The LEGENDARY PINK DOTS - Lyon
Avec : The Legendary Pink Dots, Hama Yoko
  Date du concert : 16-04-2009
  Lieu : Le Sonic - [ 69 ]
  Affluence : 95
  Contact organisateur : http://www.myspace.com/soniclyon
 
 
 
  Chronique : 21 avril 2009 , réalisée par S.Y.L. - Photographe : S.Y.L
   
Lumières rouges, ambiance feutrée, accueil décontracté, atmosphères étranges, bienvenus au Sonic, lieu étonnant n'hésitant pas à programmer des affiches les plus expérimentales. Ce soir, place à un groupe portant bien son nom, bien que voir les Legendary Pink Dots sur une péniche pourrait paraître, à première vue, comme si The Cure venait jouer dans votre salle de bain. Mais après avoir déjà vu Cinéma Strange jouer dans la cave d'un bar local? Lyon semble se spécialiser dans la venue de groupes majeurs dans les lieux les plus restreints.

Ce soir, les moins motivés seront restés chez eux, découragés vraisemblablement par la tempête qui fait rage, mais cependant, une bonne centaine de personne aura bravé l'orage pour pénétrer dans l'antre de la petite péniche fièrement amarrée. La moyenne d'age flirte du coté de la trentaine bien tassée : les fans sont au rendez vous, tombant nez à nez avec un stand de merchandising des plus impressionnants. Le groupe aux 40 albums étale sans pudeur ses réalisations, mais aussi tous ses projets parallèles, de quoi rendre jaloux le plus vantard des disquaire. Tels des mouettes, les uns s'abattent prestement sur ces raretés, d'autres optent pour le bar, pendant que la musicienne HAMA YOKO prend place devant son matériel dans cette ambiance des plus relâchée.

Vous aimez l'expérimental? En voilà. Le set se construit par des enchainement de sons, un chant passant d'un micro à l'autre, des doigts qui tapotent, des touches qui s'allument, des boucles sonores, des test électroniques planants, l'œuvre de l'artiste demeure telle un tableau de peinture contemporaine : c'est de l'art, mais tu ne peux pas comprendre. Les brochures explicatives ayant été oubliées, la visite se poursuit un peu e aveugle, tout feux éteints, mais à la vue des visages complètement inexpressifs des spectateurs, nul doute que ceux ci sont plongés dans de grandes réflexions à la frontière du sens existentiel de la musique.

Lumières. Certains peinent à se relever, et pendant le prélude, pas mal semblent déjà bien avoir attaqué le comptoir. Surgis des coulisses, les LEGENDARY PINK DOTS fendent une foule alors bien compacte dans les premiers rangs pour gagner leur places. Étrange ambiance que celle de ce soir : sympathique et détendue, à l'image de la prestation à suivre. Le Sonic offre certes un espace réduit, mais qui rend le spectacle d'autant plus intime, et colle finalement bien à la musique produite par le groupe néerlandais, évoluant comme lors d'une séance de répétition. Mélange multi style, c'est un ensemble aux sonorités rock, jazz, post, industriel expérimental, world, qui s'exprime et si maintenant, le port de lunette est obligatoire pour suivre les partitions, le groupe n'a rien perdu de son charisme à l'image d'un chanteur et d'un saxophoniste en plein état de grâce. Les textures world/pop parfois un peu doucereuses tranchent avec les rythmes industriels plus torturés, une forte ambiance mystique s'installe, avec des titres incantatoires plongeant le premier rang en transe. Edward Ka-Spel et son jeu de scène maintient les spectateurs pendus à ses lèvres, une attitude de grand prophète d'une secte hippie des seventies contrastant une nouvelle fois avec les éclairs plus fous de Niels Van Hoorn, montrant qu'un saxophone est capable de créer toute une palette d'émotion, de la plus douce plage jazzy au plus torturé des arrangement. Plus en retrait, guitariste et programmateur demeurent cependant des pièces essentielles à un groupe s'illustrant par un fort aspect créatif et mystérieux. Le charme agit et se déploie dans une salle complètement subjuguée. Un rappel est bien sûr, vivement demandé mais étrangement, les trois derniers titres joués ne sont pas les plus convaincants, les LEGENDARY PINK DOTS achèvent leur prestation sans excès particulier, un spectacle effectué en toute simplicité et en toute modestie.

Lorsqu'un tel monument parle, on se tait et on écoute, et même lors de titres moins transcendants, il demeure tout de même très impressionnant de voir une centaine de personne complètement incapables de détacher ses yeux de la scène. Parlant plus par leur expérience et par leur présence que par une démonstration réellement écrasante, les Legendray Pinks Dots auront cependant pris une totale possession des lieux, mais non sans laisser un léger goût d'inachevé.

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