CHRONIQUES CONCERTS

La jeune association Lyonnaise Wintermoon nous conviait en ce Lundi pascal au Lyon’s Hall, à une soirée étiquetée black-métal mais pas seulement. En effet en ouverture des biens connus NEGURA BUNGET, il y aura des surprises et de l’originalité au programme avec des groupes particuliers. Alors, que le bal underground commence !

C’est bien vite dit, car la « malédiction » du Lyon’s Hall réapparait avec le retard qui s’accumule et l’assistance qui va s’avérer peu nombreuse, mais qu’importe, ceux qui sont venus sont bien motivés par l’affiche et ils ne seront pas déçus du voyage.
Voyage musical qui débute avec ORTHANC et son black-métal guerrier et vindicatif. Ça démarre donc très fort avec un set carré et puissant qui enchante le public pur et dur venu les écouter. Les croisés du black ne font pas dans la dentelle avec Maréchal aux commandes de la troupe, de la « dark crusade ». Le son est particulier et l’on reconnait bien la « french black métal touch » qui se retrouve dans les formations de la scène du Sud de la France. Un invité monte sur scène pour un titre, c’est le chanteur d’OSIRION qui vient poser ses vocaux, sa rage et sa présence pour renforcer le set en quelque sorte. Bonne prestation donc pour ouvrir cette nuit sombre, pagan et métallique bien entendu.

Voici maintenant sur scène un combo au « look » intriguant, chanteuse masquée et musiciens encagoulés, que nous réserve ce quatuor Suèdois ayant pour nom THE WAY OF PURITY ? Le groupe prétend pratiquer du « christian métal/grindcore », alors bonjour le changement de style et de démarche par rapport à la première formation. Passé la première surprise de la découverte, on essaye d’entrer dans le jeu de ce combo atypique. Leur musique est violente, lourde souvent, arrachée parfois avec des vocaux gutturaux mais aussi du chant clair à la EVANESCENCE. Belle performance de la frontwoman qui évolue donc dans différents registres avec aisance.
Alors leur, grind, black, death formule un curieux message pour ces « envoyés de Dieu ». Vont-ils révolutionner les rapports entre êtres humains et animaux de la création au travers de leurs textes et de leur musique ? En tous cas ce soir, les curieux sont restés dans la salle pour essayer d’écouter la différence, et les autres ont quitté les lieux pendant la prestation. Prestation musicale appréciée pour ma part, voilà quelque chose d’original enfin dans ces concerts métal underground. Ce fut une petite découverte en soi, comme quoi tout est possible dans notre musique préférée.

Pour le troisième groupe de la soirée, l’originalité sera un peu plus poussée avec le show des Hongrois de DAMNED SPIRITS DANCE qui vont transformer notre cher Lyon’s Hall en « dance floor » avec un black/folk technoïde au goût bizarre venu d’ailleurs. Changement de « look » encore avec la tenue plutôt traditionnelle des pays slaves et le mélange métal folk avant-gardiste des musiciens de Budapest. Tout est permis avec eux et ils passent avec une facilité déconcertante du black au death aux mélopées folk aux « beats » techno. Alors le public ne sait plus sur quel pied danser (sic). Ces musiciens peuvent se le permettre car côté technique instrumentale il n’ont rien à apprendre. Le frontman fait le reste, c'est-à-dire assure la chorégraphie, module ses vocaux en passant du calme à l’arraché, du sombre à l'enroue, du sérieux au festif. Bref, ce fut un set déjanté où à chaque instant il se passe quelque chose de différent et une certaine ambiance s’est créée dans la salle, bien vu.

Pour NEGURA BUNGET se sera une autre ambiance, une autre musique, autre chose tout simplement, quoique ? Six musiciens sur la petite scène du Lyon’s, c’est serré, surtout avec en plus des classiques guitare, basse, batterie, beaucoup d’instruments traditionnels et des claviers qui se côtoient. Il est déjà bien tard mais tout le monde va bien rester devant la scène pour partir dans les forêts de Transylvanie avec des musiciens hors pair qui marient si bien toutes leurs musiques, folk, black et pagan. Le sextette Roumain bénéficiera d’un gros son et saura s’imposer aussi bien dans les parties acoustiques que dans les envois bruts et puissants, entre déclamations, voix claires et voix gutturales, l’équilibre du set est quasi parfait avec une maitrise instrumentale qui subjugue l’auditoire. Et enfin, il me semble que tout le monde soit d’accord sur ce groupe ce soir. En quinze ans et avec une importante discographie, Négura s’est attiré un large public de connaisseurs et c’est largement mérité. Bien sûr nous aurons droit en majorité à des extraits du nouvel et magnifique album « Virstele Pamintului » mais aussi à des « pépites » extraites par exemple de « Om » et ses êtres de paille, ses légendes de la nature brute, parfois malsaine, mais parfois éclairée et dominante. Quel concert, quel régal, et l’on a du mal à revenir sur terre après une heure d’écoute et de participation, excellent tout simplement.

Soirée un peu hors du temps et des clichés, merci à Wintermoon pour nous avoir offert une affiche variée et surtout je le répète bien originale, la suite svp !