CHRONIQUES CONCERTS

En ce vendredi soir , 11juin ,deux événements retiennent l'attention.Le premier,d'importance planétaire,a lieu en Afrique du Sud,le deuxième au Biker's Road Café,à Corbas,près de Lyon. Quel rapport entre les deux ? A priori aucun , quoique....Là-bas une équipe française hyper-médiatisée,ici trois groupes français de rock-metal face à -seulement- une vingtaine de personnes
fortement motivées. L'affiche est variée puisqu'on y trouve du thrash,du heavy et du black metal.

Il est plus de 20h30 ,dans cette salle chaleureuse,où les uns se restaurent et les autres savourent une bière,lorsqu'enfin les cinq musiciens de DEADLY SINS,un groupe lyonnais de thrash metal old school (c'est ainsi qu'ils se définissent) montent sur les planches.Après un an d'absence et de
multiples déconvenues,ils reviennent...On ne les a pas oubliés,mais on a plaisir à les retrouver.

On a toujours affaire à une équipe soudée dont le line-up n'a pas varié depuis 2004,Mathieu au chant,Adrien à la batterie,Fab à la basse et les deux Laurent aux guitares. On démarre en trombe,pas de peluche ce soir,mais toujours la même fougue.Leur satisfaction de rejouer,même devant un public très restreint, est manifeste et palpable.Le frontman au charisme bien connu n'économise ni ses forces,ni son énergie,il ne ménage pas non plus sa voix, n'hésitant pas à descendre dans la salle,la scène étant un peu exiguë,c'est vrai. Les guitares et la batterie s'emballent,tout vibre et vrombit,les DEADLY SINS déversent les décibels,entraînant headbanging et sueur,mais modérément. Une brève pause et on poursuit ainsi pendant près de 45 minutes. Des riffs brutaux,un rythme de plus en plus rapide pour un set très étoffé comportant quelques nouveaux titres, quelques mots du chanteur,animateur et comédien qu'est Mat, et déjà,comme bouquet final,on a droit à la chanson « Blood on my hands ». Décidément, DEADLY SINS n'a rien perdu de son efficacité. Mention « bien ».

Set list:
-Fuck off social networking (new)
-Cannibal Holocaust
-Pugent Orange
-Blood for the baron
-Dreaming Soul
-Zombi Paradise (new)
-Brainstorm
-Deadphone (new)
-DEPC
-Blood on my hands

Quelques minutes passent...et nous allons changer totalement de registre. En effet,le quatuor bressan MESSALINE va tenter de rappeler au public ce qu'est le heavy metal,ou plus généralement le hard rock avec textes.Signalons pour les non-initiés que ce groupe fondé par Eric,Mickaël et Jean-Charles,rejoints par Stéphane,le batteur, succède en 2003 à ABSURD. Leurs deux albums, »Les Guerres Pudiques » (2005) et « In Cauda Venenum » (2009) leur valent des chroniques favorables,voire élogieuses dans plusieurs magazines spécialisés.Les gens de MESSALINE ont partagé la scène avec KILLERS, BLASPHEME.Eric (alias Chattos),chanteur et auteur des textes est un ami du groupe ANGE,en particulier de Christian Décamps. Et précisément les textes qui vont être interprétés ce soir trouvent leur inspiration dans l'Histoire,moderne et ancienne, la société dont les travers sont dénoncés avec humour ou ironie,des textes écrits dans un français recherché,agrémenté de jeux de mots,de calembours ,de fausses contrepéteries,des textes qui sont parfois plus importants que la musique qui les accompagne,le mérite des trois instrumentistes en est d'autant plus grand,en particulier quand l'acoustique de la salle n'est pas parfaite. Les spectateurs attentifs ont, semble-t-il du mal à saisir toutes les subtilités des paroles chantées. On note au passage quelques accents « punk » dans « Ravachol »,chanson gentiment « subversive »,mais il me semble que « L'infirme amant » et « Zèle de poulet »,deux chansons ciselées avec un art particulier,résument bien le répertoire des Bressans amoureux du rock avant tout.

Surprise,Jaimé,un musicien du groupe ACETYLENE (également de l'Ain),remplacera Jean-Ch.à la basse le temps d'une chanson.
Espérons que les spectateurs auront retenu de ce set d'environ 45 minutes une définition du bonheur et de l'épicurisme....sinon ils seront punis et devront rédiger un commentaire littéraire des textes de MESSALINE dont voici les titres :

-Sardanapale
-Le bûcher des vanités
-Toujours plus bas
-Ravachol
-Espèce d'Icône
-Souffler dans le cul de Lucifer
-L'infirme amant
-Cheval de bataille
-Zèle de poulet
-Nougat noir
-Café du paradis
-In Cauda Venenum

Le temps d'installer sur la scène des tentures noirâtres et d' y accrocher quelques crânes d'animaux divers,et nos quatre amis venus de Troyes,à savoir le groupe EMBRYONIC CELLS,créé en 1994,vont réveiller les 12 ou 15 personnes qui se sont déplacées pour eux.Cette formation pratique un concentré de thrash rageur et ravageur combiné avec un black metal puissant.Le Bien,le Mal, l'âme humaine et la mythologie sont leurs principales sources d'inspiration. D'ailleurs les Lyonnais ont eu l'occasion de les apprécier dans une autre salle en avril dernier. On est d'emblée frappés par le charisme et le talent du frontman, Maxime Beaulieu,chanteur- guitariste. Le ton est donné. Le son aussi, puissant, dévastateur et entraînant.Un univers est créé, notamment grâce aux claviers qui contribuent à installer une ambiance encore plus sombre,qui rappelle les légendes germaniques -est-ce le hasard? Mais l'apothéose est atteinte avec le titre « Azatoth »,un dieu qui aime le froid.... L'ensemble est coordonné à la perfection,harmonieux, efficace,sans temps mort,avec des riffs froids et une dimension épique qui suscite l'émotion. Le chanteur descend dans l'arène avec sa guitare,bousculant au passage deux ou trois silhouettes immobiles. Non,pas de pogo ce soir. C'est dommage.Mais des applaudissements nourris.

EMBRYONIC CELLS est une formation majeure,avec de nombreux concerts à son actif,et deux albums : « Before The Storm » et « Black Seas »,un troisième est en préparation. C'est avec le titre « I burn with life » que s'achève cette soirée organisée par Thanator Inc.que nous remercions,tout comme le BRC pour son accueil. Comme souvent,ce soir,les absents ont eu tort. Où étaient donc les métalleux de l'agglomération lyonnaise ce 11 juin 2010 ?....