'est né ''Why ?''.
''No Surrender'', ça faisait depuis longtemps qu'on l'avait sous le coude avec mon ami Charlie (guitariste). C'est lui qui avait écrit le thème du début et ensemble on a écrit le reste pendant les confinements de 2020. Et ça m'a paru une évidence de le mettre dans l'album.
''Oppression'' a une place vraiment à part dans l'album parce que c'est l'un des seuls qui a vraiment été écrit ''pour'' cet opus dans le sens ou il y a 2 ans, il n'y avait même pas une seule note d'écrite. Et puis aussi parce que le texte a été écrit par Lucie qui m’accompagne au violoncelle et où elle parle de ses expériences de vie.
Tous les morceaux de la partie claire ont été très vite une évidence. ''Change'' par exemple, on l'avait écrite avec Emi (chanteuse) également pendant les confinements et il avait toute sa place dans ce que je voulais exprimer. ''Your Way'' pareil, en fouillant mes cartons je suis retombé sur ce morceau que je trouvais idéal pour cette partie. Plein d'allant, de joie. Et c'est d'ailleurs le morceau qui a le plus changé entre les premières démos et la version finale ! A la base, il n'y avait même pas le thème de violoncelle/guitare d'intro. Le chant commençait direct. Puis, pour le coup, comme pour ''Mahaut'' et ''Poussières Eternelles'', c'est un titre qui a d'abord été façonné par le live, et surtout, en trio acoustique.
Et en parlant de ''Poussières Éternelles'', ça, c'est un titre qui a été sauvé !
Pour simplifier, c'est un morceau qui devait être dans mon premier album. Mais j'y trouvais pas la magie qu'il fallait. Il manquait un truc, et là, j'étais vraiment allé au bout de ce que je pouvais faire. Et c'est quand je l'ai présenté à Angelina que tout est devenu une évidence ! Elle a juste changé 1 accord dans les couplets, et hop…

Voilà un peu pour l'historique des titres.

2 Cet album est émotionnellement très fort, on passe souvent de la tristesse à la joie, en passant par la réflexion, le désespoir et soudain l’espoir. Est-ce voulu ?

Ahhh, complètement. C'est une volonté de ma part et surtout, une raison pour moi de faire de la musique. Comme je te disais, j'aime les contrastes. Mais pas qu'en musique. Dans toutes les formes d'art, la peinture bien sûr, mais aussi le cinéma, la danse, le théâtre, …
Et d'ailleurs, je vais citer le grand Fernandel qui parlait de ses rôles au cinéma. Il disait, en somme, que ce qui permettait au public d'apprécier ses rôles plus dramatiques, c'était parce qu'à côté, il s'adonnait à des rôles plus légers.

Et qu'en gros, si on ne fait que dans un genre, on perd son public, mais aussi son propre intérêt.
Je suis d'accord avec lui et reconnais que je me lasse très vite de plein de choses dans la vie. En musique, c'est encore pire. J'ai besoin de stimulis variés pour maintenir ma curiosité. Et les contrastes en font partie, en plus d'amener un intérêt purement musical, d'une profondeur et d'une richesse.
Typiquement, j'adore AC/DC. Mais au-delà de 3 titres, j'en peux plus parce que tout se ressemble. Et tu vois, un groupe comme Queen (sur les 5 premiers albums), c'est juste incroyable. ''The March of The Black Queen'' par exemple, quel pied !

Donc, pour en revenir à ta question (oui, j'ai tendance à m'égarer) : oui, c'est volontaire et voulu. Avec les contrastes, je pense réussir à faire en sorte que chaque nouvelle émotion soit pertinente. Dès qu'on arrive à l'espoir, je pense qu'on le ressent. Et que les émotions sont plus fortes que si cette partie avait été là dès le début, tu vois ?

En fait, il faut le Yin et le Yang dans la vie. On apprécie l'un que si on a l'autre !

Et j’ai voulu faire une musique qui soit vivante. Et dans la vie, on passe souvent de l'un à l'autre ! Je suis enchanté que tu l'aies remarqué.

J’ai tendance à aimer les musiques qui sont émotionnellement fortes. J'aime reproduire ce que je ressens dans l'espoir de toucher les gens comme j'ai pu l'être avec d'autres artistes. Il m'est déjà arrivé de chialer toutes les larmes de mon corps, d'en perdre mon souffle à l'écoute de certains artistes. Et j'ai voulu essayer de reproduire ces émotions. Ai-je réussi ?

Ca, c'est pas moi qui peut le dire !

3 Dans ma chronique, je n’ai pas voulu trop détailler les textes car je voulais que tu en parles toi-même. Il me semble que c’est un concept parlant des lettres qu’une mère reçoit de son fils qui est sur le front, durant la 2ème guerre, c’est bien cela ?

Complètement, du moins sur la première partie !

J'ai eu l’idée de faire des chansons sur la guerre il y a longtemps. Ça fait depuis au moins 10 ans que j'ai ‘’The Letter 1 et 2’’. L'idée m'était venue dans le métro de Lyon en 2014 pour le 70ème anniversaire du débarquement où un vétéran de la Seconde Guerre mondiale était assis avec toutes ses médailles. Et devant lui, 3 petites filles qui n'arrêtaient pas de se moquer. Dans ma tête, ça a fait une boucle : c'est grâce à lui qu'on peut se moquer de lui… Et j'ai trouvé ça injuste. Ce manque de respect envers les aînés.

C’est comme ça que j’avais composé ces deux titres. Et depuis, j’y ai rajouté ce concept de lettres qu’une mère reçoit de son fils parti à la guerre ! Alors, je parlais des lettres de poilus tout à l’heure, mais malgré tout, l’histoire n’est pas figée dans le temps. Elle ne se passe pas pendant la première guerre, la seconde ou n’importe laquelle. Elle est intemporelle. Car je pense qu’elles parlent de sentiments, d’émotions et de peurs qui sont universelles et intemporelles. Que ce soit en Ukraine aujourd'hui ou pendant la première guerre, la peur est là, les questionnements sont là.
Au final, il aura fallu 10 ans à ces titres pour arriver à maturité et avoir un concept pour pouvoir pleinement exploiter leur potentiel.
Tout ça pour dire que les 5 premiers titres (Why ? / The Letter – Part 1 / The Guns Are Approaching / The Letter – Part 2 / My Son) tournent autour de ces thèmes par le biais de lettres. Une grande partie des titres a d'ailleurs plus de 5 ans, sauf ''Why ?'' que j'ai composé pour l'album et pour ouvrir cet album. Alors, tout a été ré-arrangé, re-composé … bien sûr ! Et puis surtout, tous les textes ont été écrits au cours de ces 2 dernières années.

Il faut savoir que j'aime le travail collaboratif. Et pour toute cette partie, un énorme travail de ré-écriture des mélodies et des textes a été fait avec Emi B. C'est vraiment elle qui a su donner la vie et le liant qu'il y a tout au long de ces morceaux.

Pour amorcer la seconde partie plus lumineuse et portée sur l’espoir, il y a 2 titres :

''No Surrender'' qui parle de ne pas céder face à la barbarie. C’est pourquoi on entend les discours de De Gaulle et Churchill en juin 1940. Ils appellent à la lutte.
Nous aussi : non, nous ne céderons pas face à l’injustice.
''Oppression''. Il s’agit du titre en français écrit par mon amie Lucie qui a d'énormes problèmes de santé. Et dans ses paroles, elle explique comment elle parvient à vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Comment l'amour de sa famille a été important, comment elle se sent entourée, aimée et que cet amour lui permet d'avancer dans la vie.
Autant la chanson commence de manière très sombre, plus la chanson avance, plus elle s'éclaire. La maladie cède la place à l'amour.

Et puis, se succèdent des titres qui parlent d'espoir. Une goutte d'eau qui cesse de devenir flocon et qui réussit (Poussières Éternelles), d'écologie et d'un monde meilleur (Change), d'un voyage intérieur pour trouver la paix (Your Way). Et finir avec ”Mahaut”, une chanson de rupture, mais dans laquelle on souhaite le meilleur pour l'autre, car l'amour a plusieurs formes.


4 Peux-tu présenter tes musiciens et surtout tes chanteuses qui font un job fabuleux ?

Alors nous avons Emi B qui est une amie de très longue date ! Ça fait depuis plus de 10 ans qu’on fait des morceaux ensemble. Dans mon précédent projet, c’est d’ailleurs avec elle que j’avais fait les premiers featuring (en 2014). On se connaît par cœur musicalement, et on aime s’apporter le plus de richesse possible dans nos musiques. J'adore lui proposer des chansons qui ne sont pas dans ses habitudes de chant et elle adore me faire exactement la même chose pour ses EP. Oui, car si on se retrouve ensemble sur mes album, on se retrouve aussi ensemble sur ses EP que je produit et co-arrange.
En tout cas, sur “Hope Despite Everything”, on a pu faire un travail incroyable ensemble. Elle a su complètement s‘immerger dans cette histoire de lettres et habiter le rôle comme si elle était la mère qui avait perdu son fils. On peut surtout l’entendre dans “My Son” dans lequel on a envie de pleurer avec elle quand elle apprend sa mort. Je pourrais citer tous les morceaux tant je les aime et tant j’ai aimé ce qu’elle a pu proposer et faire.
Du coup, vous pouvez l’entendre dans les titres Why ? / The Letter – Part 1 / The Guns Are Approaching / The Letter – Part 2 / My Son / Your Way / Change.
Ce qui en fait un sacré paquet ! Ahahah
Et puis notre collaboration n’est pas prête de s'arrêter ! Il y a mon prochain album sur le feu, et puis sa prochaine suite de singles !


Après, dans les “chanteuses-créatrices” de l’album, il y a Angelina Pelluet avec qui on a écrit “Poussières Éternelles” et à qui je dois beaucoup. Déjà, notre rencontre est le fruit d’une suite de hasards. Je défends ma musique en trio acoustique (chant, guitare et violoncelle) avec Charlotte Ganor et Lucie. Il se trouve que pour plusieurs dates de 2022, Charlotte n’était pas disponible. Et pour pallier cette indisponibilité, elle nous a présenté Angelina qui est sa doublure voix dans beaucoup de projets, alors qu’elles ne se sont pratiquement jamais vues en réel ! Ce qui est drôle !
Quoi qu’il en soit, le feeling est vraiment bien passé entre nous. Et là où je lui dois beaucoup, c’est que, comme je disais plus haut, quand je lui ai parlé de l’idée de faire un nouvel album, je lui ai proposé de chanter sur un des titres. Et je lui ai proposé “Poussières Éternelles”. Je la trouvais vraiment inaboutie au possible, mais elle l’a trouvé vraiment pas mal et on a commencé à bosser dessus ensemble. Elle qui a eu l’idée de changer un accord sur les couplets. Et bien juste ce changement a permis de faire en sorte que “Poussières Éternelles” devienne un titre que j’adore comme pas possible !
Je suis fan de son texte et de sa performance vocale. puis c’est elle aussi qui a eu l’idée d’en faire un duo avec Charlotte. Quelle idée ! Quelle fantastique idée !
Bref que de bonnes idées qui ont, pour moi, sauvé ce morceau dont je ne savais quoi faire !


La dernière chanteuse lead de l’album, c’est Manon Coursol. Alors, sa particularité, c’est que c’est la seule chanteuse qui n’a pas écrit son propre texte. Il a été écrit par Lucie. mais comme c’est un texte ultra personnel, Lucie voulait que ce soit une chanteuse qu’elle connaissait de longue date et en qui elle avait toute confiance. Puis, comble de l’ironie, quelques jours avant l'enregistrement, Manon venait elle-même d’apprendre une nouvelle de santé peu amusante … Autant dire que son interprétation porte l'émotion de 2 personnes. Elle a réussi à s’approprier le texte de manière incroyable. D’autant que c’est jamais facile de chanter les paroles d’un.e autre et de réussir à l'interpréter avec autant de justesse !

Et enfin, pour saupoudrer le tout de sa voix majestueuse, magique… et de son talent d’harmonisation : Charlotte Gagnor. On a pas eu le temps d’écrire un morceau ensemble sur ce nouvel opus après avoir écrit “Melancholia” dans le premier album. Mais il me tenait à cœur de pouvoir quand même travailler ensemble sur “Hope Despite Everything”.
Au final, le fait de pouvoir avoir ses chœurs et tous les moments ou elle double les voix lead offre une cohérence formidable sur l’album !
J’ai hâte de pouvoir travailler de nouveau ensemble pour composer pour le 3ème album ! On a déjà quelques titres en cours ensemble !


5 Le rock progressif et tous les styles apparentés sont assez confidentiels pour le public français. Néanmoins, beaucoup de fans restent toujours à niveau et supportent toujours autant les groupes. Arrives-tu à faire ta place dans cet univers ?

Alors, si je dois être très sincère, c'est extrêmement difficile je trouve. Il y a plusieurs raisons à ça.
Déjà, la première, c'est que mine de rien, il y a beaucoup plus d'offres musicales qu'il n'y a de demande. Une journée ne fait que 24h, donc c'est impossible pour un être humain de pouvoir écouter tout ce qui sort, surtout quand il y a autant de sorties musicales. Il y a presque 10000 nouveaux morceaux qui sortent par jour !

La seconde, elle est purement mathématique. Sur les pages FB de prog ou les différentes revues musicales, il y a je ne sais combien de nouveaux posts ou articles par jour. Donc déjà, on divise par ce nombre de posts la chance d'être vu.

La troisième, elle est mercantile : le prog n'intéresse pas les programmateurs de salles ou de radio. Donc les démarcher en disant qu'on fait du prog, c'est se tirer une balle dans le pied. Ou alors se dire qu'on restera un tout petit artiste anonyme et confidentiel. C’est très dur d’avoir une grosse visibilité avec ce genre en France.

Le quatrième, la chance ou les contacts. Avoir les bons contacts au bon moment. Sortir la bonne chanson au bon moment. Moi, j'ai la malchance d'avoir pratiquement jamais de chance (ça en est même drôle tant j'ai pas de chance) et en plus, pratiquement aucun contact dans le milieu.

En cinq, je dirais l'argent. Si t'es pété de thunes, tu peux te payer des purs visuels, des putains de clip, une campagne sur groover, … Bref, te rendre visible ! Et comme je ne le suis pas...

Ensuite, il y a aussi une certaine réalité dans laquelle on va plus facilement écouter ce qu'on connaît que ce qui est nouveau. Ce qui enlève encore du temps pour quelqu'un qui voudrait découvrir ma musique. Et je me mets dedans hein. Demain, y a le nouveau Gilmour qui sort ou le nouveau Esthesis, je vais d’abord écouter Gilmour, puis après j’aurai plus le temps, puis après je vais oublier…

Et puis le dernier point, c'est la nostalgie et le poids des anciens. Quoi qu'on fasse, les anciens groupes passeront toujours avant. Je pourrais faire un album meilleur que The Wall (ce qui n'est pas le cas), il passerait presque inaperçu ! Ou il aurait une durée de vie ultra limitée !

Donc quand on fait le bilan de tous ces points (et j'en oublie sûrement), on se rend compte que ca va être difficile de se faire une place. Et je l'atteste. C'est extrêmement dur. Mais bon, il faut y croire.

Et comme tu dis, malgré tout, il y a quand même encore beaucoup de fans du genre qui restent à niveau et qui écoutent beaucoup les nouveautés ! Et ça, c'est super chouette !! Tout n'est pas que noir bien sur ! Regarde, j’ai eu la chance que tu tombes sur un de mes posts et fasse une putain de chronique et une interview !

6 Comment est la scène musicale sur Lyon, ta région ?

Alors là, je vais sûrement te décevoir, parce que je ne pourrais pas trop te répondre. Je ne suis pas un grand ''bon vivant'' dans le sens ou je sors très peu, ayant beaucoup de mal à me sentir à l'aise quand il y a du monde autour de moi. Donc les bars, les salles de concert, les cafés concerts, … j'y vais vraiment très rarement.
En revanche, tu peux me retrouver en haut d'une montagne ou en balade avec mon chien. Et pour ça, Lyon est foisonnante entre ses parcs et les Alpes juste à côté.

Mais en vrai, de ce que j'en sais, la scène Lyonnaise est très riche et assez foisonnante. Alors, pas très rock. Plutôt très électro ou jazz. Mais après tout, il en faut pour tous les goûts. Il y a beaucoup de gens qui se bougent énormément pour organiser des concerts, des festivals, … Et il en va de même pour ce qui est du théâtre.

7 Selon toi, quelle évolution s’est opérée avec ton premier album, « Clair Obscur », que j’ai beaucoup aimé également mais qui paraît un peu plus expérimental ?

Je pense que la grande différence, c'est la confiance en moi que j'ai pu développer et l'apport des gens qui m'entourent.
La confiance, elle m'a permis de m'affirmer, de plus oser. Pour le premier album, pour les cordes, j'avais fait appel à un arrangeur, ce qui m'allait très bien, j'osais pas les faire moi même. Et bien pour ce second album, il n'était pas disponible. Au début, j'avais peur. Peur de, soit décaler la sortie pour l'attendre, ou d'avoir un album sans cordes.
Finalement, je me suis ''juste'' retroussé les manches et j'ai bûché pour pouvoir m'en occuper avec Lucie au violoncelle. On a tout fait tous les deux, et je trouve que ça marche tout aussi bien. Parce que… je n'ai aucune base théorique en solfège. Je fais tout d'oreille, d'instinct et de ressenti ! Sauf que bon, l'instinct et le ressenti, c'est bien gentil, mais ça n'écrit pas de notes sur une partition. Et en ça, en plus de sa créativité, quel plaisir et bonheur d'avoir pu travailler avec Lucie !

Typiquement, ça, je n'aurai pas été capable de le faire il y a 2 ans. J'aurai pas osé me lancer là dedans. Et je te parle même pas d'il y a 4 ans où l'idée de sortir un album pouvait me terrifier !

Là, je me sens bien plus confiant en moi et en ma capacité à toucher des gens avec ma musique.


8 Comment composes-tu ? Seul ou avec d’autres musiciens ? J’ai lu que tu avais déjà commencé le travail pour un futur album ?

En fait, il y a plusieurs étapes dans ma manière de créer un morceau. Je compose beaucoup tout seul. Des fois d’instinct, des fois en voulant telle ou telle chose (que ce soit en énergies ou en émotions, …). Je commence les arrangements dans mon coin. Que ce soit la basse, les batteries, les percussions, quelques fois d'autres instruments que je maîtrise un peu (violon, mandoline, piano, …). Et quand je trouve le résultat satisfaisant, je l'envoie à la chanteuse avec qui je veux faire les morceaux.

A ce moment intervient tout le travail en commun. Déjà, l’écriture des textes où je laisse souvent une énorme liberté. J'ai des idées de thèmes. Des phrases. Des fois même des couplets entiers. Mais pour moi c’est important que ce soient les mots de la chanteuse pour que ce soit plus sincère, que ce soit chanté avec plus d’émotions.
Et il en va de même avec les mélodies. Je les écris presque toutes. Des fois, je les impose. Mais le plus souvent, je laisse une énorme marge d’interprétation et de modification pour que ce soit plus dans les cordes de la chanteuse. Et des fois même, on change un accord, un ordre de parties.
Par exemple, “The guns are approaching”, il y avait déjà une ligne mélodique. Finalement, Emi et Lucie ont tout refait ensemble. Et c’est cool parce que c’est plus surprenant.
“Nothing human” sur le premier album, c’est encore pire, Maïté a même changé l’ordre des parties pour que ça lui corresponde mieux. Genre le couplet est devenu l’intro, l’intro le refrain, …
Donc voilà, là, à cette étape, les morceaux voyagent, s’affinent et surtout, se construisent vraiment de manière collaborative. Et j’adore cette étape.

Et puis l’étape d’après (qui des fois se fait en parallèle du travail avec les chanteuses) il y a le travail avec les autres instrumentistes. Que ce soit avec la batterie ou d'autres instruments, je travaille presque de la même manière. J’ai mes idées, mais il faut que ce soit le jeu du musicien ou de la musicienne. Pas le mien. Donc je laisse aussi une grande marge d’interprétation, d’adaptation. Bien sûr, il faut que les instrumentistes gardent le respect des structures et mises en place, mais qu’ils le jouent à leur manière quoi.

Ça permet de donner un côté que je trouve ultra organique dans mes morceaux.

Malgré tout, je reste le chef à bord. C’est à dire que je n'hésite pas à trancher quand il y a des incertitudes et que si vraiment, il y a quelque chose qui ne me plait pas, ça reste mon projet, donc il faut aussi et surtout que ça me plaise et j’hésite pas à dire non le cas échéant !

Et du coup, oui, je suis déjà en train de travailler sur 2 albums ! Le suite de la trilogie qui devrait voir le jour en 2028 et un autre album plus folk et acoustique que j’aimerai sortir pour 2026 voir 2025.
J’ai besoin de me faire un album plus léger dans la production, dans le son. Moins rock. Beaucoup plus organique. Et j’ai déjà bien avancé parce que j’en suis à presque 8 titres quasi finis !
Alors, il va vraiment détonner cet album. Parce que là, pas de rock comme je disais. Presque pas de prog. Pas de guitares saturées ou de solos. Ça va vraiment être un album de titres plus pop, plus chanson ! Mais j’en ai besoin et surtout, envie !

9 Si tu pouvais faire revenir un ou une artiste d’entre les morts, quel serait-il (ou elle) ?

John Lennon !
Déjà, dans la sphère artistique mondiale, ça aurait fait du bien d’avoir un artiste avec autant de choses à dire. Qui aurait eu le courage de l’ouvrir sur ce qui se passe dans le monde. Qui aurait tenté de faire bouger les choses.
Parce que bon… Avec les réseaux sociaux et la peur que quoi qu’on dise, ça nous retombe sur la tronche, plus personne n’ose rien dire. Tout est politiquement correct. Et je m’inclus complètement dedans, je ne vaut pas mieux que les autres.
Mais on vit une époque effroyable sur la liberté d’expression. Même dire qu’on a plus le droit de rien dire, on a pas le droit de le dire. Sinon, on passe pour un vieux réac de droite. M’enfin, c’est un autre sujet.
Et je pense qu’il aurait été capable de mettre des bons coups de pieds dans la fourmilière de l’époque policée que l’on vit.
Et puis, musicalement. Je pense que les Beatles se seraient reformés en 80 ou 81. Et là .. je n’ose imaginer le Beatles 2.0 à quel point c'eût été fantastique avec des technologies d'ingénierie sonore plus avancées. Quand je vois ce que McCartney et lui ont pu faire en solo, Harrison et Starr aussi… Je me dis qu’en mélangeant tout ça, en apportant dans les compos de chacun le talent des autres, on aurait eu des chefs d'œuvres que le monde n’a jamais connu !


10 As-tu prévu de tourner avec cet album et ton groupe ?

Ma fois. Je ne m’occupe plus de chercher et trouver des dates. C’est trop ingrat, trop compliqué. Quand on demande à être payé, on nous rit au nez, quand on demande juste à être programmé, on ne nous répond même pas …
Le booking, c’est juste de la torture. Et ça demande un temps infini que je n’ai pas et que je n’ai pas envie d’avoir. Rien que d’y penser, ça me fou de l’angoisse et une boule au ventre.
Donc j’ai décidé de ne presque plus m’en occuper. Lucie accepte d’en faire un peu et je ne pourrais jamais assez la remercier.
Mais je vais être très factuel (et un peu négatif) : s' il y a des dates, tant mieux. Si il n’y en a pas, tant pis.
J’ai de quoi m’occuper en studio pour bieeeen m’amuser.


11 Musicien est-il ton métier ? Arrives-tu à en vivre ?

Alors, oui et non ! Ahahah
Oui parce que les métiers de la musique sont mon occupation principale. Dans le sens ou j'ai monté une boite de prod pour produire d'autres artistes et que ca commence à bien tourner, que j'arrive à vendre quelques concerts. Mais ça ne suffit pas pour avoir le statut d'intermittent et réussir à en vivre.
Donc pour le moment, et bien : RSA !

Mais l’objectif est de réussir à avoir mon statut d’intermittent dans les 2 ans qui arrivent pour être un peu plus à l’aise financièrement et pouvoir sortir encore et toujours plus d’albums !

C’est compliqué d’avoir son statut avec juste sa musique. C’est pour ça que je me diversifié énormément et que je me suis lancé dans la production de spectacles vivants. Et en vrai, j’aime beaucoup ça !


12 Merci pour tes réponses et je te souhaite beaucoup de succès. Le mot de la fin est pour toi, si tu le désires.

Merci à toi pour ces questions très pertinentes.

Et puis, chers amis lecteurs, si vous aimez Pink Floyd, Opeth, Porcupine Tree et plein de groupes dans cette veine, n'hésitez pas à écouter mes 2 albums et mon EP.
Vous y retrouverez du rock, une touche de métal, de la pop et un soupçon de musique classique. Et surtout des voix qui vous emporteront, qui vous feront voyager. Quand la poésie rencontre le rock brut, ça donne ces 2 albums !
Puis n’hésitez pas à jeter un œil à ma chaîne YouTube. Il y a des lives, des live-sessions (en trio et combo), des vidéos drôles où je parle face caméra, des solos de guitare,... plein de choses !
Il y a aussi mon site sur lequel vous pouvez acheter mes albums en version classique ou collector (numérotés à la main s'il vous plaît) et bien d'autres choses encore.
Et puis, merci de m'avoir lu jusqu'ici ! Et à bientôt, je l'espère, pour de nouvelles aventures !


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