CHRONIQUES CONCERTS

Aaah, indus, indus, un concept représentant beaucoup et qui réserve souvent moult surprises dans ces soirées où l’amateur s’engage un peu à tâtons, intrigué par une affiche un peu obscure. Les salles accueillant des musiques à vocation plus « engagées » et « hors-normes » se font en tous cas de plus en plus rares sur la région lyonnaise et organiser ce type de représentation n’est pas toujours une des choses les plus aisées. Toute la « crème » de la scène locale se retrouve donc en ce dimanche avec un plaisir visible, accueilli dans une ambiance intime et conviviale. L’apéro Mix permet de nouer les contacts et de discuter entre connaisseurs, et rappelons qu’il n’est pas question de soirée goth, donc pas de regards en coin, pas de surcharge vestimentaire, et pas d’ados surpeints de noir, le discours est plus posé et plus mature (c’est agréable) !

Bref, c’est en toute décontraction (apparente ?) que TAT ouvre le bal, le chef d’orchestre prenant place au début seul sur scène, guitare acoustique à la main, débutant son répertoire tiré de Quinta essentia (chronique de l’album à voir dans la rubrique chroniques !). Appuyé par des images noir et blanc projetées en arrière plan, la prestation prend un ton de performance, le film soulignant les textes et accentuant les ambiances sombres, parfois pesantes. Les invités présents sur l’album rejoignent un à un la scène au fil des titres, et à compter de un titre = 1 invité, TAT termine donc à 6 sur les planches (avec toujours cette belle voix d’Esclarmonde mais surtout une performance exceptionnelle du chanteur « Mic », écrasant de présence !) avec en bouquet final le terrifiant « Quinta essentia : part II » à faire frissonner ! Mélangeant acoustique et fond sonore, TAT parvient à assurer le spectacle en faisant passer une véritable émotion dans 40 minutes de show intense et très personnel, à suivre de près pour la suite.

Le reste de la soirée est plus confus, et la cinquantaine de personne présente au départ se disperse progressivement. Le duo .Cut feat Gibet (ou « la rencontre entre la guitare électrique et un expert du mixage/bruitiste ») se lance dans un set instrumental très expérimental, où les boucles sonores s’amplifient (un peu trop compte tenu de l’acoustique de la salle, rappelons qu’une péniche est à la base faite pour le transport de matériaux…) le tout dans un univers très conceptuel de recherche sonore (et visuelle, car un film parvient finalement à être projeté, mais le sens en est encore abstrait…) , malheureusement réservé aux grands initiés ; pour le reste du public c’est un peu du genre « tu peux pas comprendre », et 40 minutes de sons peuvent paraître longues !

Ouch, il ne reste donc qu’une dizaine de spectateurs pour saluer Half a Moment, c'est-à-dire pour saluer l’unique représentant du groupe, seul devant ses machines (finalement, la video, même abstraire, ça meuble pas mal), mixant les sons dans une ambiance planante, mais difficile à encaisser pour un public devenu amorphe voir comateux.Sous peine de chuter sur le sol, votre serviteur préfère donc s’éclipser en toute discrétion, conservant en tête l’excellente prestation de TAT ainsi que la très bonne ambiance générale, la facilitée d’accès et la sympathie de tous les membres des groupes présents qu’il convient de saluer.