CHRONIQUES CONCERTS

ENSLAVED n’a pas fini de nous surprendre, cela va sans dire. Pour commencer, quelle idée de venir rendre visite à ses fans français un mardi soir ? Ensuite, pourquoi avoir choisi de partager l’affiche avec des groupes si loin de leur style musical ?

A 19h30, quand les portes de La Locomotive ouvrent, la salle est littéralement vide et c’est moins d’une vingtaine de personnes qui accueillent KRAKOW. Ce quatuor Norvégien de Stoner-rock semble, au premier abord, très loin de ce que nous pouvions attendre pour la première partie d’un groupe de Black-métal. Pourtant, la musique du groupe s’avère beaucoup plus singulière que ça. Les compositions comportent bon nombre de plans très glauques où les riffs de guitares torturés côtoient des riffs métal lourds à souhait. La voix claire du guitariste chanteur, se voit même contrastée par moment par les grognements du bassiste. On apprécie aussi le travail sur l’image puisque dans le fond, des photographies en noir et blanc sont diffusées sur un grand écran, afin de développer les atmosphères. Un groupe intéressant, qui lors de son passage nous laisse mitigé, mais qui, en y repensant, a laissé derrière lui une saveur très spéciale, voir inquiétante.

Le temps d’un changement de plateau et nous revoilà partis vers de nouveaux horizons. Cette fois-ci ce sont les norvégiens de AUDREY HORNE qui prennent d’assaut la locomotive. A ce moment-là, la salle n’est pas énormément remplie, mais l’accueil est néanmoins convenable. Premier constat surprenant : un de leur deux guitariste est Ice Dale de ENSLAVED. Le quintet, nous propose un Rock/métal très typé Hard, de bonne qualité. Les compositions se tiennent bien, ne sont pas forcement toujours très novatrices mais l’impact est indéniable. De même, les musiciens ont une présence scénique forte, et on apprécie la façon dans le chanteur vit les morceaux, ce dernier est très performant sur les titres les plus intenses, comme le magnifique « Dead ». Après une bonne quarantaine de minutes de set et un « Confessions and alcohol » en guise de final AUDREY HORNE s’en va après un très bon show.

Changement radical avec la tête d’affiche de la soirée puisque, cette fois-ci, la salle s’est nettement remplie. Bien que les derniers albums de ENSLAVED en aient perturbé plus d’un avec leur côté psychédélique, les nouveaux morceaux passent très bien sur scène, comme l'excellent « Clouds » que le public apprécie grandement. Ce qui est génial avec ENSLAVED, c’est le fait qu’ils n’hésitent pas à jouer des chansons complètement inconnues, par exemple, ils jouèrent ce soir une chanson dont je n’ai malheureusement pas retenu le nom, issue d’une démo : le fan ne peut qu’être ravi. Évidement, les hymnes de nos vikings sont aux rendez-vous, tel que « Held » ou encore « As fire swept clean the hearth », seule chanson jouée du génial « Below the light ». D’un point de vue scénique, on sent clairement que le groupe est fort de quinze années d’expérience. Aucune faiblesse et aucune fausse note ne viennent perturber ce show rondement mené. Grute Kjellsson reste un frontman charismatique, ce dernier tient véritablement son public dans la main et le contraste entre ses brèves adresses amicales et le monstre hurlant qu’il devient pendant les morceaux est véritablement impressionnant. Une très bonne performance d’un groupe qui ne cesse d’évoluer et dont l’énergie est toujours restée intègre.

Le concert fut au premier abord très surprenant, tant la tendance semblait Rock’n’roll, mais bien vite nous avons pu comprendre qu’aucun groupe ce soir ne présentait quelque chose de fondamentalement conventionnel. Une découverte, donc, intéressante avec KRAKOW, deux belles représentations de AUDREYT HORNE et ENSLAVED.