CHRONIQUES DE LIVRES

NICOLAS WALZER

Du paganisme à Nietzsche [ 2010 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine 230 pages
Style : Etude sociologique
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  Chronique : 12 juin 2010, réalisée par AVALON
 

Docteur en sociologie, Nicolas Walzer examine dans ce livre la culture black metal et essaie d’apporter une analyse de la religion ou plutôt des croyances et des courants dans ce milieu metal, souvent obscur et impénétrable pour certains. Qui sont les black metalleux, que recherchent-ils, quelles sont leurs affinités avec le milieu ésotérique et philosophique ?

Tout d’abord, rendons hommage à l’écrivain qui tente une approche assez neutre mais qui expose des idées, des faits ou des réflexions qui sont obligées de pousser notre petit cerveau à se poser des questions et à réfléchir en même temps que les mots que l’on avale, et qui seront pour certains d’entre vous plutôt recherchés et techniques, car quand un sociologue ou neo philosophe parle, il faut juste avoir quelques clés pour rentrer dans son univers de recherche. Alors hors mis le fait de se poser des questions, j’avoue que j’ai eu du mal à cerner l’objectif d’une telle étude, les finalités. Pourquoi n’avoir parlé que du black metal ? Pourquoi ne parler que du paganisme et des païens qui peuplent, il est vrai le milieu de façon exponentielle ? Pourquoi parler que de Nietzsche dans ce milieu précis ? A croire que l’on ne peut pas etre un « émo », aimer le coté « nature et découverte » du paganisme et les écrits de Nietzsche. Car ici il y a plein de raccourcis un peu trop faciles, du style Vous êtes païens, donc vous aimez Nietzsche. Nietzsche a écrit livre sur livre « contre » la religion (mais pas contre la croyance personnelle) donc il est forcement païen, vu que le paganisme est une sorte d’anti-religion. Nietzsche aimait Wagner, donc il aurait aimé le metal (?). Nous aurions tout aussi bien pu écrire un livre sur les death metalleux, du style : De l’animal primaire à Schopenhauer, vu que le philosophe traite souvent de l’homme animal et que les death metalleux proposent une musique souvent liées à l’animalité ou la bestialité. D’autant plus qu’ici Nietzsche est abordé sur quelques pages seulement de la fin, et que l’incursion du philosophe dans le metal et le paganisme est assez aventureux. Certains metalleux citent Nietzsche sans avoir lu un seul livre de lui, juste en pensant – à tord - qu’il était fasciste ou encore satanique. Est-ce suffisant pour lui donner une aussi grande importance dans le milieu et de le lier à ce point ? Pas convaincu. Aimer Wagner ne signifie pas forcement aimer le metal… ou laisser libre court à des suppositions personnelles.
Dans tous les cas, le coté paganisme du livre lui est plus intéressant et l’auteur nous livre une étude sociologique moins hasardeuse, entre christianisme, Wicca, paganisme et d’autres moteurs ésotériques et même politiques. Pourquoi un black metalleux de Lyon réclame haut et fort appartenir au mouvement pagan alors qu’il n’est peut-être ni celte, ni nordique, ni paysan. Une appartenance à un mouvement global ? Un effet de mode ? Une véritable identité, une envie de croire à autre chose qu’au satanisme qui est parti en désuétude ? Voilà une véritable réflexion de fond, assez agréable à lire. Mais pourquoi n’avoir abordé que le black metal tout au long de l’étude, mystère. (Certains groupes d’ambient/atmo comme Ataraxia sont beaucoup plus lié au mouvement « pagan », un exemple parmi tant d’autres…)

Alors que penser d’un tel ouvrage à caractère sociologique ? Que malgré le fait que l’auteur ne prenne pas de position trop tranchée, le fond est quand même très orienté, et pas forcement judicieux. Se construire dans le metal (ou plutôt le black metal), certes, mais nous n’avons pas toutes les cartes en main, nous n’avons pas toutes les références philosophiques, et limiter l’étude au paganisme, au black et à Nietzsche me parait somme toutes réducteur. Il y a tant d’autres courants, tant d’autres façons de penser, tant d’autres styles dans le metal…une seule solution s’impose, et cela devrait plaire à Nietzsche (vu que de la haut il doit, en extrapolant, écouter du metal et lire Pavillon 666) : chacun doit avoir son opinion, et son libre penser. A vous de voir donc si ce livre pourra vous intéresser, la réponse est en vous !

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