CHRONIQUES CONCERTS

Et si ce soir en Suisse, à l’Usine de  Genève, nous allions assister à un concert légendaire ? Allez savoir, l’idée me traverse l’esprit lorsque à l’entrée de la salle, un panneau nous indique : « ce soir NAPALM DEATH jouera sans son frontman Barney qui souffre d’une infection à la gorge ».  Le KAB de l’usine en tous cas nous propose ce Vendredi 19 Novembre une affiche qui fait saliver les métalleux extrêmes, à savoir NAPALM DEATH, IMMOLATION, MACABRE et WAKING THE CADAVER. Pour l’occasion la salle genevoise du bord du Rhône va être remplie jusqu’à la gueule, mais l’ambiance sera-t-elle au rendez-vous ? Nous allons le savoir sous peu avec l’arrivée sur scène du premier combo de la soirée.

 

Sans prévenir, le quintette US de Pennsylvanie WAKING THE CADAVER lâche les décibels et nous envoie à la figure son deathcore énervé. Pour ma part, le terme deathcore très galvaudé depuis quelque temps et assez « mode » ne me convient pas en ce qui concerne ce groupe. Ici nous avons du death brutal pimenté de grind avec une énergie bien hardcore certes, mais le mélange est bon au final. Les premiers ébats physiques devant la scène nous montrent un public qui adhère aux compositions de ce jeune combo qui n’a que quatre années d’existence et un seul album au compteur. La démonstration est un peu courte en à peine trente minutes, mais l’on sent un fort potentiel à mettre à leur actif même si par endroits quelques manque de cohésion et petites approximations se font sentir. Résultat des courses, ce fut court mais assez intense, idéal pour ouvrir cette soirée agitée et furieuse, on aime.

 

La sauce qui avait commencé à prendre va retomber assez brusquement avec le trio de « murder metal » de Chicago MACABRE. MACABRE qui fait figure de vétéran de la scène morbide Américaine. Le public reste assez statique dès le départ de l’intro ressemblant à la bande son d’un film d’horreur de série B d’une autre époque. Entre chaque composition les palabres et discours sont un peu longs, pas d’enchainement on raconte des histoires de meurtres sordides puis on lâche les blasts, les riffs violents  soudainement. Après vingt ans d’existence, ce trio fait un peu figure de curiosité avec cet humour noir sous-jacent, ces dérives gore-death incontrôlable. Oui mais voilà ce soir l’assistance ne comprend pas grand-chose à cette démonstration un peu statique. Puisque, c’est peut-être devenu culte on regarde et on écoute sans plus et l’on pourra, pour beaucoup, dire : j’ai vu MACABRE en concert, c’est tout.

 

La suite SVP, et quelle suite avec les death-métalleux New-Yorkais IMMOLATION qui ne sont pas venu la pour rigoler. Avec eux, on retombe dans du lourd, du gros death mythique qui a fait ses preuves depuis plus de vingt ans dans la scène du métal-de-la-mort. Cette tournée est l’occasion pour eux de promouvoir leur dernier opus en date « Majesty And Decay », mais pas seulement. Avec ce métal de cimetière, le public reprend vie et sort de sa léthargie passagère pour se défouler avec les compositions imparables du quatuor de New-York. Et puis, il y a cette façon de jouer, cette façon de tenir la scène, cette façon unique de tricoter des soli malsains, de nous écraser la cervelle avec des rythmiques bulldozers, le tout ce soir avec un son énorme à décorner un troupeau de buffles.

IMMOLATION, c’est le death l’état pur, les titres joués ce soir sont imparables, les musiciens s’éclatent sur l’estrade et s’envoient en l’air, la chorégraphie est parfaites pour une alchimie réussie entre riffs saignants, basse turbo et batterie au taquet. Ce soir, le death métal revit ici à Genève avec un public en phase avec le groupe, c’est sans appel. En ce qui me concerne, ce fut l’une des meilleures prestations du groupe auquel il m’est été donné d’assister, quelle claque, ce fut monstrueux d’efficacité et charisme tout simplement.

 

Et voici venu maintenant le moment que tout le monde attend avec plus ou moins d’impatience, de curiosité aussi. Sur fond musical de fin du monde, nous voyons apparaitre Mitch Harris, Shane Emburry et Danny Herrera, sans Barney évidemment. Mais tout part en « live » dès le premier titre, une étincelle qui met le feu aux poudres. Et c’est parti pour un show de folie avec les vocaux assurés par Mitch et Shane et des membres des autres groupes comme ceux d’Immolation et Waking the Cadaver + invités.

Après vingt sept ans de grind au « core » et de death enragé et engagé, les Anglais connaissent la musique et vont tout écraser dans une usine chauffée à blanc avec des stage-diving incessants, des vols planés, des dérapages incontrôlés sur le sol inondé de boissons houblonnées et de sueur coulant à flot. Ambiance dans la zone rouge, tout le monde s’éclate. Que dire de la set liste, Napalm n’a que l’embarras du choix dans sa discographie hors du commun et ce soir nous aurons droit à un peu de tout dans ses compositions rageuses et emblématiques. Entre notamment, « Social Sterility », « Mentally Murdered », « Pride Assassin », Politician », « Greed Killing », le classique « Scum » des débuts, « Control », et évidemment  « Nazi Punk Fuck Off » et « Suffer Of Children », nous avons pris notre dose de brutalité enragée, de défonce physique, de décapage en règle de ce qui nous sert de neurones, jouissif tout simplement. Ce concert de NAPALM DEATH amputé de Barney valait-il le coup d’être vécu ? Oui, cent fois oui, il peut entrer dans la légende des prestations qui marquent la vie de tout un chacun de la famille métal, bluffant tout simplement.

 

Soirée réussie dans cette Usine mythique de l’underground genevois. Il convient de remercier le KAB et son équipe pour ce plateau de choix qui nous a fait frémir cette nuit, le concert étant jouissif en diable.