LA HORDE

Chronique liée
Lien du Groupe
Audio / Video
Mise en ligne le : 06 novembre 2015  | Intervieweur : superbenny666 | Traducteur :

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
1-salut à tous, pourriez-vous présenter "La Horde" aux lecteurs de Pavillon666?

Frank : La horde est un groupe de thrashcore fondé à l'initiative de Matt le guitariste. Faisant
appel à ses amis pour un nouveau projet musical. Au départ, nous ne savions pas où nous
allions vraiment, nous souhaitions juste jouer ensemble et travailler sur un nouveau projet.
Les choses se sont vite enchainées à la suite d'un premier tremplin en lorraine. Le premier
album "En passant par le monde" est né, puis les concerts pour le défendre. Quelques-un
mémorables comme le métal-ride à Nancy en partageant l'affiche avec Gojira et Melechesh
entre autres. Les retours étaient plutôt positifs et le plaisir de jouer ensemble sur scène était
bien là. Nous nous sommes alors penchés sur l'écriture de notre deuxième album.


2-Vous venez de sortir "Dystopie", votre second album. Pourriez-vous nous dire dans
quelles conditions celui-ci a été enregistré ?

Frank : Pour Dystopie, nous avons voulu faire le maximum de choses par nous-mêmes. Nous
avions de la matière mais malheureusement des problèmes de financement. Nous nous
sommes alors tournés vers le financement participatif. Nous avons lancé une campagne sur
Ulule qui a été atteinte. Ceci nous a permis d'avoir un budget.

Matt : Ensuite c’est assez naturellement que nous avons enregistré et mixé le disque à notre
façon. Je commence à avoir une solide expérience du mixage de groupes de metal donc
forcément, ça aide, et puis j’ai mon propre studio d’enregistrement. Notre batteur Thomas a
également son studio où il enregistre ses prises. Tout cela nous a conforté dans l’idée de faire
tout en interne. Nous partons toujours d’une préproduction instrumentale guitare-batterie qui
sert de base à tout le reste. Cela nous permet d’avoir le recul nécessaire pour jauger de
l’efficacité des morceaux avant de les enregistrer dans leurs versions définitives. Etienne
(basse) et Frank (chant) terminent le boulot chez moi en venant faire leurs prises. Ensuite on a
passé pas mal de temps sur le mixage. C’est une phase durant laquelle nous échangeons
beaucoup sur la direction artistique générale. Tout est décidé de manière démocratique et à
l’unanimité. Si au final un morceau ne plait pas à l’un d’entre nous, nous ne le gardons pas,
tout simplement.

Thomas : On a décidé d'enregistrer cet album nous-mêmes pour être maîtres du résultat
jusqu'au mastering, qui lui, a servi a mieux définir notre son et gagner un peu en puissance.

Matt : J’ai pu retravailler à cette occasion avec Laurent Steffen qui est un vieux briscard de la
scène nancéienne et avec qui j’aime beaucoup travailler.


3-Votre premier album "En passant par le monde" était fondé sur les romans
d'anticipation, qu'en est-il de "Dystopie" ? Est-il aussi un album conceptuel ?

Matt : Nous l’avons abordé de la même manière en ce qui concerne les textes à savoir une
inspiration tirée de romans d’anticipation ou de films. Ce n’est pas un album conceptuel à
proprement parlé car il n’y a pas une histoire qui se déroule mais tous les titres possèdent un
fil rouge, une trame commune qui est la dystopie.

Frank : Album conceptuel, je ne sais pas mais en tout cas, de nouveau nous nous sommes
inspirés de romans de sciences fiction que nous avons aimés pour écrire certains textes de
Dystopie. Le titre de l'album correspond d'ailleurs au style de ces romans. Le but recherché
étant d'écrire un texte basé sur l'atmosphère du livre mais pas forcément de faire un résumé de
celui-ci ou d'en dévoiler la fin. Quelques textes sont issus de notre imagination mais ils restent
dans la même veine finalement. Et enfin on a une chanson d'amour, parce qu'il en faut bien
une, qui est une reprise.

Etienne : On ne peut pas vraiment parler d'album concept. La littérature, est une source
d'inspiration, une base de départ. Mais j'ai l'impression qu'à l'arrivée les textes existent en leur
nom propre.


4-Quels est/sont le(s) messages(s) que vous voulez transmettre au travers de cet album ?

Matt : Il y a toujours plusieurs niveaux de lecture dans nos textes. Cependant les messages
principaux tournent autour de la dépendance à la technologie, des dangers de la science à
outrance, de notre rapport à la planète, à l’écologie en général, aux déviances de l’homme et
de la société. C’est souvent une vision très sombre d’un futur probable. Le titre « Nous
savions » est un bon résumé de ma pensée.

Etienne : C'est à l'auditeur d'interpréter les textes et de se les approprier. Comme on l'a dit
plus haut, on part de romans d'anticipation, celui qui écrit le texte filtre et y met sa propre
matière. La dernière étape, c'est l'auditeur qui s'accapare le texte. Alors oui on a tous quelque
chose en tête quand on choisit un livre et qu'on pond un texte mais après ça ne nous appartient
plus.

Thomas : Pas de message particulier à transmettre. On peut voir que l'on fait plutôt un constat
de notre société et malheureusement celui-ci n'est pas des plus optimistes pour l'avenir.


5-Sentez vous que la société actuelle coure à sa perte ?

Thomas : Oui et non. Comme toujours beaucoup s'en sortiront mais ce sera au détriment des
autres.

Matt : Sans aucun doute oui. Encore une fois, je renvois à notre chanson « Nous savions »
quand je dis « Nos enfants feront mieux que nous » et que le protagoniste se rend compte
qu’il est déjà trop tard. Nos enfants ne sauveront pas notre planète. Nous et nos ainés sommes
responsables du monde qu’on va leur laisser.

Frank : Clairement, pour ma part je n'ai jamais eu une grande confiance en l'être humain dans
sa globalité. Et même si à l'heure actuelle en France nous ne sommes quand même pas trop
plaindre par rapport à d'autres, il faut quand même bien avouer que voir l'avenir de l'Humanité
de manière euphorique m'est assez difficile. En ce qui concerne la société en tant que telle,
courir à sa perte est peut être un peu exagéré mais il y a quand même pas mal de choses qui ne
tournent pas trop rond dans ce bordel.

Etienne : Courir à sa perte... On s'est déjà bien perdu, non? La solidarité, le partage, l'entraide,
le plaisir d'être ensemble et d'aller à la rencontre de l'Autre ne sont plus des valeurs partagées
que par une minorité. La société promeut l'individualisme, la compétition, la réussite comme
unique source de bonheur. On vit finalement déjà dans une société dystopique. Il ne nous reste
plus que l'énergie ou la colère pour changer les choses et se retrouver.


6-2015 est une année ou la liberté d'expression a été sans cesse mis à mal. Les différents
évènements ont-ils eu un impact sur l'écriture de "Dystopie" ?

Matt : A mon niveau, non pas vraiment, je dois bien l’avouer. Pas que je sois insensible aux
événements loin de là mais ça ne conditionne en rien mon écriture.

Frank : Cela fait partie des éléments qui vont de plus en plus mal. La liberté d'expression est
en effet attaquée, en résulte une auto-censure de plus en plus présente. En ce qui concerne les
textes de Dystopie, une grande partie était déjà écris avant 2015. D'une manière générale, ce
n'est pas l'actualité qui nous fait écrire. Donc tous ces événements malheureux n'ont pas
vraiment eu d'influence sur nos chansons au final.

Etienne : Comme dit Frank, on n'écrit pas en lien avec l'actualité. Par contre l'actualité se met
malheureusement mais logiquement en rapport avec tous les dysfonctionnements de nos
sociétés, qu'on évoque en revanche dans nos textes.


7- Une reprise "Chan Chan" de Compay Segundo, un autre titre, "Tony", sur "Tony
Montana" (personnage du film "Scarface") et une tournée à Cuba. Le lien avec Cuba
semble fort, pourriez-vous nous raconter pourquoi ?

Frank : Quand nous avons eu la confirmation que nous allions participer au Brutal Fest 2015 à
Cuba, nous nous sommes dis que nous devions préparer un petit quelque chose de spécial
pour là-bas. On a cherché un peu et on s'est vite mis d'accord sur une reprise d'un morceau
traditionnel cubain. Chan Chan est vite sorti du lot et nous nous sommes lancés. L'accueil à
Cuba sur cette chanson à été très positif et nous avons décidé de la mettre sur l'album. Cela
nous faisait notre reprise, car pour le premier nous en avions déjà une, "J'ai vu" de Niagara.
Deux groupes aux antipodes de La Horde. Pour Tony, on l' a écrite à cuba dans le tour bus,
sur une idée de Matt qui voulais faire une chanson qu'avec des répliques du film Scarface. Au
final nous n'avons pas vraiment de liens particuliers, juste beaucoup de souvenirs.

Etienne : Cuba a été un moment fort, très fort, de notre année dernière. Pour la reprise de
Compay Segundo on avait envie d'avoir quelque chose à offrir, quelque chose de plus que
notre set, un clin d'œil et un hommage aux gens qui allaient nous accueillir. Un peu comme
quand on va chez des gens et qu'on arrive avec une bouteille ou un bouquet de fleurs.


8- Comment s'est passé l'accueil pour cette tournée cubaine ?

Matt : C’était fantastique. L’organisation, le ministère de la culture, l’agence du Rock à Cuba.
On a été accueillis comme des rois dans des conditions vraiment géniales. David Chapet qui
est à l’origine de ce festival itinérant est un français exilé à Cuba depuis pratiquement 20 ans
et passionné de Metal. C’est grâce à lui que le Brutal Fest fait venir autant d’artistes
internationaux à Cuba. Nous parlons d’un pays ou le rock était encore interdit il y a encore
quelques années…

Thomas : L'accueil a été vraiment excellent et le dépaysement total. Ça fait du bien de faire un
break dans nos vies et de retrouver des personnes aussi accueillantes, capables de vivre
ensemble et de partager le peu de chose qu'elles ont avec plaisir. Ce fut des rencontres
sincères avec des personnes très réceptives à ce qu'on avait à partager avec eux sur scène.

Frank : L'accueil à été au delà de nos espérances. On nous avait prévenu que cela serait une
bonne expérience, mais de faire le tour de Cuba, de jouer presque tous les soirs devant un
public nombreux et enthousiaste est une chance pour un groupe aussi jeune que nous. Le
public là bas ne pogote pas, ils font le "hardcore", qui est autrement plus violent et cela fait
bizarre les premières fois. Malgré cela, chaque soir après les concerts nous avons pu discuter,
prendre des photos, signer des autographes, boire et rigoler avec tout un tas de gens très
sympathiques. L'organisation est au top avec les moyens du bord et le staff du Brutal Fest est
une équipe très agréable et très motivée.

Etienne : On a fait de vraies belles rencontres à Cuba mais malheureusement les liens sont
difficiles à maintenir, surtout que la couverture internet de l'île n'est pas terrible.


9- Musicalement, vous faites un son lourd entre hardcore/thrash et punk, vous pourriez
nous indiquer vos influences ?

Matt : Nos influences vont du thrash américain au hardcore new-yorkais en passant par le
hardcore et le punk français. Notre musique possède à la fois des éléments hardcore, thrash et
punk, souvent dans une même chanson !

Frank : Les influences sont multiples étant donné le large panel musical que nous pouvons
balayer si nous mettons en communs nos goûts musicaux respectifs. La Horde est une somme
de tous cela finalement. Nous avions défini au départ une veine plutôt hardcore, donc on
pourrait citer des Biohazard, Hatebreed ou encore Sick Of It All. Cependant le Thrash et le
groove sont plutôt bien présents et là ca va plutôt être des Pantera, Testament ou Overkill.
Enfin pour la rage, le punk et le chant en français, on peut aller sur du Lofofora, Tagada Jones
ou L'esprit Du Clan.

Thomas : Nous avons tous des influences différentes mais on arrive à trouver un équilibre
dans une musique assez énergique et direct et finalement tout le monde y trouve son compte.


10- Quel(s) regard(s) portez vous sur la scène française?

Frank : La scène Française est riche de groupes qui se bougent le cul. Par contre très peu
peuvent gagner un peu d'argent lors de leurs concerts, ne serait-ce que pour couvrir les frais
de déplacement ou l'enregistrement des albums. Autant dire que si tu veux faire du métal tu as
intérêt à être motivé et d'avoir un peu d'argent de côté ! Je pense que cela bride certains
groupes. A cela s'ajoute le fais que d'une manière général que le public ne se déplace
quasiment plus pour une soirée métal avec des groupes pas encore connu.

Thomas : La scène Française est très riche de groupes excellents techniquement et
visuellement sur scène. Mais malheureusement peu émergent et c'est dommage. Il m'arrive
régulièrement de prendre des grosses claques sur des concerts où l'on partage la scène avec
des groupes inconnus, qui pourtant sont constitués de musiciens qui ont joués un peu partout
et qui envoient un show monstrueux !


11- Votre façon d'écrire, très littéraire voir poétique est assez singulière. Pourquoi faire
ce choix?

Frank : Nous avons décidé dès le départ d'écrire en Français, c'est un choix qui s'explique
facilement car nous pouvons écrire beaucoup plus facilement dans notre langue maternelle.
Dans La Horde comme dans beaucoup de groupe de métal, la voix est considérée comme un
instrument à part entière. Nous faisons attention à être le plus compréhensible possible pour
les auditeurs. Donc le texte ce doit d'être étudié et peaufiné car il est bien entendu beaucoup
plus facile aussi de critiquer des textes en Français. C'est enfin une manière de permettre aux
gens d'aller plus loin en lisant les textes, voir de leurs donner envie de lire des romans.

Etienne : C'est marrant qu'on nous dise souvent que notre écriture est assez littéraire. Perso,
quand j'écris je pense avant tout au sens que je veux donner au texte. Après c'est vrai que
j'aime jouer avec le rythme des phrases et les sonorités, mais ça s'arrête là.


12- Le mot de la fin est pour vous...

Frank : Pour nous, La Horde se vit avant tout en concert. Alors venez-vous éclater avec nous
lors de nos prochaines dates.
Sinon pour la promo habituelle, notre album Dystopie est disponible en commande sur notre
site en direct, il n'y a pas d'intermédiaires. Il est aussi disponible dans les Fnacs ou les
magasins culturels et en écoutes sur tous les sites de streaming et Youtube. On peut aussi nous
aimer sur Facebook ou nous suivre sur Twitter pour notre actualité.

Thomas : Si le mot de la fin est pour nous, alors je propose de regarder cette petite vidéo par
exemple et de continuer tranquillement nos vies dans le même sens sans rien changer à nos
bonnes habitudes....

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock