CHRONIQUES CONCERTS

Les concerts au Lyon’s Hall se suivent … et ne se ressemblent pas (Lapalisse). Vendredi soir, une certaine animation se fait sentir devant les portes avant l’ouverture des lieux au public. Monkey Drummer, association organisatrice du jour, a bien fait sa promo et une copieuse affiche de cinq groupes naviguant dans les eaux troubles du métal extrême nous attend à l’intérieur avec notamment les Troyens d’EMBRYONIC CELLS attendus de pied ferme.

Il ne faut pas trainer ce soir et vers 20 heures place est donnée à un jeune groupe local qui fait ses premières armes (second concert). FEATHER COMPLAINT donc prend ses marques en essayant de se concentrer sur ses compositions. Chacun des membres du groupe surveille de près ses acolytes pour être un tant soit peu en place dans les envois. Il faut bien sur que chacun trouve son style en public, entre la bassiste bien studieuse et statique lorgnant vers le batteur et le chanteur s’agitant un peu dans tous les ses. Et leur musique qu’en est-il ? C’est une sorte de black death symphonique avec des claviers insidieux pour l’ambiance. Leur public est venu les encourager et après une poignée de titres ils quittent l’estrade avec des idées et des projets, pourquoi pas, le pas est franchi, reste à affiner un peu tout ça et le tout sera peut-être joué dans l’avenir.

Du black métal symphonique et théâtral bien étudié va nous être offert maintenant par les Lyonnais de ART OF NECROMANCY. Grosse mise en scène avec l’entrée du groupe encapuchonné, clouté et maquillé, éclairé par la bougie de l’autel des sacrifices. Le groupe donne dans le spectaculaire et tous les clichés propres au style sont bien représentés. L’effort théâtral ne nuit en rien à la prestation musicale de haut vol qui ne peut que faire bouger et headbanguer une assistance qui n’attendait que ce déclic pour s’exprimer physiquement. Le sang noir du sacrifice est versé, et puis voilà aussi l’apparition de la bête sous forme d’un phacochère qui annonce le « tube » du groupe « Phacochere In The North » (IMMORTAL est-tu là ?). Pour noircir le tout voici maintenant une reprise de CARACH ANGREN,et puis peu de temps après le set se termine par le coup de masse d’armes qui éclate l’autel sanguinaire sur la scène. Fin tragique, mais un petit goût de revenez-y se fait sentir, on aurait bien aimé un set un peu plus long, mais bon ce fût relativement court mais intense, à bientôt dans la crypte.

C’est à AESIRS de Lyon également, de prendre le relais avec un black/death péchu, vindicatif, mais émotionnel aussi. AESIRS qui va nous subjuguer avec un set d’une rare intensité, sans temps morts, sans passages à vide, bref quel punch, quelle détermination tout d’un coup. Est-ce la présence d’un nouveau batteur, est-ce une volonté soudaine d’aller de l’avant après la sortie de leur dernier EP « Drown In Silence ? Bref, le guitariste a joué de sa six cordes comme jamais, le bassiste a martyrisé les grosses cordes de son instrument, le batteur a assuré et le chanteur/guitariste s’est révélé encore plus présent que lors des shows précédents. Pour rallonger la sauce, voici une bonne reprise de METALLICA et pour clôturer le set un bon classique de BLACK SABBATH « Children On The Grave » a finit de mettre tout le monde d’accord, bravo !

Un peu de death mélodique, ça vous dit maintenant ? Pourquoi pas lorsque ce sont les Franc-Comtois de MEHTNAKRISS qui l’envoie de belle façon. Alors ici place au groove sur des tempos peu rapides en fait et des passages lorgnant vers un certain thrashcore. La maitrise technique est vraiment de mise comme nous l’avait laissé supposer leur dernier album en date, le rendu sur scène est bien à la hauteur. Le tout est renforcé par la présence d’un frontman aux allures plutôt hardcore que death mélodique à la Suèdoise. Cela ne les empêche pas de faire une reprise d’IN FLAMES bien entendu. Ce soir MEHTNAKRISS nous a donc proposé quelque chose de différent dans le style sans négliger de petits soli convaincants. Le côté brutal et pèchu l’a emporté tout de même et les Franc-Comtois valent bien le déplacement, nous avons bien adhéré à leur prestation très pro et efficace.

Voici le moment venu de s’envoyer en l’air avec la musique d’EMBRYONIC CELLS. Mais le groupe prend son temps notamment pour installer de chaque côté de la scène des tentures noires déchirées où sont accroché des crânes d’animaux divers. On soigne donc le visuel pour mieux nous faire enter dans un black/thrash dévastateur. Nous allons donc « déguster » dans tous les sens du terme nous le sentons bien. Le son est énorme, le guitariste/chanteur possède un fort potentiel charismatique et sa voix écorchée va nous emmener dans les tréfonds d’une noirceur palpable avec des compositions fortes où l’on privilégie une certaine puissance écrasante de métal sombre et ravageur. EMBRYONIC CELLS va droit au but malgré les nappes de claviers bien placées qui renforcent le ciel d’orage permanent où se débattent les monstres intérieurs de leur musique. Peut-être que le titre « Azatoth » serait à détacher du lot de part sa facilité à faire tourner les chevelures ? De toute façons tout est bon à prendre ce soir dans leur set qui fait un malheur dans le Lyon’s Hall où finalement la plus grosse partie du public est restée pour se régaler des compositions d’un groupe particulièrement efficace en live. Les derniers titres sont joués dans une ambiance rare dans ces lieux, le chanteur allant même rendre visite au barman de la salle au fond tout en tenant sa six cordes, véritable usine à riffs. Excellent tout simplement, quelle ambiance ?

La guerre de Troyes à eu lieu ce soir et EMBRYONIC CELLS en fut le vainqueur, mais n’oublions pas les bonnes prestations des autres formations qui ont contribué à chauffer la salle de bonne manière. Merci à tous notamment à Monkey Drummer pour cet excellent concert.