EVILE - SAARBRUCKEN
Avec : EVILE, WABRINGER, THE FADING, GODSLAVE
  Date du concert : 31-01-2010
  Lieu : Le Garage - [ Allemagne ]
  Affluence : 120
  Contact organisateur :
 
 
 
  Chronique : 04 février 2010 , réalisée par Blackened - Photographe : Blackened & Aurelien
   
En ce dimanche soir, une petite virée à Saarbrücken, ville allemande à deux pas de la frontière française est-mosellane, s’impose pour ne pas manquer le retour sur scène des thrasheurs furieux de EVILE, dont la dernière tournée européenne avec Amon Amarth avait été annulée à la suite de la mort prématurée de leur bassiste Mike Alexander en octobre dernier lors de leur passage en Suède, triste ironie du sort pour ces fans de Metallica. Quoi qu’il en soit, les Anglais se sont accrochés, et ont réussi à revenir assez vite sur les planches, trois mois seulement après le drame, pour défendre leur second album « Infected Nations » sur les routes d’Europe en tête d’affiche, puis à partir de mars aux Etats-Unis en « support » pour Kreator dans un premier temps, et pour Overkill par la suite ! Le groupe enchaîne donc les grands rendez-vous depuis leur percée dans le milieu metallique grâce à leur premier effort, le dévastateur « Enter The Grave », qui lui a permis d’ouvrir pour des pointures comme Megadeth ou Exodus (rien que ça !). Mais il faudra d’abord patienter avant de voir les thrasheurs sur la petite scène du club du Garage (petite salle annexe, intimiste et furieuse, accolée à la grande salle du complexe pouvant accueillir jusqu’à 1200 âmes). En effet, pas moins de trois groupes précèderont les britanniques. Une chose est sûre au vu de la programmation, ce soir, le thrash metal est à l’honneur, old school ou plus moderne, on va en prendre plein les oreilles !

20 h tapantes, et déjà première surprise : un groupe non programmé à la base a l’honneur d’engager les hostilités. Les locaux de GODSLAVE, combo de thrash (ah bon ?) sévissant dans le Saarland environnant, envoient les premiers leurs riffs acérés. Les Allemands, influencés principalement par la Bay Area des années 1980, délivrent un show des plus convaincants, et le public commence à bien remuer dès les premiers instants. Le frontman Bernie, d’une voix malsaine et agressive, donne du piquant aux compositions bien ficelées du quintet. Alternance de riffs bien rythmés de trilles, d’accords plus pleins, saupoudrés de mélodies et soli endiablés, et de passages plus lourds qui martèlent la fosse, le style de Godslave, s’il n’a rien de révolutionnaire, est vraiment ultra efficace ! Et c’est avec encore plus d’admiration de la part du public que le groupe quitte la scène au bout de 25 courtes minutes, puisque le frontman annonce l’intégration récente d’un nouveau batteur, qui a assuré le concert de ce soir, âgé seulement de quinze ans ! Quinze ans et ouvrir pour Evile, pas mal tout de même ! En tout cas la soirée s’annonce énorme, et ce qui suit ne va pas me faire démentir !

En effet, après un changement de plateau, place à THE FADING, combo de thrash/death mélodique venu tout droit d’Israël. Première tournée européenne, après l’enregistrement de leur premier album « In Sin We’ll Find Salvation ». Ici, pas de surprise, on a affaire à un death mélodique aux accents thrash très franc-du-collet, avec tout ce qui va avec, à savoir une voix hurlée, des riffs saccadés typiques, des plans rythmiques où palm-muting à la guitare et double grosse caisse s’unissent, des passages plus mélodiques et aériens, et des soli virtuoses. Si rien n’est vraiment original dans ce que propose le combo, ce dernier le fait vraiment bien, et on ne peut que prendre une baffe en concert tellement le jeu de scène est maîtrisé. Les cheveux commencent à sérieusement remuer dans la fosse, l’énergie développée sur scène se transmettant à toute la salle. Le batteur impressionne par sa précision, de même que les guitaristes, qui ne ratent pas le moindre trille tout en headbanguant furieusement. Après 35 minutes, on ne peut que constater qu’on a pris une nouvelle baffe tout simplement !

Et ce n’est pas fini, car le thrash californien de WARBRINGER s’invite à la fête ! Après un changement de plateau très calme, où l’entraide entre groupes est assez sympathique (pas de roadies pour changer et remballer le matériel aujourd’hui), puisqu’on voit Ben Carter, batteur de Evile monter les cymbales de Nic Ritter, son prédécesseur derrière les fûts pour ce soir ! Ambiance détendue et chaleureuse donc, tout le contraire de ce qui va suivre sur scène quelques minutes plus tard ! En effet, les cinq Américains investissent les planches pour totalement retourner le club : le combo ne porte peut pas mieux porter son nom. Dès le premier riff, les fans s’agglutinent au plus près du groupe (pas de barrières, et la scène fait environ 50 cm de haut ). Tout est réuni pour que le show soit énorme : une ambiance en salle et un groupe en très grande forme : performance hallucinante du déjà très éméché John Kevill, qui enchaîne growl aigu, headbang et grimaces diaboliques. Les autres membres du groupe ne sont pas en reste, et on admire la furieuse déflagration de guitares, avec un John Laux et un Adam Caroll en très grande forme. Et que dire de Nic Ritter, qui martyrise son kit étrangement pourvu en cymbales de blasts en tous genres, le tout avec un groove et une justesse déconcertante : un batteur tout simplement énormissime ! Il en perd même une cymbale au cours d’un morceau, événement assez surprenant pour être cité ! Le thrash old-school des Californiens est tout simplement dévastateur, et les titres furieux provenant des deux réalisations jusqu’à lors du combo s’enchainent : "Jackal", "Severed Realities", "Living In A Whirlwind", "Shoot To Kill", "Dread Command", "Systematic Genocide", et "Total War" qui clôt les cinquante minutes de spectacle. La claque (qui devient habituelle en cette soirée) !

C’est au tour de la tête d’affiche de sévir, pour donner un dernier coup de massue au club en cette soirée excellente. Après une installation du matériel une nouvelle fois faite par les musiciens eux-mêmes, EVILE engage son concert d’une manière assez déroutante, puisque les quatre compères arrivent sur scène le plus naturellement du monde avec leurs instruments, sans fioriture, sans introduction, comme ça ! Matt Drake (guitare rythmique/chant), une bouteille d’eau à la main, s’approche du micro, commence par saluer le public avant de lui rendre hommage, remerciant les fans de les avoir soutenus après la disparition tragique de leur bassiste. Séquence émotion et recueillement qui laisse vite place au thrash, puisque les Anglais attaquent le premier morceau de leur set, "Infected Nations »...et les pépites s’enchaînent ! Le groupe puise dans sa discographie de deux albums pour délivrer un set très précis, ultra efficace, simple, et généreux. Matt Drake ne peut qu’attirer toute la sympathie du monde tant il semble sincère dans ce qu’il dit et fait sur scène. Ses riffs difficiles ne le dérangent pas le moins du monde lorsqu’il pousse sa voix. Son frère Ol, à la guitare solo, fait baver tous les musiciens de la fosse avec ses soli absolument ahurissants (en fait tout simplement infaisables !). Rarement j’ai pu voir un guitariste autant maîtriser son instrument : une rythmique à toute épreuve et des plans d’une difficulté technique inimaginable sans la moindre défaillance : Impressionnant . Cet extra-terrestre est tout simplement énorme ! Ben Carter à la batterie est à fond, et le nouveau venu Joel Graham à la basse semble avoir joué toute sa vie avec le groupe. Le headbanging est de rigueur durant tout le show, à la fois sur scène et dans la fosse. Les sourires présents sur les visages des thrasheurs illustrent une réelle envie de jouer ensemble, et de faire la musique qu’ils aiment tout simplement. Du côté de la set-list, les morceaux plus expérimentaux de « Infected Nations » passent vraiment bien en live, et se mêlent à merveille aux titres plus furieux de « Enter The Grave ». Le set atteint ses sommets sur "First Blood", "Now Demolition", l’inévitable et percutant "Thrasher", ou encore bien évidemment le bijou "Enter The Grave" qui termine la soirée. On a même droit à une petite reprise de Metallica, un bon vieux "Creeping Death" qui met tout le monde d’accord.
Fin du concert, et les membres de EVILE répondent volontiers aux sollicitations des fans (autographes, photos, félicitations), tout en remballant leur matériel. Un groupe sincère et tellement simple, qui mérite réellement le statut qu’il a aujourd’hui. Quatre fans de thrash qui ont su s’imposer, se relever des moments difficiles, et qui est ce soir à tout point de vue une formation avec laquelle il va falloir compter dans le futur, à qui est promise une belle carrière espérons-le.

Set-List EVILE :

1.Infected Nations
2.First Blood
3.Now Demolition
4.Killer From The Deep
5.Nosophoros
6.Thrasher
7.We Who Are About To Die
8.Time No More
9.Schyzophrenia
10.Bathe In Blood
11.Creeping Death
12.Enter The Grave


Et voilà, la soirée s’achève dans le petit club du Garage, où tout le monde a pris plusieurs claques au cours de la soirée, moi le premier. Un petit concert peu onéreux, dans une petite salle intimiste, où les fans peuvent être au plus près des groupes, tous très sympathiques et proches du public. Des gens simples qui ne se prennent pas la tête, et qui envoient une telle énergie sur scène qu’on ne peut que les admirer. Le thrash n’est pas mort, loin de là, et même si l’affluence de ce soir aurait pu (ou aurait du) être plus conséquente, c’est une soirée riche en émotion qui s’achève. Un concert qui restera dans ma mémoire pendant longtemps ! Keep on Thrashing !

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