CHRONIQUES CONCERTS

C'est le Café de la Poste à La Verpillière, dans le Nord-Isère, qui ce soir, samedi 12 février, servira de cadre à un concert de death-metal, a priori sans prétention, organisé par le groupe dauphinois DEMENSEED et où se produiront trois autres formations régionales, de Grenoble et de Lyon. On devine d'emblée que l'affluence sera modeste, mais on est réconforté par une ambiance chaleureuse et conviviale, perceptible avant même le début des opérations. On est là entre amis, pour beaucoup. Il n'y a pas de scène, le matériel, les musiciens et les spectateurs -essentiellement des métalleux convaincus et passionnés- sont au même niveau, dans un espace réservé aux concerts. Il est 20h10 lorsque les quatre musiciens de DEMENSEED, des Grenoblois dont la notoriété ne pourra que croître, donnent le coup d'envoi de cette soirée. Leur line-up comprend notamment une guitariste de talent, Lucile, et un claviériste, qui n'interviendra pas ce soir. DEMENSEED, fondé en 2007, est issu de l'ex-groupe DREAMS REFLECTION. Il pratique aujourd'hui un death metal progressif tout à fait honorable et original. Ils ont une démo à leur actif (2009). Le frontman, chanteur-guitariste, ne manque pas de qualités, vocales surtout, les guitares produisent un son puissant et agréable à l'oreille, assez varié, dans une atmosphère presque intimiste, ponctuée d'applaudissements nourris. Mais on a l’impression, au bout de 5 morceaux, qu’un incident technique vient perturber le set. Dommage, une corde de guitare cassée, grosse déception de part et d’autre, mais inutile d’insister, il vaut mieux écourter la prestation qui n'aura duré qu'une demi-heure. C'est une sorte d'injustice. Les gens de DEMENSEED, sympathiques et prometteurs, auront l'occasion de "se rattraper" le 26 mars prochain lors d'un concert au Metal Café de Lyon. On leur souhaite bon vent.

 

 

Ce sont leurs amis de A.M.E., des Grenoblois eux-aussi, qui vont leur succéder devant un public certes restreint, mais attentif et connaisseur. A.M.E., plus exactement "Admortemeternam", est un groupe de quatre musiciens, apparemment très soudés, qui a vu le jour en 2009, né de la disparition d'une formation de black-metal. Le line-up et l'orientation musicale ont été profondément renouvelés. A.M.E. se veut atypique et original en pratiquant un death "psychédélique", semblable à aucun autre. Le thème dominant est la psyché humaine, il est bien connu que l'âme humaine (jeu de mots ?) est souvent "malade". Quoi qu'il en soit, chacun des membres du groupe y met un peu de lui-même, revendiquant des influences fort éclectiques, de TREPALIUM à UNLEASHED et autres. On passe du rapide au plus lent, les deux chanteurs se relaient, en parfaite symbiose, les mélodies sont un brin « ensorcelantes », « ça fait ambiance ! », chuchote quelqu'un derrière moi. Soudain une voix gutturale et des riffs plus incisifs, mais l'ensemble reste harmonieux, esthétiquement de haut niveau. On conclura le set par une reprise de SEPULTURA ("Refuse/Resist). Il est 22h, les amateurs de pogo patientent en attendant les deux groupes plus "brutaux", à savoir CARNAGE et THE OATH... Grenoble, ville universitaire, produit des scientifiques et des littéraires de haut niveau, mais aussi des musiciens talentueux, et parfois ce sont les mêmes...

 

 

A partir de 22h30, nous aurons affaire à nos cinq "guerriers" de l'Est lyonnais, CARNAGE OF CHILDREN. Ils sont venus en voisins nous faire une démonstration de ce que je pourrais appeler du "death metal « old school ». On n'y va pas de main morte, chaque seconde compte. Quelle énergie, quelle puissance ils dégagent ! Et quelle voix, cet Alex qui n'a pas un instant de répit, qui se déplace de droite à gauche, tantôt vers Hugo, tantôt vers Gary ou vers Pascal, le mentor et l'âme du groupe dont la cohésion est essentielle à la qualité de leur musique en live. Quant à Anthony, le batteur, il est toujours discret et efficace derrière ses fûts. Une réelle émotion est suscitée par les nouveaux morceaux en particulier, "Souls' River», "Way of Darkness", chanson-titre du premier album dont la sortie est prévue pour le printemps, sans oublier "Destroy The Invader". Cette émotion explique l'attitude de ceux qui sont là, devant eux, et qui tentent de se déchaîner en dépit de l'exigüité de l'espace. La dernière chanson -à trois voix-est particulièrement belle. En alliant la passion, le talent et le sérieux, un groupe est assuré de son succès. Ce fut leur cas ce soir. D’autres concerts sont prévus dans la région, avant et après la sortie de l'album.

 

 

Il est près de 23h 30 lorsque le groupe lyonnais désormais connu bien au-delà de la région, THE OATH, s'installe et commence à jouer. THE OATH existe depuis 1999, a traversé plusieurs phases, des changements de line-up, mais trouvé récemment, en 2010, sa consécration avec l'album "Self Destructed», couvert d’éloges, il faut le rappeler. Ce soir, ils sont là tous les cinq, plus détendus mais tout aussi consciencieux que lors de leurs précédents concerts, au CCO et à Rillieux. Le public les connaît et les apprécie, ils le savent. Une dizaine de chansons est prévue (voir la setlist en fin de texte).Une énorme batterie rutilante et les claviers installés à droite attirent le regard, mais c'est le son et le style - ou plutôt les styles - qui marqueront leur prestation d'environ 45 mn, du début à la fin. Pierre, le frontman, chanteur et guitariste, possède une maîtrise telle que les séquences death, thrash, black se mêlent, s'entremêlent et se marient à la perfection, comme si cela était naturel. Le public adhère pleinement. Des titres puissants qu'on n'oublie pas, par exemple « The Unborn», "Watch Me Bleed" et "Impossible Cure" seront interprétés avec bonheur. Il convient de souligner l'importance des claviers qui apportent une touche de douceur en assurant en quelque sorte les transitions. Toute cette œuvre est menée, bien qu'on soit ce soir en petit comité, avec un sérieux, une rigueur et un souci esthétique qui garantissent la cohérence du set, et par là-même du groupe, lequel trouve là son principal atout. Mais n'oublions pas que les thèmes traités par THE OATH ne sont pas spécialement gais, souffrance humaine, troubles psychiatriques, folie etc. Regardez la pochette de l'album! Les fans de THE OATH, c'est-à-dire tout le monde ou presque, ont eu le privilège de les écouter au-delà de minuit, pour un long rappel, le patron du Café ayant eu la gentillesse d'accorder un quart d'heure supplémentaire.

 

 

Les quatre groupes auront laissé, chacun dans son style, un très bon souvenir. Rien n'a été négligé pour assurer la réussite de cette soirée à tous égards. Chacun a eu à cœur de rester dans la salle jusqu'au dernier coup de baguette du batteur. Ceci est à souligner. Que toutes les parties et le patron de l'établissement soient remerciés!

 

SETLIST /A.M.E.INTRO

                          WHO ARE YOU?

                          KAOS

                          DELIRIUM

                          HYPOCRITE

                          SELFISH BLUES

                          PROFESSION OF FAITH

                          DWELT IN THE DEPTH

                          MY FALL

                          REFUSE/RESIST

 

SETLIST / CARNAGE OF CHILDREN

                         THE SLEEP OF SATAN pt.1

                         ANTICHRIST

                         SOULS' RIVER

                         UNDER SUFFERING

                         WAY OF DARKNESS

                         BELIEF
                         DESTROY THE INVADER
                         GOD IS A KILLER

                         (EXTINCTION OF THE RACE)

 

SETLIST / THE OATH

                         END OF THE LINES

                         THE UNBORN
                         WATCH ME BLEED
                         EMBRACED
                         QUESTION OF FAITH
                         CRIMSOM FLESH
                         IMPOSSIBLE CURE
                         ORGASM
                         I AM NOTHING
                         THIS DAY