CHRONIQUES DE LIVRES
CAMILLE MONTROSE Lupus Est Homo Momini [ 2009 ] |
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pages Style : Recueil d’histoires courtes |
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Chronique : 11 juillet 2009, réalisée par Chart | |||
« Lupus Est Homo Homini », l’Homme est un loup pour l’Homme, voilà le titre de ce premier recueil d’histoires courtes publié par Camille MONTROSE. Cette jeune auteur originaire d’Angers est aussi une passionnée de musique et de metal. Elle a d’ailleurs son propre groupe, EEQUOR que certains connaissent peut être dans sa région. L’ouvrage qu’elle nous présente regroupe neuf histoires liées entre elles par une thématique basée sur l’observation d’une société parfois imaginaire, en pleine déperdition. On retrouve là tous les problèmes actuels de nos sociétés occidentales. Malgré la communication à outrance et les progrès dans bien des domaines, l’humain perd son humanité de façon consternante. « Honnis soit qui mal y pense » et « Carpe Diem » sont chacun à leur manière, des portraits révélateurs de cet humain déshumanisé. « Honnis soit qui mal y pense » met en situation le retour d’un personnage vers la personne qui a le plus compter dans sa vie et qui, à l’heure actuelle, a tout réussi dans sa vie. Lui, n’est plus qu’un pauvre homme dont l’avenir est largement compromis. On assiste à un dialogue entre deux personnages où la fausse compassion, l’hypocrisie et enfin le mépris dominent. Ce récit dépeint de manière très simple et très efficace une situation à la fois dure et violente. Les sentiments humains n’existent volontairement pas. Sans vous dévoiler tous les éléments de ce récit, je trouve cette mise en situation finalement assez juste. Les gens aiment se protéger derrière le masque de l’indifférence afin de ne pas se mettre en péril, d’être déstabilisés dans leur vision du bonheur. Cette coupure du monde des sentiments est parfaitement dépeinte. Camille MONTROSE ne se veut pas moralisatrice. La situation décrite est suffisante et montre une force naturelle qui n’a nul besoin d’être alourdie d’une quelconque morale. « Carpe Diem » relève d’avantage de la science fiction. L’histoire se passe dans un futur relativement proche. Les humains ont pris la place du bétail sur la chaîne alimentaire. Ceux qui sont ainsi devenus inutiles à la société sont transformés en nourriture pour les autres. Ce concept assez machiavélique renvoie à une réflexion directe sur notre société. La métaphore est assez puissante pour que l’on pense à tous ceux dont l’individualité est mise à bas par une société construite sur les principes de surconsommation et de surproduction à outrance. D’une manière assez imaginative, l’auteur tire un portrait noir des dérives actuelles par le biais d’une fiction lointaine. La mort, la dualité, la quête d’identité, la vie sociale sont les thèmes phares abordés à travers cet ouvrage. Ce sont aussi des thèmes importants pour tout individu construisant sa propre existence. Ce n’est pas étonnant que comme un cri de colère, Camille MONTROSE ait cette envie de nous faire partager sa vision du monde. « Le Dévoreur », autre récit nous dépeint cette vision de autrui perçu comme une sorte de parasite que l’on peut trouver parfois. C’est autant d’entraves dépeintes ici qui font écho à cette difficulté de prendre son envol et de trouver sa place, thème que l’on retrouve en ouverture dans « Qui vivra verra.» Chacune de ces neuf petites histoires pose son lot de réflexion de façon pertinente et parfois morbide. Avec un certain recul et après un temps de réflexion, comment ne pas finalement être d’accord avec cette appréciation du monde ? J’aurais tout de même tendance à mettre un bémol à tout cela dans la mesure où il ne semble pas y avoir de solution à tout cela. Le monde va sûrement très mal et le voir tel qu’il est, le dépeindre comme cela est une bonne chose. Il est bon de prendre le contre-pied de ce que certains médias veulent nous décrire comme un monde idéal, à base de publicités et d’émissions navrantes. En outre, il serait peut-être utile de dépasser un peu tout cela et voir plus loin. Peut-être y a-t-il encore des choses que l’on peut sauver… |