CHRONIQUES CONCERTS

Le New Morning est très décontracté ce soir pour une soirée de concerts spécial Blues/Rock Irlandais. A l’affiche Pat Mac Manus surnommé « The Professor » et ex-Mama’s Boys. En première partie, Jaded Sun. Un groupe pur rock, applaudie par la critique pour leur premier album « Gypsy Trip ». Ils jouent pour la première fois en France et ce soir à Paris. La semaine précédente, Jaded Sun a su attiré de nouveaux adeptes avec un succès fulgurant au Pacific Rock (Cergy, 95) feront-ils de même ce soir ?

Le public est largement assis autour de la fosse à peine remplie. Une ambiance cosy s’installe, on se rencontre, on discute de la carrière de Pat Mac Manus et du succès des Mama’s Boys dans les années 80 autour d’une bière. Certains n’ont pas vu le Professeur depuis plus de 20 ans.
Pendant que tout ce petit monde papote, les Jaded Sun entrent en scène. Allure de cowboys, chemise à carreaux et chapeaux pour les deux guitaristes et le chanteur John Maher. Damian Kelly (bassiste) et Gavan Murray (drums) dérogent à la règle avec un style plus décontracté, jeans et sweat à capuches. Jaded Sun n’attend pas une seconde et envoie une bombe rock vivifiante « Breaking Through ». Ce titre percutant et accrocheur permet à Jaded Sun de s’imposer et d’attirer l’attention du public. Les musiciens de Dublin s’inspirent beaucoup des groupes sixties et seventies tels que les Faces en passant par les Rolling Stones, Led Zepplin ou encore Lynyrd Skynyrd, bref que du beau monde. Jaded Sun captive et ils n’attendent pas une seconde pour enchaîner avec « Crazy Man » et « Can’t Stop » issus également de leur album « Gypsy trip ». Les Irlandais ne veulent pas juste nous réveiller, ils veulent carrément nous secouer. Un jeu scénique et des compositions énergiques, enrobés par une voix rock suave et sensuelle. Après quelques gorgées d’eau, Jaded Sun nous propose une petite pause rockmantik’ avec « Crave », un slow enivrant qui comme « Still lovin’ you » des Scorpions nous donnent envie de revenir vers celui ou celle qu’on aime...une ballade mélancolique, c’est beau l’amour. Enfin, après ce moment d’évasion au pays de Candy (oui parce que tout le monde s’aime au pays de Candy), Jaded Sun ne laisse pas le public s’attarder sur ses souvenirs et enchaîne avec « Higher » et un « Hey you » qui interpellent. Sur ce dernier morceau, on ne peut pas s’empêcher de voir la ressemblance avec LE grand groupe Irlandais U2. La musique et la voix de John Mayer en écho sont d’une similarité frappante avec Bono et ses acolytes. Après deux autres compos’ « She’s got a class » et «  Positive » le public n’hésite pas à retrouver le merchandising pour ce procurer leur album. Pari réussi pour les Jaded Sun, ils ont conquis de nouveaux adeptes.

Mais la personnalité que le public attend ce soir, c’est Pat Mac Manus. La cinquantaine passé mais sans cheveux blancs, Pat Mac Manus accompagné par son « band » fait son entrée sous un tonnerre d’applaudissements.
Sur scène, une basse, une batterie, les quatre guitares du Professeur et son inséparable violon qui a fait partie du succès et de l’originalité des Mama’s Boys. Avec plus de trente ans de carrière, c’est pourtant son premier album solo « In my own Time » que Pat Mac Manus vient présenter ce soir. Sa musique mêle à la fois blues/rock et rythmes traditionnelles irlandais pour un moment de pur délice. Sur le jeu de Pat Mac Manus, rien à dire bien sûr c’est un pro. Pendant tout son set, il improvise de 2 à 10 minutes de blues/rock. La fosse est largement plus remplie que pour la première partie. Le public est enchanté de voir ou de revoir ce musicien.

Sourire aux lèvres et bonne humeur il dévoile les titres de son album avec des perles de blues comme « E-mail Blues » ou encore « Say Goodbye ». Pat Mac Manus prend du plaisir à jouer sur scène, le public le ressent et partage son émotion. La salle est chauffée à blanc tout le monde tape le rythme de ses mains, des hurlements d’admirations s’envolent lorsque Pat Mac Manus s’amuse à jouer de la guitare derrière sa tête façon Hendrix. Tout est parfait pas un larsen pas une faute. Le public est sous le charme et moi aussi. Subjuguée par le talent de Pat Mac Manus et sa bonne humeur qui nous installe dans un esprit très conviviale, j’en ai même oublié de retenir tout le set. Mais cela n’a pas d’importance tout était exquis, un grand moment de blues/rock. Les inconditionnels des Mama’s Boys ont été servi et ravi. Pat Mac Manus n’hésite pas à reprendre les morceaux qui ont fait leur succès comme « Needle in the Groove » ou « The Professor » mêlant guitare et violon.

Le public se pose en élève et prend note en observant le jeu de guitare magique de Pat. Quand soudain, il se lance dans une improvisation surprenante. Le professeur montre à ses élèves comment jouer de la guitare avec un archer de violon… Fantastique. Après ce moment de délire artistique, Pat Mac Manus nous invite aussi à une pause mélancolique. Les musiciens du groupe, s’en vont pour laisser place au professeur, seul avec sa guitare acoustique. Le frontman, seul sur scène veut partager un moment d’intimité avec son public. Avec « return to the G-man », l’ex Mama’s Boys dédicace ses souvenirs à son frère Tommy (autre membre des Mama’s Boys) décédée des suites d’une longue maladie et à toutes les personnes qui l’ont accompagnés dans sa carrière. La pause mélancolique achevée, Pat Mac Manus revête sa guitare électrique pour encore et toujours nous montré son talent de bluesman.

Mais déjà la fin du concert approche. Pour son rappel, un invité surprise monte sur scène. Lex de Koritni reprend magistralement Brian Johnson avec « You shook me all night long » AC/DC. Certes Pat Mac Manus ne peut pas remplacer Angus Young, mais la reprise est excellente. Même si on ne peut pas faire mieux que l’original, les deux artistes réussissent à tenir le rythme et à faire passer l’émotion musicalement de la chanson. En combinant le talent et l’énergie de Lex au chant et de Pat Mac à la guitare, «  you shook me all night long » au New Morning devient une des meilleures reprises du titre d’AC/DC. Le concert s’achève sur cette note de pur Rock’n’roll. Une soirée magique avec des rencontres, de la bonne humeur et surtout surtout de la bonne musique. On y serait bien resté encore quelques heures.