CHRONIQUES DE LIVRES
JEAN-PAUL COILLARD SLAYER - Full metal Target [ 2009 ] |
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Chronique : 28 novembre 2009, réalisée par S.Y.L. | |||
« Voilà qui méritait bien un pavé » est il déclaré en préface. Et effectivement, s'attaquer à la biographie d'une des légende du thrash métal, à savoir Slayer, n'est pas un exercice qui se conclu en une nuit. Sur plus de 500 pages s'étale l'histoire des quatre thrasher en série, avec un soucis du détail poussé à l'extrême, de la couleur des tétines du bébé Tom Araya jusqu'aux récents cors aux pieds de Kerry King. « Full metal target » est avant tout une œuvre d'un métalleux pour des métalleux, le néophyte se retrouvant très vite perdu dans la codification que seuls les initiés pourront comprendre, mais voilà qui tombe plutôt bien car a priori nous (toi, et moi ami lecteur) avons les cheveux longs et écoutons du métal. Après une courte évocation de la jeunesse des jeunes Slayer qu'aurait pu déclamer Fréderic Mitterrand, l'auteur s'attaque au vif du sujet : la formation du groupe. Et là commence le formidable travail d'investigation de Jean-Paul Coillard, qui doit dormir aujourd'hui sur un matelas composé uniquement des pages du journal « Kerrang! ». Adoptant la narration, l'écrivain appuie les différentes phases d'évolution du groupe par des interviews tirées de tous les magasines possibles récupérés, autant dire que la fouille a du être longue et laborieuse tant cette recherche en matière d'archives est complète. Ce sont donc les membres de Slayer (et plus spécialement Kerry King qui semble fasciner tout particulièrement) qui accompagnent en permanence la lecture, comme des confidents. Pour coller un peu plus à cet effet, l'auteur joue la carte du « parler vrai » avec un style collant aux phrases et aux mots prononcés par les musiciens. Bien entendu, si les « ben oui » « album de merde » « il fallait avoir les couilles » émaillent l'ouvrage, celui ci ne tombe cependant pas dans la vulgarité, écriture oblige, mais en reste du coup facile à lire et accessible. Autre élément d'accroche intéressant : la relation permanente entre contexte historique et progression de la musique. Il est alors passionnant de voir l'évolution de la musique, l'apparition des divers courants du métal, et de voir comment ceux ci peuvent être influencés par les évènements de l'époque, tout comme les album de Slayer peuvent être influencés par divers faits s'étant produits au fil des ans. Bien entendu, certains passages ne sont pas exempts de digression ayant plus ou moins d'interêts, et seuls les plus acharnés seront contents d'apprendre que le chien de Jeff Hanneman avait le bout de la queue blanche ou que Rob Halford mangeait des œufs aux bacon au petit déjeuner. Rob Halford? Car effectivement, il est curieux de remarquer les nombreuses parenthèses concernant d'autres formations n'ayant eu parfois aucun impact sur la vie et la musique de Slayer, tout comme à la fin du livre, le lecteur aura bien compris que Slayer n'aime pas Megadeth! En adoptant le narratif, et en faisant souvent parler le groupe, Jean-Paul Coillard évite le piège du parti pris du fan convaincu, celui ci n'étant pas absent, aficionado oblige; il reste toujours amusant de voir comment défendre un groupe même lorsque celui ci n'adopte pas une conduite toujours irréprochable ou traverse une passe difficile. L'analyse de la discographie du groupe est également pertinente, en particulier des textes. Pourquoi Slayer a t il composé ce morceau? Comment? La réponse en est donné selon autant de chapitres par album. Les descriptions des tournées quand à elles, apporteront mille anecdotes amusantes bien que non dénuées de faits évidents : Slayer ne sont pas les derniers pour boire des coups et avec le temps, vieillissent. Une chose à retenir en fin de lecture? Dave Mustaine est un imbécile, Megadeth font des album de merde et Slayer est le plus grand groupe du monde. Et en établissant un comparatif des deux groupes, nous ne pouvons que constater la véracité des propos de l'auteur. Mais ceci est du parti pris. Slayer est il le plus grand groupe de metal de tous les temps? À chacun sa bannière. Quoiqu'il en soit, « Full metal target » constitue une biographie complète et fouillée, établissant des faits tout en laissant le lecteur en juger. A destiner à tous les fans de Slayer? Bien entendu, mais aussi à tous les amateurs de thrash au sens large, un style ayant tout particulièrement passionné l'auteur. La fin de l'œuvre plus décousue ne peut cependant pas aborder l'actualité récente du groupe (et « World painted blood ») car la légende est encore bien vivante et poursuit sa marche, pur thrash et toujours sans compromis. |