ORPHANED LAND - STRASBOURG
Avec : ORPHANED LAND, SUIDAKRA, ARKAN
  Date du concert : 11-05-2010
  Lieu : La Laiterie - [ 67 ]
  Affluence : 300
  Contact organisateur :
 
 
 
  Chronique : 15 mai 2010 , réalisée par Blackened - Photographe : Blackened
   
Le monde arabe est mis à l’honneur ce mardi soir sur la scène du club de la Laiterie, puisque les Israéliens d’ORPHANED LAND et les Franciliens d’ARKAN, tous deux représentants d’un style musical aussi récent qu’intéressant, le Metal Oriental, unissent leurs forces. En guise de transition, les Allemands de SUIDAKRA, vétérans du Pagan Metal, s’invitent à la fête pour nous proposer leurs mélodies celtiques. Autant dire que l’eau monte facilement à la bouche au vu de l’affiche, reste à savoir ce qu’il en a réellement été sur scène et dans la salle !

Le petit club de la Laiterie affiche presque complet, environ 300 âmes sont réunies pour assister à la première prestation de la soirée, celle d’ARKAN. Les six compères, quasiment tous d’origine maghrébine, venus d’horizons divers (France, Algérie) n’ont pas attendus pour se faire une place au soleil puisque leur premier album « Hilal » est d’ores-et-déjà distribué via Season Of Mist en Europe et aux Etats-Unis (rien que ça !). Autour du noyau fondateur du groupe formé d’Abder (guitare/chant clair) et Foued (batteur que l’on a vu évoluer au sein de The Old Dead Tree), gravitent quatre autres membres : Mus aux guitares, Samir à la basse, Florent au chant hurlé et Sarah au chant oriental (oui, vous avez bien compté, 3 chanteurs différents !). Arkan mêle savamment des influences purement metal aux mélodies de leurs racines nord-africaines ; un cocktail détonnant et envoûtant qui ne manque pas de faire mouche ce soir, même si l’audience est un peu statique. On apprécie la débauche d’énergie des six compères, qui ne semblent presque pas gênés par la petitesse de la scène qui peine à les accueillir. Les quarante minutes de show passent très vite, un peu trop vite même, car le public commence à peine à se chauffer alors qu’il ne reste plus que deux ou trois morceaux au groupe. La set-list est évidemment essentiellement basée sur leur premier effort, les compositions énergiques et mélodiques s’enchaînent plutôt bien malgré un Florent qui semble un peu gêné entre les morceaux par la faible réponse de l’audience. Le chant hurlé de ce dernier est très efficace et se mêle merveilleusement bien aux interventions mélodieuses de Sarah, qui vocalise la plupart du temps, ou d’Abder. Foued derrière les fûts fait très proprement le boulot tandis que ses compères bouclés aux cordes headbanguent à tout-va lors des parties purement Death. Les riffs massifs et saccadés, s’ils ne sont pas toujours des plus originaux (intervalle de seconde diminuée très utilisée, et gammes mineures itou), prennent à la gorge grâce à la profondeur et la précision du son (guitares 7 cordes bien graves !). Le groupe sait jouer de ses atouts, et de la possibilité qu’offre son line-up disons « éclectique », mais sans en abuser. La part des choses et bien faite, et l’équilibre au sein des compositions est de rigueur entre plans Death dévastateurs et breaks mélodiques. On s’offre même une petite bouffée d’oxygène grâce à l’intervention de la guitare acoustique, maîtrisée à la perfection par Mus sur "Defying The Idols". Le groupe fait bien participer le public en lui demandant de taper dans les mains ou de crier, dommage que ce dernier ait été un peu frileux. En tout cas, prestation très convaincante d’ARKAN, qui en aura sans doute envoûté plus d’un ce soir, même si cela ne s’est pas spécialement vu dans la fosse !

Set-List ARKAN :
1.Groans Of The Abyss
2.Lords Decline
3.Mistress Of The Damned Souls
4.Tied Fates
5.The Seven Gates
6.Defying The Idols
7.Heavy Didi
8.Chaos Cypher

Changement d’ambiance avec SUIDAKRA! Déjà 16 ans que les Allemands délivrent leur Celtic Metal  pour le plus grand plaisir des amateurs de musique folklorique passée à la moulinette métallique. Autant dire que la scène, ils connaissent ! Si les natifs de Düsseldorf défendent lors de cette tournée leur neuvième opus (rien de moins !) « Crogacht », paru l’an dernier, la set-list ne comprend que deux morceaux de ce dernier effort, mais non des moindres ("Isles Of Skye" et "Shattering Swords"). Le groupe peut en effet se permettre de puiser dans sa riche discographie pour délivrer un set des plus énergiques et tonitruant ! Très bonne ambiance sur scène et dans la fosse également, puisque le public commence enfin à se réveiller un tantinet, et à pogoter joyeusement, notamment sur un "Dead Man’s Reel" absolument dévastateur ! Le guitariste-hurleur Arkadius Antonik donne de la voix et headbangue à s’en décrocher la nuque lorsqu’il ne réalise pas un solo sur sa Gibson Les Paul, laissant la plupart des mélodies joviales à son compère six-cordiste et vocaliste, qui n’a rien à envier à Godefroy de Bouillon niveau carrure et coupe de cheveux. Lars Wehner derrière les fûts est absolument déchaîné et nous offre une véritable démonstration de blast et décrochage de poignets sur ses attaques ultra-rapides et roulements techniques, tout en remuant la tête de même que ses comparses sur le devant de la scène. Le plaisir des musiciens sur scène est contagieux, et même si on peut reprocher évidemment une redondance certaine aux compositions du quartet, on ne peut qu’être envoûté par le charme et la puissance conjugués de ce style celtique, ici sans cornemuse mais avec distorsions bien grasses ! Dommage néanmoins que la scène « pénalise » entre guillemets le groupe, qui ne peut se permettre de jouer les nombreuses parties folkloriques de certains morceaux de leur répertoire. Qu’à cela ne tienne, Suidakra fait bouger le club en privilégiant le côté Death de leurs compositions, ce qui n’est pas pour déplaire à la fosse ! Après presque une heure de show, le groupe quitte la scène, en ayant permis aux spectateurs de respirer et se déchaîner entre deux gammes mineures orientales !

Set-List SUIDAKRA :
9.Pendragon’s Fall
10.Isle Of Skye
11.Darkane Times
12.Dragonbreed
13.Dead Man’s Reel
14.Shattering Swords
15.Wartunes
16.The IXth Legion

Car après un changement de plateau somme toute assez court (le même kit de batterie, y compris les cymbales et leur disposition, est utilisé par les trois groupes ! fait assez rare pour être souligné), les Israéliens d’ORPHANED LAND, groupe stylistiquement pluridisciplinaire, puisque se côtoient le Doom, le Death, le Folk et le Metal Progressif, le tout à la sauce orientale, s’apprêtent à investir la petite scène du club. Le groupe délivre également un message de paix dans ses textes (en Anglais, Hébreu ou Arabe) en dénonçant le conflit ridicule qui sévit depuis plus de soixante ans au sein de leur propre pays. Les lumières s’éteignent, et l’introduction sonore commence lorsqu’arrivent les cinq membres sur les planches (nous n’aurons pas le plaisir de la présence de la chanteuse occasionnelle du groupe ce soir), tous habillés de manière différente en adéquation avec leurs origines et affiliations religieuses (Djellaba, toge christique, keffiehs…). Et c’est partie pour presque 1h45 de concert, où le spectateur est littéralement emmené en voyage par le combo ! Si l’appellation « Metal » qualifie le groupe d’une manière très générale, on ne peut simplement réduire ce dernier à ce style, qui ne représente en fait qu’une petite partie du son délivré, puisque blasts à la grosse caisse, riffs énergiques et hurlements se font entendre sur scène. Les influences arabes et orientales se font également ressentir par les mélodies nombreuses chantées par le frontman Kobi Farhi, qui avertit le public : « Juste pour mettre les choses au clair entre nous, je ne suis pas Jésus Christ » ; petite vanne habituelle du quidam lors des shows, le barbu bouclé n’étant vêti que d’un simple « suaire » blanc. Les fans sont présents et font entendre de la voix lors des nombreuses sollicitations du chanteur, et se montrent très imprégnés par la musique envoûtante et accrocheuse d’Orphaned Land, restant tout au long du concert assez calmes, à l’inverse de ce qui se passe sur scène (il faut dire que la musique de groupe ne permet pas non plus tout le temps de se déchaîner et d’en découdre en pogo). N’en déplaise aux furieux, le spectacle s’admire avec les yeux, et se vit vraiment dans le tripes, car les nombreuses harmonies de guitares, intelligemment composées dans des gammes surprenantes et touchantes, s’alternent avec des mélodies chantées théâtralement mais justement. Le batteur Matan Shmuely alterne des passages brutaux où il développe une technique maîtrisée avec des plans plus ressentis et très bien en place, tout en grimaçant d’implication ou en se levant en tabassant énergiquement ses fûts tout en headbang ! La paire de guitaristes de même que le bassiste usent de nombreuses harmonies très originales, en ne faillant à aucun moment sur leurs manches respectifs tout au long du concert. L’ensemble du groupe est impressionnant sur scène, notamment lorsqu’il s’agit de suivre les bandes-sons qui accompagnent la prestation. Du côté de la Set-List, bien fournie et comprenant des chansons courtes comme longues, elle se concentre principalement sur le dernier opus du quintet du soir, puisque pas moins de dix titres de « The Never Ending Way Of Orrwarrior » sont joués. Le groupe possède une véritable personnalité, tant au niveau des compositions éclectiques, que du son, qui leur est propre. Une très bonne surprise pour ma part qui ne connaissait pas plus que cela Orphaned Land, et qui est véritablement tombé sous le charme de cette fresque musicale et scénique sans égal.

Set-List ORPHANED LAND :
1.Olat Ha’Tamid
2.Like Fire to Water
3.Disciples Of The Sacred Oath II
4.Barakah
5.The Kiss Of Babylon
6.Sapari
7.From Broken Vessels
8.Seasons Unite
9.Vayehi Or
10.Halo Dies
11.Path 1 : Treading Through Darkness
12.Ocean Land
13.Drum solo
14.M I ?
15.The Warrior
16.El Meod Na’Ala
17.In Thy Never Ending Way
18.Amen
19.Norra El norra
20.Ornam

Eh bien, que retenir de cette soirée ? Que du bon pour ma part, et pour nombre de fans je pense. Une affiche diversifiée où chaque groupe possède sa propre personnalité, et réussit à faire transparaître sur scène toute l’originalité de leur musique. Une affiche inédite, surprenante mais qui réussit haut la main à conquérir les 300 Strasbourgeois et autres qui ont eu la bonne idée de se pointer au club de la Laiterie ce soir !

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