CHRONIQUES DE LIVRES
JEAN-WILLIAM THOURY Gene Vincent - Dieu du Rock n’ Roll [ 2010 ] |
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400 pages Style : Biographie |
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Chronique : 03 octobre 2010, réalisée par Black.Roger | |||
Gene Vincent, dieu du rock n’ roll, pourquoi ce titre donné à l’ouvrage par son auteur Jean-William Thoury ? Nous allons tenter d’y répondre après avoir parcouru les 400 pages consacrées à une biographie très détaillée du rocker légendaire qui nous a quitté il y a presque 40 ans, après une carrière musicale relativement courte d’une quinzaine d’années. Je regarde longuement la photo de couverture du livre qui nous montre un Gene Vincent recroquevillé contre son micro, revêtu de cuir noir de la tête aux pieds, les mains gantées serrant fermement le pied de ce micro, le regard perdu, le visage expressif, la mèche de cheveux rebelle descendant sur le front. Et mes pensées s’envolent vers sa musique, vers ces titres immortels comme Be Bop A Lula, Frankie & Johnny, Baby Blue, Say Mama, Blue Jean Bop, Rocky Road Blues, Race With the Devil et tant d’autres… Plongée immédiate donc dans le rock des fifties avec Gene, ses premiers succès, son ascension fulgurante durant ces années 1956, 57, 58, et ce rock n’ roll qu’il a fallu faire connaitre à une jeunesse en mal de nouveauté, qui s’est approprié finalement ce rock n’ roll mélange de blues et de country au départ que l’on nommera plus tard rockabilly. L’auteur de ces pages n’est pas avare de détails et l’on va suivre année après année, mois après mois, jour après jour bien souvent sa vie de tous les jours entre enregistrements, tournées aux quatre coins du monde et vie familiale souvent inexistante. Si au départ le chanteur se fait accompagner par les mythiques « Blue Caps », cela ne dure que trois années en fait. Notre rocker va être condamné par la suite à changer incessamment de musiciens pour ses concerts avec plus ou moins de bonheur. Nombreux changements aussi dans sa vie sentimentale avec ses amours insatisfaits, ses enfants laissés en cours de route. Cet ouvrage nous fait découvrir un homme sensible mais torturé, torturé physiquement par sa blessure à la jambe inguérissable et les douleurs lancinantes qu’il oublie uniquement en concert ou en studio d’enregistrement. Torturé aussi par ses déboires pécuniers avec des producteurs et tourneurs véreux. Seuls soulagements, les médicaments avec l’alcool, cocktail détonant qui va le conduire à sa perte aussi bien physiquement que moralement. Et puis, la date fatale en 1960 de l’accident de voiture qui verra le décès de son ami rocker Eddie Cochran ne va pas arranger les choses pour lui. Tous les observateurs et familiers de Gene remarquerons cette année charnière qui, outre la douleur provoquée par la perte de son ami, verra aussi le chanteur monter sur scène habillé de cuir noir. Ce fût une première, car aussitôt il fut imité par la suite par d’autres rockers comme Vince Taylor, Johnny Kid et plus tard Jim Morrison. Cette tenue qui va choquer et qui sera détournée par la presse bien-pensante comparant le rock à une musique de « blousons noirs » ou « teddy boys », mais qui donne une image du rock sauvage et rebelle par la suite. Autre image de cette musique dérangeante pour l’époque, Gene avec son côté « schizo » et instable, capable du meilleur comme du pire, ajoutera à ses concerts des destructions sauvages de micros, de batterie et autre matériels, avec des musiciens se roulant par terre préfigurant les prestations mouvementés des Who et de Jimi Hendrix notamment, une phase mythique du rock était née et son public adorera. Ce livre fait ressortir également l’influence énorme qu’a eu Gene sur par exemple les balbutiement du rock en France au début des années 60 avec un parallèle intéressant fait par l’auteur entre les titres originaux de notre dieu du rock et les reprises en Français, notamment par la scène hexagonale de l’époque, Chaussettes Noires, Chats Sauvages, Pirates , Vautours etc… Alors, Gene, ange ou démon, personnage controversé, mais qui a laissé une trace indélébile à notre musique préférée, et qui par la même se doit d’être qualifié « Dieu du Rock n’ Roll », un titre non usurpé dont vous serez convaincus du bien fondé après la lecture de cette biographie qui je pense est la plus complète parue à ce jour. D’ailleurs depuis ce fameux 12 Octobre 1971, date du décès de Gene Vincent, on ne compte plus les ouvrages écrits ou les sorties discographiques rendant honneur à ce pionnier, bouleversant. Quant à moi, pour terminer je ne puis que reprendre les phrases écrites par Eddy Mitchell et inscrites sur la publication française du mémorial album de 1972 : « Chanteur adulé et maudit, personnage adoré ou haï, Gene était le type même du déraciné. Il est parti sans que soit résolue son énigme mais il nous laisse sa voix incomparable qui a fait connaitre son immense talent à travers le monde. Son ami Eddy Mitchell ». Si je vous ai donné envie de lire cet ouvrage bien construit, bien documenté et dont la lecture ménage un certain suspense , c’est tant mieux car Gene Vincent revit aux travers des lignes écrites par l’auteur qui a bien su captiver notre attention . Son livre devait donc intéresser tous ceux qui veulent en savoir plus sur les origines cultes de nos musiques actuelles rock/métal. |