WHERE DEATH IS MOST ALIVE - Paris
Avec : DARK TRANQUILLITY, POISON BLACK, FEAR MY THOUGHTS
  Date du concert : 28-11-2008
  Lieu : La Loco - [ 75 ]
  Affluence :
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  Chronique : 02 novembre 2008 , réalisée par Pump-Kins - Photographe : Pumpkins
   
C'est dans une Locomotive pleine à craquer que les Parisiens accueillent comme il se doit les groupes d'une affiche bien affriolante : Fear my Thoughts, Poisonblack, mais surtout Dark Tranquillity. Et c'est sous un tonnerre d'applaudissements, de cris, de saluts cornus, et à travers une ambiance électrisante que le concert démarre enfin.

C'est Fear My Thoughts et sa musique entrainante qui ouvrent la danse. C'est grâce au frontman portant une ceinture au nom du groupe que le combo au dynamisme nonchalant fait sa petite propagande. Car, en effet, ils sont clairement contents d'être là, mais mis à part le leader qui bondit à droite et à gauche de la scène, le reste du groupe fait le strict minimum. Leur Death Métal Mélodique, comme son nom l'indique, est des plus mélodique et accrocheur. Mais attention, qui dit "musique entêtante" ne dit pas forcément "commerciale". Simplement, lorsqu'on ne connait pas le groupe, leur musique reste abordable, même en live. Sur scène, la voix de Martin Fischer peut carrément faire penser, à certains moments, à un Brock Lindow (36 Crazyfists) dans ses jeunes années, en un peu plus grave. Autant dire qu'il faut tendre l'oreille. En bref, le passage des cleans aux screams est des plus harmonieux, à l'image de leur musique. Il y a une alternance de passages langoureux puis hargneux sur lesquels la voix particulière du leader se pose parfaitement. Les Allemands ne nous laissent cependant aucun répit, car, entre les morceaux, une douce musique (en sample) persiste. La batterie est très présente ("D'ailleurs peut-être trop" m'ont dit mes tympans) et les guitares demeurent trop floues dans les graves mais claires dans les aigus. En résumé, on ne discerne pas bien un riff d'un autre, mais les soli sont agréables. Le show se termine en beauté, et en toute simplicité, avec "Bound And Weakened" tiré de leur sixième et dernière album en date Isolation (2008).

Poisonblack prend le relais. Poisonblack, qui, je le précise, est synonyme de dynamisme (qui transpire totalement aussi bien de leur musique que de leur attitude) et de convivialité (ils montrent qu'ils sont contents d'être là et mettent l'auditoire à l'aise). Comme à l'habitude de la Loco', le son est très bon, mettant très bien en valeur la voix quelque peu éraillée du leader, Ville Laihiala. Voix que je trouve d'ailleurs lassante sur album mais qui passe merveilleusement bien en live. Leur musique Rock Métal Gothique est tout aussi mélodique et entêtante que le premier groupe, surtout sur les refrains. Les Finnois mettent beaucoup en avant les claviers (et c'est tout de même plus agréable quand le claviériste joue sous nos yeux que quand ce sont des samples) avec de jolis soli, ce qui fait beaucoup penser à du Deathstars. Un véritable régal pour les amateurs de synthé. Mis à part cela, il y a également des soli remarquables interprétés par le frontman (qui s'en sort décidément aussi bien aux vocals qu'à la guitare). Comme je l'avais remarqué pour la première des premières parties, la batterie est toujours aussi omniprésente, à la différence près que ce coup-ci, elle est alliée à la basse : à ce niveau-là on peut parler de puissance sonore, certes, mais également de maltraitance auditive. C'est un fait d'autant plus étonnant que le duo basse-batterie est largement mis en arrière-plan sur album. Ils iront piochés dans toute leur discographie tout au long du set : avec des morceaux comme "The Kiss of Death" issu de Escapextasy (2003), ou encore comme "Rush", un des hits du groupe, tiré de Lust Stained Despair (2006), mais donnant une réelle place à leur dernier opus plus mélodique, A Dead Heavy Day (2008), grâce à des titres tels que "Me, Myself and I", "Human-Compost", "Bear the Cross", etc. Leur prestation, d'un point de vue visuel est tout aussi réussie que l'aspect musical : le groupe occupe bien la scène, surtout le bassiste qui est loin d'être statique et qui dégage un charme désarmant. Ce n'est pas pour autant qu'ils en oublient le public : ils mettent tout en place pour le motiver en les invitant à frapper dans leurs mains sur les rythmes cadencés de leurs morceaux, ce qui aboutit à la création de "pogotounets" au sein de la fosse. A noter que beaucoup me contrediront.

Dernière ligne droite : Dark Tranquillity. L'expression "tonnerre d'applaudissements" est un euphémisme en ce qui concerne l'accueil réservé aux Suédois. Un tremblement de Terre à la limite. Autant annoncer la couleur dès le début : ce que le public donne, Mikael Stanne le lui rend. Car oui, l'appellation de "frontman" ne conviendrait pas au chanteur de ce groupe culte de Death Métal; "Bête de scène" est déjà plus proche de la réalité. On retrouve les mêmes conditions sonores que pour Fear My Thoughts, que l'on pourrait qualifier de "moyennes" quoique bonnes comparées aux autres salles parisiennes : le son des guitares est assez brouillé, sauf dans les suraigus des soli où il est des plus nets. On notera un passage assez inhabituel, puisque sur un des morceaux de la setlist, le vocaliste chante en voix claire, nous régalant de sa "vraie voix". Si je ne m'abuse, le claviériste Martin Brändstörm était absent ce qui enlève un peu de spontanéité, de naturel à leur prestation, les samples remplaçant l'habituel clavier, mais aussi la voix féminine dans "The Mundane And The Magic". La setlist est d'ailleurs plutôt longue puisque contenant 19 morceaux mais aussi des plus variées : le groupe est allé cueillir des titres dans tous ses albums, en commençant par "Yesterworld" tiré de leur EP auto-produit Tranquillity de 1992, en allant jusqu'à leur dernier album Fiction (2007) qui sera d'ailleurs très représenté avec des morceaux tels que "The Lesser Faith", "Inside The Particle Storm", "Misery's Crown" ou encore leur hit "Focus Shift". Les intros bien reconnaissables de Dark Tranquillity font des malheurs dans la fosse, provoquant des hurlements dès les premières notes, comme le morceaux à la magnifique introduction "Punish My Heaven" (The Gallery - 1995). Et pour finir en beauté, peut-être un petit peu d'humour, avec "Final Resistance" (Damage Done - 2002) et "Terminus" (Fiction - 2007) qui conclurent le show avec brio. Le point le plus important de leur prestation est sans doute l'échange avec les spectateurs qui fut remarquable : j'ai rarement vu une telle communion entre groupe et public, ni un auditoire aussi réceptif. Les gens slament jusqu'à la scène et ne se font même pas "dégager", comme on a l'habitude de le voir pendant les concerts des grosses pointures du Métal. Ils sont même très bien accueillit grâce à un Mikael Stanne des plus chaleureux qui ira même slamer deux fois. De plus, il explicite son amour pour le public français à coup de "We fucking love you" et de "Vive la Flance !". On voit que tout le groupe, et pas seulement le leader, est carrément heureux d'être là, grâce au guitariste Martin Henriksson et son sourire affiché aux lèvres tout au long du set. On est loin des groupes de Black Métal que je ne citerais pas (Finis Gloria Dei) qui jettent les gens de la scène "d'un coup de godasse".

Je n'aurais que 4 mots pour expliciter au maximum ce concert : "Une ambiance de folie". Le tout doublé de qualité acoustique optimum et de groupes talentueux.

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