AZZIARD

Chronique liée
Lien du Groupe https://www.facebook.com/azziard/
Audio / Video
Mise en ligne le : 21 mai 2020  | Intervieweur : Black.Roger | Traducteur :

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
01- Tout d'abord une petite présentation du groupe s'impose.
A.S.A : Azziard est un groupe de black metal fondé en 2001 mais réellement actif depuis 2005. Après 2 albums basés sur la première guerre mondiale, le groupe a démarré une nouvelle ère en 2017 avec le 3ème album "Metempsychose". Azziard aborde depuis-lors un nouveau line-up, une nouvelle direction musicale et un nouveau thème.

Après une tournée européenne pour Metempsychose marquée notamment par la participation à la tournée Viktoria 2018 de Marduk et Ragnarok au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, Azziard revient avec le 4e album, "Exégèse” qui est le deuxième volet de la trilogie Liber Novus, explorant la complexité de la psyché humaine et ses aspects métaphysiques.

02- Quel est votre line-up actuel, est-il stable en ce moment ?
Nesh : Le groupe est composé d’A.S.A au chant, Gorgeist et moi aux guitares, Sarnath à la basse et Anderswo derrière les fûts.

Il y a eu de nombreux changements avant Metempsychose mais le lineup est toujours le même depuis 2017 (seul Sarnath nous avait rejoint après le studio). L’avantage est que nous avions déjà tous joué ensembles dans d’autres groupes, nous nous connaissons bien et c’est donc comme si nous étions ensembles depuis très longtemps. Cette stabilité est importante dans le processus créatif.

03- Il me semble que le black-metal se porte bien en France ces derniers temps, qu'en pensez-vous ?
A.S.A : Le black-metal est depuis très longtemps de qualité en France, néanmoins on constate que de plus en plus de groupes sont reconnus à l’étranger et des groupes comme The Great Old Ones, Regarde les hommes tomber… n’y sont pas pour rien.

04- En ce qui concerne AZZIARD, parlons de votre dernier album "Exégèse", comment s'est passé l'enregistrement ?
Nesh : Nous avons bien préparé ce dernier. Nous étions moins dans l’urgence que pour Métempsychose. Nous avons pris le temps de composer autant que possible tous ensemble, j’ai apporté une grande partie des bases et ensuite on a retravaillé tout cela en répétition. Chacun donnant son avis et proposant des arrangements et modifications. Au final nous avions 12 morceaux et nous avons pu choisir le 8 meilleurs et les plus cohérents.
Ensuite nous les avons travaillé pendant plusieurs mois et sommes entrés au Hemlig Studio sous la direction d’Etienne Sarthou.
Ce dernier nous a beaucoup challengé sur les morceaux et nous a grandement aidé en faisant aussi un travail de producteur au final.

05- Pourquoi avoir choisi un concept si profond sur l'être humain ?
A.S.A : Tout cela est basé en partie sur un profond dégoût de l’être humain et de ses méfaits mais aussi sur le mysticisme autour de l’âme humaine et le questionnement que tout le monde peut avoir autour des aspects métaphysiques de la construction du soi.
Pour nous, le processus d'individualisation de la société explique la décadence de la civilisation. L'homme a une partie fondamentalement mauvaise qui ne demande qu'à s'exprimer.

Nous avons voulu mettre cela en avant en nous inspirant des travaux de Carl Gustav Jung (psychiatre suisse, fondateur de la psychologie analytique et pionnier de la psychologie des profondeurs) sur la compréhension de la psyché humaine et ses aspects métaphysiques, les archétypes de l'inconscient collectif et notamment son fameux livre rouge.

Nous avons repris les principes du livre rouge qui est initialement un manuscrit écrit par Jung, dans lequel il raconte, à la première personne, son voyage intérieur. C'est un texte littéraire dans la forme, avec des dialogues. Il y fait des rencontres, à l'intérieur de lui-même, dans son propre inconscient ou subconscient, dans un état de rêve ou de conscience avivée.

Nous avons choisi d’explorer les méandres de l’âme humaine et ses instincts primitifs à travers ce même principe. Une quête que vit un personnage (que l’on a connu sur Metempsychose), une descente aux Enfers - du moins dans le chaos d'une âme troublée et indécise -, une exploration de ses propres désorientations et de ses tâtonnements à la recherche de solutions qui puissent redonner un sens à sa vie.
C’est un personnage torturé, qui est encouragé à laisser aller ses pulsions dans tout ce qu’elles ont de plus sombre (en cela il n’est que le reflet de la société) et fait ce travail d’apprentissage de lui-même.

Comme le livre rouge pour Jung, l’ensemble est pensé comme un livre en plusieurs grandes scènes.
Cela correspond à une approche globale, un triptyque avec la musique et le visuel (que ce soit sur scène ou pour l’imagerie), un ensemble cohérent qui exprime des sentiments précis. La thématique dépend directement de la musique et vice versa.


06- Exégèse représente donc un second volet d'une trilogie, où trouvez-vous l'inspiration adéquat ?
A.S.A : Cette trilogie est axée sur le parcours d’un personnage, il s’agit de son histoire en trois chapitres que nous avons pensée en amont. Comme elle est abordée comme un livre, nous en avons élaboré la trame au préalable. Elle exprime le chaos personnel et le désarroi dans lequel se débat le personnage, aux limites (franchies) de la folie.

C’est un concept très large. Il y a tellement à aborder sur cette thématique qu’il n’y a pas de limites. Chacun peut se poser une multitude de questions en rapport à cela : Ai-je une âme, et si j’en ai une, qu'a-t-elle à me dire d'essentiel ? Ne suis-je pas englouti par des activités extérieures incessantes lesquelles ne donnent pas de sens à ma vie ? Qui faut-il suivre comme modèle de vie et de sagesse ? En qui ou en quoi avoir confiance ?

Nesh : Pour ce qui est de l’inspiration musicale, elle vient souvent de ce que j’écoute sur le moment. Des fois une idée me vient et si je ne peux pas tester avec ma guitare, je la note et je la travaille plus tard. Toutefois sur Exégèse nous avons aussi pris le temps de nous poser en répétition et de tester des choses, de lancer des idées, de creuser parfois, mais surtout d’enregistrer et d’ensuite revenir dessus pour savoir si cela était intéressant et exploitable. L’idée était aussi d’intégrer autant que possible dans la composition Gorgeist et Sarnath qui n’avaient pas pu vraiment apporter leur pierre à l’édifice de composition pour Métempsychose.

07- On vous taxe de black-metal violent et torturé, assumez-vous cet état de fait et pourquoi ?
Nesh : Pour la violence je dirai oui et non. On ne peut pas dire que nous n’aimons pas la violence, symbolisée par de tempos rapides et du blast beat, mais il s’agit aussi d’y introduire un certain équilibre. Nous avons en effet sur les précédents album assez orienté le côté violent et torturé, mais nous avons distillé sur Exégèse encore plus de noirceur, un côté malsain mais aussi une pointe de mélancolie.

A.S.A : Pour moi cela correspond dans le sens où comme je le disais précédemment, nous abordons les albums comme des ensembles, la musique reflète la thématique. Le style a également évolué pour aller vers une ligne plus moderne et aussi plus sombre et dépressive qu’auparavant en rapport avec le concept et aux chapitres de l’histoire.

08- Un mot sur le son maintenant très apprécié de vos derniers albums, comment procédez-vous pour le rendre si puissant ?
Nesh : Pour Métempsychose nous avons fait appel à H-K du Vamacara Studio, réputé pour son gros son. Il nous a fait une très grosse production avec un mur de guitare, quelque chose de très rentre dedans et bien agressif. De plus en matière de son nous jouons avec un accordage d’un ton complet en dessous sur l’ensemble de l’accordage.
Pour Exégèse, nous voulions un son plus organique, plus gras, qui correspondait plus aux compos de cet album. Nous avons donc choisi Etienne Sarthou en grande partie pour son expérience mais aussi sa polyvalence. Il nous a orienté dans nos choix et en tant que batteur a su donner un son très naturel à la batterie. Il nous a aussi conseillé de s’adresser à Magnus Lindberg (Cult Of Luna) pour le Mastering, ce qui nous a semblé cohérent… et le résultat est au rendez vous.
Pour cette album nous sommes aussi passé sur des guitares Schecter 7 cordes afin d’avoir un gros LA pour donner ce côté massif et lourd.

09- Il ya aussi l'artwork de couverture de "exégèse" qui nous interpelle, qui en est l'auteur ?
A.S.A : Nous travaillons toujours avec le même artiste, qui avait déjà réalisé Metempsychose, il s’agit de Threadbare Artwork. Il a cette fois fait également participer sa compagne, l’Oeuvre au Noir, qui a réalisé les illustrations à l’intérieur du booklet.
Nous aimons travailler avec lui car nous nous comprenons bien et ce qu’il fait correspond à chaque fois à ce que nous attendions et est en pleine cohérence avec la musique et les textes.

10- Pensez-vous bien retranscrire votre oeuvre en live, n'est-ce pas un défi ?
Nesh : Autant pour Métempsychose c’était un réel défi car les structures et les riffs sont complexes, les tempos rapide (260 bpm pour l’Enfer par exemple) et parfois multiples voir sur des mesures tordue, alors que pour Exégèse nous avons pensé les morceaux aussi dans leur interprétation live et les avons testés et adaptés en amont en répétition. Les structures et les riffs sont souvent plus simples et plus lisibles, les tempos cohérents et surtout un seul tempo par morceau. Le défi sera malgré tout toujours présent mais nous avons un certain nombre d’outils et nous nous préparons avec notre équipe technique pour avoir le meilleurs rendu possible.
Un album ne reste au final qu’un cliché à un instant présent, propre et bien léché… alors qu’un concert est une expérience plus vivante, un spectacle unique en quelque sorte. Il s’en dégage une énergie et un échange qui nous transcende, un don fait à l’audience… on y met toutes nos tripes, toute notre rage, toute notre énergie, tout notre être.

11- En tous cas merci de nous avoir accordé cette petite interview, un mot pour la fin ? C'est à vous…
A.S.A : Merci à toi ! Nous avons sorti deux vidéos de morceaux extraits de ce nouvel album que vous pouvez trouver sur la page youtube du groupe : The Scarlet Man et Images of the Wanderer.
Nesh : Merci à toi surtout pour tes questions et merci à celles et ceux qui nous ont lu jusqu’ici.

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock