CHRONIQUES CONCERTS

L'affiche du "Pulse Tour 2011" portée par SYBREED, MAGOA et BEYOND THE DUST se voit agrémentée ce soir par deux formations locales, LIVE FAST et PRAETORIAN. Au final, cinq groupes très différents ont fait escale à bordeaux pour nous offrir quelques heures métalliques, riches en sonorités électriques, voir même électroniques. Cette programmation signée "Orage Rock", débute assez tôt et comme le veut la tradition du moment, en pleine semaine... Alors, y'aura-t-il du monde, y'aura-t-il pas? Après quelques "descentes" réalisées au bar, les plus ponctuels sont déjà là pour accueillir les bordelais de PRAETORIAN. La salle est loin d'être remplie, mais la soirée ne fait que commencer, car c'est en réalité une sorte de mini-festival qui nous attend, à l'Heretic…

 

Le quatuor formé en 2007 nous délivre tout d’abord, un show teinté de Rock/Metal exclusivement chanté en Français. Thomass Niclass se charge donc des notes vocales extraites de leur démo "Le Prix du Vice". Clamant leur goût pour des groupes comme Rammstein, In Flames, Chimaira, Metallica, Avenged Sevenfold ou encore Nirvana, on peut dire que l'influence est large, très large. Difficile donc de définir la musique de PRAETORIAN, dans laquelle on retrouve plusieurs signatures assez distinctes. Mais les compositions sont plutôt réussies, notamment grâce aux riffs mélodiques de Cédric Pocq et au tempo survitaminé de son frère, Amaury. Un refrain entraînant est également là pour donner de la puissance au titre éponyme. La prestation nous nous fait voguer vers différents courants, ainsi, nous observerons l’ombre de Rammstein alliée à un aspect Metalcore sur l'ambiancé "Alea Jacta Est", durant lequel les lignes de basse de Skull se font plus lourdes. Alternant passages plus agressifs à un ton electro-atmosphérique, "Aujourd'hui" suit également cette lancée thrashisante. Le premier groupe local ne bénéficie pas d'une foule agitée en face de lui, ni d’un set irréprochable, mais la sobriété, l'énergie dont ils font preuve et la succession de morceaux efficaces introduisent la soirée de manière très honorable. Quelques secousses de cheveux, la descente du bassiste dans la fosse et des applaudissements s'en suivent pour PRAETORIAN.

 

 

Retournons à présent à l'étage, histoire de patienter durant ce petit interlude, le premier d'une longue série… mais rassurez-vous, la musique d'ascenseur n’est en aucun cas prévu pour la seconde partie... Non, il s'agit cette fois d'un registre Metal/Rock/Classic distillé par autre jeune groupe de la région, LIVE FAST. Est-ce un nom approprié? C'est le moment de vérifier. Pour cela, un programme intrigant intitulé "The Prince, The Child and The Crown", représentant leur premier E.P. actuellement en préparation, servira de point de départ. Là encore, la liste des influences décrites par le groupe est longue et variée, avec en tête Nirvana, Pantera, Metallica, System Of A Down, Gojira, Tool, Behemoth... Leur univers Metal/Rock alternatif est servi par des musiciens très concentrés avec une bonne présence, mais c'est surement la dynamique de Johan qui apportera ce petit plus, et réchauffera peu à peu l'atmosphère. Dans son rôle de frontman, Curtis s'en sort assez bien derrière son micro et sa guitare. Des morceaux progressifs menés par des rythmiques saccadées, des tempos modulés par Benoît et des mélodies entêtantes sur "Dawn", qui gagne en intensité, ajoutant quelques notes classiques et autres envolées solistiques de Paul sur "Lightning". Le public est plutôt réceptif, en quelques minutes et malgré une précision pas totalement millimétrée, ils se lâchent et obtiennent de très bons retours de la part des headbangeurs en action. La fin du concert est assez directe, à l'image de leur musique, impliquée, agressive et multiple...

 

 

L'Heretic semble avoir gagné quelques spectateurs de plus. Mieux vaut tard que jamais. Et l'accessibilité est de mise, alors, que ce soit au petit stand situé à côté du bar, ou devant la salle, point de ralliement très enfumé, on croise ainsi les différents membres des groupes... Quelques mots échangés et c'est déjà reparti pour un tour… On quitte le sud, on fait une petite remontée dans l'hexagone afin d’accueillir les parisiens de BEYOND THE DUST. Tout comme la salle, la scène est cette fois bien remplie. Composé, entre autres, par des membres de "Betraying The Martyrs" et "Versus et Hell Of A Ride", les six musiciens de ce projet qualifié de "Djent/Math Metal" vont frapper un grand coup, imposant un style de jeu très efficace. Un changement de line-up dû au décès de leur ancien guitariste voit ainsi apparaître leur (re)formation. Une renaissance symbolisée par la sortie de "New Dawn", un E.P. 6 titres paru cette année. Jed et Anthony se partagent donc les parties vocales, puissantes et agressives, tout en communiquant avec le public tout au long du set. Mais l'énergie redoutable libérée par les deux chanteurs, l'est également par le reste du groupe... Que ce soit les nombreuses cordes polyrythmiquement maltraitées par Steeves et Kory, un autre furieux duo, ou encore par la basse massive de Ryd et les variations percutantes assurées par Anthony T. Précision et intensité viennent s'associer pour former une musique progressive, complexe, mélodique... ô rage ! ô désespoir !... mais pas seulement. Lourdeur et plans syncopés laissent place à diverses ambiances et envolées mélodiques, qui ont d'autant plus d'impact en live. Une troisième partie de soirée puissante et maîtrisée, qui aura conquis le public, grâce à des titres inspirés et une belle énergie transmise par chacun de ses membres.

 

 

Il reste encore un dernier groupe avant l'arrivée des Suisses, nous resterons donc du côté de l'île-de France à l’approche du futur distributeur de décibels. Il est tard mais les bordelais ne partiront surement pas avant la fin, trop impatients de voir SYBREED... Alors, on fait preuve d’un peu de patience, en s'abreuvant une énième fois avant l'avant dernier coup d'envoi. Les cinq musiciens de MAGOA prennent place, amenant avec eux un vent de Metalcore, qui ne va certainement pas rafraichir la salle. C'est maintenant au tour de Cyd d’endosser le rôle de pilier de scène, et encore une fois, la petite scène sera bien occupée, investit par quelques autres piles électriques. Quelques gouttes de sueur s’apprêtent à couler, encore... Ben et Martin se chargent de donner l'impulsion aux rythmiques groovy, étoffées par les riffs thrashisants de Vince et David. Venu défendre leur premier album "Swallow The Earth", le combo arrive sans difficulté à faire remuer l'auditoire. Pas d'économie dans l'exécution de titres aussi directs et modernes, mais une bonne humeur générale qui ne désemplit pas. En même temps, il commence à se faire tard, cette décontraction serait-elle due à la fatigue, ou à un excès de liquide absorbé? Non. Pas totalement. Cette ambiance quasi-familiale hante le club depuis le début de la soirée, leur prestation ne fera donc pas cas d’exception. C'est dans une atmosphère musicalement agressive et humainement chaleureuse que le jeu bien rodé par les parisiens s'achève. Des applaudissements résonnent, il est minuit passé...

 

 

Dernière ligne droite de ce marathon métallique. En avant pour la Suisse! La tête d'affiche se prépare… et après un ultime check sound, SYBREED va définitivement nous exposer l'ordre du jour: La maîtrise dans la joie et la bonne humeur. La tournée doit bien se passer, car la bonne entente entre les membres des différents groupes se ressent, de quoi envahir une salle déjà prête à scander le fameux "Cuir, cuir, cuir moustache", hymne de la soirée mainte fois repris en chœur, et qui, d’après le chanteur, serait susceptible de remettre définitivement en question l'orientation sexuel du groupe… Mais revenons-en plutôt à ce qui se passe au-dessus du ceinturon... Telle une déflagration parfaitement consentie, tirée du dernier né de la formation, "The Pulse Of Awakening", le tubesque "A.E.O.N." lance la machine. Cependant, il ne sera pas le seul représentant de cette discographie courte, mais de haut niveau, "Slave Design" et "Antares" feront également partie de la distribution. En replongeant quelques années en arrière on aurait pu craindre un décalage temporaire, mais non, l'enchaînement est réussi et nous guide tout droit vers la "Death Wave", le "Cyber Indus Metal"... Bref, peu importe sa dénomination, que ce soit avec "Decoy" ou "Emma O", un fil conducteur lie tous ces morceaux, nous entraînant vers un climat où une atmosphère froide, des samples et une voix chaude s’entremêlent. L'efficacité est également au rendez-vous sur l'electro-pop "Doomsday Party" qui fait apparaître une boite de nuit en quelques minutes, et incite Steph (ex-FURIA) à lâcher sa basse pour nous servir quelques mouvements dignes de « La fièvre du samedi soir ». Le chant de Benjamin passe sans grande difficulté d’un registre vocal à un autre, du plus violent au plus clair et émotionnel. D'autres compositions récentes s'enchaînent et nous emplissent les oreilles de sonorités à la fois cliniques, oppressantes, majestueuses et mélodieuses, pendant lesquelles Drop et Kevin se feront un plaisir de pilonner avec férocité. Nous arrivons au dernier titre et là, surprise, un avant-goût du E.P. sorti ce mois-ci nous est offert. Mais dans une telle ambiance, impossible de conclure sur "Challenger", deux autres compositions issues de 2004 serviront de rappel. Un mini wall of death, une foule plus que réchauffée, un groupe souriant et déchainé qui finit la soirée en beauté par deux destructions auditives "Take The Red Pill" et "Bioactive". En clair, un très bon moment passé avec un groupe aussi puissant que généreux sur scène.

 

 

En conclusion, pas de grand discours, mais plutôt un grand merci à l’organisation "Orage Rock", ainsi qu’à tous les groupes présents, qui ont fait de cette soirée "Cuir moustache", un moment aussi délirant qu'intense…

 

SETLIST SYBREED

_ A.E.O.N.

_ DECOY

_ EMMA O

_ DOOMSDAY PARTY

_ I AM ULTRAVIOLENCE

_ ELECTRONEGATIVE

_ EGO BYPASS GENERATOR

_ CHALLENGER

 

_ TAKE THE RED PILL

_ BIOACTIVE