NOLENTIA |
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Mise en ligne le : 24 juillet 2020 | Intervieweur :
Black.Roger
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1-Salut NOLENTIA, nouvel album donc mais aussi du nouveau dans votre line-up, dites-nous tout ! Ghis (guitare/chant) : Eh bien juste après l’enregistrement de Deaf/Mute, nous sommes partis pour 2 dates à Clermont Ferrand et Paris, et au retour Vincent a disparu dans la nature. Après de longs mois à l’attendre nous nous sommes résolus à tourner la page et recruter un nouveau batteur que nous avons trouvé en la personne de Valentin. Pour l’heure nous sommes occupés à lui faire digérer nos précédentes compos mais il nous tarde de recommencer à composer avec lui, du sang frais de jeunot qui en veut est un boost incroyable. Raf (basse/chant) : Oui perdre notre batteur dans ces circonstances a été un moment pour le moins déroutant, surtout après 12 ans avec cette formation, la seule jusqu’à présent. On a, nous aussi, fini par goûter aux « joies » des chaises musicales comme beaucoup de groupes… Mais finalement, trouver un batteur (beaucoup) plus jeune que nous, sympa & fringuant nous a botté nos « vieux » séants, de manière peut-être salutaire au final ! 2-Et puis pas mal de temps s'est écoulé entre le second et le troisième album, que s'est-il passé ? Ghis : Il s’est passé…la vie ! Nous avons tourné autant que possible pour défendre May the Hand…, puis il y a eu le split 6 Stabs Wounds avec Yattai, Grünt Grünt, Boris Viande, Tina Turneur Fraiseur et Vengeance, encore quelques dates et quand nous nous sommes résolus à remettre le couvert pour composer, il nous a fallu retrouver un équilibre du fait de changements dans nos vies personnelles. Et surtout le processus en lui-même a été plus long que par le passé puisque nous avons voulu d’emblée faire les choses un peu différemment, prendre plus de temps sur des détails pour laisser passer moins de choses que nous regretterions plus tard. Raf : Oui il y a 2 choses. D’une part, même si nous essayons d’avoir une démarche la plus « sérieuse » possible, nous restons des amateurs au sens strict du terme, c’est-à-dire que ce qui occupe le plus clair de notre temps, c’est notre boulot. D’autre part, comme l’indique Ghis, nous avions l’ambition de ne pas reproduire le même album, d’aller explorer des coins plus sombres et de peaufiner des détails sur lesquels nous étions moins tatillons auparavant… 3-Changement de label aussi, pourquoi en fait ? Ghis : Kaotoxin ayant cessé toute activité, nous avons fait un petit tour de table auprès d’autres labels…mais d’une part les conditions proposées n’étaient pas toujours très justes à nos yeux et d’autre part nous avons toujours favorisé le rapport humain, le rapport de confiance. Aussi il nous est apparu assez vite qu’une vraie collaboration entre No Master’s Voice - notre propre label - et Coups De Couteau - le label de notre pote Etienne - serait de loin la solution la plus satisfaisante aussi bien humainement qu’artistiquement. 4-Parlons de l'enregistrement, s'est-il effectué dans de bonnes conditions et où, anecdotes à nous offrir ? Raf : Pour la première fois nous avons souhaité enregistrer dans des conditions « live » et nous avons donc dû louer un vrai studio, taillé pour ce type d’enregistrements. Nous avons été fort bien reçus par Yannick Tournier, dans son Waïti Studio (lieu qui avait accueilli autrefois une pléiade de stars de la chanson française) avec chaleur et compétence. Notre ingé-son maison Laurent Bringer, dont on ne s’est pas séparés depuis le premier album, a fait le reste avec son calme et son efficacité habituels. Une anecdote me concernant : notre préparation à l’enregistrement s’était effectuée sur les chapeaux de roues et la partie vocale s’est un peu achevée sur le gong. Pour être totalement franc, je n’avais pas braillé depuis un an (date de notre dernier concert avec Nostromo à Toulouse). Devoir hurler dans un micro après plus d’un an sans avoir fait fonctionner l’organe a été un moment particulièrement douloureux, au sens physique du terme ! J’ai fini mes prises de chant étalé par terre, les bras en croix, avec un mal de tête terrible & nauséeux…à tel point que j’ai dû foncer aux gogues pour parer à toute éventualité. Mais au moins j’étais sûr d’avoir tout donné ! Ghis : Je retiens que j’ai pu faire caca sur les mêmes toilettes que Vanessa Paradis a utilisé et l’incroyable accueil que nous a réservé Yannick (3 fois béni soit Son Saint Nom). 5-Votre son est toujours bien accrocheur nous ressentons cette "patte" Nolentia même si vous innovez un peu, comment le conserver (le son) fidèlement ? Ghis : Je crois que fondamentalement les éléments du grand mix qui constituent notre « identité » sont invariables, ce sont les proportions d’un morceau à un autre et surtout d’un album à un autre qui changent un peu. Et selon que nous creusons tel ou tel aspect nous avons tendance à retravailler notre son, à l’affiner…et avec lui c’est tout notre équilibre qui s’affine. C’est un processus long mais intéressant, et avec l’arrivée de Valentin je suis impatient de creuser de nouvelles tranchées avec son influence et voir où ça nous mènera ! 6-Comme dit dans la chronique de ce nouvel opus, une certaine noirceur se fait jour maintenant pourquoi donc ? Ghis : Cela fait partie des changements initiaux, même si nous n’avons jamais été franchement joyeux nous avons décidé d’assumer cette noirceur, de l’affirmer. Peut-être est-ce l’âge, la perte de certaines illusions, d’un optimisme post-adolescent ? Le monde semble s’enfoncer chaque jour un peu dans l’absurdité, j’ai régulièrement l’impression d’évoluer sur un tournage du journal de Groland sous l’influence des scénaristes de South Park…et face à tout ça, à choisir entre des réactions mesurées, raisonnables, et des comportements d’une stupidité moyenâgeuse sans l’excuse de l’ignorance, j’ai l’impression que le monde entier est résolu à repousser les limites de la crétinerie. Et forcément ça joue un peu sur le moral. Raf : Ce que dit Ghis s’est traduit aussi musicalement par des envies de mettre les doigts à des endroits où on n’avait pas l’habitude de les mettre (je précise que je parle toujours de musique, même si je parle de manche en particulier). Ça a donné des accords et des sonorités qui nous ont séduits et qui nous semblaient cohérents avec l’humeur du moment et là où nous voulions aller… 7-Que pensez-vous de la situation actuelle (covid) surtout au niveau musical et autres… Ghis : J’en pense que ça fait plus de trente ans que des rapports d’experts, parfois au sein d’organisations comme l’ONU ou l'OMS, alertent régulièrement sur le risque de zoonose lié à l’élevage et qu’avec 94% de la biomasse constituée uniquement par les humains et leur bétail la situation est appelée à se répéter, souvent, à s’intensifier puisque personne ne semble vraiment décidé à changer ses habitudes et faire des concessions sur son petit confort pour le bénéfice du plus grand nombre. On va dans le mur un steak après l’autre...aussi inconfortable que soit la situation pour nous, musiciens, ce n’est rien face aux deuils des familles des 30.000 morts rien qu’en France. Je ne suis pas très optimiste sur un retour à la normale en termes de concerts dans un avenir proche mais j’espère me tromper. Raf : Pour ce qui est du domaine de la musique, je suis soulagé que les gens qui en vivent, notamment les intermittents, aient pu avoir un sursis octroyé par l’Etat. Mais la situation reste extrêmement préoccupante… A notre petit niveau, nous sommes en train de nous demander s’il faut continuer à axer notre préparation exclusivement sur les concerts ou s’il ne faut pas d’ores et déjà se remettre à la compo pour ne pas perdre trop de temps inutilement. Mais poser la question, c’est déjà y répondre. 8 Et les tournées, on attend avec impatience, avez-vous des plans ? Raf : Eh bien nous attendons ça nous aussi avec impatience pour au moins deux bonnes raisons : nous avons un nouvel album à défendre et nous avons bien envie de jouer des nouveaux morceaux sur le bois…et puis on a bien envie de commencer à rôder le trio avec notre nouveau bûcheron, dont le jeu est différent que celui que nous avons connu les 12 années précédentes ! Une nouvelle formule, c’est toujours excitant à tester et voir grandir. 9-Merci d'avoir répondu à ces petites questions, je vous laisse le micro pour le ou les mots de la fin, lâchez-vous ! Raf : Hum, pas évident. Bon alors disons une suggestion musicale, une remarque & une question métaphysique. La suggestion : écoutez ou réécoutez Killing Joke, en particulier les 4 albums qui se suivent de Pandemonium à Hosannas from the basement of Hell. Le sommet étant l’album éponyme de 2003 avec Dave Grohl aux tambours. La remarque : si ta fiche d’intervieweur sur le site est exacte Black Roger, tu as le même âge que mon père. Je me dis que s’il avait eu tes goûts musicaux, j’aurais pu commencer Nolentia au moins 10 ans plus tôt et ainsi tourner avec Napalm Death & Nasum sur la tournée Enemy of the music business. Au lieu de ça, j’ai bouffé du Leny Escudero quand j’étais gamin et j’ai quand même perdu mes oreilles quand je suis allé les voir brûler les planches quelques années plus tard. Arf. La question métaphysique : quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi les conducteurs de camions ont leur prénom écrit en gros dans leur cabine ? Avec le fait de savoir s’il y a une vie extra-terrestre, il s’agit des 2 grandes questions qui restent sans réponse dans ma vie. Merci à tous pour le soutien, longue et belle vie à Pavillon 666… ! |
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interview detail 2015