PAGAN FEST - LYON
Avec : KORPIKLAANI, DIE APOKALYPTISCHEN REITER, UNLEASHED, ALESTORM, EX DEO, SWASHBUCKLE
  Date du concert : 22-09-2009
  Lieu : Transbordeur - [ 69 ]
  Affluence : 560
  Contact organisateur : http://www.base-productions.com
 
 
 
  Chronique : 24 septembre 2009 , réalisée par S.Y.L. - Photographe : Black Roger/ Flash
   
L'affiche était déjà visible cet été dans les grands festivals européens, et enfin ce soir, l'heure est venue pour les vikings de toutes les contrées d'enfiler leurs plus beaux costumes pour venir faire la fête et se dilater la panse à grand coup de cornes à boire.

Du gros poilu en kilt à la jeune donzelle en mini jupe de fourrure, tous peuvent donc remercier Base Production d'avoir eu la bonne initiative d'apporter la tournée Pagan Fest jusque dans les contrées Rhodaniennes pour cette deuxième date en France. Si les casques à cornes et autre accessoires divers sont bien de la partie, la surprise est belle de constater que le public est lui, absent à l'ouverture des portes. Les premiers groupes sont certainement étonnés de devoir jouer devant une salle du Transbordeur quasiment vide, mais le public local est ainsi fait et n'effectue les déplacements généralement pour voir un seul groupe...si certains sont près à payer plein but pour ne voir qu'une prestation, après tout, libre à eux.
18 heures 30 précise, se présente sur scène le premier groupe de la soirée, des pirates évidemment, non pas les pirates des caraïbes, mais SWASHBUCKLE, trio de thrash/death du New-Jersey, USA. Pendant une petite demi-heure ils vont délirer sur l'imagerie des mers en nous délivrant une musique somme toute classique et musclée dans le style, mais renforcée par un côté festif bien senti. La fin de leur show se termine avec l'arrivée sur les planches d'un gros perroquet et d'un énorme requin, et puis bien sûr, laché dans l'assistance de poissons en plastique, choix de programmation bien senti en ouverture pour bien chauffer la salle.

L'ambiance de taverne du perroquet bourré laisse place à une atmosphère plus sérieuse. EX DEO propose ainsi aux spectateurs une remontée du temps vers la Rome antique. Mais point de romantisme en ce bas monde, les gladiateurs solidement harnachés qui se présentent s'engagent sur une voie moins fleurie : celle d'une antiquité sombre et guerrière. Mais attendez, ce petit accent québequois? cette carrure? ces bras comme des traverses de chemins de fer? oui, il s'agit bel et bien des membres de Kataklysm! pourtant leur death métal guerrier peine à décoller. A l'image des solides armures de cuirs et de chorégraphies monolithiques, le son est pesant, très lourd et l'incessant sample de trompe de guerre ajoute un coté trainant peu enclin à libérer un public mis en joie par le premier groupe. Quelques gaulois s'animent mais la plupart en reste à des hochements de tête et les romains s'en retournent à leur domus.

Mais la taverne rouvre ses portes pour accueillir une nouvelle tribu de pirates, cette fois écossais. Le bouche à oreille a bien fonctionné en ce qui concerne les prestations toujours mouvementées d'ALESTORM, la foule arrive, impatiente d'en découdre. Il faut cependant 2 titres aux fiers marins pour trouver leurs repères et tâter le terrain avant...une euphorie générale! L'énergie et la bonne humeur qui se dégage des planches est vite contagieuse, ne manquent plus que des chopines valdinguant au travers de la salle pour se croire dans un vrai estaminet de vieux loups de mer. Tout le monde danse et sue de bon cœur sur « Over the seas » ou encore « Captain Morgans revenge » oubliant les multiples fausses notes du chanteur clavier intenable. Mais un show d'Alestorm ne s'apprécie pas pour la précision technique mais bien pour l'esprit festif qu'il transmet, la voix du frontman braillée à plein poumon façon vieux punk écossais ivre mort le rappelle bien. Ici on donne du cœur et de la voix (« Wolves of the sea »), un requin gonflable lancé dans la foule réjouit les grands enfants du pogo et le retour du perroquet costumé sur scène marque le point culminant d'un show délirant, un des instants les plus animés et conviviaux de la soirée. Un petit jet de bière sur les fans pour clore le tout ? ça parfume et il paraît que c'est bon pour les cheveux...des milliers de métalleux ne peuvent pas se tromper.

Pendant la pause, les uns essorent leur t shirt, les autres discutent des bienfaits des objets gonflables lancés dans la foule et sur scène prend place un surprenant décor...mais que vient donc faire là cette balançoire?
Elle servira tout simplement aux épanchements scéniques du claviériste de DIE APOKALYPTISCHEN REITER, ce dernier arrivant en costume sado maso, martinet en main. Si le visuel rappelle la bonne époque «d'Allegro Barbaro », le son des allemands a tout de même bien évolué depuis. Les musiciens proposent alors un set dont les nombreuses compositions tirées de Licht offrent une teneur métal/rock telle qu'elle est très appréciée en Allemagne, avec un chant caractéristique et une inévitable ballade. Malgré leur dynamisme et leur clavier vêtu de cuir, DIE APOKALYPTISCHEN REITER produit une prestation très sympathique mais au final très sage sans présenter l'aspect mélange déjanté de leurs albums période 2000-2003. Voir le groupe en France n'est cependant pas un fait banal, et là encore, le certain plaisir à jouer qui s'affiche a tout pour réjouir les spectateurs...si seulement ceux ci étaient restés dans la salle. Car à la fin du set d'Alestorm, une grande majorité du public déserte les lieux pour le bar. Dommage car le manque de soutien de la foule influe obligatoirement sur l'ambiance qui descend d'un cran, et ce malgré la montée d'une spectatrice sur scène, de son show improvisé et de son slam sur un canot gonflable...

En revanche, les choses vont changer pour l'arrivée d'UNLEASHED car ici, à Lyon, les métalleux aiment l'extrême, le gros, le lourd et ils seront servis. Bridées pour les premières parties, les enceintes libèrent enfin toute leur puissance, un peu trop peut être? Oreilles sensibles s'abstenir. Les costauds prennent place tôt dans le pit et démarrent dès le premier accord plaqué. Beaucoup se posaient des questions concernant la présence d'Unleashed sur un « pagan » fest ? Leur musique parle d'elle même avec des titres tels que « Midvinter Blut » auxquels seuls les plus braves survivront. Indéboulonables, les suédois offrent un ensemble compact, et leur death old school est toujours aussi efficace; les coups de masse de chaque titre est arraché par les fans comme un bout de viande lancé à des vautours : c'est la curée. De la testostérone, de la bière et de la sueur, voilà qui sent le bon concert! Le traditionnel Death Metal Victory achève les débats...et les derniers survivants.

Le squelette de rêne posé devant le micro annonce la couleur : direction la Finlande. L'affluence est à son comble mais étonnamment basse pour l'évènement. Gagner les premiers rangs s'avère relativement facile et les pogotteurs disposent d'une belle arène pour laisser libre cours à leur libération d'énergie. KORPIKLAANI mène donc la danse sans trop d'encombres devant des centaines de fans déjà acquis à leurs cause. Et c'est parti pour une belle folie festive avec deux titres enchainés (dont « Vodka » en ouverture) sans repos histoire de directement mettre l'ambiance. Pourtant, le choix de la set liste semble étrange avec en milieu de performance l'option d'aligner deux compositions très lentes qui plombent un peu la prestation. Les finlandais paraissent moins en verve que lors de leur dernier passage l'an dernier pour le Finnish Fire Tour, seul le chanteur déploie sans compter son énergie, violoniste et accordéoniste affichent un visage grave et demeurent vissés sur les planches. Le retour aux festivités n'en demeure pas moins apprécié par une foule dans laquelle se mêlent joyeusement bras, jambes, kilt, slammers et envolées capillaires. Mais progressivement, le crépitement dans les enceintes souligne une amplification à la limite de la rupture; le son bien trop fort encore une fois dénature l'aspect dansant de Korpiklaani, le violon étant plongé dans les abimes du néant. Le très sollicité « Beer, beer » enflamme le pit mais beaucoup auront certainement eu l'occasion d'assister à des prestations de Korpiklaani plus enjouées. L'objectif demeure atteint, les musiciens peuvent repartir (après dévissage de leur accordéoniste) en laissant une salle dans un état de taverne de fin de soirée.
Les apprentis vikings sont ils satisfaits de ce Pagan Fest qui au final ne comptait aucun groupes véritablement « pagan »? vu l'état des visages et du degré d'humidité des t-shirt, oui! Et ce malgré une affluence étrangement basse pour une telle affiche. Comme quoi, même avec peu de fous, on rit. Avantage pour les pirates de SWASHBUCKLE et d'ALESTORM qui créent les excellentes surprises du soir. Les organisateurs des prochains concerts métal ont qui plus est de quoi méditer sur l'utilisation d'objets gonflables pour divertir les spectateurs...les métalleux sont très joueurs.

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