CERNUNNOS PAGAN FESTIVAL 3
Avec : MELECHESH + OBTEST + WAYLANDER + BLACK MESSIAH + FOLKSTONE + MAEL MORDHA+ VALUATIR + NYDVIND + NIGHTCREEPERS
  Date du concert : 20-12-2008
  Lieu : La Locomotive - [ 75 ]
  Affluence : 800
  Contact organisateur :
 
 
 
  Chronique : 05 janvier 2009 , réalisée par GOHR - Photographe :
   
Pour ceux qui ne connaitraient pas le CERNUNNOS PAGAN FESTIVAL, en voici le résumé. Ce festival, monté il y a 3 ans, accueille chaque année une bonne vingtaine de groupes sur trois scènes différentes de la Locomotive. Tous ont pour point commun d’avoir une musique plus ou moins enracinée dans le Folk, certains groupes ayant même l’influence Métal exclue. Dans ce charmant concept viennent se mêler de nombreuses autres festivités comme des activités, jeux et représentations liés au folklore. Nous nous intéresserons peu à ces dernières souvent peu spectaculaires (et nous donnant même le sentiment que les organisateurs cherchent à faire du remplissage) et nous nous focaliserons sur les performances offertes pas les différents groupes. Précisons-le d’emblée, il ne m’a pas été possible de voir les 20 groupes de ce soir, c’est donc avec regret que ne seront cités que la moitié d’entre eux .

Les premiers à ouvrir, alors qu’il est à peine 12h30 sont NIGHTCREEPERS. A nouveau la performance est musicalement géniale, mais scéniquement le groupe manque toujours d’un peu de pêche. Son Black-métal folklorique et mélodique fait très facilement mouche et les musiciens, pourtant très jeunes, offrent un set très solide. Le style pratiqué par ces derniers n’est pas forcement hyper original, mais les français montrent qu’ils ont un talent pour placer au bon moment le plan efficace, bref, ces derniers méritent totalement leur place sur la grande scène. Le son est par ailleurs très bon et les riffs accrocheurs à souhait se font pleinement savourer. Le public, qui ne les connaissait probablement pas, apprécie instantanément la performance, mais ce concert confirme ce que l’on pouvait déjà se dire à propos de NIGHTCREEPERS : cette formation est très clairement prometteuse.

Entre deux changements de plateaux sur la scène principale, nous descendons à la petite scène. Cette dernière est occupée par VALUATIR. le son est tout de suite nettement moins bon que celui de la scène principale. Le groupe pratique un Black métal assez classique quoique efficace et nous retiendrons deux points forts. Tout d’abord, il est rare d’entendre du Black-métal chanté en français et dont nous comprenons les textes. Ensuite, nous apprécions beaucoup la présence du chanteur, timide lorsqu’il s’agit de chanter, mais pourtant très performant quand il sort un instrument Folklorique. A réécouter dans de meilleures conditions. Il faut dire que nous n’avons pu entendre que les trois dernières chansons du groupe ce qui brouille un peu notre idée sur sa musique.

Le temps de remonter à la scène principale et c’est NYDVIND qui est aux commandes, convoqués il y a peu pour remplacer AES DANA. Le combo culte de Pagan Black-métal français démarre très moyennement son set avec ses morceaux les moins bons. Vers la moitié, enfin les chansons sont plus Folk et le guitariste chanteur renverse nos premières impressions par des voix claires et guerrières absolument sublimes. Nous aurons le droit ce soir à une chanson du prochain album et autant dire que cette dernière, assez épique sonne très bien. Affaire donc à suivre.

En redescendant, nous arrivons à la moitié du set de MAEL MORDHA. Ces Irlandais peu connus en France marquent néanmoins les esprits. Leur Heavy/doom Folklorique est, contrairement à d’autres groupes de ce registre, plus simple mais aussi plus efficace. Dans le fond, il y a quelque chose de l’ordre de BLACK SABBATH, avec des riffs relativement lourds et un travail sur les ambiances, surenchéri par un look folklorique et une attention toute particulière à l’esthétique. En moins de deux le groupe parvient à créer un univers envoûtant qui semble satisfaire totalement le public. A rapprocher d’une certaine façon de PRIMORIDAL.

Arrive enfin un groupe très attendu : FOLKSTONE. Pour ceux qui ne les connaissent pas, FOLKSTONE est un groupe un peu dans la même mouvance que ELUVETIE. Les musiciens sont nombreux sur scène et beaucoup d’instruments folkloriques se chevauchent, le plus singulier d’entre eux, étant bien évidement la harpe. Leurs chansons sont excellentes et nombreux sont les refrains accrocheurs sur lesquels le public ira danser. Par ailleurs, il est très agréable de voir un groupe heureux dont l’énergie se communique aisément et dont l’amour pour la bière est totalement assumé par une charmante joueuse de cornemuse qui n’en était surement pas à sa première. Un groupe facile d’accès dont l’efficacité est indéniable.

Le temps d’un changement de plateau et c’est à BLACK MESSIAH de monter sur scène, groupe attendu au tournant. Malgré le fait que le groupe envoie une musique terriblement accrocheuse, on reproche aux musiciens leur attitude très stoïque (ce qui ne se marie pas avec leur musique entrainante). Au programme, leurs singles Folk/black-métal sont passés en revue, dont, en fin de set le fantastique « Sauflied » au refrain scandé en chœur par la foule. Puisque le groupe enchaine plus ou moins ses morceaux les plus connus et les plus accrocheurs, nous ne sommes pas spécialement surpris, si ce n’est par la nouvelle chanson offerte ce soir, à savoir « Burn Vanaheimr ». Le morceau en question ne change pas radicalement le style BLACK MESSIAH, néanmoins il porte en lui un quelque chose de plus radical, fondamentalement old-school. Un futur bon album se fait sentir…

Pour leur premier passage en France nous pouvons affirmer que WAYLANDER a eu de la chance puisque sa place est assez haute sur l’affiche. Musicalement le Folk/black-métal du groupe est tout aussi intéressant que sur album, mais ce qui devient le plus marquant sont les traitements accordés aux passages les plus ambiants. Lors de ces derniers, le groupe dégage une aura très spéciale et on apprécie la façon dont le chanteur se traine par terre comme un possédé. Certes, cela n’est que du spectacle, mais la conviction qu’y met le groupe leur permet de se détacher du lot. Rester concentré et investi de la sorte ne doit d’ailleurs pas être une chose spécialement facile puisque le public se contente, pour sa grande majorité, de simplement rester poli. Finalement, vu la qualité du groupe, nous pouvons affirmer que Listenable Records a visé juste de n’avoir que eux en catégorie de Folk-métal.

En avant dernier groupe, nous avons ce soir un combo bien spécial puisqu’il s’agit d’un groupe lithuanien, bien peu connu du public. Il s’agit d’OBTEST. Bien que le son soit trop fort et qu’un larsen insupportable vienne à quelque reprise gâcher la performance, scéniquement le groupe en impose autant que WAYLANDER mais dans un autre style. Les musiciens sont en ligne, se tiennent droits et affrontent le public tel les guerriers dont leur chansons narrent l’histoire et donnent le sentiment d’avoir un mur face à soit. On apprécie les mélodies de guitares souvent très percutantes, évoquant, entre autre, des combos comme TYR. A l’image de ces derniers, il n’y a aucun instrument Folklorique. Nous sommes dans une musique radicalement Heavy-métal mais dont les mélodies sont très clairement inspirées de musique celtique.

Il est 22 heures. Pour terminer ce festival pour l’instant très réussi en matière de musique, c’est un autre groupe singulier qui est convoqué, puisqu’il s’agit de MELECHESH, le représentant en herbe du « Mesopotamian Black-métal ». Le groupe n’avait pas foulé les planches parisiennes depuis plusieurs années et a en juger par l’intensité de sa performance délivrée cela devait lui manquer. Si on en juge par le jeu de scène, les musiciens tout vêtus de noirs et relativement peu mobiles ne proposent rien de sensationnel. Pourtant, un charme bien particulier se dégage de tout cela. MELECHESH est une harmonie des contraires : les mélodies orientales et leur exotisme se heurtent en permanence à la froideur du métal nordique et cela pour un résultat dantesque. Après une heure de set, c’est devant une salle se dépeuplant (10 heures de concert jusque-là oblige) qu’ils terminent leur set.

Finalement, on en vient à regretter la pauvreté des éclairages qui auraient sans aucun doute contribués à l’accentuation des ambiances des groupes. En toute objectivité, cela devait être impossible en raison du nombre de groupe. D’une façon plus générale, on apprécie aussi la volonté qu’ont eue les organisateurs de mettre en scène La Locomotive, pour lui donner une atmosphère folklorique. Certes, il y eut des fois un côté un peu kitch, mais peu importe, l’essentiel étant la musique. Il y eu donc de belles découvertes, que ce soit de jeunes groupes ou des formations peu connues en France.


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