SUR LES POINTES
Avec : LOFOFORA, TAGADA JONES, PARABELLUM, LES SALES MAJESTES, LOS TRES PUNTOS, ENEMY OF THE ENEMY
  Date du concert : 23-05-2014
  Lieu : Parc Départemental Des Lilas. - Vitry-sur-Seine. [ 75 ]
  Affluence : 1500
  Contact organisateur : http://www.surlespointes.fr/
 
 
 
  Chronique : 30 mai 2014 , réalisée par RDpix - Photographe : RDpix https://plus.google.com/photos/104351063482192475704/albums/6017837676915562881
   
La ville de Vitry-sur-Seine accueillait, du 23 au 25 mai, la 6e édition du festival « Sur les pointes ».
Organisé par une bande de passionnés de musique, ce festival se veut convivial et bon enfant. Durant les trois jours, deux scènes accueillaient des artistes de tous styles. Des stands d’activités étaient aussi présents pour divertir tout un chacun (buvette comprise). Le samedi et dimanche proposaient un programme plutôt familial avec Didier Wampas, Sergent Garcia ou encore lesNeg' Marrons.
Mais certains me demanderont : à part la buvette, en quoi cela concerne-t-il Pavillon 666 ? Et bien il suffisait de regarder la programmation du vendredi pour faire dresser la crê-crête du punk qui sommeil en vous. Un jeune groupe très pêchu pour ouvrir le bal : Enemy of The Enemy. Venait ensuite la fanfare de LosTres Puntos et leur ska inspiré. Mais les véritables hostilités ont commencé avec Les Sales Majestés, suivis de près par les infatigables papys rockers de Parabellum. Puis pour finir en beauté, les inséparables Tagada Jones et Lofofora. Rien que ça.

C’est sous le plus petit des deux chapiteaux qu’un public timide s’approche aux premières notes du groupe Enemy of The Enemy. Des riffs incisifs, un rythme lourd et rapide, une voix profonde et imposante, le groupe a finalement attiré bon nombre les curieux. Naviguant entre le thrash et le hardcore à la fois, le quatuor dégage beaucoup d’énergie.
Le guitariste, coiffé de longues dread locks, faisait tournoyer sa chevelure tandis que son collègue bassiste grimaçait en regardant la foule. Le batteur discret mais efficace donnait le tempo alors que le chanteur menait ses troupes d’une voix sure.
Enemy of the Enemy est un groupe jeune mais prometteur. Je leur souhaite bien du succès s’ils continuent sur cette voie.

Le premier set terminé, c’était au tour de Los Tres Puntos de prendre le relais sur la grande scène. Ce groupe mélangeant ska et punk à merveille a fait danser la foule une bonne heure sans faiblir.
Leurs compositions étaient fraîches et entraînantes. La composition du groupe comprenait tous les instruments qu’un groupe de ska se doit d’avoir. Le quatuor batterie, basse, et deux guitare bien entendu, suivi par une trompette, un trombone et deux saxophones. Les deux guitaristes assuraient
également la partie chant. L’un d’eux laissait parfois même sa guitare pour prendre un second trombone.
Les huit musiciens échangeaient régulièrement leur place pour occuper toute la scène et seul le bassiste restait timidement en retrait. En plus de leurs compositions le groupe avait dans son répertoire quelques reprises dont un hommage aux Ludwig Von 88 (Les Sentiers de la Gloire) qui a semble-t-il séduit la foule. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié le clin d’œil. Le groupe nous quitte après une très belle prestation. Je ne peux que conseiller le groupe aux fans du genre et qui ne les connaissent pas encore. Bonne découverte pour ma part.

La suite sera sur la même scène. Tandis que Les Salles Majestés se préparaient, je me suis promené pour découvrir un peu les lieux de ce charmant petit festival. En commençant par la buvette bien entendu. Puis en continuant très logiquement par les toilettes. Toilettes aménagées de façon originale. Une cabine installée dans une sorte de roulotte pour les demoiselles, et pour ces messieurs, des pissotières improvisées avec ce qu’on appelle dans notre jargon des « sodomètres ». Vous savez, ces instruments coniques, oranges avec des bandes blanches et qui servent à mesurer la capacité rectale, même si on les trouve souvent détournés de leur fonction principale pour baliser des chantiers par exemple. Mais je crois que je m’égare, et pas seulement d’Austerlitz. Alors revenons à nos keupons.

Keupon un jour, keupon toujours. Les Sales Majestés seront de retour avec un nouvel album très prochainement. Et ils nous en ont donné un bel aperçu ce soir-là. Le ton reste encore et toujours le même. Prônant l’égalité et la révolution, dénonçant les abus de pouvoir et la mondialisation, le groupe a su mettre une ambiance déjantée durant tout son set. Mais la promotion de l’album à paraître ne les a pas empêchés de jouer tous leurs bons vieux tubes. De « Camarade » à « Halte auFront », en passant par « Sois Pauvre et Tais Toi » ou encore « Champ d’Honneur », c’est 25 ans de rétrospectives contestataires auxquels on a eu droit.
Le public chantait la plupart de leurs titres à l’unisson tandis que les crêtes défilaient sur scène pour sauter dans la foule. Toujours aussi énergique, le groupe sait faire bouger ses troupes aussi bien qu’à ses débuts. Ça sentait le punk dans la fosse et la sueur aussi bien que la bière coulait à flots.
Le seul bémol (c’est juste pour chercher la petite bête hein !) était l’absence de mobilité des musiciens. A part Arno au micro, les autres sont restés immobiles durant tout le set. On ne leur en veut pas pour autant. Le public, lui, s’en est donné à cœur joie.

Après ce flot de propagande gauchiste (rien de péjoratif dans mes propos, que ce soit clair) il me fallait encore une bière pour oublier une vie pas si amère que ça finalement. Seul problème :
Parabellum a commencé à la seconde où le set des Sales Majestés s’est terminé. Tant pis pour la bière, ce sera pour plus tard. Je tenais à ne pas rater Papa Schulz et sa troupe.

C’est sur la petite scène donc que Parabellum a joué. Et autant dire qu’on était serré. Pas facile de s’approcher pour les voir de près. Schulz a passé son concert en jouant assis sur un tabouret, serait- ce l’âge qui commence à faire des siennes ? Je l’ai vu il n’y a pas si longtemps pétant la forme alors le coup du tabouret m’a interpellé. Sven le guitariste quant à lui était habillé de manière étonnamment sobre au regard de ses accoutrements habituellement plus extravagants. Quoi qu’il en soit, le groupe n’avait pas de nouvel album à présenter mais un changement de line-up. En effet, leur nouveau bassiste récemment arrivé était là pour faire ses preuves et a passé le test haut la main.
Pas de nouvelles compos donc, mais le public s’est délecté des titres habituels. « Saturnin », « Les Hommes Torpilles », « Îlot Amsterdam » entre autres. Sans doute pressés par le temps, ils ont mixé leurs chansons les plus attendues dans un grand medley où s’entremêlaient « Osmose 99 », « La Bombe et Moi », « Zig Zag Rock », « Anarchie en Hollandie » et pour finir « Cayenne».
Un chouette concert qui aurait bien mérité la grande scène et un peu plus de temps.

À peine le temps de siroter un peu de houblon que je me suis vus contraint d’accourir au galop pour ne par rater l’arrivée de TagadaJones. Le public était réuni en masse et le punk les plus fougueux prêts à en découdre. Nico et sa bande étaient de retour et défendaient eux aussi leur nouvel album sorti au mois d’avril.
C’est avec « De l’Amour et du Sang », le morceau d’ouverture de ce dernier album, que le groupe a commencé. L’entrée est on-ne-peut-plus dynamique et le groupe a tenu ce rythme tout le long de son set. Et il faut dire que ce dernier album n’a rien à envier aux anciens. Il est même presque plus énergique pour ne pas dire bourrin. Les textes engagés ne sont pas en reste non plus. D’autres nouveaux morceaux ont suivi comme « Dissident » et «Superpunk » dans un set liste composée
également de beaucoup d’autres titres plus anciens comme « Zéro de Conduite », « Le feu aux Poudres » ou encore « Manipulé ».
La prestation est menée tambours battants jusqu'à la dernière note sur laquelle Nico dit au revoir.
Mais on ne nous la fait pas. On se doute bien qu’on le reverra à la fin du set de Lofofora pour un ou deux morceaux avec ses potes.
Le staff s’est donc mobilisé pour préparer la scène afin d’accueillir Lofofora. Reuno et ses potes sont vite arrivés en très grande forme. Ils ont déchaîné la foule dès leur premier morceau.
Énergiques comme toujours ils nous ont gratifiés de leur bon gros rock lourd comme ils savent bien le faire. Mobile sur scène tel un lion en cage, Reuno (au micro) avait une pêche d’enfer. Il bouillait littéralement et a arboré une crinière de vapeur s’échappant de son crâne durant toute la soirée.
Le groupe prenait le temps de souffler parfois entre deux morceaux. Le chanteur profitait des slammeurs plus ou moins courageux et s’amusait en jugeant leur façon de sauter dans la foule.
Lofofora nous a offert une large gamme de son répertoire avant d’être rejoint sur scène par Nico de Tagada Jones et Poun de Black Bomb A (passablement éméché) pour une chanson finale.
J’ai été un peu déçu par ce final dans le sens où je m’attendais à voir une prestation plus dingue. La moitié des membres du Bal des Enragés était présents et Parabellum n’a même pas pris part à la fête. On aurait pu s’attendre à un bouquet final plus déjanté.

Mais ne boudons pas notre plaisir, ce jour d’ouverture du festival « Sur les pointes » était une franche réussite. Tout le monde semble y avoir pris du plaisir malgré une météo peu clémente. Les organisateurs étaient tous très sympa et les groupes très motivés. Un grand Bravo à eux tous. Une très belle affiche qu’il ne fallait pas rater et suite à laquelle je vais m’empresser de soigner mon rhume. Il s’agit d’être en forme pour la fête de l’enfer qui approche à grands pas.

Je vous retrouve bientôt pour de nouvelles chroniques.